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De l'étude de Lydia-Mai Ho-Dac, Anne Le Draoulec et Marie-Paule Peri-Woodley (2001 : 127) sur les composantes et des dimensions du texte, il est affirmé que le titrage découpe le texte en sections, chaque section inscrivant son contenu dans un contenu général commun présenté par l'expression titre. Le titre a donc une relation sémantique avec le texte qu’il précède. Étant lui-même un texte, il peut être découpé en plusieurs séquences représentant des fragments en relation logique dans une structure. Le surtitre relève du cadrage, il est un introducteur de cadre : L'encadrement du discours crée un découpage en cadres, le contenu de chaque cadre étant à interpréter suivant un critère exprimé en initiale par un introducteur de cadre (ibid.). Il ne faut cependant pas voir ici deux procédés distincts d'organisation du discours, il n’y en a qu'un seul, un cadre du discours, la titraille, avec des

49 segments particuliers : l'introducteur de cadre et sa portée immédiate. Michel Charolles (in J.-M. Adam, 1999 : 46) distingue effectivement quatre opérateurs relationnels assurant la cohésion d'un texte : les connecteurs, les substituts anaphoriques, les marques configurationnelles de segmentation, les introducteurs de cadres de discours. Le surtitre sert d'amorce à la portée textuelle, les autres opérateurs seront manifestes dans le cadre du discours : considérons-le comme l'introducteur de cadre du discours.

La notion de cadre du discours est développée par Charolles (1997 : 4) pour identifier un groupe d'unités qui doivent être traitées de la même manière, relativement à un critère plus ou moins spécifié par une forme expressive introductrice, et les surtitres peuvent être considérés comme des introducteurs de cadres (IC) du moment où ils sont en position initiale, non intégrés à la proposition qu'ils précèdent. Les IC peuvent se présenter comme introducteurs de cadre "univers de discours" : unités dont l'interprétation est indexée comme devant s'effectuer dans un certain univers de véridiction. Ils sont par nature une expression référentielle qui crée un univers situationnel réduit dans lequel la ou les propositions qui suivent sont à interpréter. Les introducteurs de cadre "thématiques" rassemblent autour d'un thème commun exprimé par l'introducteur un ensemble de propositions réunies autour d'un univers thématique réduit. Ho-Dac et alii (ibid.) attribuent au titre de presse la qualité d'un IC particulier, l'introducteur de cadre-titre avec la fonction de localisation de l'à propos (expression de Tanya Reinhart) : ce rôle, le titre le joue par rapport au texte qu'il annonce. C'est un rôle similaire que joue le surtitre par rapport au titre.

[a1] Universités de Yaoundé25 Chantage et terreur à la veille des examens (LM 19.04.93)

L'IC-titre Universités de Yaoundé dans ce cas, qui est en réalité un IC-univers de discours porte sur une dimension espace (De), plus précisément sur une localisation interne à la dimension phénomène (Dp, qui concerne le phénomène dont on parle) : il dit où se passe le phénomène dont on parle. Universités de Yaoundé permet de situer l'espace de véridiction de l'événement.

[b] Après Musongue Voici pourquoi Biya va à Paris (LM 04.05.98) [c] Hier soir à 22h Accident du 747 Combi à Paris (MU 06.11.00)

L'IC-univers porte sur la dimension temps (Dt) et vient situer le fait évoqué en titre. La pertinence du titre (sa portée) doit à sa situation dans cet espace temporel et à la précision dudit espace. L'indépendance de la portée est totale : Voici pourquoi Biya va à Paris est sémantiquement, syntaxiquement et même psychologiquement senti comme "complet".

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On a toutefois aussi des IC-titres (des surtitres) qui pourraient avoir la fonction d'expression de l'à propos. Ils contribueraient de fait à la construction de la Dp. Dans ce cas d'un IC-univers cette indépendance est réelle. L’indépendance dont il est question est d’abord syntaxique et, solidairement, sémantique. L’IC-univers s’attache à une portée complète sémantiquement et syntaxiquement, il est un véritable « complément ». L'IC-thématique est un "membre" essentiel de sa portée.

[d] Disparition d'un hélicoptère présidentiel Le gouvernement avoue enfin (MU 01.12.00)

La phrase de titre est imparfaite, car si nous masquons le surtitre, nous n'avons aucune information. Le verbe avouer porte en lui la nécessité de sa complétude : on ne peut avouer quelque chose qu'en l'affirmant. En [e], le sémantisme du verbe et sa passivation demandent de compléter l'information par l'agent ou tout au moins les mobiles de l'action. Le surtitre relève d'un choix stratégique du complément de l'information. Il a une valeur pragmatique.

[e] Trucages des élections Le Cameroun épinglé (LP 10.12.02)

L'indépendance d'une séquence est difficile à montrer : dans le cas [a], l'imprécision du mot "examen" rend discutable l'affirmation de l'indépendance de la pré-clause. Or l'IC porte sur la De et est bien un IC-Univers.

L'évocation de l'indépendance syntaxique du surtitre nous a, de fait, introduit dans une autre question : le surtitre est-il un topique (et donc en principe un IC-thématique) ou un thème (IC-univers) ?

Les deux notions sont souvent confondues lorsqu'un constituant périphérique se trouve en tête de phrase. Pour Combettes (2003), entre topique et thème, il y a une différence de degré d'intégration dans la structure de la proposition. R. Van Valin et R. Lapolla (1997 : 35) cités par Combettes (ibid.) parlent de left-detached position pour parler du thème et de pre-claused slots pour parler du topique. Mais cette nuance n'est pas catégorielle, elle n'est pas discrète. Les valeurs pragmatiques et contextuelles peuvent permettre de lever certaines ambiguïtés :

En effet, l'antéposition du complément en début d'énoncé obéit bien, dans bon nombre de contextes, aux règles de la hiérarchisation du dynamisme communicatif ; il ne s'agit pas d'introduire dans le cours du texte un référent nouveau ou qui doit être réactivé et qui sera dans une relation de "à propos de" avec le contexte de droite, mais plutôt de marquer une continuité, par reprise, par inférence, ou par contraste, avec le contexte antérieur.(Combettes, ibid. : 144)

S'il est considéré comme un thème, il doit être analysé comme le résultat d'une opération de détachement, d'isolation, d'autonomisation d'un élément au départ étroitement intégré à la structure propositionnelle. Les propriétés du thème relèvent non seulement du dynamisme communicatif mais aussi du champ de la prédication. La topicalisation par contre est une

51 opération d'intégration progressive d'unités hors proposition qui se trouvent prises dans le jeu des relations internes à la phrase. Elle fait porter certaines unités sur l'acte énonciatif et non sur l'énoncé lui-même.

Les valeurs du surtitre en principe sont des valeurs topiques du moment où ce sont des unités qui n'entrent pas directement dans la structure de l'énoncé - titre. Une reconstruction cognitive permet d'établir le lien entre le surtitre et la clause. Néanmoins, ces opérations d'intégration et d'autonomisation étant à la fois sémantiques, logiques, psychologiques, pragmatiques et syntaxiques, il est difficile de penser que l'usage d'une structure peu saturée sur le plan informatif, le surtitre, sera exclusivement topique. Certes la typographie et la morphologie du surtitre le détachent également de la clause-titre (il n'est souvent lié à elle par aucun item lexical ou autre élément à valeur syntaxique), pour renforcer son caractère topique, mais il arrive que la construction du surtitre se confonde avec une construction thématique.

I - C – Thématique I - C – Univers

DP D

e

– D

t

Topique Thème

Pre-claused slot Left-detached position

Intégration d’unité hors