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Les domaines de la révolution agraire

Le concept de la révolution évoque une dynamique de transformations continues et profondes avec la théorie de déstructuration des composantes d’un système et de restructuration d’un nouveau mode de production de l’Algérie indépendante. Il en découle une première constatation : la révolution agraire s’inscrit logiquement parmi les objectifs fondamentaux d’une révolution socialiste1.

§ 1. Aspects idéologique et politique de la révolution agraire

En s’inscrivant comme objectif fondamental, qui plus est prioritaire dans la mesure où le secteur agricole est humainement et économiquement prédominant de la révolution socialiste, la révolution agraire ne peut pas intégrer la quantification de ses buts, de ces moyens et de ses effets dans une planification socialiste ; la révolution agraire préconise des opérations dites de réformes foncières et agraires tout en donnant un fondement adéquat à leur contenu.

On abolira la formation d’encadrement technique des agriculteurs au profit d’une juste politique culturelle des travailleurs ruraux, et plus généralement on situera l’ensemble de ces actions dans le cadre d’une politique de redéfinition des rapports ville-campagne et d’équilibre intersectoriel et inter-régional.

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Par opposition à la plupart des autres expériences de la révolution socialiste, le contexte historique de libération de l’Algérie a démontré le rôle prédominant qu’ont joué les travailleurs des campagnes dans la lutte armée et que sont appelés à assurer légitiment ces mêmes travailleurs dans la phase de l’édification de la société socialiste. A cette fin, il est important de souligner avec force que c’est là une des pierres d’achoppement qui risque de faire dévier le système, au cas où cette masse n’est pas mobilisée en vue de sauvegarder les intérêts fondamentaux d’une authentique révolution socialiste menacée dans le contexte de l’Algérie par la dislocation systématique de l’appareil du parti et la prolifération cancéreuse de la suite : de la démobilisation organisée et réussie des travailleurs de l’autogestion : il est à craindre que le regroupement, pourtant fort souhaitable, des bénéficiaires de la révolution agraire, dans le cadre des groupements pré coopératifs ou coopératifs ne serve en dernier ressort, les intérêts de la bureaucratie déjà fortement implantée dans l’autogestion. Dans pareilles conditions, l’exploitation de l’homme par l’Etat et de ses démembrements remplacera, purement et simplement, l’exploitation de l’homme par l’homme.

§ 2. Aspects économiques et sociaux de la révolution agraire

La politique mise en œuvre dans ce but consiste dans la création de mille villages ruraux avant 1980. Les grandes orientations concernant ces villages de la Révolution Agraire sont données en juillet 1972. Très vite, l’opération dépasse le cadre proprement dit de la Révolution Agraire et affirme son caractère politique global en prenant le nom de villages socialistes. Ce thème occupe une place importante dans la vie du pays. Les mass-médias en parlent presque quotidiennement et rares sont les discours officiels qui n’y font pas allusion.

Les villages socialistes s’intègrent dans la stratégie globale de la révolution agraire dont ils sont les éléments constituants.

La révolution agraire doit assurer la transformation radicale du monde rural algérien par l’engagement de celui-ci dans le processus général de type socialiste.

Par des opérations inscrites dans le cadre de la révolution agraire et des plans de développement du secteur agricole et intéressant la défense et la restauration des vols, l’équipement pour l’irrigation, la formation professionnelle, l’octroi de crédit, l’instauration des coopératives polyvalentes de services, la distribution des engrais, des graines et plantes sectionnées, le fellah devrait voir sa production s’accroître notablement, ce qui à terme signifie sur le plan macro économique une production agricole capable de satisfaire les demandes nationales des ménages et des industries. Sur un autre plan, le secteur agricole devrait être à même d’assurer au secteur industriel un débauché pour sa production.

Si l’on veut donner au paysan un rôle d’importance fondamentale de sauvegarde des intérêts de la révolution socialiste, il convient de lui assurer dans l’avenir, des conditions décentes de vie et surtout des possibilités de formation politique, syndicale et culturelle de façon à ce qu’il ne souffre d’aucun complexe face au citadin, c’est le rôle des villages de la révolution agraire.

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En effet c’est dans ces villages qui doivent accueillir non seulement les attributaires de la révolution agraire au sens limitatif de l’expérience algérienne, mais également les travailleurs du secteur autogéré et même les propriétaires exploitants, que doit prendre naissance la prise de conscience du pouvoir de la classe unis par leurs intérêts commun mais également, par leur obligation à l’égard de la collectivité nationale.

Les villages de la révolution agraire dont les maisons devront être construites principalement par les résidents et selon une localisation, une typologie et des plans compatibles avec le comportement et les traditions de la société rurale algérienne devraient réunir toutes les conditions de viabilité : eau courante, électricité et gaz. Ils devraient être pourvus d’écoles, de centres sanitaires polyvalents, de coopératives de consommation et de foyers culturels spécifiques à la politique, au syndicalisme, à la jeunesse, aux femmes, aux sports et aux loisirs.

C’est dans ces villages que le paysan prendra conscience de son appartenance à une classe bien définie, aux intérêts bien déterminés, et qui a pour l’instant, la très lourde tâche de veiller à l’authenticité de la révolution socialiste en cours.

C’est là qu’il prendra conscience, qu’il est partie intégrante d’une classe de travailleurs de la terre et qu’il doit assumer une tâche importante dans la consolidation et dans le développement de la révolution socialiste dont il aura compris des tenants et aboutissants, et dont il se considérera comme un défenseur acharné.

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