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Les dimensions culturelles du conte

Le Liban, un contexte propice pour l’exploitation pédagogique du conte

5.9. Les dimensions culturelles du conte

Nous aimerons traiter le conte en tant qu‟élément porteur de la tradition orale et de mettre la lumière sur sa composante interculturelle. Les contes sont même considérés comme marqueurs identitaires et porteurs d‟aspect intergénérationnel.

En effet, le conte est l‟un des trésors culturels des populations qui ne manquent point d‟originalité et qui se font vivre par eux-mêmes, ainsi que par les lectures multiples et dirigées dans tous les sens qu‟ils mettent en place. C‟est l‟un des textes littéraires les plus riches, et s‟il a pris naissance dans la tradition orale des peuples, rien n‟empêche qu‟il retiendrait une place primordiale dans les éditions littéraires et les diverses publications. Il est vrai que le conte est dans ce cas un des ouvrages qui ne peinent guère à prendre place parmi les œuvres les plus diffusées. La raison en est très simple : notre patrimoine humain et l‟ensemble de l‟histoire de l‟humanité sont constitués de ces histoires qui font et refont des expériences humaines une sorte d‟ « histoires » et de « contes » qui se transmettent d‟une génération à une autre et d‟une époque à l‟autre.

Les contes orientaux et occidentaux sont très connus et ils sont porteurs de valeurs historiques ou d‟aspects culturels et géographiques même. Ce qui frappe surtout dans les contes c‟est le fait qu‟ils présentent un certain nombre de points communs avec les mythes. Et si l‟on avoue l‟universalité des mythes et qu‟ils sont même considérés comme des éléments embrayeurs de la société humaine, il sera logique d‟affirmer par là que la similitude des contes arabes/orientaux et occidentaux n‟est qu‟un résultat naturel de l‟universalité de la pensée humaine et des peurs de l‟être humain qui, même s‟il se dissimule sous différents visages et différentes langues, conserve une face unique et singulière. Il n‟est pas étonnant de trouver le mythe d‟Adam et Ève toujours le même dans toutes les langues et les cultures bien qu‟il puisse comporter quelques modifications dans certaines versions.

La possibilité de trouver une multitude de versions pour le même conte qui parfois ont la même source est une source de richesse : cependant, ces petites modifications sont celles-là même qui créent la richesse culturelle et civilisationnelle des contes.

Dans tout pays, les contes véhiculent beaucoup plus qu‟une charge culturelle issue de la tradition orale : les contes présentent concrètement un aspect atemporel au sens où ils ne se rapportent à aucun lieu et à aucune époque au moment où l‟on peut les qualifier comme

« contes arabes », « orientaux » ou purement « occidentaux ». Ils puisent leurs origines comme c‟est le cas des mythes et des légendes dans les sujets universels qui prennent place partout dans le monde. C'est pourquoi on les retrouve partout sous différentes variantes, versions et langues.

Il existe un certain nombre de points de passage entre la réalité et le conte. La réalité se reproduit indirectement dans les contes. Un des moyens par lesquels le passage est assuré est représenté par les croyances qui se sont développées à un certain niveau de l‟évolution culturelle. Il est très possible qu‟il y ait un lien, gouverné par des principes entre les vieilles formes de la culture et la religion d‟une part, entre la religion et les contes d‟autre part. Une culture périt, une religion disparaît, et leur contenu se transforme en conte. Certes, il faut examiner le conte en relation avec son milieu, avec la situation dans laquelle il est inventé et dans laquelle il persiste. Dans ce cas, la vie pratique et la religion, au sens large du mot, auront la plus grande influence. Les raisons des transformations sont souvent externes au conte, et nous ne pourrons pas interpréter leur évolution sans faire des associations et des liens entre le conte lui-même et le milieu humain où il vit.

Il est indéniable de constater que le conte conserve sa magie, parce qu‟il est une partie qui ne pourrait être détachée de notre fonds folklorique et de notre patrimoine linguistique. S‟il permet de faire travailler beaucoup de structures linguistiques, verbales et para verbales, ce sera parce qu‟il implique beaucoup plus que ces structures. S‟il se permet de garantir des interactions et des échanges verbaux dans un milieu hybride tel la classe de langue étrangère, ce sera parce qu‟il affirme son rôle édifiant et pédagogique dans les histoires qu‟il raconte.

Conclusion

Nous avons présenté dans ce chapitre la société libanaise avec ce qu‟elle présente de spécial et de singulier. Nous avons présenté les autres formes orales qui rivalisent avec le conte et qui co-existent dans une société qui unit à la fois une culture et une civilisation orientale, ainsi que manifeste, depuis quelques temps, un intérêt pour l‟occident.

Certes, la connaissance de la société dans laquelle les étudiants vivent permet d‟expliquer un intérêt élevé pour un genre qui pourrait paraître futile au premier regard et qui, en approfondissant son étude, décèle une source importante à grande utilité dans le domaine de l‟enseignement/apprentissage.

La partie suivante se penchera sur les apports du conte à l‟étude de la communication didactique ainsi que sur ses effets quant à son emploi dans une situation de communication bien spécifique telle que celle des cours en classe de FLE. Nous montrerons dans les chapitres à venir les particularités du conte qui favoriseront les interactions verbales et qui faciliteront les échanges verbaux lors de différents activités de classe.

CHAPITRE 6