8 Normes géométriques
Définition 8.48. La norme géométrique quotient sur F est l’application composée
V(F) ε //V(E) u //R+
Si la norme géométrique u est continue, la norme géométrique u l’est aussi.
8.8.8. Dual. — Soient X un k-espace analytique et E un faisceau deOX-modules localement libre de
rang fini muni d’une norme géométrique uE. Pour tout x ∈ X, l’application composée
x∗uE: V(x∗E) //V(E) uE //R+
est une norme géométrique. On considère la norme géométrique duale sur lebκ(x)-espace vectoriel
x∗E∨,
x∗uE∨: V(x∗E∨) −→ R+.
Puisque, pour tout point x ∈ X, la fibre en x de V(E∨) s’identifie naturellement à V(x∗E∨), la collection des normes géométriques x∗uE∨définit une norme géométrique uE∨sur E∨.
Proposition 8.49. Si la norme géométrique uEsur E est continue, la norme géométrique uE∨ sur E∨
l’est aussi.
Démonstration. On va appliquer la Proposition 8.44. Étant construite fibre à fibre, la norme
géomé-trique duale est compatible aux changements de base. On se ramène ainsi à montrer que pour tout X-morphisme s : X → V(E∨), i.e., pour toute section globale s ∈ Γ(X,E), l’application
s∗uE∨: X −→ R+ est continue. Par définition, pour tout point x ∈ X, on a
s∗uE(x) = sup 06=t∈V(x∗E)
|s(t )|
uE(t ).
Les fonctions |s|, uEsont continues et homogènes sur V(E) : leur rapport descend donc en une fonc-tion continue |s|/uEsur P(E). Siπ : P(E) → X désigne le morphisme structural, la fonction s∗uE∨est l’application des maxima de |s|/uEle long les fibres deπ, c’est-à-dire que pour tout x ∈ X on a
s∗uE∨x = π↑(|s|/uE)(x) := sup π(t)=x
|s|
uE(t ).
Le morphismeπ induit une application propre au sens topologique entre les espaces topologiques sous-jacents. Comme ils sont localement compacts,π est alors une application fermée et on achève la preuve en vertu du Lemme 8.33.
8.8.9. Sous-espaces. — Soient X un k-espace analytique et E un faisceau deOX-modules localement libre de rang fini muni d’une norme géométrique uE. Soit F un sous-faisceau deOX-modules de E lo-calement libre (de rang fini). Pour tout point x ∈ X l’application naturelle qui s’en déduit de l’inclusion de F dans E,
x∗F −→ x∗E,
est injective et elle identifie x∗F avec un sous-bκ(x)-espace vectoriel de dimension finie de x∗E. On considère pour tout x ∈ X la norme géométrique uF,xqui s’obtient par restriction à x∗F de la norme géométrique x∗uEsur lebκ(x)-espace vectoriel x∗E. La collection de normes géométriques uF,xdéfinit une norme géométrique uFsur F qu’on appelle la restriction de uEà F.
La norme géométrique duale uF∨ est la norme géométrique quotient de uE∨, i.e., l’application composée
uF∨: V(F∨) //V(E∨) uE∨ //R+.
Il en découle que si la norme géométrique uEest continue, la norme géométrique uFl’est aussi. 8.8.10. Constructions. — On suppose que la valeur absolue de k soit archimédienne (resp. non archi-médienne). Les constructions présentées dans la section 8.2 (resp. section 8.3) (somme directe, pro-duit tensoriel, ...) se généralisent aux métriques sur les faisceaux cohérents en les construisant « fibre à fibre », c’est-à-dire grâce à l’isomorphisme canonique
V(x∗F) = V(F)x
pour tout x ∈ X. Par exemple, soient E,F des faisceaux cohérents de OX-modules munis respective-ment de métriques hermitiennes (resp. non archimédiennes) uEet uF. Pour tout x ∈ X, on considère les normes géométriques
ux∗E: V(x∗E) //V(E) uE //R+
ux∗F: V(x∗F) //V(F) uF //R+
On munit lebκ(x)-espace vectoriel x∗(E ⊗ F) de la norme géométrique hermitienne (resp. non archi-médienne) ux∗E⊗x∗Fobtenue par produit tensoriel des normes géométriques hermitiennes (resp. non archimédiennes) ux∗E, ux∗F.
Il est clair par définition que si la norme géométrique déduite par somme directe de normes géo-métriques continues est continue.
Proposition 8.50. Soient E, F des faisceaux deOX-modules localement libres de rang fini muni
res-pectivement de norme géométrique continues uE, uF. Si la valeur absolue est archimédienne (resp. non archimédienne) on suppose que les normes géométrique uE, uFsoient hermitiennes (resp. non archimédiennes).
Alors, la norme géométrique uE⊗Fdéduite fibre à fibre par produit tensoriel des normes géomé-triques uE, uFest continue.
En particulier, les normes géométriques déduites par puissance extérieure et puissance symé-trique de normes géomésymé-triques continues sont continues.
Démonstration. Si valeur absolue de k est archimédienne, on peut supposer k = C. Dans ce cas, la
norme géométrique uE⊗Fest définie par la forme sesquilinéaire qui associe pour tout point x ∈ X, pour tous s, s0∈ V(x∗E) et pour tous t , t0∈ V(x∗F) le nombre complexe
La forme sesquilinéaire hE⊗Fest ainsi continue et donc la norme géométrique uE⊗Fl’est.
On suppose que la valeur absolue de k soit non archimédienne. On va appliquer la Proposition 8.44. Étant construite fibre à fibre, la norme géométrique déduite par produit tensoriel des normes géométriques uE, uFest compatible aux changements de base. On se ramène ainsi à montrer que pour tout X-morphismeβ : X → V(E ⊗F), i.e., pour toute section globale β ∈ Γ(X,E∨⊗ F∨), l’application
β∗uE⊗F: X −→ R+ est continue. La sectionβ induite une application bilinéaire
β : V(E∨) ×XV(F∨) −→ A1X et par définition, pour tout point x ∈ X, on a
β∗uE⊗F(x) := sup ½ |β(t )| uE∨(prE∨(t )) · uF∨(prF(t )): t ∈ V(x∗E∨) × V(x∗F∨) tel que prE∨(t ), prF∨(t ) 6= 0 ¾ . Soitπ : P(E∨) ×XP(F∨) → X le morphisme structural. Les fonctions |β| et
uE∨uF∨:=¡pr∗
E∨uE∨¢ · ¡pr∗ F∨uF∨¢
sont continues et bi-homogènes sur V(E∨)×XV(F∨). Leur rapport descend donc en une fonction conti-nue
|β|/(uE∨uF∨) : P(E) ×XP(F) −→ R+
et la fonctionβ∗uE⊗Fest par définition l’application des maxima de |β|/(uE∨uF∨) le long les fibres de π, c’est-à-dire, pour tout x ∈ X on a
β∗uE⊗F(x) = π↑¡|β|/(uE∨uF∨)¢ (x) = sup π(t)=x
|β|
uE∨uF∨
(t ).
Le morphismeπ induit une application propre au sens topologique entre les espaces topologiques sous-jacents. Comme ils sont localement compacts,π est alors une application fermée et on achève la preuve en vertu du Lemme 8.33.
8.8.11. Métrique provenante d’un modèle entier. — On suppose que la valeur absolue de k soit non archimédienne. SoientXun k◦-schéma propre et plat, etFun faisceau deOX-modules de présenta-tion finie plat sur k◦. Soient X l’analytification de la fibre générique deXet F le faisceau cohérent de OX-modules associé àF.
Soient x ∈ X et K =κ(x) son corps résiduel complété. Puisqueb Xest propre sur k◦, par critère va-luatif de propreté, il existe un unique morphisme de k◦-schémas
x: Spec K◦−→X
qui prolonge le point x. Le K◦-modulex∗Fest plat et de présentation finie : en particulier, il s’identifie avec un sous-K◦-module de x∗F et on a
x∗F⊗ K = x∗F.
On considère la norme géométrique sur le K-espace vectoriel x∗F,
uF,x: V(x∗F) // R+
t // sup s∈x∗F|s(t )|. On désigne parπ : V(F) → X le morphisme structural.
Proposition 8.51. L’application
uF: V(F) // R+
t //u
F,π(t)(t )
est une norme géométrique continue et non archimédienne sur le faisceau cohérent deOX-modules F. On dira que uFest la norme géométrique associée au modèle entierF.