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La formation d’une névrose, vrai/ faux, réel/imaginaire, nécessaire/contingent :

Le symptôme névrotique résulterait d’un conflit entre deux tendances psychiques opposées. Dans ce litige, l’un des deux adversaires représente une libido insatisfaite au nom du principe de réalité de telle manière qu’elle devra chercher un autre mode de satisfaction. Ce nouveau mode implique la voie de la régression et de chercher sa satisfaction « soit dans l’une des organisations déjà dépassées, soit dans l’un des objets antérieurement abandonnés » (Freud, 1922, p. 436).

C’est dans le cas où le moi n’accepte pas cette régression que le conflit psychique voit le jour. Puis, la tendance psychique insatisfaite doit se séparer du moi pour chercher une éconduction de son énergie psychique au nom du principe de plaisir. La régression n’est pas sans conséquences : « En occupant dans sa marche régressive ces positions refoulées, la libido se soustrait au moi et à ses lois et renonce en même temps à toute l’éducation qu’elle a reçue sous son influence » (Freud, 1922, p. 437).

La libido pour se frayer un chemin à travers les refoulements trouve des fixations auxquelles s’accrocher. Elle désignerait alors des paliers de décompression qui impliquent un arrêt du plongeur lorsqu’il court vers les profondeurs. La libido peut s’accrocher donc « aux activités et aux évènements de la sexualité infantile, dans les tendances partielles et les objets abandonnés et délaissés de l’enfance » (Freud, 1922, p. 439).

Freud distingue ici les tendances et les instincts innés représentant un déjà-là sur lesquels se greffent les influences extérieures et les évènements accidentels. Mais, quelle est l’origine de l’innéité de ces instincts et des tendances manifestées par l’enfant ? Freud considère que cette innéité des instincts de l’enfant était liée aux traces laissées par les ancêtres éloignés. De plus, ces instincts et ces tendances seraient pour ces ancêtres des expériences acquises, un jour, puis retransmises par l’hérédité.

Freud explique ceci d’une autre manière en 1923 : « Il semble que les expériences vécues du moi se perdent tout d’abord pour le patrimoine héréditaire, mais que, si elles se répètent avec une fréquence et une force suffisante chez de nombreux individus, se succédant de génération en génération, elles se transposent, pour ainsi dire, en expériences vécues du ça dont les empreintes sont maintenues par l’hérédité » (Freud, 1923, p. 280). Nous remarquons que le « ça héréditaire » constituerait une sorte de réservoir d’expériences acquises par d’innombrables moi antérieurs.

Pour illustrer l’étiologie des névroses, Freud propose ce schéma :

Figure 4: Schéma présentant les divers facteurs étiologiques de la névrose (Freud, 1922, p. 440).

Au sujet des évènements de la vie infantile, Freud précise que conformément à la théorie de l’après-coup, ils ne prennent une grande importance que « régressivement » puisqu’ils n’ont eu, au moment de leurs survenues, aucune importance. Cependant, le père de la psychanalyse n’exclue pas que certains évènements de la vie infantile aient pu susciter une affection névrotique dès leur apparition puisqu’ils étaient traumatiques.

Et le symptôme névrotique, dans ce cadre théorique, dépeint une relation privilégiée que le névrosé entretient avec une partie de son passé, à savoir « une période dans laquelle sa libido n’était pas privée de satisfaction, d’une période où il était heureux » (Freud, 1922). Ainsi, le symptôme névrotique reproduit d’une

Etiologie des névroses Événements de la vie infantile Constitution sexuelle Événements de la vie préhistorique Événements accidentels (Traumatique) Disposition par fixation de la libido

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manière anachronique cette satisfaction de la première enfance mais d’une manière déformée à cause de l’intervention de la censure.

Freud pose alors la question de la véracité ou de la fausseté de ces évènements de la vie infantile et il remarque ceci : « L’étonnant, c’est que ces scènes infantiles ne sont pas toujours vraies » (Freud, 1922, p. 446). Plus précisément, elles sont incontestablement fausses ou elles sont incontestablement réelles ou elles sont un mélange de vrai et de faux.

Les symptômes représentent donc soit des événements réels ayant eu lieu et qui ont influencé la fixation de la libido, soit ce sont des fantaisies de malades qui n’ont aucun rôle étiologique. La discussion opérée par Freud révèle une dialectique entre plusieurs couples d’opposés : vrai/faux et réels/ fantaisies et réalité/imagination. Cette réflexion l’amène à supposer que fantaisies et réalité se situent sur le même plan tandis que dans la pratique, il renonce à vérifier la véracité de ces évènements de la vie infantile. Autrement dit, Freud donne toute son importance à l’effectivité de la réalité psychique.

Freud fait alors le constat qu’il existerait dans toutes les histoires d’enfance des névrosés, des événements qui se regroupent autour de plusieurs axes majeurs : des observations relatives aux rapports sexuels des parents, le détournement par une personne adulte et la menace de castration. De plus, ces scènes de la vie infantile constitueraient les éléments nécessaires à la névrose et elles peuvent correspondre à la réalité ou alors être formées par certains indices provenant de l’imagination. Finalement, Freud considère que les évènements de la vie infantile, qu’ils soient réels ou forgés par l’imaginaire, auraient les mêmes conséquences sur la psyché du sujet.

Cependant, Freud remarque que ces scènes de la vie infantile ont toujours le même contenu et qu’elles se reproduisent toujours. C’est pourquoi Freud établit l’hypothèse de l’origine phylogénétique de ces « fantaisies primitives » : « Par ces fantaisies, l’individu se replonge dans la vie primitive, lorsque sa propre vie est devenue trop rudimentaire » (Freud, 1922, p. 451). Ces fantaisies inscrites dans le patrimoine phylogénétique de l’individu auraient donc été une réalité aux phases primitives de la famille humaine et l’enfant ne fait que combler les lacunes de sa vérité individuelle avec l’aide de la vérité préhistorique.

La conception génétique, le développement psychosexuel de

l’individu :

Freud en 1905 présente les différents stades du développement psychosexuel sans pour autant se risquer à les dater précisément. Il distingue donc le stade auto- érotique, la période de latence et le stade de la puberté identifié comme l’ensemble des reconfigurations de la sexualité infantile opérée par cette puberté.

La sexualité infantile de l’enfant se manifeste par la recherche d’un plaisir dont le siège est corporel et est constitué de zones érogènes définies par Freud comme étant « un lieu de la peau ou de la muqueuse sur lequel des stimulations d’une certaine nature provoquent une sensation de plaisir d’une qualité déterminée » (Freud, 1905, p. 60).

Ces zones érogènes (orales, anales et génitales) peuvent être stimulées et ainsi générer du plaisir. Les zones orales, anales et génitales sont toutes concernées par l’activité masturbatoire de l’enfant. De plus, cette activité sexuelle s’étaye sur les besoins physiologiques pour finalement s’en séparer. Sous l’influence de la séduction adulte, l’enfant serait « un pervers polymorphe » désignant la capacité de l’enfant d’obtenir du plaisir de toutes les manières possibles.

Précédant l’apparition de la puberté, Freud introduit la période de latence sexuelle de l’enfance. En outre, elle se caractérise par une répression progressive de l’activité sexuelle de l’enfant, si bien que cette énergie est déviée de l’utilisation sexuelle et conduite vers des fins de culture, d’apprentissage et d’éducation. Il s’agit de la sublimation. Des digues psychiques sont mises en place pour réprimer cette activité sexuelle comme le dégoût, la pudeur et la morale.

Cependant, l’apparition de la puberté renverse la donne : la maturation physiologique rend possible l’utilisation de l’appareil reproducteur. La pulsion sexuelle se détourne donc du corps propre pour s’orienter vers l’objet sexuel. Freud, avec l’apparition de la puberté, fait passer la vie sexuelle infantile à sa « configuration normale définitive » (Freud, 1905). Une telle configuration se veut donc normative. Le développement psychosexuel de l’individu semble être gouverné par la sexualité génitale. Freud écrit à ce sujet : « Elle s’exerçait jusqu’ici à partir de pulsions et de zones érogènes isolées qui, indépendamment les unes des autres, cherchaient comme but sexuel unique un certain plaisir. Mais un nouveau but sexuel est donné et toutes les zones érogènes se subordonnent au primat de la zone génitale » (Freud, 1905, p. 87).

La théorie de Freud est finaliste car elle est orientée par un but gouvernant l’ensemble. Les aspects normatif et finaliste pourraient être des critiques épistémologiques au modèle de Freud.

En 1915, Freud ajoute deux types d’organisations prégénitales. La première est dite « orale » ou « cannibalique ». L’enfant acquiert du plaisir par l’ingestion de nourriture si bien que l’activité sexuelle n’est donc pas encore séparée du besoin physiologique. Le suçotement pourrait être un substitut de cette phase d’organisation

dans le sens où le corps étranger devient un morceau du corps propre. La deuxième phase prégénitale est dite « sadique-anale » caractérisée par l’opposition des termes « actif – passif ».

L’après-coup, une rencontre allant contre la perspective gé-

nétique :

L’esquisse d’une psychologie scientifique constituant les prémisses de la pensée freudienne semble contester le déterminisme à l’intérieur même d’un modèle qui le suppose.