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Conclusion du chapitre

Chapitre 2. Ancrages théoriques de la recherche

« La alit , ’est e ui o ti ue d’e iste lo s u’o esse d’ oi e » Philip K. Dick

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Introduction du chapitre 2

Dans ce chapitre nous souhaitons exposer les principaux cadres théoriques qui par la suite seront appelés dans nos différentes réflexions. Comme nous le précisions dans le chapitre précédent, ces diff e ts l e ts th o i ues o t t hoisis e fo tio de l o je tif de la e he he et des problématiques afférentes, mais aussi au fil de la e he he lo s d o se atio s essita t l appui de es dites th o ies da s le ad e d u e app o he i du ti e od e . Ces divers éléments théoriques répondent à notre volonté de nous insérer dans le champ des SIC, autant que nous fournir matière à analyser par la suite la (e)réputation comme objet info-communicationnel. De plus, et comme tout cadrage, ce chapitre nous permet de délimiter notre approche et donne la possibilité aux lecteurs de mieux appréhender notre méthode.

Nous présente o s tout d a o d le o ept d i fo atio , et e tai es th o ies ous se la t pe ti e tes pou l a o de , ai si ue d aut es da s le uel e o ept d i fo atio s i s e. A a t inscrit notre travail de recherche dans le champ des SIC, nous traiterons par la suite dans ce chapitre le concept de document, puis celui de communication et notamment les théories interactionnistes

ui l a o pag e t.

Pa la suite, ous ous i t esse o s à l i tellige e o o i ue o e th o ie et p a is de l i fo atio -communication, et sur laquelle nous nous appuierons dans nos approches thodologi ues et a ag iales. E fi , si le o ept d i fo atio sous-tend les notions de o aissa es et de se s, il ous se le essai e d a o de les pist ologies phénoménologiques (comment aborder le sens donné à une information par un sujet ?) et constructivistes (afin de discuter par ce prisme les questions de construction et de validité des connaissances).

Lorsque nos explications nécessiteront des illustrations, nous en présenterons certaines issues du web ou liées au numérique dans la mesure du possible. Si certains concepts ou certaines théories ont été abordées par le prisme du numérique, alors nous mettrons en avant les auteurs nous ayant paru pertinents sur ce sujet.

76 1. Appo ts des th o ies de l i fo atio

« Information » est u te e de e u si ou a t da s os so i t s u il pa ait aujou d hui diffi ile de le définir simplement. L h t og it des sig ifi atio s u il e ou e et le he heu souhaita t l a o de de ant une approche assez radicale : il doit faire un choix. Un choix car il semble difficile d a epte la di e sit des d fi itio s ou app o hes ad ises à pa ti du o e t où l o a d fi i le contexte dans lequel ce terme sera employé. U hoi pa e u il semble complexe (voire impossible da s u t a ail de e he he faisa t appel à plusieu s o epts d a ti ule les ultiples ha ps dis ipli ai es ou ou a ts th o i ues a a t a o d l i fo ation. Dans cette partie, nous mettons donc en avant prioritairement les choix notionnels ou théoriques qui nous sont utiles dans notre o te te pou la suite de os e he hes. Au is ue de e do e u u e isio pa tielle de l i fo atio , ais a e epe da t u sou i d ologie og iti e ua t à la a ipulatio ult rieure de ce concept vaste.

1.1. Co e t d fi i l i fo atio ?

L information est une notion protéiforme abordée dans de nombreux champs disciplinaires : si pour les S ie es de l i fo atio il s agit d u o jet d tude à pa t e ti e, les ath ati ues l abordent o e u o jet ua tifia le, l o o ie s i t esse ota e t à la situatio des a teu s e situatio d i fo atio i pa faite F itz et al., 1993), la gestion comme une valeur monétisable, la so iologie o e le p oduit d i te a tio s e t e i di idus, l i tellige e o o i ue si tant est que ce concept soit considéré comme un champ de recherche à part entière) comme une ressource essentielle et ue l o peut a age … Co e le soulig e Mo i , l i fo atio est u e otio «nucléaire », voire a igüe, d u e g a de i hesse, faisa t d elle u « concept point de départ ». C est ai si o e poi t de d pa t de os fle io s ue ous souhaito s ai te a t d fi i l i fo atio .

Leleu-Merviel et Useille (2008) mettent en avant le possible inventaire « à la Prévert » que recouvre le o ept d i fo atio : « une mesure physique, un pattern de communication entre un émetteur et

un destinataire, une forme de contrôle ou de feedback, la p o a ilit de t a s issio d’u essage à travers un canal de commu i atio , le o te u d’u tat og itif, la sig ifi atio d’u e fo e li guisti ue, la du tio de l’i e titude, auta t d’a eptio s ui so t l giti es da s leu th o ie d’o igi e ».

La notion de « mesure physique » est selon nous inhérente à la Théorie Mathématique de l I fo atio TMI d elopp e pa le ath ati ie “ha o où l i fo atio peut t e abordée comme un concept physique84 : l i fo atio est po teuse de symboles et de signaux

e od s pa l etteu de l i fo atio et ue le epteur doit décoder dans un contexte de « bruit » ouillage des sig au pa d aut es sig au p op es à l e i o e e t . Pou Leleu-Merviel

84“elo “ha o , l i fo atio peut t e tudi e : en tant que telle (quantité, p i ipe d e t opie , pa appo t

au a au ui la t a s ette, et les elatio s e t e l i fo atio et les a au e ue ota e t d u e possible optimisation).

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et Useille (2008) « la Th o ie Math ati ue de l’I fo atio e ella su tout da s u e app o he

ua titati e de l’i formation afin de répondre à deux problèmes fondamentaux : la détermination du niveau maximal de compression des données et du taux maximal de leur transmission ». Cette

app o he, e pa tie à l origine de ce que nous qualifions plus loin de « “ ie es de l information » permet donc de sélectionner un symbole dans un ensemble possible daut es s oles, d ide tifie en quelques sortes les questions binaires (oui ou non) nécessaires pour identifier ce que la source souhaite communiquer. Ainsi que le fait rema ue Flo idi , l i fo atio est i i a o d e de a i e te h i ue, et o e s i t esse u à so aspe t ua titatif : des questions totalement différentes peuvent apporter la même réponse (oui ou non) sans pour autant recouvrir le même sens, la même analyse finale.

Cependant, nous nous appuierons de manière partielle sur cette approche physique de l i fo atio : si l i fo atio po d à u odage pa ti ulie des do es85 qui la structure, alors il

se a i t essa t d o se e de uelle s a i e s sur notre terrain web, les individus et les dispositifs te h i ues s appuie t su ette fo e de odage pou t a s ett e de l i fo atio . E effet, et à ti e d illust atio , il est i t essa t de ote ue e tai es plates-fo es du e s appuie t sur ce s st e i ai e p op e au app o he ath ati ues de l i fo atio : sur Facebook.com, soit un internaute « Aime » quelque chose, soit il ne le montre pas ; sur la plate-forme de diffusion de vidéos Youtube.com, soit un internaute aime la vidéo soit il ne l ai e pas deu outo s à sa disposition).86

Au-delà de l app o he ph si ue li e à la TMI de nombreux auteurs font consensus sur le concept d i fo atio tel ue le su e Le Coadi , p. 6) : « L’i fo atio est u e o aissa e i s ite

(enregistrée) sous forme écrite (imprimée ou numérisée), orale ou audio-visuelle sur un support spatio-temporel ». Co e le soulig e l auteu , l i fo atio o po te u l e t de se s, elle

permet de signifier un objet présent dans la réalité. Elle s appuie pou ela sur un ensemble de signes (propres notamment au langage), tels que Eco (1988) ou encore Morris ont pu les définir : « Le signe

fait agi l’i te p teu . Il lui do e u e i te p tatio sui a t la sig ifi atio u’il lui au a att i u e dans un certain contexte.» Mo is, . “ i t esse à l i fo atio est do , au-delà de sa

atu e ph si ue e, p e d e e o pte d u e pa t so o te te d issio , ais aussi les sig ifi atio s ue po te t l e se le des s oles et sig es u elle hi ule le paradigme compréhensif offrant notamment des clés pour son interprétation, ainsi que la pragmatique de Pie e , et d aut e pa t considérer l etteu et le récepteur de cette information afin notamment de prendre en compte les connaissances auxquelles ils font référence pour interpréter le message, mettre en relation les signes. Car comme le souligne Quéré (2000, p. 342) : « On perçoit ainsi à quel

point la valeur informative d'un message dépend des connaissances (toujours changeantes), des attitudes propositionnelles et des attentes du récepteur », valeur qui ne peut donc se résumer à la

si ple ua tifi atio des sig au i fo atio els, ou à l opti isatio des a au de t a s issio .

85 Donnée définie par Floridi (2005) ainsi « U e do e est u fait suppos ui p o de d’u e diff e e ou d’u

a ue d’u ifo it da s u o te te ». L i -formation venant alors « former » cette donnée.

86L app o he de es plates-formes peut bien entendu être plus complexe (prenant en compte la présence de

l utilisateu , so te ps de le tu e, et . . Cepe da t, et o e ous l i te oge o s e o se a t les p ati ues de gestio de la putatio e lig e de e tai s p estatai es, ette app o he ua titati e de l i fo atio oit u egai d i t t à so ga d su le e , où ha ue a tio de l i ternaute sur une plate-forme est ua tifia le et ua tifi e, de e ue l i fo atio u il o so e ou u il t a s et. Cette fo e de « fétichisme de la Data » De ouël et G a jo , ue l o peut olle te et d ode pou ieu alue l i fo atio ous appa ait o e issue d u e a eptatio o -critique des TMI.

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Mayère (1990, p. 285) résume bien selon nous cette nécessité de la prise en compte du traitement : « L'information n'existe pas « en soi » : c'est un processus engageant activement son « récepteur »

qui en est ainsi le coproducteur. L'information acquiert une signification, devient « informationnelle » dans ce processus qui lie étroitement un traitement et son résultat. Et ce traitement engage bien plus que ce que suggère l'analogie informatique. Au-delà de la maîtrise des langages, savoirs de référence et moyens de traitement, il nécessite que soient précisés le champ effectif d'application de l'information, sa validité, et plus globalement que soit évaluée l'incertitude attachée à toute information. En cela, le traitement de l'information est aussi celui d'une « information sur l'information » qui lui est associée et qui concerne la décidabilité de l'information. ». Information sur

l i fo atio do t ous e o s da s la pa tie d di e au do u e t de e hapit e u elle p e d de l i po ta e da s u o te te u i ue, et i e titude que l i tellige e o o i ue ou la veille stratégique se font fort de réduire, considérant que toute connaissance ou information sur un sujet est toujours incomplète car être informé est tout autant un état u un événement (dans le sens de « mettre au courant de quelque chose », ou « renseigner ») comme nous le rappelle Quéré (2000). Pou o lu e ette apide d fi itio de e u est l i fo atio , il ous se le i t essa t de proposer et discuter l app o he p se t e pa Qu (2000, pp. 338-340) définissant les

a a t isti ues du o ept d i fo atio selo u e isio u il ualifie de atu aliste87 :

- « L'information requiert un support qui indique quelque chose de différent de lui-même : ce

sont essentiellement des faits, des états de chose, des situations ou des événements qui véhiculent de l'information. », nécessitant ainsi de différencier le fait, ou le contexte duquel

est issue l i fo atio , lo s de son analyse ;

- « L'information véhiculée par un fait ou une situation est relative à une contrainte (une loi,

une dépendance économique, une conventio ... … e 'est do pas e aiso de ses propriétés intrinsèques qu'un fait peut contenir une information ». L auteu soulig e, selo

ous, u u e i fo atio e po d pas fo e t à u e fo e d i te tio alit au se s d Husse l de la pa t de so etteu , ais u elle peut d oule d u e o t ai te je e peu i fo e les aut es i te autes de e tai e de es o sid atio s à l ga d d u individu si celles-ci entrent sous le coup de la loi, ou inversement, par exemple) ;

- « L'information est de nature relationnelle : un fait ne véhicule pas une information sur lui-

même mais sur un autre fait », i s a t ai si l i fo atio da s le pa adig e de la

complexité, où tout fait est en relation avec un autre ;

- « Le contenu informationnel d'un fait ou d'une situation est une proposition vraie », ce qui nous amène à considérer, à la suite de Wolton notamment (2009, p. 3 , ue l aspe t o atif de l i fo atio epose su so a a t e de a it . Co e ous le e o s, notamment en traitant le concept de réputation, cet aspect normatif permet de distinguer l i fo atio de la u eu ;

- « L'information véhiculée par un support est différente de l'information transmise : alors que

la première vit sa vie dans le monde, indépendamment de tout observateur, la seconde implique un récepteur et est relative à lui, en particulier aux informations dont il dispose déjà. L'information transmise dépend de la « réserve de connaissances » du récepteur, tandis que

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l'information véhiculée ne dépend que du fait d'être accordé aux contraintes d'un environnement ou d'être à l'unisson avec elles. ». Pour la restitution des observations

effectuées sur le web, cette assertion nous permettra de distinguer les informations véhiculées (participant au fonctionnement des systèmes des plates-formes par exemple) de elle t a s ise olo tai e e t d u i te aute à l aut e . De plus ette diff e iatio ous off i a l o asio de uestio e plus a a t la otio de « réserve de connaissances » à laquelle il faut faire appel ;

- « L'information peut concerner des situations ou des événements éloignés dans l'espace et

dans le temps », soulig a t la p ise e o pte i h e te de l aspe t te po el et territorial

de l i fo atio ;

- « L'information peut aussi être au sujet d'objets particuliers qui ne sont pas spécifiés par

l'indicateur », et ui essite e te es d a al se de o sid e les f e ts p op es à

ha ue i di idu ai si ue le o te te d issio ;

- « Une seule et même information peut être véhiculée par des faits différents », d où l i po ta e d ide tifie la elatio e t e es faits, ai si u u e d fi itio fi e du o te te d issio et de diffusio de es faits ;

- « C'est une chose de véhiculer une information, c'en est une autre d'en transmettre une. Mais

c'en est encore une aut e ď a oi u e i fo atio », Quéré soulignant ici la nécessaire

distinction entre posséder une information (sans pour autant la transmettre), être porteur d u e i fo atio la hi ule et la do e à d aut es t a s issio . Disti tio importante selon pour décrire les pratiques informationnelles de certains acteurs : ce que l o pe se sa oi d eu ils d tie e t u e i fo atio , e ue sig ifie e tai es de leu s attitudes (ils véhiculent une information) et ce l o o se e transmission).

L i fo ation est donc un objet complexe à définir et manipuler. Nous retiendrons ici que ce