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La littérature de jeunesse et le conte

3.3. Le conte : Définition et caractéristiques

3.3.6. Forme littéraire et classification

Il est clair qu‟il n‟existe pas qu‟une seule forme littéraire brève qui est le conte : si le conte se distingue nettement des autres formes littéraires ce sera parce qu‟il en existe évidemment d‟autres.

En effet, le conte a été longtemps confondu avec ce qu‟on appelle couramment « histoire ». Il n‟est donc pas surprenant de retrouver, même de nos jours, le terme « histoire » dans la définition du conte. En effet, le conte est défini comme étant un récit de faits ou d‟aventures imaginaires, destiné à distraire, ce qui justifie l‟apparition d‟expressions telles que « conte de fées ». Certes, il est évident que dans un conte on n‟a pas forcément un récit dont les fées font partie. Tel est le cas d‟innombrables contes où fées et sorcières ne prennent pas place. On retient donc une deuxième définition qui présente le conte comme étant une « histoire peu vraisemblable » ou même « histoire

fausse et invraisemblable »52.

Le verbe « conter » est, lui, défini d‟une façon plus simple. En fait, il est devenu synonyme de « narrer » ou « faire le récit de » : dans d‟autres termes, il signifie « raconter ». Mais on y attribue presque toujours la qualité des événements racontés : c‟est pourquoi, l‟on peut trouver toujours dans la même définition du verbe conter une acceptation telle que « raconter des choses inventées, mensongères ». C‟est justement pourquoi une expression figée telle « en conter de belles » signifie « raconter des choses scandaleuses ou mensongères ».

Si dans les définitions des deux termes « conter » et « conte » le dictionnaire Le Robert

Pour Tous précise le type de texte mis en question lors de cette activité, le récit, il

précisera aussi que dans les deux cas il s‟agit d‟une action peu vraisemblable ou même mensongère. Donc, il est important d‟insister sur le caractère « imaginaire » ou «fictif », terme que nous préférons utiliser à la place de « mensonger » parce qu‟une fiction ne signifie pas obligatoirement invraisemblance ou mensonge. En fait, une fiction est aussi synonyme de « tout ce qui relève de l’imaginaire ». Selon le dictionnaire Hachette (2007), elle désigne toute « œuvre, genre littéraire dans lesquels l’imagination a une place

prépondérante ».

En effet, on emploie le terme fiction dans des usages très différents. Mais, ce qui nous intéresse c'est son emploi dans le champ de la narration. Un certain nombre de critiques et de philosophes ont eu tendance à appliquer au discours narratif le caractère général de

fiction. Tel était le cas des récits des historiens, journalistes ou encore des autobiographes

(COHN, 2001).

Les partisans de cette thèse, qui veut que tout discours narratif soit considéré comme une fiction, se basent sur l'idée que tout récit repose sur une mise en intrigue, c'est-à-dire il impose à une succession d'événements un ordre chronologique et causal. Le récit détaille artificiellement la structure de ces événements, après un certain tri pour les percevoir comme une histoire unifiée, ayant un début, un milieu (une complication avec une suite d'actions et un dénouement le plus souvent) et une fin.

La fiction se caractérise par le fait de plonger le lecteur durablement dans un univers induit par l‟activité de modélisation. En effet, l‟activité fictionnelle embrasse à la fois un processus de « modélisation », aux implications cognitives évidentes, et un processus d‟« immersion » dont les retombées en termes de savoir sont plus troublées, à cause des

projections ou des dérives qu‟elle comporte du côté de la lecture. Ce rapport entre la modélisation et l‟immersion, et plus généralement entre la production de savoir et l‟induction d‟univers, semble crucial dans l‟interrogation de la portée cognitive de la fiction littéraire.

L‟émerveillement du conte remplit les esprits et l‟imaginaire des enfants. Ils aiment écouter des histoires qu‟on leur a racontées plusieurs fois, ou qu‟ils découvrent avec fascination merveilleuse pour la première fois. Ils s‟imaginent être les protagonistes et pouvoir changer le cours de l‟action. Ils écoutent l‟histoire sans a priori, alors que l‟adulte juge et raisonne avec son esprit critique qui l‟empêche d‟apprécier le conte comme il se présente. Les détails invraisemblables ne gênent pas l‟enfant qui aime les situations imaginaires, alors que l‟adulte est dérangé par les éléments qui heurtent l‟entendement. Il faut néanmoins remarquer que dans ce sens le terme "fiction" se rapproche d'inexactitude ou de surinterprétation, bien que le lien avec la fiction au sens strict du terme n'y soit pas établi (notamment la capacité des fictions à créer des personnages entièrement imaginaires ou de nous faire participer à la richesse de l'expérience vitale des personnages).

Il est vrai que les faits inhabituels qui enchantent les petits peuvent surprendre le lecteur adulte, gêné par l‟invraisemblance des péripéties et la logique étrange de l‟histoire alors que les enfants ne sont pas surpris par l‟intrusion du merveilleux. Au contraire, l‟univers du conte correspond bien à leur monde illusoire et rêvé. Là où l‟enfant est un bon public d‟histoires extraordinaires, l‟adulte peut être sur ses gardes. Selon les théories de PIAGET, les enfants aiment les contes car ils vivent leur vie comme si celle-ci était une fiction dont ils seraient les acteurs. Les enfants vivent donc dans un monde imaginaire et n‟ont aucune difficulté à envisager les épisodes magiques, car ils perçoivent aussi la réalité sous une forme merveilleuse et fantastique.

Le conte est aussi primordial dans la mesure où il assure des repères dans l‟espace et dans le temps. En lisant les contes, les enfants se procurent une connaissance du temps narratif. La rencontre avec le conte apprend à l‟enfant comment entrer dans le monde de la fiction tout en le distinguant du monde réel dans lequel il vit. C‟est l‟idée soutenue par Georges JEAN dans Le Pouvoir des contes (1981). Le monde imaginaire du conte permet l‟identification du lecteur avec les protagonistes de l‟histoire, mais ce monde reste pour lui un monde raconté, dans lequel se développent les aventures mettant en scène des

personnages fictionnels. Par le conte, l‟enfant se confronte à la temporalité de la fiction. Les événements défilent dans un enchaînement logique ce qui lui permet de prendre conscience du temps dans l‟univers imaginaire du conte. Un des pouvoirs des contes serait donc de faire découvrir le monde rêvé de la fiction et de s‟évader par l‟imagination.