4 Quotient et torseurs : version adélique
4.2 Forme tordue de la norme géométrique des minima sur les orbites
Soit K un corps globale et VKl’ensemble de ses places.
Définition 4.9. Un K-groupe adéliqueG = (G,UG) est dit réductif si le K-schéma en groupes G est
réductif et, pour toute place v, le sous-groupe compact UG,vest maximal.
Soient X un K-schéma projectif etL = (L,uL) un faisceau inversible adélique sur X et on suppose que le faisceau inversible L soit ample et, pour tout v ∈ VK, la norme géométrique uv soit plurisou-sharmonique.
SoitG = (G,UG) un K-groupe réductif adélique et H un sous-K-schéma en groupes réductif nor-mal. Pour toute place v, le sous-groupe compact
UH,v:= UG,v∩ Ganv
est un sous-groupe compact maximal de Hanv : en effet, tous le sous-groupes compacts maximaux sont conjugués et H est normal dans G. On noteH = (H,UH) le K-groupe adélique qu’on obtient ainsi.
On suppose que le K-groupe réductif G agit sur le K-schéma X et de manière équivariante sur le faisceau inversible L. En outre, on suppose que pour toute place v la norme géométrique uv soit invariante sous l’action du sous-groupe compact UG,v.
Soient Xss(L) l’ouvert des points semi-stables de X sous l’action de H et par rapport au faisceau inversible L, π : Xss (L) −→ Xss(L)/H := Proj à M d ≥0 Γ(X,L⊗d)H !
le morphisme quotient. Pour tout nombre entier D ≥ 1 assez divisible, il existe un faisceau inversible ample MDsur Xss(L)/H et un isomorphisme de faisceaux inversibles sur Xss(L),
ϕD:π∗MD−→ L|⊗DXss(L)
compatible à l’action de H. Le K-schéma en groupes G agit sur le K-schéma Xss(L)/H et, pour tout nombre entier D ≥ 1 assez divisible, de manière équivariante sur le faisceau inversible MDet l’isomor-phismeϕDest G-équivariant. L’isomorphismeϕDinduit un morphisme surjectif de K-schémas
π[MD] : V(L|⊗DXss(L)) −→ V(MD). La famille de normes géométriques sur le faisceau inversible MD
uMD:= π[MD]↓uL⊗D=©
π[MD]↓uL⊗D,v: v ∈ VKª est adélique (Scholie 2.2). Le faisceau inversible adélique (MD, uMD) est notéMD.
SoitT = (T,UT) unG -torseur adélique. On note XT(reps. GT, resp. HT, resp. LT) la forme tordue de X (resp. G, resp. H, resp. L) par T. Le K-schéma en groupes réductif GTagit sur le K-schéma XTet de manière équivariante sur le faisceau inversible LT. L’ouvert des points semi-stables XssT(LT) de XTsous l’action de HTet par rapport au faisceau inversible LTest stable sous l’action du K-groupe réductif GT. Le K-schéma en groupes GT agit sur le quotient Xss(L)/H et, en vertu de la Proposition 3.11, on a un isomorphisme canonique de K-schémas
tel que le diagramme suivant de K-schémas T×GSXss(L) TG×Sπ XssT(LT) πT T×GS(Xss(L)/H) ΘT //Xss T(LT)/HT
soit commutatif (oùπ, πT désignent les morphismes quotient). Pour tout nombre entier assez divi-sible D ≥ 1, il existe un faisceau inverdivi-sible MT,Det un isomorphisme de faisceaux inversibles sur XssT(LT),
ϕT,D:π∗
TMT,D−→ LT|⊗DXss T(LT). L’isomorphismeϕT,Dinduit un morphisme surjectif de K-schémas
πT[MT,D] : V(LT|⊗DXss
T(LT)) −→ V(MT,D).
On considère la forme tordueGT = (GT, UG,T) (resp.HT = (HT, UH,T), resp.LT = (LT, uT)) deG (resp.H , resp. L ) par le G -torseur adélique T . Pour toute place v ∈ VK, la norme géométrique uT ,v est une fonction plurisousharmonique UH,T ,v-invariante. La famille de normes géométriques sur le faisceau inversible MT,D,
πT[MT,D]↓uL⊗D,T :=©
πT[MT,D]↓uL⊗D,T ,v: v ∈ VKª
est pour autant adélique (Scholie 2.2) et le faisceau inversible adélique associé (MT,D,πT[MT,D]↓uL⊗D) est notéMT ,D.
D’autre part, le K-schéma en groupes G agit sur le quotient Xss(L)/H et de manière équivariante sur le faisceau inversible MD. Pour toute place v ∈ VKla norme géométrique uMDsur MDest invariante sous l’action du sous-groupe compact UG,v. On considère la forme tordue
(MD)T=¡(MD)T,¡uMD¢ T
¢
du faisceau inversible adéliqueMDpar leG -torseur adélique T .
Proposition 4.10. SoitT un G -torseur. L’isomorphisme canonique de faisceaux inversibles donné
par la Proposition 3.11,
θT:Θ∗
TMT,D−→ (MD)T induit un isomorphisme de faisceaux inversibles adéliques
θT:Θ∗
TMT ,D−→ (MD)T . Démonstration. L’isomorphisme canoniqueθT:θT:Θ∗
TMT ,D−→ (MD)T induit le diagramme com-mutatif GT-équivariant de K-schémas suivant :
V³LT|⊗DXss T(LT) ´ πT[MT,D] V³LT|⊗DXss T(LT) ´ π[MD]T V(MT,D) θT //V((MD)T). (4.2.1)
Soient t : Spec K → T une section du G-torseur T et αt: V(L⊗D
T ) → V(L⊗D),βt: V((MD)T) → V(MD) les isomorphismes de K-schémas induits par la section t . Le diagramme de K-schémas
V³LT|⊗DXss T(LT) ´ π[MD]T αt //V³ L|⊗DXss(L) ´ π[MD] V((MD)T) βt //V(MD)
Soit v une place de K. Puisque la construction de la métrique des minima est compatible aux exten-sion des scalaires (Proposition II.1.5), quitte à passer à une extenexten-sion analytique de Kv suffisamment grande, on peut supposer qu’il existe un Kv-point g du K-schéma G tel que
¡t−1UT,v¢ · g = UG,v.
La norme géométrique uL⊗D,T ,vsur le faisceau inversible LTest alors l’application composée V(L⊗DT )anv αt //V(L⊗D)anv g //V(L⊗D)anv
uL⊗D,v //R+.
D’autre part, la norme géométrique¡uMD,v¢
T sur le faisceau inversible (MD)Test l’application com-posée V((MD)T)anv βt //V(MD)an v g //V(MD)an v uMD,v //R+,
où par définition on a uMD,v = π[MD]↓uL⊗D,v. Puisque l’isomorphismeϕDest G-équivariant, le dia-gramme de Kv-espaces analytiques
V³L|⊗D Xss(L) ´an v g // π[MD] V³L|⊗D Xss(L) ´an v π[MD] V(MD)anv g //V(MD)an v
est commutatif. On a donc la chaine d’égalités ¡uMD,v¢ T = β∗tg∗uMD,v = β∗tg∗π[MD]↓uL⊗D,v = β∗tπ[MD]↓g∗uL⊗D,v = β∗tπ[MD]↓¡uL⊗D,v ¢ T , ce qui, en vertu du diagramme commutatif (4.2.1), termine la preuve.
4.3 Isomorphisme canonique du quotient
SoitG = (G,UG) un K-groupe adélique etχ : G → Gm un caractère, i.e., un morphisme de K-schémas en groupes. Le K-schéma en groupes G agit linéairement sur le K-espace vectoriel K à travers le caractèreχ. Pour tout place v ∈ VK, soit pv : A1,anv → R+l’unique norme géométrique telle que pv
telle que pv(1) = 1 : elle est invariante sous l’action du sous-groupe compact UG,v. Alors, pour toutG -torseur adéliqueT on note OK(χ(T )) le faisceau inversible adélique associé.
Théorème 4.11. On suppose que l’action du K-schéma en groupes G sur le quotient Xss(L)/H soit tri-viale. Avec les notations introduites avant, pour tout nombre entier assez divisible D ≥ 1, il existe alors un morphisme de K-schémas en groupesχD: G → Gmet, pour toutG -torseur T , un isomorphisme de faisceaux inversibles sur Xss(L)/H,
ψT ,D:Θ∗
TMT ,D−→ MD⊗ β∗OK(χD(T )), tel que, pour tout nombre entier d ≥ 1, le diagramme
¡ Θ∗ TMT ,D¢⊗d ψ⊗d T ,D //¡ MD⊗ β∗OK ¡ χD(T )¢¢⊗d Θ∗ TMT ,Dd ψT ,Dd //MDd⊗ β∗OK ¡ χDd(T )¢ est commutatif. En particulier, on a
hmin((XT,LT)//HT) = hmin((X,L )//H) + 1
DdegdKOK ¡
χDd(T )¢.
Démonstration. En vertu de la Proposition 4.10 il s’agit d’interpréter la forme tordue¡uMD¢ T de la norme géométrique uMDpar leG -torseur adélique T .
Soient t : Spec K → T une section du G-torseur T, αt: V((MD)T) → V(MD) l’isomorphisme de K-schémas induits par la section t et v une place de K. Quitte à passer à une extension analytique de Kv suffisamment grande, on peut supposer qu’il existe un Kv-point g du K-schéma G tel que
¡t−1UT,v¢ · g = UG,v. La norme géométrique¡uMD,v¢
T sur le faisceau inversible (MD)Test l’application composée V((MD)T)anv αt //V(MD)an
v
g //V(MD)an
v
uMD,v //R+.
On identifie le quotient Ganm,v/U(1) avec R×+à travers la valeur absolue de Kvet on note |χD(T )|vl’image deχD(g ) ∈ Ganm,v à travers le morphisme quotient Ganm,v→ R×+. Puisque le K-schéma en groupes G agit par homothéties sur le faisceau inversible MDà travers le caractèreχD, on a l’égalité
g∗uMD,v= |χD(T )|v· uMD,v.
D’autre part, le faisceau inversible adéliqueOK(χD(T )) s’identifie au K-espace vectoriel K muni, en toute place v, de l’unique norme géométrique qui vaut |χD(T )|v en 1. La faisceau inversible adé-liqueMD⊗ β∗OK(χD(T )) s’identifie donc au faisceau inversible MDmuni, en toute place v ∈ VK, de la norme géométrique |χD(T )|v· uMD,v. Cela achève la preuve.