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Caractéristiques physiques et socioéconomiques de la Corse

systèmes étudiés (redondance titre ?)

TITRE 1. ANALYSE DESCRIPTIVE DES TERRAINS TERRAINS

1.1. Caractéristiques physiques et socioéconomiques de la Corse

Ce qui vient immédiatement à l’esprit lorsque l’on se réfère à la Corse est son contexte d’insularité. Pourtant lorsqu’on la traverse en avion après avoir franchi la mer, l’on constate la prédominance de reliefs escarpés qui en font un territoire de montagne (i). D’un point de vue économique, sa situation géographique en méditerranée conjointement à la beauté de ses paysages en a fait un lieu touristique privilégié (ii). À ses côtés, l’agriculture joue un rôle essentiel tant du point de vue de l’occupation spatiale que de l’emploi dans cette région encore profondément rurale (iii).

1.1.1. La Corse : une île méditerranéenne montagnarde

La première caractéristique de la Corse tient à un contexte d’insularité, qui en fait à la fois un espace clos et singulier, bordé par la mer méditerranée. Ce contexte maritime, le plus visible au premier abord, cache une des caractéristiques tout aussi importante de l’île : la montagne. La moitié de la superficie de la Corse se situe au-dessus de 400 mètres et 1/5 au-dessus de 1000 mètres pour une altitude moyenne de 568 mètres où aucun point n’est distant de plus de 40 km de la mer (Simi, 1981). Ainsi, selon l’expression de Ratzel, la Corse est un « pays de montagne dans la Méditerranée ». Exception au sein de la méditerranée insulaire, son relief accidenté dessine une grande diversité biogéographique, marquée par une épine dorsale au franchissement difficile, qui découpe l’île du Nord au Sud et qui est venue établir une différence entre un « Deça-des-Monts », et un « Delà-des-Monts ». Espace de convoitise, les conquêtes pisanes et génoises à partir des zones côtières, ont fait de l’intérieur de l’île un espace refuge marqué par un régime de féodalité jusqu’au XIVème siècle (Pomponi, 2004). La sécurisation des espaces côtiers, notamment par l’éradication du paludisme, a plus récemment favorisé peu à peu des déplacements de populations vers les franges côtières, la sédentarisation des bergers, développement encouragé aussi par l’essor du tourisme. Le « Terrier général de l’isle de Corse » en 1770, au moment où la Corse est intégrée au royaume français, ambitionne notamment de dessiner une planification autour de l’agriculture. L’exode des populations affectera toutefois les conditions d’existence de cette société agraire. La démographie est en effet marquée par un sous-peuplement chronique puisque le recensement de 2012 fait état d’une densité de 34 habitants au m2, ce qui en fait la région la moins densément peuplée de France pour une superficie de 8722 km2 (INSEE, 2012). La montagne, si elle a structuré les genres de vie de la « vieille Corse » jusqu’au XIXème, s’est ainsi peu à peu essoufflée au profit des zones littorales. La répartition géographique des populations est marquée par de grandes disparités

puisque 43% des habitants vivent sur 2% du territoire avec une grande concentration vers les villes d’Ajaccio et de Bastia qui à elles seules représentent 36% de la population (schéma 8).

Schéma 8: Croissance démographique sur la période 1999-2006 (INSEE, 2009)

1.1.2. Une Corse touristique

Qualifiée souvent d’île sauvage, restée à l’écart des formes de civilisation industrielle, ce statut lui a offert une notoriété touristique privilégiée. La régression de l’agriculture comme moteur de l’économie, l’échec de l’industrialisation, ont permis de voir dans le tourisme un espoir de renouveau. Cet afflux de population saisonnier, estimé à 275 000 dans les années 60 est venu en quelque sorte contrebalancer l’exode des corses, vidant peu à peu l’île de sa population qui à cette période était estimée à 140 000 habitants (Renucci, 1962). Composée d’une clientèle essentiellement européenne, la saison touristique reste marquée par une forte concentration estivale. Si la corse est montagnarde, le développement touristique s’est quant à lui tourné vers le littoral, l’héliotropisme encourageant la fréquentation des zones côtières. Cela favorisera des dynamiques spéculatives autour de l’aménagement immobilier associé à des dérives mafieuses (Martinetti, 2007). C’est ainsi une économie de rente autour du tourisme qui s’est développée autour de traits de folklorisation incarnés par quelques figures mythiques de l’île, son bandit, sa violence et ses produits identitaires. L’agriculture entrera pourtant en confrontation avec le tourisme, tant en terme d’occupation foncière qu’au regard des productions elles-mêmes, des

comportements frauduleux relatifs à leur origine s’étant fortement développés vers ce marché spot (Canard enchaîné, n°138).Très vite alors naîtra un débat encore récurrent aujourd’hui : Quel tourisme pour la Corse ? La bétonisation a encouragé l’émergence d’un mouvement environnementaliste mais l’état des côtes en permettra difficilement une remise en état, la logique de protection se reportera alors vers l’intérieur de l’île avec la création du Parc Naturel Régional de Corse en 1971 (PNRC) (carte 1). Aujourd’hui, les orientations politiques du développement touristique visent à revaloriser cet intérieur doté d’un patrimoine riche qui traduit la « vrai identité de la corse », et dont on souhaite faire le moteur d’un tourisme hors saison associé à la montagne (Corse matin, 24 octobre 2012).

Carte 1: Aire géographique du parc et fréquentation touristique (Ovtchinnikova, 2007)

1.1.3. Une Corse agricole

L’histoire de la Corse est indissociable de celle de l’agriculture qui encore il y a peu représentait la principale source d’activité des familles. Si elle en a autant marqué les paysages que les genres de vie, elle a pourtant connu un déclin rapide amorcé dès le XIXème siècle, même si elle semble se maintenir aujourd’hui. Le rapport de la Collectivité Territoriale de Corse sur la

période 2010-1013 nous fournit quelques chiffres essentiels (CTC, 2013). L’agriculture corse tient aujourd’hui une place réduite dans l’économie insulaire puisqu’elle ne représente que 2% du PIB et 3,6% de la population active. Son repli à l’échelle de 10 ans traduit une dynamique nationale générale et la Corse semble mieux s’en tirer que d’autres régions. La population active agricole compte 2 973 exploitants et est marquée par une forte féminisation puisque les femmes représentent 564 chefs d’exploitations agricoles. Toutefois, le vieillissement de la population agricole a encouragé un nombre important de cessations d’activité, puisqu’en 10 ans ce sont 768 exploitations qui ont disparues. On retrouve une prédominance des cultures végétales en zone de plaine telles que la viticulture, l’agrumiculture et le maraîchage, mais aussi une forte présence des élevages ovins et bovins. Les zones de montagne sont quant à elle associées à un élevage extensif (ovin, caprin, bovin, porcin), ainsi qu’à la castanéiculture. L’agriculture occupe une superficie de 140 000 hectares dont 120 000 sont associés à des terres de parcours.

Les signes de qualité relatifs à l’origine y sont un axe de développement majeur. Ainsi 4 exploitations sur 10 sont engagées dans un tel type de démarche (Agreste Corse, n°4, 2013). L’insularité a fait de cette île un terrain privilégié pour la valorisation des produits dits identitaires et la certification y est envisagée comme un levier de développement (Prost et al., 1994). Les SIQO y représentent tout autant un enjeu de structuration des filières, que de contribution au maintien d’une agriculture en milieu rural et s’accommode bien de singularités biogéographiques très contrastées. Les variétés végétales, races animales endémiques offrent ainsi des traits distinctifs régionaux pour de nombreuses filières. Vin, miel, fromages, viandes, châtaigne, charcuteries, clémentines, représentent ainsi une gamme non exhaustive de la diversité des produits sous SIQO. C’est un des axes majeurs de consolidation d’une politique nationale agricole autour de la région Corse, qui s’inscrit dans le cadre du Plan de Développement Régional de la Corse (PDRC), et de subventions spécifiques de France Agrimer au titre des Contrats de Plan Etat Région (CPER). La Corse représente un ambassadeur de ces productions sous SIQO au Salon International de l’Agriculture (SIA), qui en est la vitrine publique (figure 1). Les viandes de lait s’agrègent à ce type de développement et les agneaux de lait de Corse ont fait l’objet d’une dégustation culinaire lors du salon de 2011, préparés par le chef étoilé Vincent Tabarani au stand « agneau presto ».

Figure 1: Diversité du patrimoine régional au stand corse du SIA (ODARC, 2011)

Insularité, montagne, agriculture, tourisme représentent ainsi quelques traits essentiels de la Corse. Il s’agira maintenant d’y voir quelle place y a occupé l’élevage, notamment en ce centrant ici sur ses formes anciennes.

1.2. Le système agraire traditionnel, la mobilité saisonnière des troupeaux et

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