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2.4.2 Ben Ali et l’Islam

Chapitre 3. L’identité: dimension catégorielle

VII- Les stéréotypes et les méta-stéréotypes en tant que produit et processus catégoriels

5. Les fonctions des stéréotypes et des méta-stéréotypes

Les chercheurs en cognition et identité sociale ont mis en évidence plusieurs fonctions des stéréotypes et des méta-stéréotypes parmi lesquels nous citons :

5.1. Les stéréotypes

5.1.1. Comprendre l’environnement

Les stéréotypes interviennent dans le processus de catégorisation sociale et contribuent à l’élaboration d’une représentation simplifiée de la réalité du groupe, c’est grâce à cette simplification qu’on va pouvoir lire facilement et rapidement la réalité sociale.

5.1.2. Orienter les conduites et les comportements :

Les stéréotypes permettent de prédire les comportements des membres des autres groupes et d’adapter nos comportements et conduites à leur égard.

5.1.3. Influencer les jugements et les évaluations

Les stéréotypes influencent non seulement les conduites et les comportements mais aussi les jugements et amènent à voir les membres des autres groupes plus similaires qu’ils ne le sont en réalité, ces représentations simplificatrices sont alors à l’origine du biais d’homogénéisation de l’exogroupe. Les stéréotypes nous permettent de faire rapidement des interprétations, ces interprétations nous servent comme grille de lecture de la réalité et orientent les relations sociales.

5.1.4. Orienter les explications

Dans certains cas, les individus ne se contentent pas de mémoriser les informations et qu’ils ont reçu sur l’autre et son comportement mais veulent davantage leur donner une explication. Pour cela, ils vont rechercher des causes et des explications à ce qu’ils observent.

Page 91 Ils font ce que les psychologues sociaux appellent attribution causale. Ils attribuent par exemple leur propre réussite à des causes internes, aux caractéristiques de leur personnalité, aux compétences, aux efforts et motivation (nous sommes intelligents, nous avons fait des efforts) alors qu’ils attribuent la réussite des membres du groupe de non appartenance à des causes externes, l’environnement, la chance, le hasard (ils ont trouvé des encouragements, l’examen est facile, ils ont de la chance). L’échec serait aussi attribué à des causes internes ou externes selon que le groupe concerné, d’appartenance ou de non appartenance.

5.2. Les méta-stéréotypes

Les méta-stéréotypes ont des effets cognitifs, affectifs et comportementaux sur le groupe désavantagé.

5.2.1. Fonction cognitive

Plusieurs études menées sur les stéréotypes dans des groupes minoritaires ont montré que face à des jugements négatifs émis par les membres d’un exogroupe à l’égard des membres de l’endogroupe, les individus peuvent adopter deux stratégies cognitives. Dans la première, ils vont accepter les stéréotypes négatifs et les considérer comme des attributs réels de leur groupe. La deuxième stratégie se manifeste par un sentiment négatif envers l’exogroupe qui aboutit à l’élaboration des stéréotypes négatifs envers l’exogroupe parce qu’ils jugent injuste la situation désavantagée de leur groupe d’appartenance. Donc selon leur perception de la situation intergroupe et l’importance qu’ils accordent à leur identité sociale, certains individus infirment les méta-stéréotypes, les autres les confirment, ce qui peut entrainer un conflit identitaire. Pour conclure, nous disons qu’il y a un lien entre les stéréotypes négatifs que nous intériorisons ou méta-stéréotypes et les stratégies identitaires cognitives de changement. Dans ce cas, ils sont fortement impliqués dans le processus de créativité sociale et de redéfinition des traits de l’endogroupe (Tajfel et Turner, 1979).

5.2.2. Fonction affective et comportementale

Le fait d’être stéréotypé par les membres de l’exogroupe a pour conséquence d’induire des sentiments négatifs comme l’anxiété et la sous-estime de soi. L’évitement ou la distanciation par rapport à l’exogroupe va de ce fait se manifester dans les attitudes et les comportements des membres de l’endogroupe lors des rencontres intergroupes. Donc, les méta-stéréotypes influencent négativement l’identité sociale et mobilise les membres de l’endogroupe à adopter des stratégies identitaires de restauration. Des études en psychologie sociale ont montré que les individus confronté à des jugements négatifs de leur groupe

Page 92 d’appartenance sont plus motivés pour infirmer les stéréotypes, les individus les plus influencés agissent par un comportement d’assimilation des méta-stéréotypes négatifs, ils vont dans ce cas manifester un favoritisme exogroupe (Clark et Clarck, 1947) qui se termine par une désidentification et une mobilité sociale (Tajfel et Turner, 1979) alors que les moins influencés agissent par un comportement de distanciation sociale et d’évitement de l’exogroupe. L’influence des méta-stéréotypes sur les individus dépend de plusieurs facteurs, la position dans la structure sociale, les étudiants par exemple, ne s’approprient pas l’information comme les non étudiants, aussi le pouvoir de l’endogroupe, le contexte social, et le niveau d’identification au groupe d’appartenance (fort ou faible) sont des facteurs qui déterminent le degré d’influence des méta-stéréotypes. Ainsi avec un niveau d’identification faible, l’individu ne ressent aucune anxiété sociale et se résigne au sort négatif de son groupe mais avec un niveau d’identification fort l’individu se sent personnellement impliqué par la situation désavantagée de son endogroupe et tend vers l’action pour changer le sort de son groupe. Les méta-stéréotypes ont aussi deux niveaux d’action: individuel quand l’individu pense que le stéréotype le concerne personnellement, collectif quand l’individu pense que le stéréotype concerne son groupe d’appartenance. Tout comme les représentations les stéréotypes et les méta-stéréotypes sont formés par des croyances centrale parce qu’elles sont socialement partagés et des croyances périphériques parce qu’elles dépendent du contexte social et de l’expérience individuelle.