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Le début de l’occupation israélienne, en juin 1967

CHAPITRE I : MÉTHODOLOGIE ET PROBLÉMATIQUE

12. Le début de l’occupation israélienne, en juin 1967

La défaite arabe rend illusoire la disparition éventuelle d’Israël. L’OLP et son président Shuqayri sont si discrédités que celui-ci démissionne en décembre de la même année. Le Conseil national palestinien élit alors Yasser Arafat à la tête de l’OLP. Le Fatah (mouvement que dirige Arafat) qui prend officiellement le contrôle de l’Organisation pour la libération de la Palestine, est formellement reconnu, légitimant ainsi sa présence à Gaza. Quelques semaines après la fin de la guerre, en juillet, les Israéliens considèrent la conquête de la Bande de Gaza comme une évidence, de même que la relocalisation de près de 350 000 personnes dans le nord du Sinaï et en Cisjordanie. Ces dispositions sont fondées dans le Plan Allon243. Le plan

243 ALLON Yigal (1976), « Israël : The Case for Defensible Borders », Foreign Affairs, octobre, Israël. Le Plan Allon rend la rive ouest du Jourdain à la Jordanie, tout en conservant une étroite bande d’implantation en bordure du fleuve. La Jordanie est liée à Ramallah par un corridor passant à travers Jéricho et s’étendant jusqu’au pont du Roi Hussein. La Mer Morte et le désert de Judée représentent, pour Israël, la ligne défensive à l’est. Gaza revient à Israël mais la plus grande partie du Sinaï retourne à l’Égypte. Selon ce plan, la Bande de Gaza sert d’accès à la Méditerranée pour la Jordanie, Israël accordant certains droits de passage. Le but d’Allon est d’offrir à Israël des frontières défendables.

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n’a pas été adopté officiellement par Israël, en revanche il a guidé la politique israélienne envers la Cisjordanie pendant des années244.

Figure 7 : Le plan Allon qui montre la division de la cisjordanie et l’incorporation de la Bande de Gaza en Israël

Source : GILBERT Martin (2012), Atlas of the Arab-Israeli Conflict, 10th Edition, London/New York, Routledge, p.137.

En septembre 1967, Israël recense la population de la Bande de Gaza et de Cisjordanie. Toutes les personnes dénombrées alors sont considérées comme des résidents permanents dans le registre de population « Palestinian Population Registry ». Les Palestiniens qui n’étaient pas physiquement présents au moment de ce recensement sont exclus du droit de résidence dans les territoires palestiniens245. Tout Palestinien de sexe masculin âgé de plus de

244 L’option jordanienne a été abandonnée quand la Jordanie annonce son « désengagement » de la Cisjordanie en 1988.

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seize ans est éligible et, finalement, autorisé à détenir une carte d’identité délivrée par les autorités israéliennes. Toutefois, le gouvernement israélien crée deux types de cartes, une ce couleur bleue pour Israël proprement dit, les Arabes de Jérusalem et les Israéliens, et une autre, de couleur verte, pour les habitants de Cisjordanie et de la Bande de Gaza. Les étudiants gaziotes qui, au moment du conflit, étaient à l’extérieur – dans le monde arabe ou ailleurs –, perdent leur droit à détenir une carte d’identité israélienne qui leur donnerait l’autorisation de résider en Israël et dans les territoires devenus occupés. Les autorités israéliennes accordent à nombre de ces jeunes gens la possibilité de rentrer par le biais d’un regroupement familiale, après 1967.

Tout Palestinien quittant les territoires pour voyager au départ de l’aéroport de Tel Aviv246 ou des points de passage, doit laisser sa carte d’identité pour recevoir en échange une carte de sortie (exit card). Si son absence est supérieure à trois ans, il risque de voir son nom effacé du Population Registry et perdre ainsi son droit de résidence. Environ 140 000 résidents palestiniens de Cisjordanie ont ainsi perdu ce droit, 10 000 d’entre eux étant toutefois parvenus à récupérer leurs papiers247.

Au début de l’année 1968, Tom Segev, l’un des nouveaux historiens israéliens248, mentionne qu’un groupe de cinq personnes, dirigé par un militaire israélien, « encourage » la population des camps à quitter Gaza. Ces individus travaillent avec des indicateurs, connus dans collaborateurs en Israël et les territoires palestiniens et Jérusalem, qui visitent les camps, promettant une certaine somme d’argent en contrepartie d’un départ de Gaza. L’opération est dirigée par le gouvernement militaire, le Shabak (service secret israélien), en étroite collaboration avec le conseiller présidentiel aux affaires arabes. Eshkol, le Premier ministre israélien, emploie pour cela Ada Sereni, une spécialiste du travail clandestin. Selon lui, cette dernière est capable de ‟voir sans être vue” (see but not be seen). Pour lui, selon ses propres dires, les Palestiniens de Gaza doivent quitter ce territoire même si c’est pour aller sur la lune « I want

them all to go, even if they go to the moon ». Il cite alors l’exemple de l’émigration juive des villages

246 Depuis la deuxième intifada de 2000, les passeports palestiniens doivent être assortis d’un permis spécial pour pouvoir être utilisés à l’aéroport Ben Gurion.

247 Il n’y a pas d’estimations précises du nombre de Gaziotes perdant leur droit de résidence de cette façon. Cf. NRC (2012).

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russes vers l’Amérique et évoque la façon dont les Juifs sont partis, utilisant des compagnies de voyages qui transportaient les gens comme s’il s’agissait de moutons249.

Les six premiers mois qui suivent la guerre, le Bureau central israélien des statistiques indique qu’environ 20 000 personnes ont émigré et quitté la Bande de Gaza. L’ensemble des personnes ayant quitté Gaza et la Cisjordanie frôle les 250 000250. Bien que les Forces de l’armée israélienne, ainsi que les Nations unies, comptabilisent les personnes traversant les ponts pour la Jordanie, il n’y a pas de chiffres exacts établis. Le Fatah tente de stopper le nouvel exode, cette fois à partir de Gaza, mais les forces d’occupation poursuivent leur objectif qui est de vider la Bande du plus grand nombre de réfugiés possible251. Entre juin 1967 et décembre 1968, Israël expulse 75 000 résidents vers la Cisjordanie et la Jordanie, une partie d’entre eux via les transports israéliens. Ainsi, la population de la Bande décroît, passant de 400 000 à 325 900 habitants252. Le gouvernement israélien offre, en outre, la citoyenneté israélienne aux résidents originaires de Gaza qui n’ont pas droit à la citoyenneté jordanienne ou égyptienne, mais les Gaziotes, fiers, rejettent cette offre, préférant demeurer des Palestiniens sans État.

Les forces d’occupation israéliennes maintiennent la British Town and Building Ordinance de 1936, encore en vigueur dans sa quasi totalité durant l’administration égyptienne253. Cette loi est seulement modifiée par l’adjonction de mesures d’urgence, pour des raisons de sécurité des

Israéliens, empêchant, de fait, le développement de lois pour le droit des personnes. Déjà, sous

l’administration égyptienne, l’abolition de la Shari’a en Égypte n’avait affecté ni le système judiciaire civil ni les tribunaux à Gaza. En revanche, la loi de 1954 fixant les droits de la famille est appliquée durant l’administration égyptienne et reste la première source du droit des personnes de la Bande de Gaza254. Pendant la période de l’occupation des tribunaux de Shari’a de première instance, d’autres, supplémentaires, ont été établis à Jabalia et à Rafah255. Alors, la

249 SEGEV Tom (2007), 1967: Israel, the War, and the Year that Transformed the Middle East, New York, Metropolitan Books.

250 Chapitre 21, The Blunder, in SEGEV Tom (2007), 1967: Israel, the War, and the Year that Transformed the Middle East, New York, Metropolitan Books.

251 PAPPE Ilan (2006), The Ethnic Cleansing of Palestine, Oxford, Oneworld Publications.

252 ABU-LUGHOD Janet in ROY Sara, The Gaza Strip, the Political Economy of De-development, Washington, (DC), Institute of Palestine Studies, 2004, pp. 139.

253 Entretien ingénieur Ali Abu Shahla in HANSEN Kurt (2013). 254 Norwegian Refugee Council (2011),

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négociation traditionnelle en cas de problèmes demeure le principal outil de résolution des conflits.

Après la défaite des pays arabes dans la guerre contre Israël, l’Égypte et la Syrie laissent les résistants palestiniens sans protection. Une confrontation dramatique survient en mars 1968 entre la branche armée du Fatah et les forces armées israéliennes ; le Fatah perd des hommes, les Israéliens des soldats, et cet événement accroît la popularité du mouvement. Débute alors une période de tension entre la branche du Fatah, qui soutient les résistants, et celle qui veut se consacrer à la construction de l’État en exil. C’est finalement cette dernière qui l’emporte après que le roi Hussein ait décidé de mettre au pas la résistance palestinienne durant les événements qui avaient entraîné les violents combats en Jordanie, connus sous le nom de septembre noir en 1970, véritable révolution civile entre les résistants palestiniens de l’OLP et l’armée jordanienne256. Sayegh qualifie cette période d’intense reformulation idéologique

postrévolutionnaire257 pour le Fatah. Depuis ce tournant, l’OLP se développe dans l’exil, comme un quasi-État258, sans base territoriale. Ses membres tentent de construire une structure étatique composée de bureaux ministériels, d’associations de bénévoles, d’orphelinats, de centaines de boursiers, à cela s’ajoute un système mis en place pour apporter de l’aide dans les camps de réfugiés, au Liban et en Syrie par exemple.

Depuis le début de l’occupation israélienne, la population de la Bande de Gaza, et en particulier la ville même de Gaza, devient le symbole de la résistance civique et armée. Guidés par le principe de la lutte armée el kifah al musalah, ces opposants cherchent à vaincre Israël et à le remplacer par un État palestinien. Outre des résistants armés, toute la population lutte : les jeunes scolarisés, filles et garçons, se jettent dans la rue en réclamant le départ des forces d’occupation259. C’est entre 1969 et 1971 que la lutte armée est la plus intense. Après la défaite de 1967, l’OLP semble la force politique la plus importante, avec une présence militaire

256 Entre le 6 et le 9 septembre, les militants du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) détournent quatre avions; ils font exploser l’un d’entre eux immédiatement et en déroutent trois autres vers un aéroport situé dans le désert jordanien, où ils les font exploser le 12 septembre. Bien qu’Arafat négocie la libération des otages, il autorise les militants de l’OLP à attaquer des cibles jordaniennes. Environ 15 000 Palestiniens, militaires et civils, meurent dans la lutte, nombre d’entre eux dans les villes et les camps de refugiés palestiniens. Les armes de l’OLP, leurs bases et leurs hommes, ont été décimés par l’armée jordanienne. SAYIGH Yezid (1999), op. cit., pp. 262-268.

257 SAYIGH Yezid (1999), p. 148. 258 Ibid. pp. 448-453.

259 ROY Sara, The Gaza Strip, the Political Economy of De-development, Washington (DC), Institute of Palestine Studies 2004, p. 104.

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évidente dans la Bande de Gaza260. La vie quotidienne retrouve son rythme précédent : les mairies récupèrent certains de leurs services mais de façon limitée du fait des nouvelles données liées à l’occupation ; les écoles primaires et secondaires dispensent à nouveau leurs cours au mois de septembre. Celles-ci, publiques et de l’UNRWA, suivent de préférence le cursus égyptien, élaboré par l’administration de ce pays, usant des mêmes ouvrages de base. La seule différence relevée concerne la censure israélienne dont l’objet a été de blanchir les pages faisant mention du sionisme, d’Israël, de la Palestine, de la nakba et celles mentionnant des personnes jugées dangereuses par les autorités israéliennes. Il résulte de cette action des livres avec des pages et des lignes blanches, masquant les mots et les faits considérés comme subversifs par les autorités militaires israéliennes261.

La Bande de Gaza compte quatre mairies en 1967 : Gaza ville, Rafah, Deir el-Balah et Khan Younes, dont l’autorité émane d’une loi du Mandat britannique de 1934, la Municipal

Corporation Ordinance. Malgré la validité de celle-ci, l’administration israélienne coopte ses

propres instances décisionnaires par le biais de règlements militaires, invoquant des raisons de sécurité à l’égard de l’État d’Israël pour justifier ses actes. Avant l’arrivée de l’Autorité palestinienne, chaque décision municipale devait être ratifiée par l’administration civile israélienne262. Les municipalités se chargent de la gestion des projets, malgré les faibles ressources qu’elles reçoivent des bailleurs de fonds de Jordanie et d’autres pays arabes. Ces budgets bien maigres et des prérogatives très limitées constituent de réels freins à leurs projets d’aménagement du territoire et de développement d’infrastructures nécessaires.

Dans ce contexte particulier, où la présence de l’occupant israélien limite le travail des mairies et les droits des Palestiniens plus généralement, des associations de toutes sortes prolifèrent : syndicats professionnels, associations d’étudiants, chambres de commerce et d’industrie, associations caritatives et religieuses ou encore associations de femmes qui, toutes, contribuent à la mise en place d’une réelle société civile. Les groupes qui se forment durant ces années ont pour objectif de fournir des services plutôt que de résister à l’occupation. Ainsi, nulle alternative n’est possible face à l’occupation israélienne et aucun domaine, même culturel ou social, ne peut se développer pour rivaliser avec elle. C’est également durant ces années

260 En 1967, l’OLP n’est pas encore reconnue comme la représentante du peuple palestinien.

261 Entretiens n° 55 Sana’a al Khuzondar, et n° 47 Nizzar dans l’Annexe I et n° 12 Zahara, dans le texte de L’épreuve collective de l’enfermement. Tous trois sont utiles pour comprendre la situation durant ces années.

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troublées que les Ikhwan, les Frères musulmans, s’immiscent dans la société par le biais d’associations de bénévoles263. Sous l’occupation, les diverses organisations de la société civile symbolisaient une forme de résistance, formant des groupes de soutien communautaire. Ces années voient aussi la formation d’ONG locales. Certaines de ces associations non gouvernementales apparaissent d’abord comme des paravents pour des partis politiques interdits par Israël. Tel est le cas des PARC264, associations en faveur du développement rural, créées par le parti communiste265.

Le manque d’institutions locales fortes est à nouveau souligné dans un rapport réalisé par le même organisme, en partenariat avec le PNUD, peu de temps après les accords d’Oslo. Ceux-ci dénombrent, en effet, les localités rurales de plus de 1 000 habitants dépourvues de tout statut juridique, soit quinze au total266. Ce vide juridique ainsi souligné renvoie surtout à la situation qui prévaut au officiellement sein des municipalités palestiniennes suite aux accords d’Oslo, à savoir la « disparition » des équipes dirigeantes et la quasi-fermeture des services techniques. Cette situation de fait ne peut se comprendre que rapportée à une double réalité : la stratégie territoriale changeante du gouvernement israélien, qui l’a conduit à adopter une politique de cooptation/répression à l’égard des notables locaux, et l’implantation progressive de l’OLP dans les Territoires et la prétention de l’Organisation de parler au nom de l’ensemble des Palestiniens, où qu’ils se trouvent267.

Se développe alors dans la Bande de Gaza un mouvement de résistance qui cible les forces armées israéliennes, les civils israéliens et, plus tard, les implantations et les indicateurs268, ce qui inclut parfois ceux qui sortent travailler en Israël. Les camps de réfugiés deviennent des lieux de repli où les ruelles étroites permettent aux résistants de se dissimuler et d’échapper avec facilité aux soldats israéliens. Le FPLP poursuit ses actions violentes contre l’occupation, dans les territoires occupés, en Israël et ailleurs, mais différemment de la Cisjordanie où divers groupes politiques s’activent pour le contrôle des territoires. À Gaza,

263 Les Frères musulmanes à Gaza sont connus par leur présence dans le domaine de la bienfaisance et l’aide aux besogneuses. Le succès du Hamas dans les élections législatives du 2006 se doit beaucoup à cette présence. 264 Palestinian Agricultural Relief Committees.

265 ABU-SADA Caroline (2007), ONG Palestiniennes et Construction Étatique, Beyrouth, Institut français du Proche-Orient.

266 Archives de l’ingénieur Emad Jaradah. 267 SIGNOLES Aude (2005), pp. 109-126.

268 Sabah considère que l’indicateur voir le collaborateur par excellence apparaît avec l’occupation israélienne. Entretien Sabah Taleb, février 2009, camp de la Plage.

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l’Égypte avait empêché la formation d’une classe dirigeante locale du fait des interdictions imposées269. La lutte armée s’accompagne d’une désobéissance civile répandue. Le gouvernement israélien, entre 1969 et 1971, emprisonne six cent quinze résidents, qui seront ensuite déportés en Jordanie ou au Sinaï.

Les années 1970 sont difficiles pour les Frères musulmans en raison de la prééminence du nationalisme arabe et de la popularité des groupes de gauche dans la lutte de guérilla. Malgré ces complications, ils persévèrent et poursuivent leur travail de da’wah (prêcher) auprès des familles nécessiteuses et dans les mosquées. Ils diffusent leurs idées par le biais d’associations communautaires qui servent de base aux succès politiques.

Quand en 1970 Ariel Sharon devient le Chef des forces armées du Commandement sud, il entame une campagne meurtrière contre la résistance de la Bande de Gaza avec deux objectifs principaux : contrôler la situation et mettre en place les bases nécessaires à l’implantation de colonies juives à travers toute la Bande. En 1971, l’administration militaire israélienne impose la démission du maire nommé par les Égyptiens, Ragheb el Alami, assortie de la dissolution du Conseil municipal270. Entre juillet 1971 et février 1972, la Bande de Gaza, à l’exception de Rafah, est encerclée, interdisant de fait tout passage par l’installation de barrières de sécurité sur environ quatre-vingt-cinq kilomètres.

Le camp de la Plage (Shati), dans la ville de Gaza, par exemple, a souffert de l’entrée des bulldozers qui ont transformé ses rues étroites en boulevards permettant le passage de chars271. Durant ces mois, les grands propriétaires fonciers sont demeurés à l’écart du monde politique alors que, traditionnellement, ils constituaient une ressource pour les dirigeants politiques. À la demande des autorités israéliennes, le hadj Rashad Showa272, l’un des propriétaires et commerçants de renom, accepte la fonction de maire de Gaza en septembre 1971 et constitue un Conseil municipal issu des catégories aisées de la ville. Son arrivée à la tête de la mairie entraîne une vive polémique du côté des nationalistes qui voient là une action

269 ROY Sara (2004), pp. 226- 228. 270 SAYIGH Yezid (1999), pp. 286-292.

271 Entretien avec Sabah Taleb, Directeur du centre du programme des femmes (UNRWA) au camp de la Plage, en février 2009.

272 L’un des enjeux problématiques pour nombre de Gaziotes se retrouve dans le soutien des notables, comme le hadj Rashad, accordé au roi Hussein de Jordanie et à son idée de création d’un Royaume uni de Jordanie, une fédération formée idéalement par Gaza et la Cisjordanie.

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visant à se compromettre avec l’Occupation273. Pour sa part, « Il pensait que c’était l’unique façon

d’améliorer la situation qui était critique. Il pensait surtout que c’était le moment pour la lutte politique et non pas armée »274. Quelle que soit la coopération établie avec l’administration militaire, celle-ci est

mal perçue et, parfois même, qualifiée de collaboration. Comme l’écrit clairement Sara Roy, la loi militaire israélienne était basée sur la restriction et la négation des droits des Palestiniens, en tant qu’individus, et de la Palestine en qualité de société275.

En 1972, Sharon réussit finalement à maîtriser la situation dans Gaza après avoir fait tuer ou expulser un grand nombre de résistants et l’armée prend ainsi le contrôle des camps. Le moment devient alors propice à l’implantation de ceux qu’il appelle les doigts juifs. Dans son autobiographie, il écrit : « Je voulais [une implantation] entre Gaza et Deir el Balah, une entre Deir el

Balah et Khan Younes, une entre Khan Younes et Rafah et une autre à l’ouest de Rafah […]. Si, dans le futur, nous voulons contrôler cette zone, nous aurons besoin d’établir une présence juive dès maintenant. Sinon, nous n’aurons pas d’influence, de ‟levier”, à l’arrivée de temps difficiles»276 .