3 Quotient et torseurs : version géométrique
3.4 Un exemple : les représentations homogènes
Ψ∗ TMT,D¢⊗d ψ⊗d T,D //¡MD⊗ β∗OS ¡ χD(T)¢¢⊗d Ψ∗ T¡MT,Dd¢ ψT,Dd //MDd⊗ β∗OS ¡ χDd(T)¢ est commutatif.
Démonstration. Il suffit d’appliquer la Proposition 3.12 à l’action de G sur Xss(L)/H et MD.
3.4 Un exemple : les représentations homogènes
3.4.1. Représentations homogènes. — Soit S un schéma. Soient n ≥ 1 un nombre entier, e = (e1, . . . , en)
un n-uplet de nombres entiers strictement positifs et E = (E1, . . . , En) un n-uplet de faisceaux deOS -modules localement libres, Eide rang ei. On considère les S-schémas en groupes :
GL(E) = GL(E1) ×S· · · ×SGL(En), SL(E) = SL(E1) ×S· · · ×SSL(En).
Définition 3.14. Soit F un faisceau non nul deOS-modules localement libres de rang fini. Une
repré-sentation, i.e. un morphisme de S-schémas en groupes,ρ : GL(E) → GL(F) est homogène de poids m = (m1, . . . , mn) ∈ Znsi, pour tout S-schéma T et pour tous T-points t1, . . . , tnde Gm, on a :
ρ(t1· idE1, . . . , tn· idEn) = tm1
1 · · · tmn
n · idF.
Exemple 3.15. Soient F un faisceau non nul deOS-modules localement libre de rang fini etρ : GL(E) →
GL(F) une représentation homogène de poids m = (m1, . . . , mn). Les représentations homogènes sont
stables sous constructions tensorielles :
Construction Représentation Poids d’homogénéité
dual ρ∨: GL(E) −→ GL(F∨) −m = (−m1, . . . , −mn)
puissance tensorielle r -ième ρ⊗r: GL(E) −→ GL(F⊗r) r m = (r m1, . . . , r mn) puissance symétrique r -ième Symrρ : GL(E) −→ GL¡SymrF¢
r m = (r m1, . . . , r mn) puissance extérieure r -ième Vrρ : GL(E) −→ GL¡VrF¢
r m = (r m1, . . . , r mn)
Exemple 3.16. Soient F, F0des faisceaux non nuls deOS-modules localement libres de rang fini et
ρ : GL(E) −→ GL(F), ρ0: GL(E) −→ GL(F0)
des représentations homogènes respectivement de poids m = (m1, . . . , mn), m0= (m01, . . . , m0n). La re-présentation
ρ ⊗ ρ0: G −→ GL(F ⊗ F0), ³
ρ ⊕ ρ0: G −→ GL(F ⊕ F0) ´
qui se déduit par produit tensoriel (resp. par somme directe) est homogène de poids m + m0(resp. est homogène si et seulement si m = m0et si cette condition est satisfaiteρ ⊕ ρ0est un représentation homogène de poids m = m0).
Proposition 3.17. Soient n ≥ 1 un nombre entier et E = (E1, . . . , En) un n-uplet de faisceaux deOS -modules localement libres, Eide rang fini ei. Soient F un faisceau non nul deOS-modules localement libres de rang fini et
ρ : GL(E) = GL(E1) ×S· · · ×SGL(En) −→ GL(F)
une représentation homogène de poids m = (m1, . . . , mn) ∈ Zn. Si le faisceau des invariants FSL(E)de F par le S-schéma en groupes SL(E) = SL(E1) ×S· · · ×SSL(En) est non nul, alors :
i. pour tout i = 1,...,n, le rang de Eidivise mi;
ii. pour tout S-schéma T, pour toute section SL(E)-invariante s de F sur T et pour tout T-point g = (g1, . . . , gn) de GL(E), on a
ρ(g) · s = ¡det(g1)m1/e1· · · det(gn)mn/en¢ s.
Par induction sur n on se ramène à le prouver quand n = 1. Soient E un faisceau de OS-modules localement libre de rang fini e, F un faisceau non nul deOS-modules localement libre de rang fini etρ : GL(E) → GL(F) une représentation homogène de poids m. Comme le sous-S-schéma en groupes SL(E) est normal, l’action linéaire de GL(E) sur F induit une action linéaire de GL(E) sur le faisceau des invariants FSL(E)de F par SL(E) et la représentation correspondante
GL(E) −→ GL³FSL(E)´
est homogène de poids m et sa restriction à SL(E) est par définition triviale. On se ramène donc à prouver l’énoncé suivant :
Lemme 3.18. Soient E un faisceau deOS-modules localement libre de rang fini e, F un faisceau non
nul deOS-modules localement libre de rang fini etρ : GL(E) → GL(F) une représentation homogène de poids m.
On suppose que la restriction deρ au S-schéma en groupes soit triviale, c’est-à-dire, le S-schéma en groupes SL(E) soit contenu dans le noyau deρ. Si on note
e
ρ : Gm= GL(E)/ SL(E) −→ GL(F) la représentation déduite par passage au quotient, on a :
i. le nombre entier d = rkE divise le nombre entier m ;
ii. la représentationeρ est homogène de poids m/d, i.e., pour tout S-schéma T et pour tout T-point t du S-schémas en groupes Gm, on a :
e
ρ(t) = tm/d
· idF.
En particulier, pour tout S-schéma T et pour tout T-point g du S-schémas en groupes GL(E), on a : ρ(g) = det(g)m/d
· idF.
Démonstration. Pour tout S-schéma T et pour tout T-point t du S-schéma en groupes Gm, par défi-nition de représentation homogène, on a :
ρ(t · idE) = tm· idF. (3.4.1)
Puisqu’on a supposéρ =eρ ◦ det, d’autre côté on a :
On considère le morphisme de S-schémas en groupesλ : Gm→ GL(E), t 7→ t · idE. Les équations 3.4.1 et 3.4.2 se reformulent en disant que le diagramme
t _ Gm λ // GL(E) ρ te Gm e ρ //GL(F) (3.4.3)
est commutatif (e est le rang de E).
Quitte à recouvrir le schéma S par des ouverts affines, on peut supposer que le schéma S soit un schéma affine Spec A et que les faisceaux deOS-modules E, F soient libres.
Soit v1, . . . , vf une base du faisceau deOS-modules libre F ( f le rang de F). Soit v∨1, . . . , v∨f la base du faisceau deOS-modules libre F∨duale à la base v1, . . . , vf, c’est-à-dire la base définie par vi∨(vj) = δi j
(delta de Kronecker). À travers l’isomorphisme canonique Hom(F, F) = F∨⊗ F les éléments xi j= v∨j ⊗
vi pour tout i , j = 1,..., f définissent une base du faisceau de OS-modules libre Hom(F, F) : le fais-ceau quasi-cohérent enOS-algèbres SymOSHom(F, F) est alors isomorphe au faisceau quasi-cohérent enOS-algèbres associé à la A-algèbre A[xi j: i , j = 1,..., f ].
Les morphismesρ ◦ λ eteρ correspondent respectivement à des homomorphismes de A-algèbres (ρ ◦ λ)],eρ]: A[xi j: i , j = 1,... f ]
· 1
det(xi j) ¸
−→ A[t , t−1].
Avec ces notations, affirmer que la représentationρ est homogène de poids m est équivalent à dire que pour tout i , j = 1,..., f on a :
(ρ ◦ λ)](xi j) = δi jtm. (3.4.4)
D’autre part pour tout i , j = 1,..., f l’image de l’élément xi j par l’homomorphismeeρ]s’écrit sous la forme
e
ρ](xi j) =X
r ∈Z
αi j rtr, (3.4.5) avec lesαi j r ∈ A. D’après la commutativité du diagramme 3.4.3 et en vertu de 3.4.4 et 3.4.5, pour tout i , j = 1,..., f on a :
δi jtm= (ρ ◦ λ)](xi j) =X
r ∈Z
αi j rter.
Il existe donc un nombre entier n0tel que m = er0, i.e., le rang e de E divise le nombre entier m. De plus, le coéfficientαi j r0est égal à 1 et, pour tout r 6= r0, le coéfficientαi j r est nul ; en particulier, pour tout i , j = 1,..., f , on a :
e
ρ](xi j) = tm/eδi j.
En d’autres termes, la représentationeρ est homogène de poids m/e, ce qui termine la preuve. 3.4.2. Application de la construction générale. — Soient S un schéma noethérien, n ≥ 1 un nombre entier et e = (e1, . . . , en) un n-uplet de nombres entiers strictement positifs. On considère les S-schémas en groupes réductifs
G := GL(e1)S×S· · · ×SGL(en)S H := SL(e1)S×S· · · ×SSL(en)S.
Soient F un faisceau non nul deOS-modules localement libre de rang fini etρ : G → GL(F) un mor-phisme de S-schémas en groupes. Le S-schéma en groupes G agit sur le S-schéma projectif et plat X =
P(F) et de manière équivariante sur le faisceau inversible L = OF(1). On considère l’ouvert des points semi-stables Xss(L) de X sous l’action du S-groupe réductif H et
π : Xss (L) −→ Xss(L)/H := ProjS Ã M d ≥0 ³ SymdOSF´H ! le morphisme quotient.
À tout n-uplet E = (E1, . . . , En) de faisceaux deOS-modules localement libres de rang fini, avec rk Ei=
eion associe le G-torseurs
TE:= IsoS(E1,Oe1
S ) ×S· · · ×SIsoS(E1,Oen
S ).
Par abus de language on parlera de formes tordues par E au lieu de formes tordues par TE et on le désignera avec un E en indice. Avec cette convention, on a
GE= GL(E1) ×S· · · ×SGL(En)S, HE= SL(E1) ×S· · · ×SSL(En)S,
XE= P(FE), LE= OFE(1),
où FE est la forme de F tordue par E. Le S-schéma en groupes GE agit sur le S-schéma projectif et plat XE= P(FE) et de manière équivariante sur le faisceau inversible LE= OFE(1). On considère l’ouvert des points semi-stables XssE(LE) de XEsous l’action du S-groupe réductif HEet
πE: XssE(LE) −→ Xss(LE)/HE:= ProjS Ã M d ≥0 ³ SymdOSFE´HE ! le morphisme quotient.
Théorème 3.19. On suppose que la représentationρ : G → GL(F) soit homogène de poids m = (m1, . . . , mn) ∈
Zn. Alors, l’action du S-schéma en groupes G sur le S-schéma Xss(L)/H est triviale et pour tout n-uplet de faisceaux deOS-modules localement libres de rang fini E = (E1, . . . , En), Ei de rang ei, il existe un isomorphisme de S-schémas
ΨE: Xss(L)/H −→ XssE(LE)/HE.
De plus, si le schéma S est de type fini sur un schéma universellement japonais, pour tout nombre entier assez divisible D ≥ 1, il existe un isomorphisme de faisceaux inversibles sur Xss(L)/H,
ψE,D:Ψ∗ EME,D−→ MD⊗ β∗ n O i =1 (det Ei)⊗miD/ei
tel que, pour tout nombre entier d ≥ 1, le diagramme ¡ Ψ∗ EME,D¢⊗d ψ⊗d E,D // Ã MD⊗ β∗ n O i =1 (det Ei)⊗miD/ei !⊗d Ψ∗ E¡ME,Dd¢ ψE,Dd //M⊗d D ⊗ β∗ n O i =1 (det Ei)⊗miDd /ei est commutatif.
Démonstration. Pour tout nombre entier d ≥ 1, la représentation qui induit l’action linéaire du
S-schéma en groupes G sur les sections globales du faisceau inversibleOF(d ), G → GL(SymdF), est ho-momogène de poids d m. D’après la Proposition 3.17, si le faisceau des invariants (SymdF)Hest non nul, alors pour tout i = 1,...,n le rang ei de Ei divise le nombre entier d mi et G agit par homothéties sur (SymdF)Hà travers le caractère
χd: (g1, . . . , gn) 7→ det(g1)d m1/e1· · · det(gn)d mn/en. Pour autant, l’action du G sur le quotient
Xss(L)/H := ProjS Ã M d ≥0 ³ SymdF´H !
est triviale. Il suffit d’appliquer le Théorème 3.13 pour obtenir l’isomorphisme canonique ΨE: Xss(L)/H −→ XssE(LE)/HE.
On suppose désormais que le schéma S soit de type fini sur un schéma universellement japonais. Soient D ≥ 1 un nombre entier assez divisible et MDun faisceau inversibleβ-ample sur Xss(L)/H. D’après le Théorème 3.13, on peut supposer que MDsoit engendré par ses sections globales respec-tivement àβ : il s’agit donc de calculer le caractère à travers lequel le S-schéma en groupes G agit sur les sections globalesβ∗MD. Ces dernières s’identifient à travers l’isomorphismeϕDau faisceau des invariants
¡
α∗(L⊗D)¢H
= (SymdF)H.
Comme rappelé avant, en vertu de la Proposition 3.17 le S-schéma en groupes G agit par homothéties sur (SymdF)Hà travers le caractère
χD: (g1, . . . , gn) 7→ det(g1)Dm1/e1· · · det(gn)Dmn/en.
Si E = (E1, . . . , En) est un n-uplet de faisceau deOS-modules localement libres, Ei de rang ei, alors le faisceau inversibleO(χD(E)) s’identifie comme Gm,Storseur au faisceau inversible
n
O
i =1
(det Ei)⊗miDd /ei, ce qui achève la preuve.