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Kofi annan

Dans le document CHANGÉ A TOUT (Page 41-44)

Président de la fondation Kofi Annan Foundation, Secrétaire général des Nations Unies, 1997–2006

Les attentes étaient grandes au début de la Conférence internationale sur le SIDA en juillet 2004 enjeux étaient considérables. Plus de 20 000 personnes du monde entier s’étaient réunies à Bangkok afin de déterminer le futur visage de la riposte au SIDA.

Cette conférence a marqué le tournant décisif de la cause pour laquelle des millions d’activistes et de personnes atteintes du VIH avaient mené une lutte acharnée : la rencontre de la reconnaissance, des droits et des ressources.

Il y a tout juste quatre ans, presque jour pour jour, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a, pour la première fois de son histoire, débattu d’une question de santé et a adopté à l’unanimité la résolution 1308 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, reconnaissant la sévérité de l’épidémie de SIDA. L’ambassadeur des États-Unis, Richard Holbrook, faisait partie des promoteurs de cette résolution et a reconnu la nature historique du débat et de « la manière dont il illustre notre prise de conscience du SIDA qui constitue le plus grand défi pour la sécurité auquel nous faisons face depuis la fondation des Nations Unies ».

En juin 2001, peu après le lancement des objectifs du Millénaire pour le développement, l’Assemblée générale a convoqué une session spéciale dédiée au VIH/SIDA. C’était la première fois que se tenait une session spéciale consacrée à un problème de santé. À la différence des différentes réunions de cette échelle et ampleur, sa planification a impliqué la participation étroite de militants, de personnes atteintes du VIH ainsi que d’experts et de chercheurs en matière de santé.

Nous avons réussi à négocier, en très peu de temps, des réductions de prix des médicaments vitaux anti-VIH. Cette réalisation était arrivée juste à temps, car la communauté internationale augmentait simultanément ses investissements, passant de plusieurs millions à plusieurs milliards de dollars, et que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ouvrait ses portes en 2002.

Ce n’était que quelques-unes des nouveautés qui m’ont amené à me présenter face au public à Bangkok. Nous pensions avoir mené une rude bataille au cours des quatre dernières années, mais a posteriori, il ne s’agissait que du commencement.

J’ai souligné trois priorités à l’occasion de cette soirée : étendre les services de prévention et de traitement du VIH, donner aux femmes et aux filles les moyens de se protéger et promouvoir le leadership politique soutenu.

Au cours des années qui ont suivi, la communauté internationale a constaté d’incroyables avancées à

l’approche de l’échéance des objectifs du Millénaire pour le développement. Nous ne parlons plus d’enrayer et d’inverser l’épidémie de SIDA, mais d’y mettre un terme en tant que menace à la santé publique. Ce qui auparavant n’était qu’un rêve partagé par quelques-uns est désormais un droit pour tous, notamment pour les 15 millions de personnes ayant accès au traitement anti-VIH et dont le nombre augmente chaque jour.

L’épidémie de SIDA, qui aurait pu diviser le monde, a en réalité uni tous ses habitants à une échelle exceptionnelle, pour des résultats tout autant exceptionnels.

Les trois domaines prioritaires dont j’avais exposé les grandes lignes à Bangkok sont toujours d’actualité. Pour un mettre un terme à l’épidémie d’ici les 15 prochaines années, nous aurons besoin d’un leadership constant, de l’égalité et de l’inclusion.

L’espoir que nous avons partagé lors de cette conférence est le même espoir que nous devons préserver pour les leaders du monde entier, pour prouver que discuter du SIDA est un objet de fierté. Plus personne ne doit pratiquer la politique de l’autruche, faire preuve d’embarras ni se dissimuler derrière un voile d’apathie. Assumer son leadership consiste à respecter et faire respecter les droits de l’homme de toutes les personnes vulnérables au VIH, qu’il s’agisse de prostitués, de toxicomanes ou d’hommes ayant des rapports avec d’autres hommes.

Comme je l’ai dit à l’occasion de cette soirée, « le SIDA est bien plus qu’une crise sanitaire. Il s’agit d’une menace au développement lui-même.»

Et aujourd’hui, j’aimerais ajouter que lorsque la communauté internationale s’est vue confrontée à la crise du SIDA, elle a répondu de manière courageuse et a à jamais efficacement changé le visage du développement.

C’est dans ce contexte que l’ONUSIDA, soutenue par la société civile et d’autres partenaires, a appelé à la révision des objectifs de traitement anti-VIH de 90–90–90 : 90 % des personnes vivant avec le VIH ayant connaissance de leur statut sérologique, 90 % des personnes se savant séropositives ayant accès au traitement et 90 % des personnes sous traitement ayant un taux de charge virale indétectable et restant donc en bonne santé.

La communauté internationale porte maintenant son attention sur la fourniture d’un traitement aussi rapidement que possible à près de 36,9 millions [34,3 millions–41,4 millions] de personnes atteintes du VIH. Cet effort a revêtu une plus grande urgence suite à la publication d’une étude en juin 2015 qui démontrait les avantages significatifs en termes de santé individuelle obtenus en cas de démarrage immédiat d’un traitement anti-VIH après le diagnostic. Les critères d’admissibilité devraient être à nouveau modifiés, probablement pour la dernière fois, afin de fournir le test de dépistage du VIH et d’offrir un traitement immédiat à toutes les personnes atteintes du VIH.

aTTeindre l’objecTif de 15 millions de Personnes suivanT un TraiTemenT anTi-vih d’ici 2015

Les méandres de la définition des objectifs et des critères d’admissibilité au traitement anti-VIH complique l’analyse des progrès réalisés, mais les faits sont indéniables. Plus de 15 millions de personnes sont aujourd’hui sous traitement, une étape franchie

avec neuf mois d’avance. Seuls 8 % de toutes les personnes atteintes du VIH suivaient une thérapie antirétrovirale en 2000, et ce nombre est passé à 72 % en 2014 (d’après les critères d’admissibilité au traitement établis en 2013), soit neuf fois plus qu’en 2000.

Environ 76 % des personnes traités en Afrique subsaharienne présentent une suppression virale. L’ignorance du statut sérologique, principal obstacle à l’accès au traitement, semble constituer la lacune importante.

Il est maintenant évident que la communauté internationale a atteint en 2009 l’objectif de fournir un accès universel au traitement anti-VIH d’ici 2010 qui avait été défini en 2006 (conformément aux critères d’admissibilité au traitement de 2006.

L’objectif d’accès universel consistant à permettre à 15 millions de personnes de suivre une thérapie antirétrovirale, qui avait été défini en 2011 (sur la base des critères d’admissibilité au traitement en 2010), a été atteint en 2015. La communauté internationale a tenu ses promesses, tout en relevant la barre afin d’atteindre des résultats encore meilleurs. Enfin, chaque personne atteinte du VIH a besoin d’accéder à un traitement anti-VIH : c’est la nouvelle promesse que les dirigeants du monde doivent faire pour mettre fin à l’épidémie du SIDA d’ici 2030.

l’imPacT de l’accès au TraiTemenT anTi-vih

La mesure ultime de la réussite est l’impact généré par l’accès au traitement. Ce dernier a permis une diminution des décès liés au SIDA de plus de 42 % entre 2004 et 2014. Environ 1,2 millions [980 000-1,6 millions] de personnes sont décédées de causes liées au SIDA dans le monde entier en 2014, mais en l’absence d’une thérapie antirétrovirale, le nombre de décès liés au SIDA aurait augmenté de 2 millions d'ici 2014. L’accès à un traitement anti-VIH a permis d’éviter près de 7,8 millions de décès liés au SIDA depuis 2000.

La baisse du nombre de décès liés au SIDA s’est avérée

nombre de décès

estimation du nombre de décès liés à la tuberculose chez les personnes atteintes du vih dans le monde entier et en afrique subsaharienne, 2004-2013

600 000

nouvelles infections chez les enfants avec et sans accès à des médicaments antirétroviraux de prévention de la transmission mère-enfant, 2000-2014

Source : estimations de l’ONUSIDA de 2014.

600 000

nombre de nouvelles infections

Aucune thérapie antirétrovirale Thérapie antirétrovirale

Le taux d’accès au traitement des enfants était néanmoins inférieur à celui des adultes, malgré l’amélioration de la situation au cours de ces dernières années. La proportion d’enfants atteints du VIH et suivant une thérapie antirétrovirale a presque doublée entre 2010 et 2014 (de 14 % à 32 %), mais le taux de couverture reste nettement inférieur à celui des adultes (41 %).

diminuTion du nombre de décès liés à la Tuberculose Parmi les Personnes aTTeinTes du vih

Les personnes atteintes du VIH ont 29 fois plus de chance de développer une tuberculose que les individus séronégatifs, et la tuberculose reste la principale cause de décès parmi les personnes atteintes du VIH et est à l’origine d’un décès sur cinq liés au SIDA.

Le nombre de décès liés à la tuberculose chez les personnes atteintes du VIH a diminué de manière constante. En 2013, le nombre de décès liés à la tuberculose chez les personnes atteintes du VIH avait chuté de 33 % dans le monde entier depuis 2004.

Parmi les 41 pays les plus durement touchés par le VIH/la tuberculose, l’objectif de réduction de la mortalité de 50 % d’ici 2013 a été atteint pour 17 d’entre eux d’après les estimations. Un important facteur à prendre en compte dans la chute du nombre de décès liés à la tuberculose chez les personnes atteintes du VIH est l’augmentation du nombre de personnes recevant un traitement antirétroviral qui permet de réduire de 65 % le risque qu’une personne atteinte du VIH encourt de développer la tuberculose.

Le taux de couverture du traitement anti-VIH des personnes atteintes du VIH et de la tuberculose a augmenté. En ce qui concerne le nombre de patients, les plus importantes hausses du taux de couverture de la thérapie antirétrovirale chez les personnes atteintes du VIH et de la tuberculose ont été observées en Inde, en Afrique du Sud, en République unie de Tanzanie et en Zambie.

02

fournir une assistance spécifique aux enfants devenus orphelins en raison du sida

La meilleure manière d’aider les enfants est d’éviter avant tout qu’ils ne deviennent orphelins, et l’amélioration de l’accès à une thérapie antirétrovirale permet que cela devienne réalité. Le nombre total d’enfants devenus orphelins en raison du SIDA est resté stable (environ 14 millions) et a commencé à diminuer au cours des dernières années étant donné que les parents vivent plus longtemps et que les enfants devenus orphelins au cours des premières années de l’épidémie sont devenus des adultes.

Le nombre d’orphelins aurait atteint 22 millions de personnes, soit près du double de leur nombre aujourd’hui en l’absence du lancement d’une thérapie antirétrovirale à l’échelle mondiale. Grâce à la résistance et au fort sentiment d’appartenance communautaire en Afrique, près de 95 % des enfants devenus orphelins sont pris en charge par d’autres membres de la famille ou des voisins.

La peur d’avoir des jeunes armés devenus orphelins en raison du SIDA qui grandissent sans la surveillance d’adultes et sont à l’origine de troubles civils dans les rues a été écartée. Au lieu de cela, grâce à la résistance des familles élargies et des communautés au travers des programmes de protection sociale ciblés, les enfants devenus orphelins en raison du SIDA ont en grande partie pu aller à l’école et grandir sous la prise en charge d’adultes. La mise à disposition de

bourses et d’uniformes scolaires ainsi que la remise d’espèces aux ménages comptant des enfants affectés par le SIDA sont répandus dans les pays fortement affectés par le VIH. Les foyers accueillant les orphelins du SIDA du passé sont peu nombreux.

La plupart des pays d’Afrique se sont attaqués à la question des orphelins dans le cadre de leurs programmes de lutte contre le VIH ou l’ont intégrée à leurs programmes de protection sociale. Le Zimbabwe a par exemple ratifié un plan d’action national en faveur des orphelins et des autres enfants vulnérables, mis en place en collaboration avec différents ministres, qui intègre la lutte contre le VIH ainsi que la protection de l’enfant.

Des bénéfices remarquables ont été obtenus en diminuant l’impact économique et social du VIH sur les enfants et les familles au cours de la décennie passée. En Afrique subsaharienne, le ratio de scolarisation des orphelins et non-orphelins âgés de 10 à 14 ans a presque atteint la parité à 0,91 %, soit une amélioration substantielle depuis environ l’an 2000, date à laquelle le ratio s’élevait à 0,82 %. Les résultats d’une étude menée au Zimbabwe ont démontré que l’introduction d’allocations en espèces et en nature permettait de diminuer le taux d’absentéisme scolaire de 82 % et le taux de grossesse de 63 % (sur deux ans). L’étude a également permis d’observer que les orphelins avaient des rapports plus équitables entre les femmes et les hommes et étaient plus informés sur les risques sexuels que les enfants ne bénéficiant d’aucune allocation en espèces. Les résultats d’un programme d’allocations en espèces ont démontré que la scolarisation permettait de réduire la probabilité de la précocité des rapports sexuels de 24,9 % chez les jeunes femmes et de 9,8 % chez les jeunes hommes de 15 à 20 ans.

Les principaux bailleurs de fonds, tels que le Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le SIDA (PEPFAR), consacrent 10 % de leurs fonds à la diminution de l’impact du VIH sur les orphelins et d’autres enfants vulnérables, ce qui leur a permis d’atteindre près de 5 millions d’orphelins en 2014. Les ressources provenant des bailleurs de fonds, tels que l’Union européenne, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial) et d’autres bailleurs de fonds bilatéraux (y compris la Suède et le Royaume-Uni), ont élaboré des programmes soutenus et destinés aux enfants qui portent essentiellement sur l’éducation, la nutrition, la sécurité sociale et la santé. En République démocratique du Congo, le secteur de l’éducation a été renforcé par la fourniture de tables-bancs et de matériel pédagogique pour maintenir les orphelins dans le système scolaire, tandis que des négociations avec des établissements de soins de santé locaux ont permis de s’assurer que les enfants bénéficient de soins de santé.

Une étude menée par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a permis de démontrer que les enfants devenus orphelins à cause du VIH ou vivant avec des aidants séropositifs actuellement malades font face à une hausse du risque de mauvais traitements physiques et émotifs par rapport à d’autres enfants. Ils présentent aussi un taux de rapports sexuels transactionnels plus élevé ou une augmentation de rapports sexuels non protégés, et les enfants devenus orphelins à cause du SIDA ont deux fois plus de chance de contracter à leur tour le VIH par rapport aux non-orphelins.

Des investissements en faveur d’un soutien économique et psychosocial restent essentiels au-delà de 2015. Il est aussi primordial de renforcer les liens entre les services de dépistage et les enfants ayant perdu un ou leurs deux parents en raison du SIDA et leurs familles, le traitement anti-VIH pour ceux qui en ont besoin et les installations communautaires et sanitaires pour veiller à ce que les plus vulnérables bénéficient d’une prise en charge.

sur la bonne voie

Dans le document CHANGÉ A TOUT (Page 41-44)