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Le titre est une intuition selon Märdh (1980 : 14) car bien qu’il soit difficile à circonscrire, surtout dans un ensemble rédactionnel journalistique, il est courant de le définir par opposition au texte. Texte et structure d'un hypertexte, il est une unité discursive détachée de l'article, placée à sa tête ou, de toute façon, une unité dont l'entrée précède celle de l'article. Il informe et fait partie d'un ensemble signifiant techniquement appelé la titraille. Nous avons souligné sa nature contradictoire, d’être un texte et de répondre ainsi à des critères de cohérence interne, mais aussi d’être partie d'un hypertexte par le texte intérieur qu’il appelle et par les discours qui le fondent.

Lorsqu'on parle de titre comme objet d'analyse dans ce sous-titre, il s'agit de l'item titre, d'une séquence du texte - titre à la une, nous l'avons également appelé énoncé-titre ou phrase-titre et on le distingue traditionnellement du surphrase-titre et du sous-phrase-titre. Les éléments typographiques (graisse, couleur, taille de police) permettent d'isoler le titre des autres séquences textuelles. C'est la structure focus du discours, celle qui porte l'information. Même si le titre est assimilé à une phrase, il a des spécificités formelles, ne serait-ce que dues à ses relations avec le surtitre et le sous-titre, à celles avec le co-texte intérieur du journal. Nous nous proposons de faire une description d'une phrase particulière, base d'un genre bien particulier. Cette description peut se faire sur la base d'une typologie des variantes syntaxiques du genre, établissant des continuités et des discontinuités avec les typologies de phrases grammaticales. Limiter l'étude de la phrase de titre à une description formelle ou grammaticale serait envisager sa description de manière partielle. Nous devions faire intervenir une étude synchronique des caractéristiques et fonctions à la fois syntaxiques, informatives et sémantique afin d'envisager toute la dynamique des constituants phrastiques visant la signification.

1.2.1 Les types de phrases

Linguistes et grammairiens, nonobstant les écoles, s'accordent pour concevoir la phrase comme une structure de plusieurs éléments ayant des formes diverses. Les formes de phrases, les familles paraphrastiques d'énoncés (Culioli) sont autrement appelées modus, types de phrases ou statuts de phrase. Depuis Port-Royal, les types de phrases sont, avant tout, des types d'opérations syntaxiques liées aux formes d'expression de la pensée. L'idée est de faire correspondre une intention signifiante et un acte de langage à une forme linguistique, et inversement. À la jonction d'une analyse énonciative et d'une analyse grammaticale, les types de phrases indiquent l'attitude du locuteur vis-à-vis des faits qu'il présente, les différents actes que les phrases (produits de l'énonciation) permettent d'accomplir, chaque type de phrase correspond à une structuration particulière du matériau linguistique. Par conséquent, la phrase s'inscrit dans la communication verbale, une production effective de l'énoncé qui matérialise l'échange entre un émetteur et un destinataire. Le langage devient un acte.

La notion d'acte de langage resitue en les intégrant organiquement la dimension sociale et la dimension cognitive de l'activité langagière, c'est à partir de cette notion qu'il faut définir l'intervention, l'échange, les structures et les transactions. (Trognon et Kostulski, 1999 : 170-171)

C'est donc ramener l'acte à un ensemble de savoirs et de savoir-faire de la part du destinateur, et aussi à l'environnement social dont la résultante est les formes linguistiques tel

65 que nous les observons. Or la démarche classique recommande de partir de ces formes pour tous les éléments contextuels qui les gouvernent.

En grammaire générative, les types de phrases entraînent des transformations du matériau phrastique et résultent d'un choix du locuteur. Chaque phrase française est un des quatre types obligatoires et il est possible de lui affecter des types facultatifs. Paul Eluerd (1992 : 233), de son côté, pense que le seul statut obligatoire de la phrase c'est l'une ou l'autre des polarités : la polarité positive ou affirmative et la polarité négative. On ne saurait dès lors confondre types de phrases (catégories formelles, en nombre limité) et modalités de phrases (catégories conceptuelles fonctions des situations d'énonciation). Quoiqu'il en soit, l'expression des modes de phrases est aussi multiforme que le sont les situations d'énonciation, et que le sont les rapports d'influence du locuteur à l'interlocuteur.

1.2.1.1 La phrase déclarative

La phrase déclarative est encore appelée phrase énonciative ou assertive. Le locuteur ou le scripteur communique simplement une information à autrui (Grevisse, 1988 : 616). Par l'exemple Michel Roussin vient racheter nos télécoms (MU 14.12.98), le journal veut véhiculer une information qu'elle détient, comme une réponse à une question que se pose le public, la satisfaction de son souci de savoir pourquoi Michel Roussin est au Cameroun. La déclarative est l'énoncé d'un fait en principe déchargé de toute affectivité. Plusieurs grammaires considèrent le type déclaratif comme le type neutre. Elles considèrent que la phrase assertive, à la question "est-ce vrai ?" doit donner lieu à une réponse par oui ou par non. À l'écrit, le point sert à indiquer la fin de la phrase. Toutefois, les structures neutres du titre de presse n'ont pas de ponctuation finale, mais elles débutent par une majuscule.

Le point n'est pas nécessaire dans les titres d'ouvrage ou de sections de texte parce que ce sont des phrases isolées, donc on n'a pas besoin de séparateur. Mais on trouve les points d'interrogation, d'exclamation ou de suspension pour ne pas confondre l'interprétation avec le cas non marqué.

(Dugas, 1995 : 144-145)

Lorsqu'elle est verbale, la phrase de titre a la forme SN+SV+(SP). Ce type de phrase a l'avantage d'être "complète", c'est-à-dire qu'en principe, elle évite toute ambiguïté sur l'information. On y a des réponses essentielles à la paraphrase des questions de Laswell : qui, fait quoi, par quel moyen, à qui, pourquoi et pour quel effet ?

Visite Jacques Chirac vient pour rien (MU 12.07.99)

Le ministre Fame Ndongo passe en revue les entreprises de communication (CT 04.04.00)

La première phrase présente un nom propre sujet, un verbe intransitif et un complément circonstanciel de but. L'omission d'un circonstant aurait donné un ton impatient, triomphal

même à l'énoncé. Le complément le neutralise et lui donne moins la forme d'une communication que celle d'une information. Le second exemple est construit avec un verbe transitif ayant ses deux valences. Sur les plans syntaxique, morphologique et sémantique, la construction est celle d'une phrase déclarative classique.

Les phrases averbales syntagmes nominaux, se présentent sous la forme N+SP ou N+Adj (ou une forme participiale) ou encore N+Relative.

Soa L'Université de la mort (LN 10.03.00) Tensions à la Bicec (LM 16.02.00)

Le DTN et le MINJES en désaccord sur la préparation des Lions (LM 05.01.00) L'homme qui roulait Paul Biya (LN 19.01.00)

Certains titres déclaratifs sont construits sous la forme de syntagmes prépositionnel ou adverbial.

De l'euphorie à l'austérité (CT 04.11.93)

Bourse des valeurs Pourquoi Bongo a battu Biya (LM 22.12.00) Comment JAE monnaie ses reportages (MU 12.07.99)

Malgré la divergence des formes, la phrase déclarative est un mode de relation des éléments dont on parle dans la réalité discursive et elle peut être décrite sous une forme affirmative ou sous une forme négative. Autrement dit, elle peut être décrite selon le degré de vérité du propos, le mode d'existence discursive du propos. Elle serait en principe l'expression du constat du locuteur, de son savoir ou de son ignorance, de ses opinions, appréciation, vouloir, promesse, accord, refus et supposition.