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Les cercles infinis des supériorités

Dans le document Les tout et les rien, Anonyme (Page 146-154)

Entendu sur France Culture récemment : une femme se prétendant philosophe évacua une question d’un journaliste à propos d’un texte dont l’auteur pouvait être un rival potentiel : « Ce n’est pas un philosophe, juste un essayiste ». Bien que ma citation ne soit sans doute pas exacte, le sens est

certain : elle sous-entendait qu’un essayiste ne pouvait avoir la profondeur de pensée, l’originalité ou la capacité d’analyse d’un vrai philosophe. Cela était dit rapidement, au détour d’un simple aparté, mais cela avait toute la profondeur d’un véritable mépris, peut-être nourrie d’une certaine jalousie. Enfin.

Notre dernier voyage en Italie m’a également apporté son lot de surprises. Nous étions logés sur les hauteurs de Bologne. De là nous pouvions contempler la plaine d’Emilie-Romagne et toute la beauté de cet endroit magique. Au soir tombé nous échangions avec le propriétaire des lieux quelques banalités à propos de l’Italie et au détour d’une phrase, il se mit à exploser à propos des Italiens du Sud, des vauriens, des profiteurs, des gens qui ne veulent pas travailler et dont l’Italie du Nord serait avisée de se séparer.

Je ne suis pas amateur de soirées en boite de nuit, trop de musique forte, difficulté à se parler, trop d’alcool ou de drogue. J’ai toutefois accepté d’y aller une fois en Angleterre voici quelques années. Comme attendu, trop de musique, trop d’alcool, je m’ennuyais ferme, n’ayant pas de goût pour danser ce soir-là. J’étais avec des amis et des amis de ces premiers amis, dont certains étaient Allemands. Au détour du peu de conversation que nous avions, prise par les vapeurs d’alcool, une de mes connaissances, Anglaise, se mit à critiquer les Allemands en des termes peu amènes et remplis de clichés. D’autres lui emboitèrent le pas, mêlant des éléments personnels forcément

représentatifs à d’autres totalement fictifs, chacun semblant surenchérir sur les autres et la

désinhibition apportée par l’alcool fit le reste. J’étais effrayé. On peut imaginer sans peine ce que les Anglais racontent sur les Ecossais ou sur les Français, et ce que les Belges racontent sur ces derniers ou sur les Hollandais, et aussi ce que les Espagnols racontent sur les Portugais ou sur les Italiens. Les cercles sont sans fin, nourris de fantasmes, d’essentialisation, de raccourcis crasseux, de haines recuites.

J’ai longtemps égrené les poncifs sur les autres comme d’autres tricotent des pulls : l’humour autour de ces thèmes était une occasion de rire et de se ressouder autour des autres ou de leurs jugements, avec plus ou moins de sincérité quant à mon adhésion à ces clichés prémâchés. Les Arabes ne pouvaient mériter entièrement notre confiance, les gens du Sud étaient sales et fainéants, les Anglais, peu fiables, les Bretons, des ratiocineurs quant au Mont St Michel, les gens du Nord, trop rigides, les gens du centre, trop forts dans leur accent, les gens de l’Ouest, trop enfermés, les gens de la rue d’en bas, peu digne de confiance. Mes objets de haine supposée étaient infinis,

multiformes, contradictoires. Les sujets ne manquaient pas, les causes étaient entendues : le climat, la culture, l’histoire, la génétique, tout y passait et si je ne pouvais définir précisément ces termes, je les utilisais avec un aplomb viral. J’évitais juste l’antisémitisme et l’homophobie, les nationalismes m’aidaient à renforcer mes convictions, cela devait servir d’exutoire à un certain mal-être. Qu’est donc un Normand d’origine Bretonne ou Arabe ? Un condensé de tous les clichés ? Ou juste un être humain que je dois considérer avec la même humanité avec laquelle je traite mes amis et ma famille ?

Comme si les hommes étaient l’incarnation des idées que nous leur attribuons, dans l’hémisphère Nord, les habitants du Sud sont souvent l’objet de mépris. Les Musulmans sont particulièrement la cible de cet opprobre commune. Les raisons foisonnent pour nourrir cette haine, il suffit de se pencher dans le caniveau. Dans le même ordre d’idée, on dit que les arabo-musulmans ont souvent un dédain affiché pour les africains noirs de peau, comme si la couleur de peau était la preuve d’une

infériorité congénitale. Et si l’on creuse encore, ces mêmes africains sub-sahariens affichent une morgue pleine de ressentiment envers l’ex-colonisateur blanc. La haine nourrit la haine. Le cercle est achevé. L’enfer est bouclé, comme un réceptacle circulaire de déchets.

Les riches ne sont pas en reste en matière de préjugés vis-à-vis de tout ce qui n’est pas de leur caste. Comme des assiégés, ils fabriquent des kilomètres d’idées reçues envers les pauvres, les migrants ou leurs opposants politiques : profiteurs d’une classe qui investit pour eux, violeurs, violents,

alcooliques, chômeurs volontaires, malades contagieux. Tout est bon pour délégitimer l’émergence de toute solution plus égalitaire. Pouvant mobiliser de nombreuses ressources, ils s’adjoignent les services d’obligés pour pulvériser toute initiative contraire à leurs intérêts de classe. De même, les pauvres accumulent les poncifs envers leurs ennemis de classe, profiteurs sur le dos de la classe laborieuse, resquilleurs fiscaux tournés exclusivement vers leurs intérêts au détriment de la société, hédonistes privilégiés. Rien ne sera assez fort pour abattre la forteresse de la richesse. Dans ce face-à-face chacun se juge supérieur à l’autre, plus légitime, plus vrai, les uns drapés dans la puissance, le respect que leur confère l’argent, voire la distinction qu’ils jugent inhérente à leur classe, les autres, dans la liberté et la dignité d’une classe qui tente de survivre.

La Suisse et la Belgique se disputent le titre de pays du meilleur chocolat au monde, la France et d’autres lorgnant également la palme. Lorsque je suis allé dans ces deux pays, la question est prise très au sérieux et beaucoup s’emploient à prouver la qualité de celui de son pays, avec force humour mais non dénué de sérieux. Un oubli me gêne dans cette compétition gastronomique hypocrite : la matière première, celle grâce à laquelle ces délicieuses plaquettes ou truffes sont fabriquées, ne provient d’aucun de ces pays, aucun d’eux ne peut se targuer de cultiver ce qu’ils se revendiquent comme typique de leur patrimoine gastronomique, et pour cause, aucun pays Européen ne cultive de fèves de cacao. Evident. Ni La Belgique, ni la Suisse, ni France ne pourraient y parvenir. L’Afrique n’est même plus méprisée, elle est purement et simplement ignorée. La Côte d’Ivoire, le Togo ou le Bénin ne sont pas mentionnés sur l’emballage de ces produits, comme si leur contribution était nulle alors que leurs paysans produisent ce qui est essentiel à l’élaboration de ces produits. Voilà un racisme par déni : on enlève une dignité supplémentaire à des peuples qui ont déjà été tellement dédaignés, ils n’ont pas droit de citer au générique, ils n’existent pas.

Alors qu’ils pourraient montrer une certaine idée de la confraternité ou de la sorosité, des intellectuels paresseux ressassent des images passéistes. Débats insincères, violence des propos, mépris destiné à délégitimer l’interlocuteur, cynisme. Les débats et les discours qui en découlent sont des outils de propagande brillants dont l’éclat est destiné à servir un processus de propagande. L’essai brillantissime de Sartre sur Genêt est une œuvre impressionnante dont un des buts semble de limiter l’emprise de la psychanalyse. Il parait refuser toute interprétation psychanalytique et se retrouve dans la position de celui qui va développer une théorie qui n’est pas entièrement fausse mais qui comporte des points limite qui ne peuvent s’appliquer au cas qui l’intéresse sans qu’il l’avoue réellement. Il est vrai que Sartre est un spécialiste de la mauvaise foi. Pour ne pas être contraint de dire que personne ne peut détenir la totalité de la vérité et que leur théorie n’est qu’une simple supposition, certains préfèrent utiliser des discours brillants, fascinants mais dont le rapport à la réalité est plus que lâche. On s’abreuve à la fontaine de ses propres paroles. Le monde médiatique fourmille de personnes brillantes ayant accompli un parcours universitaire

que d’un œil une réalité plus complexe et contribuent aux incompréhensions alors même qu’on attendrait d’eux un rapport plus complet et neutre.

Chacun de nous est un ignorant. Chacun de nous est un savant. Chacun de nous doit parler et aussi se taire. Rien ne sert de s’agiter alors que nous sommes impuissants ou ingénus. Il faut s’assoir sur le bord du monde et le contempler. Les idées préconçues, le passé haineux refont surface, laissons-les là où elles sont, contentons-nous d’écouter, de lire, d’échanger, et parfois de nous taire. Une bonne dose d’humilité est nécessaire pour admettre que chacun de nous n’a pas toutes les clefs et que celles-ci se livreront à nous ou pas. Le mépris est inutile, il nous enferme, l’ouverture peut nous aider dans notre compréhension limitée. Comprendre le monde est une recomposition de soi. Les

professeurs du monde n’existent pas.

Il est dit quelque part chez Bourdieu que le goût se forme par la négation, que la classe sociale de chacun détermine ses goûts, que chaque classe réagit par rapport aux autres dans un cercle infernal de concurrence. Si cela est vrai le monde est triste. Alors que chacun devrait avoir à cœur

l’autonomie de sa pensée, de ses goûts, de ses pratiques, nous voilà enfermés dans un déterminisme de fer. La vérité est sans doute entre deux, dans ce déterminisme pesant, dans nos choix qui nous conditionnent également, dans la légèreté ou la lourdeur de nos convictions, de nos actes, de nos paroles. Rien n’est assuré. Tout peut changer. L’infini des possibles est devant nous.

Toute morale est nécessaire, contagieuse et impossible. J’appelle morale tout mouvement de classification des événements, des objets, des concepts, des individus en deux catégories, les bons et les mauvais au regard d’une échelle subjective. Ce processus est un mouvement perpétuel de notre cerveau. Même si l’arc-en-ciel des valeurs peut être plus nuancé, peu ou prou cela revient à un système de pensées dual. Cette grille de lecture est un ordre mental accolé au cataclysme qui s’offre à nos yeux, une réponse particulière à un univers dont on peut interpréter chaque signe comme un geste d’hostilité. Notre siècle ultra chaotique, dépourvu de sens, est une invitation permanente à la dépression pour qui est perdu. Et il force encore plus à établir cette échelle de valeur. Les

phénomènes négatifs sont des répulsifs qui consolident nos convictions. Il n’est jamais plus utile que d’avoir un bon méchant à haïr pour bien connaître le contour de ses détestations. Cette échelle de valeur, morale, éthique, quel que soit le nom, qui devrait être personnelle, construite selon une méthodologie unique, malheureusement se transmet d’individu à individu, de parents à enfants, d’amis à amis, de voisins à voisins, de militants à militants. Ce qui n’était au départ qu’un corpus à ADN unique devient une vision commune à des milliers d’individus. Les médias, les apéros, les discussions entre collègues, les chansons banales… sont des prétextes insidieux pour répandre vision qui aurait dû rester personnelle et qui se retrouve lamentablement partagée avec d’autres. Tout échange verbal, tout événement convivial, tout partage d’info est une occasion de transmission de valeur et par là, de construction artificielle d’une illusion d’unité dans un monde désuni. Ce sont moins les incohérences entre les différentes constructions morales que cette fluidité des échanges et cette reconfiguration permanente des visions qui pose problème : l’être humain se construit à travers les autres et partage avec eux des idées préconçues. Robinson Crusoé est le seul être humain véritablement moral. On ne décide jamais seul de ses idées. L’impossibilité de toute morale provient précisément de cette contagion qui, parce qu’elle est portée par des individus, en limite toute portée et provoque un grégarisme, une unification de la masse au détriment d’une autonomisation de l’individu. Les porteurs de morale sont des candidats au pouvoir et à l’exclusion. Tout échange de

mots sur la valeur d’une chose est le début de la corruption de cette valeur. La morale est à la fois la condition de l’établissement d’une sociabilité humaine et sa fin.

Les morales se percutent, se contredisent, forment un assemblage qui se décante dans les esprits. La plus frappante s’impose, renforçant le groupe et isolant les singletons. Même les plus pacifiques sont portées par des individus et renforcent des pouvoirs. La béance des morales devient

intransigeance. Le rejet devient unanime quand il s’agit de défendre les fondements d’une vision commune. La cohésion est renforcée par le principe même de cette négation des valeurs d’autrui. L’hypocrisie, pseudo-morale qui vient à se substituer à une vraie morale, est une surcouche qui s’ajoute quand la conviction doit l’emporter sur le raisonnement. Impossible d’échapper à ces rapports à moins de prendre un bateau pour une île déserte.

Le désespoir affiché par Orelsan dans sa chanson « Suicide social » est une expression libertaire, individualiste, vitaliste à toute tentative d’imposition de morale et aux discours qui caractérisent toute entreprise d’emprise sur les gens. Les catégories sociales sont liquidées. La haine est le cri d’un homme aspirant à vivre en dehors de tout cadre. Les discours moralisateurs sont la cible de son ressentiment. Sermons sur la richesse, sur l’homophobie, sur la religion, tout y passe jusqu’à n’être plus être réduit qu’à un nihilisme désespéré et désespérant. Le chanteur crie sa rage envers les exclus, des marginaux, les sans-papiers. Rien n’échappe à sa volonté de non asservissement. Il veut être libre. Il est seul. Un coup de revolver simule un suicide, la conclusion logique arrive, fatale, inexorable. Libre et mort. Céline avait la même furieuse idée de la liberté confinant au désespoir et à la mort.

L’effondrement de la morale d’un être humain correspond exactement à l’ébranlement de sa vie. Le renversement de ses valeurs, la survenue d’une nouvelle éthique, le basculement vers une

architecture morale inédite provoquent l’écroulement d’un mode de vie et le début d’une nouvelle organisation mentale. Notre époque, faite de fureurs, de clashs de civilisations et d’émergence de pensées nouvelles contribue à l’effondrement de modes pensées anciennes et à la reconfiguration permanente des figures de pensées. Le psychanalyste et le rabbin sont devenus deux figures indépassables ou dépassées, c’est selon. La mort peut être vue comme un exutoire à cette

révolution mentale radicale, à défaut d’être une véritable solution. La panique mentale nous guette avec constance puisque nous sommes écartelés entre des milliers d’injonctions contradictoires. Toute morale réconciliatrice est vouée à l’échec. La haine généralisée comme l’amour universel sont des horizons visibles et destructeurs, on finit seul dans les deux cas, notre époque est un choc de valeurs continu, il nous faut assumer un entre deux faits de contradictions, de petits arrangements avec la rectitude, de haines et d’amour imparfaits. La violence d’une morale est celle d’une violence intérieure, d’un conflit irrésolu entre diverses vertus à l’intérieur d’un seul cerveau. La mer calme n’existe pas. Le combat des valeurs est un combat intérieur. Comment vivre quand tout s’effondre ? Toute morale est un manuel de survie, un guide dans la jungle, un viatique indispensable et

impossible. Ce n’est pas un ensemble de règles, mais un recueil de coups à donner à un adversaire et de baisers à donner à des amis. Qu’elle soit nourrie du lait de l’enfance ou sortie d’une révolte existentielle, la morale est une tentative désespérée de maintenir la tête hors de l’eau alors que le navire a sombré. Nous en avons besoin comme des junkies ont besoin de leur dose quotidienne au risque de sombrer dans le désespoir face au néant, comme des naufragés s’accrochent à leur bouée, comme des malades sont suspendus à l’avis de leur médecin. La morale est aussi insupportable chez

les autres qu’elle est indispensable chez soi. La question de l’autonomie de la pensée est secondaire, c’est son existence qui est problématique face au nihilisme de l’univers physique. Conséquence de notre liberté et condition de son exercice, la morale est une glu collée à nos actes, leur cristallisation et leur circonscription.

La fureur de notre époque est le reflet d’une conflagration entre de multiples échelles de valeurs. Notre société est brisée, détruite, en recomposition constante, ses membres semblent errer à la recherche d’une nouvelle arche. Il importe moins de savoir quelle est la bonne morale que de connaître qui la porte, qui la diffuse et de quelle manière celle-ci pourrait s’intégrer avec les autres. Une supra morale par-dessus toutes les autres est impossible. Faisons comme si nous étions à l’aube d’un jour nouveau et que si l’un énonce une règle, ce ne soit plus un enjeu de pouvoir, mais de réelle cohésion, à défaut de cohérence.

Ma tendance à l’autodérision aboutit à me considérer comme pire que l’immense majorité de mes concitoyens. Je suis moins beau, moins intelligent, plus impérieux, infatué de moi-même, rempli de jugements définitifs, incapable d’une pensée juste, à la recherche d’une réalité fuyante quand d’autres sont assis tranquillement au milieu, mal à l’aise dans les groupes, trop loquace ou trop silencieux, manquant d’empathie, irrésolu, fainéant, mauvais au travail, mauvais en amour, bref la caricature d’un être humain au regard d’une définition idéale. Mon échelle personnelle de valeur me conduit immanquablement à me placer sur les derniers échelons. De manière naturelle, je me retrouve à considérer les autres comme des Dieux, des êtres surdoués, des génies, des personnes sûres de leur fait et qui ont toujours raison. Je suis le vilain petit canard du groupe, sans cesse à la recherche d’un équilibre qui ne vient pas. Ainsi l’alignement de ces mots sur l’écran de mon ordinateur relève-t-il d’une audace folle : je me suis toujours jugé inférieur à tous ceux qui m’ont donné des bonheurs de lecture de telle sorte que l’écriture, même comme moyen thérapeutique réservé à mon seul usage, est une source d’angoisse et de dévaluation ; je ne peux me permettre d’imiter ceux-là puisque je leur suis si inférieur ; c’est souiller la langue que je me mette moi aussi à écrire avec les mêmes mots que tant de gens illustres et plus intelligents ont utilisée avant moi, ils ont tout dit, et de manière tellement plus pertinente ; tout ce que j’écris est absolument nul au regard des pensées profondes, belles, innovantes qu’ils ont produites ; je ne peux que m’enfoncer dans la fange à continuer de la sorte ; je dois lutter contre ces instincts d’auto dénigrement pour continuer de confier à cet écran mes réflexions les plus intimes, même si je suis mon seul lecteur. Ma légitimité à écrire est un combat quotidien contre moi-même. Mon échelle de valeur est rouillée par l’angoisse. Je valorise l’amitié, l’amour, la bienveillance, l’humour, le partage ou le temps perdu,

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