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Chapitre 3. Le web et ses « médias sociaux »

1. Internet et le web dit 2.0 ou social : histoire et caractéristiques principales

2.2. Les réseaux socionumériques

2.2.2. Réseaux socionumériques : historique et définition

Les « réseaux sociaux numériques » (RSN) ou « réseaux socionumériques »172 apparaissent dans la

littérature professionnelle comme un nouvel avatar du web social, pleinement intégré aux différents médias sociaux. Ainsi que le disent Stenger et Coutant (2010, A) ce sous-ensemble que forment au sei des dias so iau les ‘“N atti e l atte tio , ais le « manque de définition aboutit à

l’i possi ilit de disti gue ette e t da s tous ces discours ce qui les distingue des autres médias sociaux ». Cette attention se justifie par ailleurs par les chiffres en constante évolution des audiences

respectives de ces RSN173. A a t de p opose u e d fi itio utile à ot e e he he de e u est u

‘“N, il ous se le i t essa t d e p se te u ef histo i ue.

Comme pour les wikis et les blogs, si les RSN se dévoilent comme des configurations sociotechniques propres aux dispositifs qui constituent le web social, ils se sont néanmoins développés tôt dans la jeu e histoi e de l I te et. Classmates.com propose dès 1995 la possibilité de (re)prendre contact a e les a ie s a a ades d tudes ou oll gues de t a ail de l utilisateu . E ait

SixDegrees.com, dont le nom fait référence à la célèbre expérience de Milgram, et propose à ses

utilisateu s de e des p ofils puis de o stitue des listes d a is. E appa ait Friendster.com, qui ne vise plus seulement à retrouver des « amis » rencontrés hors-ligne, mais à permettre la connexion avec des « étrangers » pa tagea t les es e t es d i t ts su le od le de sites de e o t es a ou euses e ista t d jà à l po ue, o e Match.com), et ui su tout s appuie sur les liens entres « amis » l utilisateu peut se ett e e o ta t a e les amis de ses amis). Mais de

172Te i ologie, u à la suite de “te ge et Couta t , A et B , ous souhaito s e plo e , ta t les

aspects « social » et « numérique » paraissent indissociables

173T itte a o e plus de illio s d utilisateu s e sou e : http://blog.twitter.com/2011/09/one- hundred-million-voices.html), plus de 28 millio s d i te autes f a çais o t isit Fa e ook e ai selo l i stitut Nielse sou e : http://blog.nielsen.com/nielsenwire/global/global-and-social-facebooks-rise-around- the-world), etc.

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o euses diffi ult s te h i ues et d o ga isatio s des elatio s p op es au seau le font peu à peu péricliter (Boyd, 2006). Face au succès de Friendster, et à partir de 2003, le nombre de plates- formes dénommées comme RSN ne font que se multiplier, ainsi que le résume la Figure 11 (Boyd et Ellison, 2007).

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Alla t jus u à , cette frise ne tient bien entendu pas compte des nouveaux RSN apparus depuis Google+ pa e e ple . Pou ta li ette h o ologie, les auteu es o t d fi i e u est u ‘“N Op.

Cit.)174 : « Nous définissons les sites de réseaux sociaux comme des services web qui permettent aux

individus de (1) construire un profil public ou semi-public dans un système délimité, (2) articuler une liste d’aut es usage s a e les uels ils pa tage t u e o e io , et oi et pa ou i leur liste de connexions et celles faites par les autres au sein du système. La nature et la nomenclature de ces connexions peuvent varier d'un site à l'autre ». Comme le soulignent Stenger et Coutant (2009, A),

ette d fi itio appa ait o e t s a e su des aspe ts te h i ues o u s à d aut es dias so iau , et p opose t d ajoute à la d fi itio de Boyd et Ellison la précision suivante : les RSN « fondent leur attractivité essentiellement sur les trois premiers points et non sur une activité

particulière ». Cette précision permet alors de différencier les RSN de toute autre plate-forme offrant

aussi une forme de « computation sociale »175. Nous nous tiendrons dans notre recherche à cette

définition, certes assez large, mais offrant cependant la possibilité par la suite de différencier clairement un RSN de plates-formes proposant des fonctionnalités similaires. Pour Cardon (2011, A), la nouveauté apportée par les RSN consiste en la mise en place des listes de contacts comme principal outil de navigation, et dont la mise en visibilité rend unique pour Boyd et Ellison (2007) les RSN176 : « Ce qui rend les sites de seau so iau u i ue ’est pas u’ils pe ette t au i di idus de

e o t e des t a ge s, ais plutôt u’ils pe ette t au usage s d’a ti ule et de e d e isi le leurs réseaux sociaux ».

Les RSN ne sont donc pas abordables que par leurs aspects techniques, mais aussi par les formes de pa ti ipatio et de a igatio u ils pe ette t. Pour Ito et al. (2008) qui se sont intéressés aux usages des adolescents américains, les RSN induisent trois formes de participations : « hanging out », est-à-dire littéralement « trainer », passer du temps sur le réseau, avec ses amis/contacts notamment afin de maintenir les liens sociaux ; « messing around », soit « déconner », qui suppose alo s pou l utilisateu d alle he he de l i fo atio , de joue a ec le système pour mieux en comprendre ses possibilités et ensuite les détourner ; « geeking out » (jouant sur le terme « geek »177) et que les auteurs voient comme un mode d'apprentissage qui est dirigé par des pairs et

axé sur l'acquisition des connaissances et d u e e pe tise dans des domaines spécifiques d'intérêt. Ces pratiques ne sont pas les seules identifiées sur les RSN et de nombreux travaux en sociologie

174 Traduction par nous. Citation originale : « We define social network sites as web-based services that allow

individuals to (1) construct a public or semi-public profile within a bounded system, (2) articulate a list of other users with whom they share a connection, and (3) view and traverse their list of connections and those made by others within the system. The nature and nomenclature of these connections may vary from site to site. ».

175Ca aujou d hui, force est de constater que de nombreuses plates-formes intègrent des fonctions de RSN ou

se o stitue t o e telles. Pa e e ple, et o e ous l a o s soulig , Youtu e pe et de e des p ofils, d a ti ule des listes de o ta ts, ou e o e de isualiser les connexions existantes entre différents membres. Wikipédia, certaines plates-formes de blogs, Flickr, etc., proposent aussi ce type de fonctionnalités à différent niveaux.

176 Traduction par nous. Citation originale : « What makes social network sites unique is not that they allow

individuals to meet strangers, but rather that they enable users to articulate and make visible their social networks ».

177 « Geek (/gik/), parfois francisé en « guik » est un terme d'argot américain, qui désigne de façon péjorative, à

l'origine, une personne bizarre perçue comme trop intellectuelle. Le mot a été peu à peu utilisé au niveau international sur Internet de manière revendicative par les personnes s'identifiant comme tel. Le terme a alors acquis une connotation méliorative et communautaire. » in http://fr.wikipedia.org/wiki/Geek (à prendre avec autio s, puis ue o e le sig ale l e lop die « l’a ti le e ite pas suffisa e t ses sou es », même si l id e g ale est clairement exprimée).

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ota e t s i t esse t au diff e ts usages des ‘“N : pour proposer une méthodologie de recherche appropriée (Beer, 2008), sur la notion « d a is » et l i flue es de eu - i su l i di idu au sein des RSN (Ellison et al., 2007 ; Walther et al., 2008 ; Clarke, 2009), sur la recherche de popularité dans les RSN (Zywica et Danowski, 2009) ou encore su l app e tissage o po te e tal e du possi le pa l utilisatio des ‘“N Boyd, 2008). Pour notre part, nous reviendrons globalement dans la partie suivante de ce chapitre (section 3) sur les nouvelles formes de sociabilités engendrées par le web social dont les RSN sont partie intégrante.

Au-delà d u e t pologie des usages, Thel all p opose u e lassifi atio des ‘“N e fo tio des trois objectifs (finalités) que ceux- i peu e t e ou i pou l utilisateu : la socialisation (qui fait écho au « hanging out ») ; le « réseautage social », est-à-dire trouver de nouveaux contacts, ce qui fait alors référence à la distinction opérée par Boyd et Ellison (2007) opposant les « social network sites » (socialisation) et les « social networking sites » (réseautage social) ; la « navigation « sociale », soit des RSN dont la finalité principale vise à trouver de l i fo atio . Co e ous l a o s fait remarquer pour les médias sociaux, une telle typologie souffrira toujours de certaines limites : même si un RSN est conçu pour permettre tels ou tels types d utilisatio s, celles-ci peuvent être détournées. Néanmoins, une telle typologie donne à clarifier les usages attendus d u ‘“N et permet de les distinguer.

Nous p oposo s ai te a t d illust e ette t pologie pa la p se tatio de ‘“N s i s i a t da s ces trois catégories.