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La création de l’Organisation de libération Palestinienne (OLP), mai 1964 1964

CHAPITRE I : MÉTHODOLOGIE ET PROBLÉMATIQUE

8. La création de l’Organisation de libération Palestinienne (OLP), mai 1964 1964

Quelques semaines plus tard, Shuqayri présente à Nasser le projet pour une organisation palestinienne, avec une charte nationale, des statuts internes et des directives concernant les activités politiques, militaires et économiques. D’après ses mémoires, Shuqayri a eu l’approbation de Nasser pour la gestion des gardes-frontières palestiniens et la préparation d’une ébauche de loi de conscription. Shuqayri présente ses idées aux Palestiniens, depuis le Caire, sur les ondes radio, en février de la même année, avançant les propositions de principe à

215 L’Égypte avait envoyé au Yémen du nord 70 000 hommes pour aider les républicains qui avaient déclaré la république contre les royalistes appuyés par l’Arabie Saoudite et la Jordanie. L’Égypte a finalement terminé le conflit après la défaite de la guerre de 1967 contre Israël.

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la création d'un État palestinien. Il organise une présentation à Jérusalem à la fin du mois de mai, à laquelle il invite quatre cent vingt-deux personnes. La conférence est organisée dans cette ville car le roi Hussein veut donner l’image d’une coopération avec l’Égypte. Les officiers de renseignement jordaniens sont très présents. L’assemblée propose un décret établissant l’Organisation de libération palestinienne, l’OLP, approuve sa charte nationale et les autres documents juridiques et se constitue en Conseil national palestinien216. Celui-ci est composé de dix membres élus et de trente cadres supérieurs du secteur public nommés, ce qui démontre la volonté de l’administration d’inclure davantage de Gaziotes dans l’administration des affaires civiles, en particulier la santé, l’éducation et le travail. Le Conseil qui se forme en 1962 a à sa tête le Dr Haidar Abdel Shafi, médecin palestinien de renom, fils d’une famille gaziote bien connue. En septembre 1963, à Gaza, au siège du Conseil législatif, Nasser admet n’avoir pas de plan de libération pour la Palestine et affirme que les autres États arabes n’en ont pas non plus217. La notion de panarabisme devient alors un point d’interrogation.

Les membres des mouvements comme le Fatah et le Mouvement des nationalistes arabes n’ont pas confiance en Shuqayri et ses liens nasséristes. Le Fatah, néanmoins, soutient la formation de l’entité. Shuqayri veut l’unification des autres partis au sein de l’OLP, mais le Fatah n’est pas intéressé car, pour lui, l’entité doit être révolutionnaire. La crédibilité de l’OLP dans les gouvernements arabes laisse penser au Fatah qu’il doit prendre le contrôle de l’OLP pour, plus tard, le rendre révolutionnaire218. La reconnaissance de l’OLP et de sa branche militaire, l’Armée de libération palestinienne, par la deuxième conférence arabe est très importante pour le Fatah car Nasser lui transfère la direction de la Garde palestinienne des frontières. Si le Fatah soutient également la constitution de l’armée palestinienne, en 1964 Khalil al-Wazir219, connu sous le nom d’Abu Jihad, qui est considéré comme l’un des fondateurs d’el Fatah, pense que l’OLP va faire avorter la révolution populaire dans l’esprit des pays arabes220. La création de l’OLP précipite alors la lutte armée pour la libération de la

216 SAYIGH Yezid (1999), pp. 95-100. 217 Idem.

218 Conversation avec les filles de Shuqayri à Jéricho, 1996.

219 Khalil Ibrahim al Wazir, connu sous le nom d’Abu Jihad, est considéré comme l’un des fondateurs du Fatah. Fils d’une famille gaziote, il a dû quitter Ramla avec sa famille, où son père travaillait pour l’administration du Mandat, alors qu’il était âgé de 13 ans, en 1948, expulsé par les juifs. Il a grandi dans la Bande de Gaza où il rencontre Yasser Arafat en 1951. Après la création du Fatah, en 1958, il devient l’un des adjoints d’Arafat. Il est assassiné chez lui, en Tunisie, en 1988; il aurait été tué par des commandos israéliens, selon la rumeur.

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Palestine. Le Fatah intensifie ses contacts dans le monde arabe et ouvre une base à Alger. Arafat et d’autres membres visitent le Koweït, l’Arabie Saoudite, la Libye, l’Irak et la Syrie. Ils trouvent des fonds pour mettre en œuvre la révolution palestinienne. La création de l’OLP aide les efforts du Fatah dans la préparation d’attaques armées sur Israël. Celles-ci sont davantage des infiltrations en territoire israélien qui s’avèreront être des échecs à répétition, même si chaque fois Arafat les a habilement transformées en succès221. Le mois de décembre 1965 est célébré comme étant le début de la lutte armée par le Fatah qui insiste alors sur le fait que les gouvernements arabes ne s’intéressent à la cause palestinienne que s’ils peuvent en tirer profit. Des frictions se font jour tant entre les deux mouvements principaux qu’au sein de chacun d’eux, et l’un des plus difficiles enjeux d’entente est alors la lutte armée.

En 1964, l’administration égyptienne permet l’établissement de l’OLP222, pour laquelle le Dr Haidar Abdel Shaffi est le conseiller et, un an plus tard, le Conseil ratifie les lois sur le travail qui accordent aux ouvriers le droit de s’organiser, permettant la création de syndicats associés à l’OLP, ainsi que des réunions estudiantines dans Gaza. La Fédération des syndicats a été formée avec l’approbation du gouvernement égyptien et comprend six catégories d’unions : agriculteurs, transporteurs, tailleurs, ferronniers, constructeurs et employés du service public. Il faut noter que pour les Gaziotes, les Égyptiens étaient des arabes et non des étrangers, et que leur administration, même si elle n’était pas très pacifique, reste dans les mémoires de beaucoup comme une époque très appréciée. L’OLP reçoit la permission d’ouvrir des camps de formation militaire à Gaza tandis que l’Égypte fournit des armes légères avec pour objet de créer un front de résistance pour lutter contre l’État. Les forces armées de l’OLP, celles des forces d’urgence des Nations Unies et la bureaucratie de l’UNRWA223 deviennent les sources principales d’emplois. Bien que ceux proposés par les services gouvernementaux augmentent, ils n’engendrent pas de croissance économique. En l’absence de structures économiques, les salaires versés ne parviennent pas à améliorer les conditions de vie des individus. Dans le secteur agricole, surtout dans les bayaras, les vergers d’agrumes, le travail est sujet aux fluctuations saisonnières et l’industrie et la construction emploient surtout des personnes non-qualifiées. Les emplois de service, en revanche, paraissent s’accroître mais, du fait d’un manque

221 Conversation avec Djarrar al Qudua, un oncle d’Arafat, Gaza, 1998.

222 Après la défaite arabe de 1967 Yasser Arafat devient le chef de l’OLP ainsi que du parti ou Fatah. 223 UNRWA: United Nations Relief and Works Agency for refugees of Palestine.