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dans le Doubs pendant l’incendie des Usines Pernod de Pontarlier

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».

Les eaux souterraines sont considérées sous le prisme de l’hygiène publique : un premier Certificat d’Etudes Supérieures (CES) leur est consacré en 1930 : « Hydrogéologie, Hygiène de l’eau et du sol » à

23 La circulaire du 2 Février 1924 étendra la notion de périmètre de protection à tous les types de captage d’eaux souterraines, avec des instructions aux géologues pour l’étude des projets d’alimentation en eau destinée à la consommation humaine.

60 la faculté des Sciences de Lille. Un précédent qui ne sera pas suivi avant les premières formations universitaires de troisième cycle spécialisées dans les années 1950.

Les études hydrogéologiques s’étendent à tout le territoire dans des buts d’exploration et de description des conditions hydrogéologiques de la plupart des régions françaises. Vers 1909, l’effort d’inventaire a suffisamment été développé pour que Edouard Imbeaux produise la première synthèse des « aquifères françaises » à la Société de Géologie Française. Les méthodes observatoire de géologie naturaliste et de stratigraphie sont complétées dans les années 1920 et 1930 par des équipements d’ingénieurs. En 1923, Marcel Porchet développe un premier protocole pour calculer les caractéristiques d’aquifère par test de pompage. Dans l’industrie minière, on teste les premiers sondages électriques afin de définir la géométrie des aquifères. En 1939, les Forages profonds dans le

Bassin Parisien de Lemoine, Huméry et Soyerproposent une méthodologie des inventaires du sous-sol.

L’évolution des niveaux dynamiques de nappes profondes exploitées est un enregistrement fidèle du développement industriel pour la France. Les prélèvements passent de 2 à 10 mètres cube par seconde de 1900 à 1930. À titre de comparaison, elle double dans le Sahara algérien (nappe du Continental terminal) sur la même période. Les forages profonds se multiplient, tout particulièrement ceux des nappes artésiennes découvertes au 19eme dans les bassins de Paris du Nord et d’Aquitaine. Au cœur du bassin parisien, l’aquifère des Sables est particulièrement touché : on compte 4 puits artésiens réalisés avant 1900 qui exploitent la nappe des Sables Verts, d’un débit initial de 8000 mètres cubes par heure. Leur nombre passe à 40 dans les années 1930, la baisse de pression due à l’extraction limitant la production des ouvrages. La baisse de pression constatée motive la première réglementation publique conservatoire relative aux eaux souterraines en France, dans le Journal Officiel du 8 Août 1935 :

« Cette question, imparfaitement réglée par les articles 552 et 641 du code civil qui font dépendre, par

droit d’accession, l’usage des eaux souterraines de la propriété du sol, est restée longtemps à l’état théorique. Mais des circonstances récentes, à savoir les nouveaux développements de la technique et l’augmentation considérable qui en a été la conséquence (du nombre de forages à grande profondeur établis sans aucune règle), ont fait apparaître la nécessité d’une réglementation analogue à celle qui existe pour les eaux superficielles et, depuis plus d’un siècle, pour les mines. Il s’agit d’empêcher, principalement dans la région parisienne, où la question se pose d’une manière plus pres sante qu’ailleurs, un véritable gaspillage à la fois quantitatif par l’épuisement de nappes souterraines profondes, et qualitatif, par l’utilisation peu satisfaisante de ces eaux qui risque, à très bref délai, de

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compromettre gravement la conservation d’une richesse des plus précieuses et qu’il importe de sauvegarder. »

Plutôt que d’instaurer une autorisation de prélèvement plafond, le dispositif se base sur l’octroi de licence de forage pour les ouvrages de plus de 80 mètres de profondeur. Le décret-loi de 1935 sur la protection des eaux est appliqué en région parisienne, avant d’être étendu à d’autres régions très industrialisées où les problèmes de baisse du niveau de nappes préoccupent : Nord -Pas-De-Calais, Lorraine, Seine-Maritime, Gironde.

1.3.3 Ambivalence des eaux : de nuisance à ressource dont on construit l’abondance

Pour les deux pays, on constate que les eaux souterraines demeurent dans la période allant du milieu du XIXe siècle à la veille de la deuxième guerre mondiale l’objet d’attention de s politiques publiques. Elles restent cependant l’objet de dispositifs dans laquelle leur rôle demeure instrumental. On développe des connaissances à leur sujet via l’exploitation des minerais, en tant que question annexe de l’extraction. Pourtant, si on considère les volumes, les mines de fer et de charbon de l’époque sont avant tout des mines d’eau : pour une tonne de minerai extraite, dix tonnes d’eau le sont aussi. N’ayant pas le statut de ressources limitées, les eaux souterraines ne sont considérées qu’en tant que nuisance à l’extraction d’un produit ayant une valeur économique. L’appareil législatif qui se met en place autour d’elles à des fins sanitaires, ne les considèrent qu’en tant que vecteurs de contamination.

Après la Seconde Guerre Mondiale et la question des besoins d’irrigation, les efforts d’inventaire et de prospection, sur un fond de baisse de productivité des puits, mettent en avant les eaux souterraines dans leur dimension de ressources à exploiter. Les enjeux de développement agraire prennent le pas sur la question minière. Le problème de contamination des ressources, objet de législation publique en France au début du siècle, formait et informait les travaux des spécialistes des eaux souterraines. Minorisée dans un cadre où les eaux souterraines sont vues au prisme d’objectifs quantitatifs, la question de la qualité des eaux devient plus tard un objet de contestation via la question des intrants agricoles. Dans la période, on assiste à un rapprochement des besoins, des discours sur les eaux souterraines pour les deux pays, ainsi qu’à des processus d’institutionnalisation voisins. L’hydrogéologie s’autonomise de sa spécialité d’origine, la géologie, via des trajectoires coloniales et développementalistes mettant en avant le rôle des parcours individuels dans la formation d’un savoir externe internalisé.

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1.4 Constitution disciplinaire de l’hydrogéologie dans des situations

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