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L’administration égyptienne de 1949 à 1967

CHAPITRE I : MÉTHODOLOGIE ET PROBLÉMATIQUE

7. L’administration égyptienne de 1949 à 1967

Les combats entre Juifs et Arabes prennent fin en février 1949 avec les traités d’armistice signés à Rhodes en fixant une ligne de démarcation, la ligne verte182, qui demeurera jusqu’en 1967. Ces accords marquent la victoire israélienne dans les combats contre les pays

178 Cette opinion est décrite aussi par Stéphanie Latte-Abdallah, dans S. LATTE-ABDALLAH (2005), Images aux frontières, Représentations et constructions sociales et politiques Palestine, Jordanie 1948-2000, Beyrouth, IFPO.

179 SARA Roy (2004), The Gaza Strip, the political economy of de-development, Institute of Palestine Studies, Washington, DC (1re éd. 1995).

180 AL HUSSEINI Jalal (2011).

181 UNRWA, archives pour l’année 2010: http//rsq.oxfordjournals.org on May 30 2010. Refugee Survey Quarterly, vol. XXVIII, n°2-3, UNHCR.

182 La ligne verte désigne, de manière générale, les frontières issues d’un conflit militaire. La ligne d’armistice, ici, est connue sous le nom ligne verte car le crayon utilisé pour tracer la carte issue de l’armistice était de couleur verte. C’était la séparation entre Israël et la Jordanie de 1949 à 1967. Aujourd’hui, la ligne correspond aux frontières nord, sud et ouest du territoire israélien conquit (la Judée et la Samarie) où vivent majoritairement des résidents palestiniens.

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arabes. La ligne verte, quant à elle, devait servir d’outil temporaire de séparation des territoires. Après son tracé, la Palestine du Mandat est divisée en trois183 : le nouvel État d’Israël, la Cisjordanie, annexée par le royaume de la Jordanie, et la Bande de Gaza.

Figure 6 : Division géographique du ministère français des affaires etrangères

Source : Jean-Pierre Derriennic, Le Moyen-Orient au XXe siècle, Armand Colin, 1980.

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Le territoire de la Bande de Gaza est placé sous la tutelle de l’Égypte184 qui ne l’incorpore que partiellement dans son système légal. Trois mois après l’annexion militaire de la Cisjordanie par la Transjordanie, lors de la guerre avec Israël, le Parlement du Royaume jordanien approuve officiellement l’union des deux rives du Jourdain en un seul État, le Royaume hachémite de Jordanie, créé en 1949, placé sous la souveraineté du roi Abdallah. La population de Cisjordanie reçoit des passeports temporaires jordaniens à la différence des Palestiniens de la Bande de Gaza qui se voient attribuer un laissez-passer égyptien. L’administration égyptienne reconnaît toujours les résidents de la Bande de Gaza comme citoyens palestiniens car la directive du Mandat de 1925 sur la citoyenneté est encore en vigueur185. Résultat des conquêtes des armées juives au moment de l’armistice, le territoire, comme son nom l’indique, c’est une longue bande s’étendant sur 42 km, bordée à l’ouest par la mer Méditerranée, à l’est par Israël. Au sud, la moitié de la région de Rafah sert de frontière avec l’Egypte, le nord étant limitrophe de Beit Hanoun. Sa partie la plus large est de 12 km et la plus étroite, au centre, ne s’étend que sur 6 km.

Afin de rapporter cette taille modeste à celle de la période de l’administration britannique, rappelons que la Palestine du Mandat s’étendait sur 26 323 023 dunum (environ 26 324 km2) alors que le territoire du district186 ne couvrait que 1 110 501 dunum187. Après la

guerre arabo-juive et l’armistice de 1949, la Bande de Gaza, ou plus précisément ce qui reste du sub-district de Gaza, représente seulement 365 000 dunum, ou 365 km2, soit 0, 27 % de la totalité des territoires du Mandat en Palestine et seulement le 33% du district de Gaza188. La population totale de la ville de Gaza, après ce découpage et après l’arrivée de plusieurs vagues de réfugiés, est estimée à 80 000 habitants, alors que le nombre de personnes demeurant dans la ville, selon l’enquête de 1945189, s’élevait à près de 25 000190. La situation devient dès lors critique.

184 Anglo American Committee of Inquiry (1946), A Survey of Palestine, vol. I, p. 143.

185 Le Mandat britannique met en place (officiellement) le 1er août 1925 la Palestinian Citizenship Order qui définit la citoyenneté palestinienne comme des personnes : sujets turcs résidents dans le territoire de la Palestine le 1er août 1925 : Turkish subjects habitually resident in the territory of Palestine upon the 1st day of August, 1925. NRC, Undocumented and stateless, janvier 2012.

186 Parfois on parle, dans la littérature, du sub-district de Gaza parce qu’elle est considérée ici avec Bier Sheba.

187 Mesure ottoman de terrain utilisé jusqu’à présent dans les territoires occupés, environ 1 000 m2.

188 DEPARMENT OF STATISTICS, G. O. P. 1944-45, Statistical Abstract of Palestine, Palestine, Printed by the Government Printer.

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Après l’échec arabe de 1948, la jeune génération des camps de réfugiés et de la ville de Gaza, lassée du jeu stérile des élites palestiniennes et de leurs parrains arabes, décide de prendre en main la lutte pour libérer la Palestine. Yasir Arafat, Khalil al-Wazir (Abu Jihad), Faruq al-Qadumi et Salah Khalaf (Abu Iyad) créent un mouvement national révolutionnaire indépendant qui, ils l’espèrent, unira la jeunesse palestinienne autour d’un même idéal : la libération du territoire palestinien. Ils commencent à recruter des partisans à Gaza puis se rendent au Koweït où ils enrôlent de jeunes exilés palestiniens instruits qui constitueront des années plus tard le mouvement al Fatah191, Mouvement de libération nationale de la Palestine et principale composante de l’OLP. Bien que l’administration égyptienne impose des mesures coercitives dans le but de décourager la création d’associations et de syndicats et que les expressions politiques publiques soient restreintes, des groupes œuvrent dans la clandestinité, tels le parti communiste et les Frères musulmans, surtout dans les camps de réfugiés et dans les écoles secondaires où des élèves sont souvent interpelés et emprisonnés par les autorités égyptiennes. Dans la Bande de Gaza, comme en Jordanie, les partis nationalistes avaient pour principal objectif la libération de la Palestine et étaient des mouvements islamistes : le parti Ba’th et le parti national syrien. Proche de Nasser, le Mouvement des nationalistes arabes trouve sa raison d’être dans son programme politique centralisé sur la Palestine. La prolifération des partis mineurs montre, dans les années 1960, toute la désillusion de la population à l’égard des partis arabes formels et du manque de dirigeants charismatiques pour capter l’intérêt de nouvelles recrues. La majorité des Palestiniens, de toutes classes sociales, reste alors en marge des affiliations politiques. Bien que les petits propriétaires aient commencé à perdre leurs terres bien avant 1948, al hijra, l’exode, a complètement détruit ceux qui avaient maintenu, durant des années, un équilibre fragile entre la pauvreté dignifiée (les

mastourin) et le dénuement. Dans ce contexte, al hijra n’a pas manqué de produire un

nationalisme palestinien. Ce sentiment nationaliste était évident, en particulier dans les camps de réfugiés où se trouvait la population rurale qui, dans sa grande majorité, avait perdu ses biens, les moyens de répondre aux besoins nécessaires pour une vie décente et pour préserver fierté et identité192. Après les tracés issus de l’armistice, les frontières avec Israël n’étaient pas

190 « Prepared in December 1945 and January, 1946 for the Information of the Anglo-American Committee of Inquiry », vol. I, Institute for Palestine Studies (1991), pp. 12-13.

191 Fatah en arabe al-Fatah ou al-Fath, conquête. Acronyme inversé de Harakat al-Tahrir al-Watani al-Filasiniyya, Mouvement de libération nationale de la Palestine.

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hermétiques et de nombreux réfugiés continuaient à se rendre sur leurs terres pour en rapporter les récoltes abandonnées lors de leur fuite. Des centaines de personnes passant ainsi d’un côté à l’autre de la ligne verte, Israël demande au gouvernement égyptien de surveiller les frontières. Malgré cela, les infiltrations se poursuivent, entraînant la mort de plusieurs personnes.

À Gaza, l’agriculture reste la principale activité soutenue par l’administration égyptienne193. Le secteur industriel, principalement artisanal, est constitué de petits ateliers194. Les habitants de Gaza, avant 1947, étaient de grands et petits propriétaires fonciers. Les premiers produisaient des grains et des agrumes destinés à l’exportation et les petits, tout en travaillant leurs propres terres, cultivaient des produits pour le marché local. Les autres habitants étaient employés du secteur privé, dans l’administration civile britannique mais aussi dans des compagnies étrangères disposant de bureaux dans d’autres villes de la Palestine du Mandat.

Sous l’administration égyptienne, les liens avec le monde extérieur se maintiennent grâce au système ferroviaire et au port, comme au temps du Mandat britannique, mais la seule destination est l’Égypte, qui exporte les agrumes en Asie et en Europe. Dépossédée des champs de Beersheba, Gaza ne produit plus de grains. Les droits de douane étant plus bas qu’en Égypte, la différence de prix permet au troc et au commerce de se développer par le biais de la contrebande et du trafic illégal de marchandises de luxe. La revente, assortie d’un profit substantiel, devient la source de fonds principale et fait la réussite économique de certains commerçants locaux195, jusqu’alors gênés par l’émergence du secteur entrepreneurial. La Bande de Gaza devient un grand marché noir et le centre de trafics illégaux, une sorte de « zone libre ». En 1949, la Bande de Gaza n’a pas de matières premières, elle dispose de ressources naturelles très limitées et souffre d’une réglementation stricte pour ce qui est des échanges avec l’Égypte. Ces différents éléments et le budget limité de l’administration militaire égyptienne qui doit gérer prioritairement la prévision des besoins de la population, limitent

193 L’agriculture pendant le Mandat britannique est dirigée vers les marchés égyptiens pour les agrumes et les grains, l’orge, quant à elle, est exportée pour la bière vers le marché britannique. Nous allons voir les conséquences de cette situation de nos jours, comme l’indique Roy dans son livre sur le dé-développement : cf. ROY Sara (2004), The Gaza Strip : the Political Economy of De-Development, Washington, DC, Institute of Palestine Studies.

194 EFRAT Elisha (2006), The West Bank and Gaza Strip - A geography of occupation and disengagement, Londres, Routledge.

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considérablement le développement. À cela s’ajoute la dépendance du gouvernement égyptien envers l’UNRWA, source de commodités premières196. L’emploi d’environ 5 000 personnes dans l’administration et la police exacerbe d’avantage encore ces effets pervers. Les Palestiniens sont exclus des postes importants dans les services publics, monopolisés par les Égyptiens, à l’exception des municipalités de la Bande de Gaza, dans lesquelles ils ne comptent pas moins de 6 000 employés. Les réfugiés des camps tentent de recréer leurs villages en poursuivant les pratiques datant du Mandat, aidés dans ces efforts par l’UNRWA qui cherche les makhatirs197 pour organiser les villageois autour des notables. Les habitants étaient à la recherche de leurs voisins et parents pour, eux aussi, essayer de reconstituer leurs villages d’origine, ensemble, avec le mukhtar et les conseils de chyukh, représentant l’autorité sociale et de résolution traditionnelle des conflits avant 1948. Pour la population villageoise, le traumatisme d’al hijra signifie un déracinement et une cassure des liens traditionnels, du concept d’un chez moi a’ela, d’une famille étendue et de la hamula198. Pour les réfugiés ils ne sont pas stigmatisés seulement pour leur condition de pauvreté, mais aussi pour avoir laissé leurs biens dans leur fuite. Ce sentiment de dégradation leur procure un attachement aux structures sociales traditionnelles déjà en péril avant 1948. L’institution du mukhtar nommé aussi le kbir (grand, pour vieux)199 pendant l’Empire ottoman, fonctionnait comme intermédiaire entre une ou plusieurs familles du village et l’autorité centrale ; il était chargé de certaines tâches administratives, et il avait aussi la responsabilité de résoudre les problèmes afin de maintenir la sécurité. Après la guerre arabo-juive, l’UNRWA utilise le mukhtar de chaque village pour l’aide au recensement des personnes.

L’un des grands changements liés au passage du Mandat britannique à l’administration égyptienne concerne, selon les dires de la population200, l’éducation. Durant la période britannique, l’éducation concernait surtout le niveau primaire et visait un bon niveau en anglais, mais tout le monde n’était pas concerné. Il s’agissait surtout d’écoles publiques,

196 ROY Sara (2004), The Gaza Strip, the Political Economy of De-Development ,Washington, DC, Institute of Palestine Studies (1re éd. 1995), pp. 65-70.

197 Notables du village, pluriel de mukhtar. Aussi nommés ainés ou anciens a qui respect est dû, cheikh (singulier) et chiukh (pluriel).

198 Groupement de familles étendues.

199 Dans son article sur l’identité palestinienne, Pirinoli mentionne le mot kbir pour se référer aux hommes âgés de la famille, qui vont former les comités ou comme elle l’appelle l’ « assemblé de grands hommes », p. 102. 200 Entretien n° 53 avec Mlle Leila Qleibo, 2010. Également dans les entretiens n° 63 avec Mme Rawia Shawwa et n° 51 avec M. Ghaleb al Wazir.

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quelques-unes privées, appartenant à des missions chrétiennes, les baptistes notamment201. Pendant la période égyptienne, l’éducation primaire, secondaire et universitaire, devient accessible à tous. Du fait du manque d’universités dans la Bande de Gaza, celles d’Égypte ouvrent gratuitement leurs portes aux Palestiniens, garçons et filles. Les étudiants reçoivent du gouvernement égyptien une bourse afin de payer leurs frais de séjour, impossibles sans cela à financer pour la majorité des familles peu aisées de Gaza. Avec l’administration égyptienne, et plus tard l’UNRWA, dans les années 1950, la possibilité d’étudier est accordée pour la première fois aux réfugiés. Grâce aux informations obtenues lors des entretiens que nous avons réalisés au camp de la Plage, et dans d’autres de la Bande de Gaza202, nous constatons que la plupart des refugiés s’efforcent, avec acharnement, à étudier. Nous relevons une transformation du ressenti des réfugiés palestiniens quant à leur perception de l’éducation. Au lieu d’avoir des terres et des maisons, que nombre d’entre eux avaient perdues dans al hijra, ou n’avaient parfois pas du tout, les Palestiniens commencent à apprécier les occasions de sortir de Palestine et la sécurité personnelle et économique croissante que leur permet l’éducation203. Elle devient la seule voie d’atteindre une source identitaire digne dans la société. Et c’est bien ce niveau de formation qui va leur ouvrir les portes de l’Irak, de l’Arabie Saoudite et, plus tard, des pays du Golfe qui les reçoivent à bras ouverts pour soutenir leur processus de développement ; c’est notamment le cas du Koweït. La migration liée au travail vers les pays du Golfe autorisant l’envoi de sommes d’argent à Gaza, constitue l’une des ressources vitales pour les familles dans un contexte de manque d’entreprises productives concrètes ou d’emplois professionnels. Les dépenses sont consacrées aux besoins quotidiens de la maison, à l’éducation et aux fonctions sociales. L’éducation transforme de simples paysans, petits artisans ou commerçants, en employés de bureau travaillant soit à l’UNRWA, soit pour l’administration égyptienne204. La petite bourgeoisie palestinienne dans le shatat (la diaspora) obtient des passeports, selon le processus de naturalisation, mais elle a un pouvoir politique limité, son influence étant réservée au secteur commercial privé. Dans des pays tels que ceux

201 Les baptistes fondent un hôpital en 1916, encore sous l’Empire ottoman, ainsi qu’une école primaire et un institut qui permet d’obtenir le diplôme d’infirmière.

202 Entretiens et conversations du chercheur entre 1993 et 2010 dans des camps de réfugiés de Gaza. 203 Entretien avec M. Ghaleb al Wazir et son épouse, par l’auteur, mai 2011.

204 SAYIGH Yezid (1999), pp. 40-45. Il en va de même de la population rurale de la Cisjordanie annexée au Royaume de Jordanie.

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du Golfe, l’Égypte, la Syrie ou le Liban, la naturalisation leur est refusée, augmentant de fait leur marginalité.

Bien que les investissements de l’administration égyptienne aient été limités, ils suivent les grandes lignes des plans d’aménagement du Mandat. Les Égyptiens construisent des boulevards et des espaces verts, étendent les rues principales, poursuivent le lotissement des terres, que l’administration cède à bas coûts aux employées publics, et encouragent la construction d’hôtels. Ainsi, Gaza bénéficie, par le biais de l’Égypte, du tourisme venu du monde arabe, et, en priorité, les « internationaux » venus travailler aux Nations Unies arrivant à l’aéroport,205 local construit en 1927 par les autorités du Mandat et utilisé par l’UNRWA dans les années 1950 pour le courrier ainsi que pour les déplacements de ses personnels. Après la création de l’UNRWA en 1948 et la formalisation de la prise en charge par l’Égypte de l’administration de Gaza, l’UNRWA et l’administration égyptienne travaillent en étroite collaboration pour gérer les affaires quotidiennes de la population. Pendant des années, les pauvres de Gaza, les locaux qui n’avaient pas eu la carte de l’UNRWA et n’étaient pas considérés comme réfugiés, ne bénéficieront ni d’aides alimentaires et économiques, ni des systèmes de santé et d’éducation gratuits206. À la fin des années 1950, l’UNRWA intensifie ses efforts en matière d’éducation avec l’ouverture à tous de ses écoles de tentes. De plus, la bureaucratie pléthorique de l’UNRWA employait des milliers de réfugiés dans ses bureaux.

L’administration égyptienne n’a pas modifié les lois du Mandat, la British Town and

Building Ordinance de 1936 reste en vigueur, n’apportant que des changements mineurs relatifs

aux membres des autorités responsables207. Les changements qui ont eu lieu en Égypte avec l’abolition de la loi de la Shari’a n’ont en rien concerné le judiciaire civil et les cours de Shari’a à Gaza n’ont pas été affectés. En revanche, la loi sur le droit des familles de 1954 a été appliquée et reste la première référence législative pour les résidents de la Bande de Gaza208. Le système le plus populaire de résolution des conflits chez les Palestiniens reste toutefois la soulha qui

205 HERBERT Gilbert et SOSNOVSKY Silvina (1993), Bauhaus on the Carmel and the Crossroads of Empire, Yad Izhak Ben-Zvi, Publications, Jérusalem. En 1927, le British Imperial Airways passe un accord avec le gouvernement du Mandat pour opérer un service de poste aérienne, la ligne Le Caire/Baghdad, s’arrêtant à Gaza, pp. 51-52. Voir aussi SHRITEH Fakher (2014), Gaza, The Bleeding Wound.

206 Ce n’est qu’en 1991 que le Programme alimentaire mondial (WFP) entre à Gaza et en Cisjordanie pour aider la population non-réfugiée.

207 Entretien avec l’ingénieur Ali Abu Shahla, in HANSEN Kurt (2013) Gaza city : Analyse des transformations urbaines 1917-2011, Thèse de doctorat en Géographie, Rennes, Université de Rennes 2.

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désigne les pratiques coutumières de règlements des différends. Elles font référence aux valeurs morales, voire religieuses, du groupe et mettent en œuvre des mécanismes de médiation et de réconciliation traditionnels209.

Au début des années 1950, l’Égypte connaît des moments difficiles avec une monarchie au bord de l’effondrement. Jamal Abdel Nasser et Anwar al Sadat sont de ceux ayant formé une organisation secrète au sein de l’armée fin des années 1940, le mouvement des

officiers libres pour en finir avec la monarchie et la présence européenne en Égypte. La

corruption qui prime dans le Royaume et la défaite de la guerre qui a opposé les Juifs aux Arabes sont les déclencheurs en 1952 de la révolution égyptienne. Le Roi Farouk abdique en faveur de son très jeune fils Fouad II et, peu après, en 1953, la monarchie est officiellement abolie. En juin de la même année, la République d’Égypte est proclamée. Un officier du mouvement, soldat de métier et membre du mouvement des officier libres qui s’est distingué dans la guerre de 1948, devient le premier président nommé de la République210. Il gouverne moins d’un an puis, après une brève lutte pour le pouvoir entre les officiers du mouvement, Jamal Abdel Nasser prend la présidence. Dans l’opinion des Gaziotes, bien qu’il tente de créer un État socialiste non aligné et d’influencer la direction du monde arabe musulman, l’existence