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2 Présentation générale du contexte d’étude

2.1 Données géographiques

L’Angola est un pays d’Afrique australe situé sur la côte atlantique. Il borde l’Afrique centrale et deux pays francophones au Nord et au Nord-Est : la République du Congo27 (RC) et République Démocratique du Congo28 (RDC). Au Sud-Est et au Sud, la nation angolaise jouxte deux pays anglophones : la Zambie et la Namibie.

Figure 1 : Situation de l’Angola en Afrique29

Cette nation dite lusophone se trouve par conséquent au carrefour de plusieurs grandes langues véhiculaires sur le continent africain : l’anglais, le français, le lingala, le kikongo et le swahili (Greenberg, 1963 ; Grimes, 1996).

L’Angola est situé sur un bloc continental âgé de plus de deux milliards d’années. Si cette particularité physique est notamment utilisée par les géologues pour expliquer la dérive des continents, elle l’est tout aussi bien aujourd’hui pour connaître et exploiter les richesses minières de son sol30. Les frontières actuelles du territoire angolais ont été fixées lors de la conférence de Berlin en 1885. Avec les premières règles de partage de l’Afrique

27 La République du Congo constituait avec le Gabon l’ancien Congo français et faisait partie de l’Afrique-Équatoriale française (AEF). Il est également appelé Congo-Brazzaville.

28 La République démocratique du Congo correspond à l’ancien Congo belge. Il est également nommé Congo-Kinshasa.

29Carte adaptée par l’auteure d’après :

>http://commons.wikimedia.org/wiki/Angola#mediaviewer/File:LocationAngola.svg<, consulté le 13 février 2013.

30 Avec la distinction classique du on shore et du offshore dans le cas du pétrole, majoritairement puisé au large de la province – et enclave – septentrionale de Cabinda.

entre sept nations européennes, le Royaume de Portugal obtient les cinq territoires qu’il domine alors en majorité31 : les archipels du Cap Vert et de São Tomé et Príncipe, la Guinée-Bissau, le Mozambique et l’Angola. Au territoire angolais est incluse l’enclave de Cabinda32, alors protectorat, située entre la République Démocratique du Congo et la République du Congo.

L’Angola couvre un territoire plus de deux fois plus grand que celui de la France33. Sa façade maritime sur l’Atlantique Sud s’étend sur 1650 km. Au Nord, on passe des forêts équatoriales de l’enclave de Cabinda au bassin du Congo. Au Sud, le fleuve Cunene traverse des terres semi-désertiques frontalières du désert du Kalahari. L’Angola est sillonné de rivières rejoignant le Congo au Nord, le bassin du Zambèze à l’Est, la Kalahari au Sud-Est et le Cunene au Sud. À l’ouest, les rivières débouchent sur l’Atlantique, dont le fameux fleuve Congo. Deux œuvres littéraires emblématiques, appelant à un travail d’historisation du discours sur le colonialisme, Au cœur des ténèbres34 (Conrad, 2006 [1899]) et Voyage au Congo (Gide, 1995 [1927]) permettent de souligner l’intérêt des différents centres européens pour cette zone de l’Afrique, le bassin du Congo. Lors du partage de l’Afrique, les nations ne veulent pas véritablement trancher à propos de ce territoire qui couvre, après le traité de Berlin, une grande partie de l’ex-Congo Belge, « l’œuvre tragique » du Roi Léopold II35.

Quant au roi des Belges, (…) il reçut l’autorisation de se tailler son propre domaine en Afrique, à condition toutefois de l’ouvrir à tous, car aucune des grandes puissances n’était prête à abandonner aux autres une quelconque portion du bassin du Congo (Hobsbawm, 2012 [1987] : 94).

L’autre rivière d’importance dans l’histoire nationale est le Rio Kwanza, dont l’embouchure est à une cinquantaine de kilomètres au sud de la capitale. La plaine

31 En 1887, l’Angola essaie d’obtenir ce que le Royaume-Uni lui a refusé lors de la Conférence de Berlin : un territoire axé ouest-est de l’Océan Atlantique à l’océan Indien. La carte rose aurait alors validé l’un des grands rêves de la Couronne portugaise, un territoire continu, traversant la région des grands lacs, de l’Angola au Mozambique. Le traité de Londres en 1890 maintient cependant les frontières tracées en 1885.

32 Concernant l’histoire de cette province cruciale sur le plan géostratégique, voir par exemple Kouango, 2002.

33 Le pays couvre 1 246 700 km2. La République d’Angola est située entre 4°22’ et 18°03’ de latitude sud et 24°05’, 11°41’ de longitude (Cosse et Sanchez, 1976)

34 Si les atrocités commises au Congo et en Amazonie, d’ampleur modeste à notre échelle, choquèrent à ce point l’ère des empires – comme en témoigne le roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres –, c’est parce qu’elles apparurent comme une régression de l’homme civilisé vers l’état sauvage (Hobsbawm, 2012 [1987] : 423).

35 Au début des années 1880, alors que le climat était à la récession, les chambres de commerce anglaises protestèrent vivement à l’idée que des négociations diplomatiques pourraient empêcher leurs membres d’avoir accès au Bassin du Congo, qui passait pour offrir de fabuleuses possibilités, comme ne manquait pas de le répéter le roi des Belges, Léopold II, cet entrepreneur portant couronne (en fait, sa méthode favorite d’exploitation, les travaux forcés, n’était pas destinée à augmenter le pouvoir d’achat des indigènes ; usant de la torture et du massacre, elle avait plutôt pour effet de diminuer le nombre de consommateurs potentiels) (Hobsbawm, 2012 [1987] : 92).

littorale, qui fait jusqu’à 300 km de large, monte vers des plateaux qui forment les deux tiers du territoire. Ces plateaux atteignent en moyenne 1500 à 2000 m d’altitude36 et sont très fertiles. À l’Est, ils s’inclinent du socle précambrien vers la dépression centrale de l’Afrique australe. La disposition du relief et l’orientation hydrographique inscrivent l’Angola dans deux zones : l’Afrique centrale et l’Afrique australe (Andrade, 1971). Ce pays connaît deux saisons : celle des pluies, humide et chaude, de septembre à avril, et celle du cacimbo37, saison la plus sèche et plus tempérée que celle des pluies, dont la durée varie en fonction de la latitude (Parreira, 1990). La carte ci-après présente les données topographiques.

Figure 2 : La topographie de l’Angola38

36 Le point culminant de l’Angola est le Mont Moco qui s’élève à 2620 mètres.

37 Mot emprunté et dérivé du mot kisibu en langue kimbundu.

38 Carte adaptée par l’auteure, d’après carte [en ligne],

>http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/40/Angola_Topography.png<.