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2. Apports des théories du document

2.3. L unicité documentaire en question

L u it do u e tai e o espo d au « o te u du do u e t, à l’i fo atio , et fait l’o jet d’u

traitement distinct [de son contenant]. E effet, l’U it Do u e tai e peut e pas oï ide a e son e tit dito iale : pa e e ple, l’a ti le d’u p iodi ue, la o t i utio da s u la ge, le hapit e d’u e o og aphie, le o eau d’u dis ue, l’i age p ise d’u do u e t audio isuel... peu e t o stitue auta t d’U it s Do u e tai es, faisa t l’o jet d’u t aite e t sp ifi ue. »94. L u it

do u e tai e est do u f ag e t d i fo atio ou de o te u appa te a t à u tout le do u e t . Les thodes de atalogages et d i de atio s do u e tai es e de t possi les les distinctions entre le document comme contenant, et les unités documentaires pouvant être « détachées » de e o te a t. “eule e t à l heu e du e , où la edo u e ta isatio est se le-t- il constante, la fragmentation des documents questionne selon nous « l u i it do u e tai e » 95.

U i it ue ous pou io s d fi i o e la apa it à lie u e se le d u it s do u e tai es à leu do u e t d o igi e, et e e ue de o st ui e des olle tio s, de ieu i te p te globaleme t le se s d u fait consigné dans un document, ou encore si nous parlons de veille st at gi ue de pou oi a al se da s so o te te u sig al i fo atio el ele a t d u f ag e t documentaire.

Pour Chaudiron et al. , les te h ologies u i ues asso i es à l I te et ie e t uestio e l u i it du do u e t u ils o e t « l U it -Document » telle u elle tait entendue avant le développement de ces technologies. Les auteurs notent plusieurs phénomènes de déconstruction et de fragmentation de cette unicité : la uestio de l appa te a e du

94 In « I t odu tio à l i de atio », ou s de Ale a d e “e es à l U i e sit ‘e es , e lig e :

http://www.sites.univ-rennes2.fr/urfist/Supports/Indexation/IndexationLexique.htm.

95 Nous choisissons le terme « unicité » afin de rendre plus compréhensibles nos propos. En effet, nous

pourrions parler « d u it du do u e t » pour faire référence à sa non-fragmentation en unités documentaires, mais cela nécessiterait de préciser à chaque fois le sens que nous donnons à « unité ». L u i it documentaire comme unification des unités documentaires en somme.

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document à une collection96, le morcèlement des documents en « granules documentaires » dont

la st u tu atio est pas appa e te, et e fi la de o te tualisatio de es « granules documentaires ».

Comme le soulignent dans la même lignée Ertzscheid et Gallezot (2006) « Ainsi les listes de signets

utilis s pa ha u d’e t e ous da s le ad e de os a igateu s, et à l’appui de os a igatio s, se a a t ise t d’a o d pa des fo tio alit s do u e tai es de atu e te h i ue. E f a hissa t la barrière du réseau elles s’aff a hisse t de e statut de si ple fo tio alit pou de e i auta t d’u it s do u e tai es « sta les », ’est à di e pou a t t e e he h es et a d es e ta t ue telles dans le cadre des services les hébergeant ou par des moteurs de recherche classiques. ». Ces

« granules documentaires » et ces fonctionnalités documentaires sont donc devenus avec le web des unités stables, décontextualisées, redocumentarisées, et do t l a s est ultiple.

Pou les p ati ie s de l i fo atio -documentation, mais aussi pour nous en tant que chercheurs o se a t les usages et p ati ues i fo atio els su le e , ette pe te d u i it , ette ultipli atio d u it s do u e tai es a essi les sa s passe pa le do u e t d o igi e oi e la olle tio ui l a ite, uestionne : que doit-o i de e l u it , le do u e t, la olle tio ? Co e t ide tifie le do u e t d o igi e ? Peut-o o sid e u u e u it do u e tai e p e a t du sens dans son contexte devient alors un document à part entière ? Quels rôles jouent les tado es da s l app he sio de e f ag e t ?... Un ensemble de questions issues des réflexions et apports théoriques présentés supra, mais aussi de nos observations de terrain, et que

ous p oposo s d illust e de la a i e sui a te.

Prenons ce message envoyé sur la plate-forme Twitter (Figure 6)97 :

Figure 6 : Illust atio d’u e « fragmentation documentaire » sur Twitter

“i ous le o sid o s o e u e u it do u e tai e et ue ous souhaito s l i de e , ou le atta he à so do u e t d o igi e, plusieu s it es d a al ses so t à p e d e e o pte :

- Ce essage est u e ep ise d u aut e essage e o pa le o pte @lisalaposte (signalé par le sigle « RT ») ;

- Celui-ci contient deux métadonnées (#ECommerce et #LaPoste) visant à mettre en avant les mots- l s les plus sig ifi atifs pou l auteu du essage ais aussi de a i e i te a ti e à e o e le le teu e s l e se le des essages i ula t su T itte o te a t l u ou l aut e de es mots-clés ;

96 Les auteu s do e t l e e ple des a ti les s ie tifi ues publiés sur des archives ouvertes, questionnant ainsi

leu f ag e tatio au u des a tes ou jou au d où ils so t issus.

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- Considérant que le lien hypertexte peut être abordé comme un document (Le Coadic, 1994), il o ie t d u e pa t d ide tifie e s uel es sou e elui-ci renvoie, mais aussi de le considérer comme un document en lui-même.

Cette u it do u e tai e o tie t do d aut es u it s do u e tai es le o du o pte à l o igi e du essage, les tado es puis u elles so t i te a ti es et le lie h pe te te . Nous pou o s alors nous questionner sur plusieurs plans : doit-on rattacher ce message à son compte et à l e se le des essages ue e o pte o tient (le compte Twitter est alors le document de référence) ? Doit-o atta he le essage au o pte d o igi e @lisalaposte o sid a t u il s agit d u e u it de e o pte ? Doit-on associer cette unité documentaire aux autres messages auxquels renvoient les métadonnées ? Ou alors au document vers lequel le lien hypertexte dirige ?

Allant plus loin, nous pouvons noter aussi que la page web vers laquelle le message renvoie le lecteur98 o tie t le su d u e tude. ‘ su su le uel appa ait e fi de te te un lien vers

l tude o pl te. La page e uestio est-elle do alo s u u e u it de l tude o pl te ? Et comment positionner le message (Figure 6 pa appo t à l tude fi ale ? Plus largement, cette unité do u e tai e u est le essage su T itte et/ou le su de l tude, e so t-ils pas une forme de

edo u e ta isatio du do u e t o igi al l tude , et si oui o e t l app he de ?

Un ensemble de questionnements que vient illustrer ce message, et qui selon nous contribue à la redocumentarisation constante de nos activités informationnelles et documentaires quotidiennes. Ce uestio e e t s appuie a sur certaines réflexions et dirigera des observations que nous présenterons par la suite dans cette thèse. Car, au-delà du message en lui-même, et de la question de « l i flue e » du support sur la compréhension du contexte, nous pourrions aussi interroger l appo t du statut de l auteu du o pte so auto it pa e e ple da s la e he he d u i it do u e tai e et d a al se de la edo u e ta isatio . Co sid a t alo s à la suite d E tzs heid , A) que « l ho e est u do u e t o e les aut es »…

Pou o lu e ette pa tie, et ap s a oi a o d le do u e t à l heu e du u i ue sous ses t ois di e sio s p i ipales u, lu, su , ai si ue l apport des métadonnées qui le contextualise sur le web et qui ainsi le re-documentent en questionnant son unicité, nous souhaitons brièvement mettre en avant le fait que la « redocumentarisation du monde » concerne aussi les individus, ou tout du moins les attributs identitaires numériques constitutifs de leurs profils en ligne99.

Pour Ertzscheid (2009, A) : « L’Ho e est de e u u do u e t o e les aut es, disposa t d’u e

ide tit do t il ’est plus « p op i tai e », do t il e o t ôle ue peu la isi ilité (ouverture des profils à l’i de atio pa les oteu s de e he he , et do t il sous-estime la finalité marchande. ». En effet,

les activités documentaires propres à certaines plates-formes numériques (comme les moteurs de e he he e s a te t pas à l i de atio ou à la atio de olle tio s à pa ti des do u e ts produits et diffusés en ligne. Visant une personnalisation accrue des résultats et de la navigation offerte aux utilisateurs, de nombreuses plates-formes web abordent tel un document les attributs identitai es et aut es do es d usages issus des activités et de la présence en ligne des internautes.

98 Source : http://www.laposte.fr/lehub/Decouvrez-la-3e-edition-du

99 Et ue l o appelle a tuellement « identité numérique ». Notion sur laquelle nous reviendrons dans le

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Cette indexation de soi est d ailleu s pas du seul fait des plates-formes mais provient aussi des internautes eux-mêmes qui produisent de manière active des métadonnées visant à décrire leurs activités ou celles des autres, ainsi que le montre Le Deuff (2011) : « La métadonnée devient la chose

à li e, ’est-à-dire étymologiquement la legenda. Une chose à lire source de renseignements sur les usagers ». L usage d I te et o e u do u e t u i ue, do t le « vu » peut être les comptes

et p ofils u il d tie t, le « lu » se rapportant aux métadonnées qui lui sont rattachées et qui sont i te p ta les pa d aut es, et le « su » l e se le des traces faisant écho à ses relations sociales o e le o e d a o s à un compte Twitter par exemple) ? L i te aute o e do u e t do , ais aussi l i te aute o e diateu pa ti ipa t a ti e e t à la diffusio d i fo atio s et aux processus commu i atio els p op es au e …