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publiques au tournant des années 1980 avec l’apparition des technologies Down To Hole

1.7.5 Le parti pris d’une surexploitation active à des fins de développement humain

1.7.6.1 Inde : succession des comités d’évaluation

Le site du CGWB mentionne un cas d’évaluation global des ressources hydriques du pays, réalisée par AN Khosla en 1949, incluant eaux de surface et eaux souterraines, basé sur un calcul empirique à l’échelle des bassins (Khosla, 1949). Ces tentatives chiffrées seront reprises par des commissions, bien que le manque de données et une méconnaissance des paramètres de recharge et décharge des aquifères font que « ces estimations ne demeurent que des tentatives, et tout au mieux des

approximations ». Dennis décrit les actions accomplies depuis le début de la décennie : « notre analyse des travaux géohydrologiques effectuées par d’autres agences montre qu’une assistance pratique est disponible dans le forage et l’approfondissement de puits déjà existants. Cependant, très peu d’études systématiques des ressources sont réalisées. Je pense que nous pourrions prendre l’initiative de telles études […] Il est inutile de préciser qu’aucune autre agence n’est active dans ce genre de fonctions. Par ailleurs, le domaine et les besoins sont si vastes, que beaucoup de personnes pourront s’y insérer 91».

Dès la fin des années 1960, l’USGS doute des protocoles d’inventaires et des estimations des réserves hydrogéologiques. Force est de constater que les débats concernant les modes de calcul se poursuivent jusqu’au milieu des années 1980. Du début des années 1970 à 1985, le CGWB entreprend un bilan hydrique du pays sur financement national et sous divers programmes bilatéraux, qui implique les agences de développement anglo-saxonnes ainsi que les Nations Unies.

Durant les discussions portant sur la mise en place du CGWB, l’USAID sollicite un plan d’inventaire provisoire avec élargissement aux bureaux régionaux. A la fin de l’année 1970, deux spécialistes américains sont envoyés en Inde : l’hydrogéologiste C.L. R. Holt et l’ingénieur hydraulique W. D. Romig, afin d’étudier les possibilités d’exploration et d’inventaire en région de socle cristallines sur le

91“Our review of a preceeding action of the geohrydologic work being done by other agencies shows

that practical assistance is available to put down tubewells, deepen tube wells, etc. However, very few systematic studies of groundwater resources are being made (I believe we may well take the lead in making such studies) […] it is evident that no other agencies is performing these functions. Furthermore the field is so broad, that many people could work in it “

149 bassin de la Narmada (USGS, 1976). Il en ressort un rapport intitulé : « Méthodologies existantes pour

l’évaluation des ressources hydrogéologiques : forces et faiblesses »92

Sur plus de 30 ans, quatre comités, constitués par le Gouvernement de l’Inde, proposent leur propre méthodologie scientifique d’évaluation du potentiel de développement hydrogéologique dont la charge incombe, via le CGWB, au Ministère des Ressources de l’Eau. A plusieurs reprises, les protocoles d’évaluation seront soumis aux différents comités pour révision et modifications. La difficulté principale consiste à uniformiser la méthodologie de compilation des ressources souterraines, qui ont été réalisées dans des conditions hydrogéologiques très variables dans le pays.

La Banque Nationale pour l’Agriculture et le Développement Rural (NABARD, anciennement ARDCA), crée le Comité de Surexploitation des Eaux Souterraines (Ground Water Over Exploitation Committee) en 1977. La première étude méthodologique systématique d’estimation des ressources hydrogéologiques du pays est améliorée par le comité sur deux ans. Suivant sa contribution, le comité émet des recommandations de surveillance et d’exploitation dans l’année 1979. En moins de quelques années les recommandations tout comme les évaluations de ce premier comité sont considérées de faible fiabilité. En 1982, le Gouvernement Indien remplace ce premier Comité par le Comité d’Evaluation des Eaux Souterraines (Ground Water Estimation Committee). De recrutement plus large, le GEC rassemble des experts issus des administrations fédérales et régionales. La nouveauté induite dans les protocoles d’évaluation consiste à intégrer une évaluation plus dynamique des flux entre recharge naturelle et les extractions humaines : « l’utilisation des eaux souterraines, ajoutant une

pression supplémentaire sur les nappes, transforme le rythme d’entrée et de sortie des flux dans les systèmes aquifères et implique des changements locaux dans les zones de recharge” (GEC, 1984). Le

référentiel est connu sous le nom de GEC-84. Après consultation avec des représentants administratifs et universitaires, les bailleurs de fonds et les instituts de recherche internationaux, le manu el des recommandations mises à jour pour l’inventaire des eaux souterraines est diffusé (Vijay et al, 1986).

Un troisième comité d’évaluation est consisté en 1995 afin de réviser la méthodologie d’inventaire des ressources. Deux années plus tard, les travaux du GEC-97 suggèrent de nouveaux protocoles. Le rapport réitère le principe de dynamique des flux entre recharge naturelle et extraction du GEC-84, en y ajoutant l’idée d’évaluations faites à intervalles réguliers. Mention n’est cependant pas faite d’ un calendrier suggéré des relevés. Le GEC-97 introduit un élément dans les suggestions d’inventaire

92“Existing methodologies for Groundwater resource assessment: strengths and weaknesses”, USAID Soil &

150 hydrogéologique qui demeurait absent des précédents : celui de l’incertitude et des difficultés d’établir une évaluation précise : « définir et évaluer la surexploitation d’un aquifère est une opération à la fois

difficile et complexe, que l’on ne peut réduire à de simples équations. Les critères établis par le GEC-97 sont plus rigoureux » (GEC, 1997). La plus grande précision revendiquée des paramètres pris en

compte demeure peu documentée. Le rapport utilise parfois même un vocabulaire flou : les critères « impliquent la recharge souterraine nette et l’extraction brute ». Une nouveauté apparaît cependant dans le calcul de la recharge nette, avec la prise en compte des flux latéraux. La méthodologie du GEC-97 suggère un mode opératoire d’évaluation à l’échelle des blocks administratifs, sans prise en compte des conditions géologiques des terrains et de leur spécificité.

Ce point est revisité suivant le mode opératoire auquel l’administration est la plus habituée : la création d’un nouveau comité d’évaluation, destiné aux régions de socle. Le Committee on Ground

Water Estimation Methodology in Hard Rock Terrain est créé en 2001 pour opérer des modifications

sur les protocoles d’inventaire destinés à ces régions géologiques spécifiques.

Le GEC-97 constitue une forme stabilisée des protocoles d’évaluation des ressources hydrogéologiques du pays, pour un inventaire produit à intervalles réguliers par le CGWB. L’inventaire est base sur un trépied :

- La recharge annuelle renouvelable, issue des précipitations, de la fonte des neiges, de la percolation des eaux de surface (recharge)

- Le taux d’extraction humaine de la ressource (utilization)

- Le taux d’utilisation de la ressource dans le temps (stage of development)

Le croisement de ses données permet de constituer une carte des ressources hydrogéologiques du pays suivant une échelle des niveaux de consommation. On trouve d’autres estimations locales dans d’autres institutions et universités. L’information, cependant, circule peu entre les diffé rentes institutions. L’analyse des flux hydrogéologiques à l’échelle locale permet de dégager le concept de flux, qui s’oppose à celui de stock : un inventaire ne consiste pas en un simple bilan comptable entre les recharges des ressources souterraines et le taux d’extraction humaine, sans prise en compte de la part des eaux souterraines non exploitable, inhérente à l’écosystème géologique.

D’après Kocchar (2009), la course à l’extraction a été légitimé par un « tour de passe-passe quantitatif 93». Les premières estimations des ressources disponibles étaient destinées à 70% pour l’irrigation, les 30% étant consacrées à une variété d’autres besoins disparates : le maintien à la saison sèche du cours des rivières ; les besoins naturels des écosystèmes (forêts et végétation de moindre

151 envergure) ; les demandes du secteur industriel et des alimentations en eau de boisson. Au fil des évaluations, ce régime de distribution a été transformé au détriment de l’eau souterraine. La part réservée à l’irrigation passe à 85%, les autres besoins étant réduits à la portion congrue. L’augmentation de la part réservée à l’irrigation et les raisons la justifiant n’est pas documentée.

La pratique d’additionner des agrégats de potentialités de ressources souterraines n’est pas

sans défaut. « Evaluer des volumes dont les unités se chiffrent en millions et milliards, d’autant

plus que l’on parle d’unités cubes, est une chose ardue

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».

L’auteur pointe également que

l’évaluation du volume total des ressources hydrogéologiques est un « concept absurde ». L’eau est une ressource locale. Additionner les ressources d’un département abondant en eau, avec celles d’un département en pénurie, n’en fait pas des départements en situation normale. Des faits importants devraient être pris à bras-le-corps. Afin de poser clairement les enjeux des problèmes de ressources, le paramètre le plus important est celui du niveau des nappes locales. Est-il en hausse ou en baisse, et à quelle cadence 95?

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