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2. Apports des théories du document

2.2. Indexation collaborative et redocumentarisation

« Là où la culture de masse fabriquait des dénominateurs communs, la culture numérique tend par

esse e à pe so alise l’i fo atio » Me zeau, . Cette pe so alisatio de l i fo atio s o se e e pa tie, d u poi t de ue do u e tai e, pa les apa it s d i de atio s des do u e ts pa l utilisateu u off e t e tai s dispositifs pa ti ipatifs en ligne.

Plus sp ifi ue e t, ette fo e d i de atio , ue e tai s ualifie t d i de atio « sociale » (Ertzscheid et Gallezot, 2006) ou collaborative (Zacklad, 2006), repose sur la possibilité donnée à ha ue utilisateu de d i e et de at go ise à l aide de tags ti uettes e f a çais, est-à-dire des mots-clés) certains documents présents sur des plates-formes web. Cette capacité technique offerte à ajouter des mots-clés à des ressources documentaires est par ailleurs appelée « folksonomie »91 (Le

Deuff, , et pe et à ha ue utilisateu de p odui e ses p op es lassifi atio s de l i fo ation (Crepel, 2008). Concrètement, des sites de partage de photographies comme Flickr.com ou de signets comme Diigo.com permettent à chaque utilisateur un ajout libre de mots-clés associés aux do u e ts u ils diffuse t, ots- l s pa les uels d aut es utilisateurs pourront rechercher des documents similaires (marqués des mêmes mots-clés) ou associer leurs documents à ceux déjà « tagués ».

“elo Pi olli , l esso de es s st es olla o atifs d i de atio s e pli ue pou di e ses raisons : la fa ilit d utilisation des systèmes qui attire le grand public, leurs capacités à nourrir e tai s ha ges d i fo atio s a is es de suggestio des tags , la possi ilit d adapte so o a ulai e à ses esoi s des iptifs souplesse de l i de atio , ou e o e le fait que ces systèmes permettent de répondre à des exigences de o isatio ou d o ga isatio de l i fo atio .

Ces tags reposent à la fois sur une dimension « physique » (ils sont observables, on peut interagir avec eux) mais aussi sociocognitive puisqu ils efl te t u e i te p tatio du o de ou tout du moins du sens –le « lu »- du do u e t et de l i fo atio et s appuie t su les o aissa es propres à chaque utilisateur qui « tag », auta t u ils peu e t a e e à u e i te p tatio ou u e représe tatio olle ti e d u e e i fo atio , si l i de atio est pa ti ipati e C epel, , p. 1 . Pou l auteu , ils off e t u e fo e de « navigation sociale », considérant que les folksonomies u elles soie t auto atis es pa e tai es plates-formes, ou donc « sociale ») sont une forme de

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diatio pou a t o ie te l utilisateu da s sa a igatio do u e tai e ou sa recherche d i fo atio , inscrivant ainsi ces pratiques dans un processus de désintermédiation (Le Deuff, 2007), au vu notamment du non-recours à certains médiateurs « classiques » du monde du document (documentalistes, bibliothécaires).

Au-delà, il apparait que cette capacité collaborative permet de « documentariser »92 à nouveau un

document (voire une collection), et de le réarticuler au niveau sémiotique selon ses propres inte p tatio s pa l ajout d a otatio s ou e o e pa l e t a tio de e tai es pa ties pou les i t g e da s d aut es ou les diffuse telles uelles. Ce que Zacklad (2006) nomme la « redocumentarisation »93. Comme le souligne Merzeau (2010, A, p. 14) « Par ce concept, on met si ulta e t l’a e t su la plasti it du do u e t, ui ’est plus fi da s u lieu, u suppo t ou u egist e, et su la diss i atio de l’a ti it do u e tai e, d so ais la ge e t assu e par les utilisateurs. ».

Pou le olle tif Pedau ue , la edo u e ta isatio e s a te pas à l o se atio d ajouts de métadonnées (donnée sur la donnée, comme les tags donc) et la réinterprétation que ces ajouts rendent possible, mais implique plus largement la recomposition des médiations documentaires classiquement établies. Le collectif parle alors de « redocumentarisation du monde » (2007). En effet, et comme le souligne justement Pedauque, le développement des outils numériques et du e a pas à proprement parler pe is les a otatio s, ais est pa ses « performances » et sa nature même que le web (notamment) accentue cette idée de redocumentarisation : « Au fil de

l’histoi e des a ti it s i telle tuelles, les faço s d’i s i e sa p op e lecture sur les textes (note marginale, copie, prise de notes, collecte de références, etc.) est très importante dans la nature des sultats de l’ tude. Ces p ati ues dis tes ais t s st u tu es, t a s ises da s le uotidie du travail, consistent d’a o d e u e i te p tatio i di iduelle de do u e ts. Mais o e elles do e t u e fo e at ielle au i te p tatio s, elles appo te t aussi à l’o jet do u e tai e de nouvelles façons de se rendre visible et manipulable. Le numérique poursuit cette logique. Mais ses performances viennent sans cesse redocumenter le document, lui donnant une capacité nouvelle à durer, à se transformer, à circuler. » (Pedauque, 2006).

Co e le ote e suite le olle tif d auteu s : « Nous emploierons le terme de «

redocumentarisation», le préfixe « re- » suggérant à la fois un retour sur une documentarisation ancienne et une révolution documentaire. ». Cette « révolution documentaire » se traduit selon

“alaü pa e u il o e « les deux bascules documentaires » :

92 Selon Salaün (2008), documentariser consiste à « traiter un document comme le font traditionnellement les

professionnels de la documentation (bibliothécaires, archivistes, documentalistes) : le cataloguer, l'indexer, le résumer, le découper, éventuellement le renforcer, etc. L'objectif de la documentarisation est d'optimiser l'usage du document en permettant un meilleur accès à son contenu et une meilleure mise en contexte. »

93 Ma uel )a klad s appuie ota e t su t a au du olle tif Pedua ue et d fi it ai si la

redocumentarisation : « Redo u e ta ise , ’est do u e ta ise à ou eau u do u e t ou u e olle tio e permettant à un bénéficiaire de réarticuler les contenus sémiotiques selon son interprétation et ses usages à la fois selo la di e sio i te e e t a tio de o eau usi au pou les age e a e d’aut es, ou a otatio s e a ge d’u li e sugg a t des pa ou s de le tu e diff e ts… ou e te e o ga isatio d’u e olle tio , d’u e a hi e, d’u atalogue p i oisa t les essou es de diff e ts diteu s selo u e ou elle logi ue d’asso iatio . Da s e o te te, la u isatio off e des oppo tu it s i dites pour la réappropriation des documents et des dossiers en vue de satisfaire les intérêts de nouveaux bénéficiaires. »

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- La documentarisation, qui apparait au tournant du XIX et XX siècle, qui se traduit par la mise en pla e d u seau o dial de bibliothèques, par le développement de certaines te h i ues lassifi atio , i de atio , et . , et s appli ue à des o jets do u e taires spécifiques (revues, brevets, contrats, etc.) ;

- La redocumentarisation, apparaissant à la fin du XX et au début du XXI siècle avec la création du web, avec des techniques spécifiques (les protocoles web, le web dit sémantique ou le web dit 2.0), et des objets documentaires associés (blogs, wikis, etc.).

Le web et les outils du numérique plus largement, inscrivent donc le document, mais aussi les a ti it s hu ai es, da s u e edo u e ta isatio o sta te, u elle soit issue des algo ith es des plates-fo es pa les uelles se p opage t les do u e ts, ou u elle p o ie e des utilisateu s mêmes de ces dites plates-formes. A la suite de Salaün (2007), nous pouvons souligner que cette « redocumentarisation du monde » uestio e fo te e t l app he sio des unités documentaires.