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Problématique 5 : aspect managérial

4. Démarche de recherche

4.1. Une approche compréhensive teintée de complexité

En premier lieu, notre recherche se veut descriptive et compréhensive. Descriptive puisque, dans le contexte propre au CIFRE dans lequel nous évoluons, notre recherche est empirique et passe par l o se ation de phénomènes que nous tentons de décrire au mieux pour ensuite produire des réflexions, et in fine des connaissances à leurs propos.

Compréhensive aussi, car nous ne souhaitons pas produire des connaissances généralisables, mais bien des connaissances propres au o te te s d o se atio . Comme le rappelle Mucchielli

44 Ou méthodologie, entendu au sens donné par Mucchielli (2000, p. 50) : « La méthodologie est la stratégie de

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(2011, p. 28) le paradigme45 compréhensif dans lequel nous nous inscrivons relève de certaines

spécificités que nous proposons de présenter synthétiquement. Celui- i s oppose e pa tie au pa adig e positi iste, puis u il fute e uel ues so tes u e alit e t ieu e au sujet o se . L o je tif ta t de o p e d e les perceptions propres au sujet, ainsi que plus largement la ou les manières dont il appréhende le « monde extérieur ». Cette opposition au positivisme nous amène d ailleu s pa la suite à ous positio e da s une posture constructiviste. Ce paradigme met en a a t le fait ue pou d i e le el, u sujet s appuie a su ses p op es i st u e ts et e s appuie a donc pas sur des objets extérieurs. Appréhension du réel que nous retrouvons dans l i te a tio is e s oli ue e o u i atio . Ou e o e dans la phénoménologie husserlienne notamment, et que nous décrirons aussi dans la suite de cette partie. Le paradigme compréhensif «i t g e a l’o se ateu et l’o se da s ses p o du es d’o se atio et se a atte tif à e he he

les significations des actions auprès des acteurs concerné » (Op. Cit.). Dans notre recherche, nous

avons choisi notamment de rechercher certaines significations propres aux dirigeants de La Poste afi de ieu o p e d e la alit da s la uelle, pou eu , l organisation évolue. E s appuyant sur ce paradigme, nous ne chercherons pas à identifier des formes de causalités ou de lois générales. Ce paradigme met en avant la nécessité des données subjectives pour accroitre la signification des données collectées46, et s appuie alo s su u e orientation « interprétative ». Enfin, comme le

soulig e l auteu , « de cette orientation résultera une épistémologie des méthodes qualitatives47 qui

sera caractérisée par la complexité … ».

Il est important de souligner que ce paradigme compréhensif nécessite une forte prise en compte du contexte et une description de celui-ci. Bronfenbrenner (1977) parle de « validité écologique » afin de soulig e l i po ta e d o se e les sujets et de e e la e he he da s leu « habitat naturel » e l o u e e pour nous La Poste mais aussi le web et certaines plates-formes dites 2.0). Le sujet ne peut être détaché de son « milieu » (en référence aux Sciences de la vie et de la terre), il forme un tout qui influera sur sa perception et sa compréhension des phénomènes auxquels il est exposé. Ce paradigme suppose alors une approche compréhensive des faits sociaux et de la réalité, approche compréhensive postulant que tout homme peut p t e le u d u aut e ho e, ai si ue ses sentiments ou ressentis. Pour Schütz, cité par Mucchielli (2011, p. 27) les théories issues des approches compréhensive « sont des constructions objectives idéales typiques48, élaborées au second

degré, selon des règles de procédure valable pour toutes les sciences empiriques, et incarnant des

45Nous sous i o s à l app o he ue Mo i , p. p opose du terme « paradigme » : « un paradigme est

constitué par un certain type de relation logique extrêmement forte entre des notions maîtresses, des notions clés, des principes clés. Cette relation et ces principes vont commander tous les propos qui obéissent inconsciemment à son empire ».

46Et ous e o s ota e t l i po ta e de la olle te de es « données subjectives » lorsque nous traitons

de la notion de (e)réputation.

47 Comme le précise Mucchielli « le paradigme compréhensif accordera donc une attention aux données

qualitatives ». Do es ualitati es i h e tes à l e pi is e de ot e t a ail de e he he.

48 Schütz fait ici référence à « l id alt pe » proposé par Weber (1965) : « L'idéaltype est un tableau de pensée, il

n'est pas la réalité historique ni surtout la réalité "authentique", il sert encore moins de schéma dans lequel on pourrait ordonner la réalité à titre d'exemplaire. Il n'a d'autres significations qu'un concept limite purement idéal, auquel on mesure la réalité pour clarifier le contenu empirique de certains de ses éléments importants, et avec lequel on la compare. Ces concepts sont des images dans lesquelles nous construisons des relations, en utilisant la catégorie de possibilité objective, que notre imagination formée et orientée d'après la réalité juge comme adéquates.»

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h poth ses g ales ui peu e t t e ises à l’ p eu e ». Cette approche, proposée et appliquée

par de nombreux chercheurs (Weber, 1922 ; Elias, 1975 ; Williame, 1973) sera constitutive de certains choix opérés dans cette recherche, notamment celui de la phénoménologie comme nous le présenterons plus loin.

Notons que ce paradigme compréhensif dans lequel nous nous inscrivons peut être rapproché du paradigme interprétatif où « le œu des a tio s se situe da s les a tio s so iales. Les app o hes

interprétatives visent à expliquer et parfois à critiquer les significations subjectives et les significations ui fo t o se sus su l’i te p tatio de la alit . » (Laramée et Vallée, 1991).

Le paradigme compréhensif suppose une orientation méthodologique caractérisée par la complexité. Le paradigme de la complexité apparait donc comme nécessaire à inscrire dans notre recherche. Le paradigme de la complexité « ne consiste pas à dire que le monde est complexe, car

cela tout le monde le sait, mais à proposer une méthode pour appréhender cette complexité. Celle-ci est fo d e su u e app o he o li ai e et ulti ausale ui a à l’e o t e des te da es si plifi at i es de l’utilit i diate. Elle epose su u e utopie u i e saliste ui, e ta t ue p ojet lointain et même inaccessible, peut ouvrir à des horizons inconnus» (Dumas, 2006, p. 11). Ce

paradigme repose sur trois principes :

- le principe hologrammatique : « Il signifie que dans un système, dans un monde complexe,

non seulement une partie se trouve dans le tout (par exemple, nous êtres humains, nous sommes dans le cosmos), mais le tout se trouve dans la partie. » (Morin, 1997). Ce principe

ous se i a ota e t à situe l o jet de os o se atio s les « agents-facilitateurs ») dans le système où ils s inscrivent ;

- le principe dialogique : « C'est l'association complémentaire des antagonismes qui nous

permet de relier des idées qui en nous se rejettent l'une l'autre » (Op. Cit.), principe sur lequel

nous nous reposerons par la suite pour appréhender l a alyse des entretiens menés dans cette recherche ;

- le principe de récursion ou de causalité circulaire : « les effets et les produits deviennent

nécessaires à la production et à la cause de ce qui les cause et de ce qui les produit » (Op. Cit. ). Principe int essa t de ot e poi t de ue pou a o de l a al se de la putatio et

plus précisément ordonner nos observations de phénomènes « d e-réputation ».

“ i s i e da s le pa adig e de la o ple it suppose g ale e t ais pas o ligatoi e e t de s o ie ter ensuite vers une approche systémique (qui englobe elle aussi le principe de causalité circulaire – voir Le Moigne, 1984) ou encore le paradigme cybernétique49. Si nous adhérons à

certaines propositions issues de ces approches, nous préférons pour autant ne pas les développer plus a a t. Et e d u e pa t pa a ue de te ps e si ous le souhaitio s, la th se, ui plus est en CIFRE, est un exercice auquel il faut poser des limites), mais aussi par un souci de ce que nous pourrions qualifier de lisibilité conceptuelle : articuler un trop grand nombre de concepts, approches

49 « La cybernétique est une approche systémique et cette vision considère que tous les éléments de la chaîne

o u i atio elle so t i te d pe da ts, ’est-à-di e u’u e odifi atio à u seul i eau du seau e t aine des pe ussio s su l’e se le de l’o ga isatio . Le poi t de d pa t de l’i fo atio est le lieu de o t ôle du système » (Laramée et Vallée, 1991, p. 69).

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théoriques ou épistémologiques pou ait e d e la estitutio de ot e e he he t op a iguë… Nous ete o s a oi s de es deu app o hes ue l o se atio d u ph o e e peut se faire sa s p e d e e o pte e o e u e fois so o te te, et sa s le elie à d aut es ph o es ou objets. Et que le sujet « e ge su tout à pa ti de l’auto-organisation, où autonomie, individualité,

complexité, incertitude, ambiguïté deviennent des a a t es p op es à l’o jet. O su tout le te e « auto » porte en lui les racines de la subjectivité. » (Morin, 2005, p. 53).

D u poi t de ue de la p odu tio des o aissa es, le pa adig e de la o ple it off e la possibilité de considérer « notre pop e o aissa e o e o jet de o aissa e, ’est-à-dire un

méta-point de vue … » (Morin, 2005, p. 6 . I i, le fait d t e i e g da s le te ai , de p ati ue

une recherche-action par laquelle nous allons générer des connaissances issues de l e p rience, nous met dans une posture complexe où il faut effectivement considérer notre connaissance acquise par l e p ie e o e u o jet à pa t e ti e de la e he he, e pose et dis ute et o jet afi de s appu e su elui-ci dans la poursuite de nos réflexions.

E fi , le pa adig e de la o ple it s i s it selo ous de pa les auteu s ui po te t ses p i ipes mais aussi certaines de ses finalités) dans les épistémologies constructivistes dont nous proposons ai te a t d e es uisse les t aits p incipaux et de démontrer en quoi notre recherche nous à « naturellement » amené vers elles.