• Aucun résultat trouvé

Contagion de la douleur

Dans le document Les tout et les rien, Anonyme (Page 92-99)

Imaginons mille personnes heureuses réunies sur un même lieu, ce qui peut prendre un peu de temps au vu de la rareté du bonheur. Imaginons maintenant de les mettre en contact avec une seule personne malheureuse, vraiment malheureuse, celle-là. Laissons les agents mariner durant quelques heures. N’ouvrons le couvercle que lorsqu’un temps suffisant s’est écoulé pour remplir les critères de l’expérience. Observons le résultat de cette cohabitation de manière scientifique en notant scrupuleusement les symptômes : alors que l’agent malheureux respire parfaitement le malheur, quelques-uns du camp opposé commence à mal respirer, ils sont pris de suffocation, ils ressentent des douleurs, leur tête est devenue sensible, leur ventre s’est creusé, l’appétit est parti, leur regard est vide, ils se plaignent d’une vie pénible, de souvenirs anciens, refoulés, désagréables qui les rendent tristes, tendus, amers. Par une sorte de mimétisme de malheur, ils/elles sont devenu·es semblables à l’exemplaire unique de malheur qui était à leur côté. Nous pouvons alors être certains que la contamination a été couronnée de succès : une personne unique a commencé à infecter un nombre suffisant d’agents de telle sorte qu’il est raisonnable de penser que si l’expérience se poursuivait la plupart des agents heureux seraient définitivement atteints par la maladie du malheur qui les mènerait à la folie, au suicide, à l’autisme ou à toute forme de déraison. Les symptômes

apparus sont le signe d’une contamination foudroyante. Les victimes ont été retournées en un temps record. La concentration exceptionnellement élevée de personnes non-pathogènes n’a pas constitué un rempart suffisant pour arrêter la propagation. La sensation du malheur s’infiltre quel que soit le nombre d’individus sains en face de lui. Ils/elles sont passé·es de l’autre bord au point de mettre en danger sa santé mentale, infecté par le virus du malheur. La déontologie médicale nous obligerait alors à interrompre l’expérience et à retirer ces nouveaux malheureux·ses de ce milieu dangereux, laissant les autres irrémédiablement perdus dans leur malheur, abandonné·es à la rapacité de l’industrie pharmaceutique. Le malheur ne doit pas être partout. Mais nous allons quand même aller plus loin. Une analyse plus fine des résultats laisse cependant apparaître quelques résultats non conformes à cette première analyse : un certain nombre d’agents résistent à cette contamination, avec une force qui pousse à l’admiration. Avec une résilience basée sur une connaissance fine du malheur, une capacité à jouir de son bonheur non pas indépendamment du malheur, mais au contraire en en ayant une connaissance fine, ils/elles n’ont pas le bonheur béat, ils/elles ont connu le malheur et en l’ayant connu, ont mesuré leur vrai bonheur. Ce sont les vrais agents heureux, irrécupérable du côté du malheur, des individus agissant et conscient qui mènent leur vie sans pouvoir être touchés par aucun mal. Des justes.

Le malheur est contagieux, le bonheur est un ilot à préserver. Qu’on le nomme douleur, dépression, accident, maladie, événement funeste, le malheur est pure négativité et celle-ci nous obsède et nous attire comme des ions sont attirés par un pôle opposé. Le bonheur est un état défensif, peut être solide mais qui irradie difficilement autour de lui, comme s’il n’était pas une qualité naturelle de l’être humain, comme si celui-ci était condamné, de par sa finitude, de par la conscientisation de sa condition, à penser à tout ce qui lui arrive en fonction de l’échelle du mal et à oublier tout le reste. Le malheur comme le bonheur sont à la fois un état et une orientation de l’esprit. Le bonheur passe pour un état fugitif dans lequel il est difficile de se maintenir. Le bonheur est exigeant et demande de dépasser l’immensité des causes de malheur et de garder la tête hors de l’eau qui menace de nous engloutir, d’immenses efforts sont nécessaires pour s’y maintenir.

Le mal est le sang de nos ancêtres qui coule dans nos veines et envahit notre corps, le sang de la souffrance qui court à travers les générations, le sang des accidents de la vie, le fleuve des catastrophes qui s’enchaînent et qui perdurent, l’immensité des hostilités qui reviennent et

s’incrustent en nous. Fort ou faible, ouvert ou pas, lucide ou non, tu dois endurer. Tu dois avoir une constance incroyable pour rester debout et bâtir une existence qui ne soit plus ce fleuve de sang. Il est mon frère, celui qui se couche et se laisse submerger par le mal qui l’entoure car je le

comprends. Je le connais, celui qui n’a plus envie de lutter, celui qui refuse d’avancer parce qu’il n’a plus de force, celui qui pense que plus rien ne sert à rien et qu’il vaut mieux tout abandonner puisqu’à la fin de toutes les fins, nous serons morts.

Le bonheur est un parterre de fleurs sur un champ de ruine, un éclair bref dans une nuit longue, un éclat de rire à travers une cérémonie de funérailles, une exception. Mon corps connaît depuis toujours cette contraction de ses muscles que lui impose une naturalité humaine négative. Il se referme, s’oublie, se contracte jusqu’à ne rien voir de beau, d’utile. Le bonheur est ouverture, confiance en soi, négation de l’enfermement et combat quotidien contre cette tentation de la chute. Je dois apprécier ce que je suis et ce que je vis. Je dois y repenser comme un point de fixation à partir duquel je peux parvenir à autre chose. Je dois m’obliger, contrecarrer mes réflexes pour ne pas m’enfoncer à nouveau dans un malstrom dépressif. Il me faut être attentif au moindre

mouvement suspect pour insuffler une dynamique inverse et pouvoir goûter à la beauté de la confiance. Un effort continu. Gainsbourg disait fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve. Je veux travailler à étayer les conditions d’éclosion de mon bonheur et celui des miens. Irradier de bonheur afin qu’ils n’aient plus à payer le prix de mon malheur. Je voudrais qu’ils n’aient pas à connaître le gouffre et qu’ils puissent connaître la voie de la légèreté, de l’oubli et du bonheur réel.

Je dois déprogrammer mon cerveau afin qu’il aille pas dans une direction perdue. Il me faut avancer sans but en gardant à l’esprit que lorsque j’aurai atteint un but, je saurai que c’est celui-là et que je pourrai m’appuyer sur cette évidence. Je dois être certain de pouvoir trouver mon bonheur et qu’il m’attend quelque part. Ce cheminement intérieur incertain est la certification que j’aurai un jour, atteint les rivages mirifiques d’une quiétude de l’esprit. L’essentiel est de partir bien plus que de savoir où aller. Mettre les voiles. Chercher. Aller au fond de moi et trouver la force, la liberté, l’apaisement. Ce texte que j’écris chaque jour, auquel je pense en permanence, est ma seule béquille. Je dois la saisir. Comme une première étape de remise en question (Le deuil,

l’introspection, l’élaboration de solutions, quel nom donner ?). Et ensuite une seconde étape de construction et de soulagement. Je voudrais tellement connaître cet apaisement de la mort bien avant celle-ci. Pour l’instant je ne vois que cette sorte d’apaisement, je n’imagine pas qu’il puisse en avoir avant. Quand tout ce chambardement s’arrêtera-t-il ? Je sens chez Amélie de la lassitude devant mes pleurs récurrents, qui explosent à tout moment. Je voudrais connaître la date de fin de ce bouleversement. Je souffre, je souffre, je souffre, jusqu’à ne plus être capable si j’ai connu autre chose que cette souffrance. Mes jours sont un calvaire. Chaque minute est un enfer. Chaque instant, je vacille. Cette souffrance constitue un point de fixation qui est aussi le point de départ d’un

processus d’écriture. Tout ce que j’écris a pour objet cette souffrance. Je parle d’elle, à travers elle, de manière elliptique ou directe, elle est la blessure qui m’aiguise et dont je veux parler pour pouvoir l’extraire. L’écriture est mon seul échappatoire. J’écris pour me dégager de cette emprise mentale. Je suis paralysé comme jamais auparavant. C’est une traversée dont je ne suis pas certain de pouvoir atteindre l’autre rive, ni ce que celle-ci me réserve. C’est ça ou la folie.

Fiction 1

Dans la préfecture de Nigata, au sud de l’île de Sado chère à de nombreux japonais, dans le village de Higashiushima, M. Isogushi sort de sa maison. Il porte un complet impeccablement taillé. Il va à son travail. Il est comptable. A sa main, il tient fermement une sacoche pour ordinateur quinze pouces. Un ibis passe au-dessus de lui. Il se dit qu’enfin l’hiver touche à sa fin. Les cerisiers seront bientôt en fleur. M. Isogushi est en retard à son travail. Il le sait mais il s’immobilise sur le parvis de sa maison, l’envie d’aller au travail n’est pas très grande aujourd’hui. Il s’attarde à contempler le ciel et la mer. M. Isogushi est un homme de la mer et son village offre une vue magnifique sur celle-ci. La mer est son horizon. M. Isogushi se passe la main dans ses cheveux devenus rares. Mme Asano s’apprête également à entrer dans sa voiture. Elle le regarde subrepticement.

C’est à ce moment précis que le gouffre s’ouvre. Un gouffre noir, si profond qu’on ne peut pas en voir le fond. Un gouffre soudain, immense, terrifiant. Impossible pour M. Isogushi de lutter. Il tombe immédiatement. Il est précipité par l’attraction irréfutable de ce satané trou. Aucun son ne sort de la bouche de M. Isogushi. Sans lâcher sa sacoche, il tombe simplement, directement. Rapidement.

Définitivement. Dans un trou d’une profondeur insondable. Très vite on ne le voit plus. Il est happé. Personne ne semble avoir remarqué cet événement. Mme Asano n’a pas bougé de sa voiture. Elle semble détachée de la catastrophe qui se joue à quelques mètres d’elle. Le même ibis repasse au-dessus du même trottoir, comme un signal de fin. Le trou s’est refermé. Plus rien ne semble

différent de l’instant qui a précédé cette ouverture tellurique. Le trottoir a retrouvé exactement son aspect antérieur. N’ayant rien noté d’anormal, Mme Asano part à son travail. La porte de la maison M. Isogushi est restée fermée.

Sur Niger Street, la circulation est rarement intense. Avec de grands axes au nord et au sud, cette rue en forme de boucle n’est pas concernée par les embouteillages qui font de la conduite

automobile un cauchemar dans la Capitale. Ce matin M. Zenewe doit se rendre à la Dashen Bank sur la Beyene Aba Sebsit Street. Il préfère laisser sa voiture pour descendre à pied l’avenue Menelik II. Cela lui fera gagner du temps puisque les coups de klaxon lui indiquent que les rues d’Addis-Abbeba sont déjà saturées. Il se dit qu’il aurait dû se lever plus tôt, maudissant le buna qu’il a avalé hier soir et qui a perturbé son sommeil. Il sera fatigué toute la journée. A l’angle d’Itega street, le petit vendeur de Tibs le reconnaît. Malgré son retard, M. Zenewe se décide à lui prendre un plat. Il traverse pour rejoindre l’endroit où il s’est installé. Cependant, parvenu devant le jeune, M. Zenewe utilise avec une facilité déconcertante des mots que le vendeur ne parvient pas à comprendre. Celui-ci parle pourtant l’oromo, l’amharique, le sidama et le tigrinya, et un peu d’anglais bien-sûr, mais là, il lui faut admettre que là, il ne comprend rien. Et s’il lui demande de répéter, l’autre continue sa logorrhée étrange. Il reste interdit devant cet homme avec qui il échangeait en oromo et qui soudain, s’adresse à lui de manière incompréhensible. Alors il ne répond pas.

Cette histoire est parfaitement explicable. La mémoire et la conscience de M. Isogushi a entièrement remplacé celle de M. Zenewe. Celui-ci a perdu sa constitution mentale première. Il n’a plus rien de l’identité de l’ancien M. Zenewe, il a acquis celle de M. Isogushi et voilà pourquoi M. Zenewe quand il est face au vendeur de Tibs, n’utilise plus l’oromo mais le japonais, la seule langue que M. Isogushi maîtrisait parfaitement (Bien que celui-ci ne fut pas complètement ignorant de langue de

Shakespeare). M. Zenewe s’est donc fait remplacer, identitairement parlant, par M. Isogushi, et s’il a gardé l’apparence extérieure de l’ancien M. Zenewe, son intérieur est totalement bouleversé, il a changé d’esprit, il est devenu mathématiquement un autre. Il répond d’ailleurs au nom de Isogushi et il ne comprend pas que le vendeur ne le comprenne pas. Enfin, tout le monde parle japonais à Addis-Abbeba, le japonais de l’ile de Sado, mâtiné de soleil et de mer.

M. Zenewe est face au vendeur. Il parle, il veut être compris, mais au bout d’un temps qui parait très long au vendeur, il finit par abandonner et entreprend de descendre l’avenue Melenik II. Les voitures sont partout, en ordre dispersé. Un agent de police tente de réguler le flot. Une fine poussière recouvre la rue. A cause des particules en suspension, il manque de suffoquer. Sa respiration est faible. Il s’adosse à un poteau électrique au bout de la rue Tito, là où quelques arbres parviennent à survivre dans cet enfer urbain. Il se passe la main dans ses cheveux. Et le gouffre apparaît

subitement. Un vortex qui emporte M. Zenewe dans les entrailles de la terre. Un souffle puissant qui l’engloutit. Stupéfait, M. Zenewe ne peut pas lutter. Tout a été minutieusement préparé et

chronométré. Le trou immense surgit sous ses pieds. M. Zenewe est aspiré mécaniquement, terriblement. Il pousse un cri en japonais. Les passants ne remarquent rien et d’ailleurs, ils ne sont pas concernés par ce qui lui arrive. Il disparaît. L’ouverture se referme aussi vite qu’elle s’est créée. Le poteau électrique se retrouve sans personne à s’adosser dessus. Les voitures continuent leur

circulation. Les milliers de passants n’ont rien noté. L’agent de police continue ses gesticulations. M. Zenewe a disparu et le monde est resté indifférent.

Certains dimanches, M. Charpentier a coutume de prendre un gâteau au chocolat pour six

personnes. Non pas parce qu’il aime le chocolat, mais parce que ses enfants et petits-enfants aiment ce gâteau aux trois chocolats et son fond meringué. Il le commande la veille à la boulangère revêche de ce village berrichon égaré dans une belle campagne labourée par la main de l’homme depuis des millénaires. M. Charpentier aime récupérer lui-même le gâteau pour le déjeuner. Il prend le journal au bar puis se dirige à pas lents vers la petite boulangerie, il s’amuse par avance de son caractère. La boulangerie comporte deux marches d’accès qui rendent l’entrée difficile pour M. Charpentier. Il doit se tenir à une barre placée sur le côté, puis il attend son tour, se réjouissant secrètement de voir ses petits-enfants se jeter sur le cadeau gastronomique qu’il leur prépare, chacun faisant mine d’être étonné par une surprise qui n’en est pas une. D’autres clients commandent leur dessert dominical. Il attend. Et lorsqu’il s’entend énoncer d’une voix de stentor, « Mon gâteau, s’il vous plait », la

boulangère lui lance son célèbre regard en coin et le questionne : « Mais de quoi vous parlez ? ». Croyant à une plaisanterie de la part de cette femme pourtant peu portée sur la chose, il lui

rétorque : « Mais enfin, mon Royal chocolat habituel ». Encore sur ses gardes, celle-ci lui répond « Je n’en ai plus. Il fallait commander. Maintenant c’est trop tard ». Et lui de s’étonner : « Mais j’ai commandé hier ». « Je ne vois qu’une commande hier, pour six personnes ». « C’est la mienne, M. Charpentier, vous ne me reconnaissez pas ? » « Je connais M. Charpentier depuis un demi-siècle, et vous n’êtes pas M. Charpentier. » « Je suis celui-là dont je parle ». « Je vous répète que vous n’êtes pas M. Charpentier. Tel que je vous vois, vous êtes M. Zenewe, du quartier de l’Aware, à Addis-Abbeba. Je vous ai reconnu ». « Enfin, vous vous trompez, je ne suis pas celui dont vous parlez ». « Vous êtes M. Zenewe. Allons, reconnaissez-le. Vous n’êtes pas M. Charpentier». Les autres clients approuvent d’un mouvement de tête la célèbre boulangère. Un miroir publicitaire est plaqué sur le mur de l’échoppe. Il ne se reconnaît pas. Il a changé de manière extraordinaire, comment cela se fait-il ? Il n’est plus le vieillard qu’il pensait être. Il a rajeuni plusieurs dizaines d’années. Sa peau a foncé. Il a grandi. Il s’est effilé. « Et je n’ai pas de gâteau commandé au nom de M. Zenewe d’Addis-Abbeba », annonce-t-elle d’une voix où pointait l’agacement. Il sort, bredouillant une excuse, et les quelques pas pour atteindre la porte lui demandent un effort inouï. Il est abasourdi. C’est parvenu sur le petit trottoir de la boulangerie que le gouffre apparaît. Il n’a pas besoin de se passer la main dans les cheveux. Le gouffre est immédiat, gigantesque, impénétrable. Il n’a plus qu’à se laisser entraîner, comme s’il connaissait par avance la fin de son histoire. Le trou l’aspire volontiers, immédiatement, sans répit, se refermant sur-le-champ, laissant juste le temps à quelques voitures pressées de passer sans se rendre compte de quoi que ce soit. Vous avez remarqué quelque chose ? M. Sanchez n’aime pas se déplacer sans raison valable. De nos jours les patients réclament un médecin pour le moindre mal. Ils le veulent chez eux, dans leur lit, sans attendre. M. Sanchez a une liste de patient longue comme les pages du Don Quichotte. Il ne veut pas se surcharger. Mais là, le cas lui a semblé peu banal. Il roule vers la plage de Pozo Izquierdo que des milliers de véliplanchistes imbéciles vénèrent. Lui, ça lui a passé depuis longtemps, trop d’accidents, de vies déchirées, de corps en morceaux, il laisse ça à ceux qui ignorent que leur vie est précieuse aux autres. M. Sanchez est un grincheux. Quand il arrive sur le bord de la plage, il râle, le vent est violent, un vent mauvais du Nord-Ouest, celui des touristes récupérés sur les côtes africaines parce qu’ils n’ont pas su revenir sur la terre ferme. William l’attend. Il aime bien, ce Britannique, sûr de lui, un vrai expert, taiseux. William l’emmène vers le patient, enveloppé d’une couverture de survie. Comme d’habitude, ses

potes l’entourent, le visage plus anxieux pour leurs vacances gâchées que pour le camarade blessé. Il les connaît pas cœur, ces étrangers qui viennent aux Canaries et veulent profiter au maximum de leur sept petits jours de vacances. Le patient est fébrile. Ses potes ne comprennent pas ce qu’il raconte. Dans un castillan improbable, ils lui expliquent que le patient est un véliplanchiste aguerri, qu’il naviguait au large avec eux et que tout à coup, il a hurlé, il a parlé dans une langue inconnue, il désignait la terre, visiblement, il ne savait plus comment naviguer, un pote a amarré la planche du patient à la sienne, ils sont rentrés illico, le patient s’accrochant tant bien que mal à sa planche, et

Dans le document Les tout et les rien, Anonyme (Page 92-99)