1 Minima sur les fibres
1.2 Morphismes d’espaces analytiques
Soient k un corps complet pour une valeur absolue | · |, X, Y des k-espaces analytiques et f : X → Y un morphisme de k-espaces analytiques.
1.2.1. Extension des scalaires. — Soient K une extension analytique du corps k et fK: XK→ YKle
morphisme de K-espaces analytiques déduit par extension des scalaires. Le diagramme d’espaces lo-calement annelés en k-algèbres
XK fK // $X YK $Y X f //Y est commutatif.
Proposition 1.5 (Compatibilité à l’extension des scalaires). Soit f : X → Y un morphisme de k-espaces analytiques. Soient K une extension analytique du corps k et fK: XK→ YKle morphisme de K-espaces analytiques déduit par extension des scalaires.
Si$X: XK→ X, $Y: YK→ Y désignent les morphismes d’extension des scalaires, on a $∗
Yf↓u = (fK)↓$∗ Xu.
L’inégalité$∗
Yf↓u ≤ (fK)↓$∗
Xu suit de la fonctorialité (Proposition 1.2). L’inégalité$∗
Yf↓u ≥ (fK)↓$∗ Xu
est une conséquence du lemme suivant.
Lemme 1.6. Soient f : X → Y un morphisme de k-espaces analytiques et x, x0∈ X des points tels
que f (x) = f (x0). Il existe une extension analytique K de k et des K-points xK, x0Kde XKtels que i. le point xK(resp. x0K) s’envoie sur x (resp. x0) par le morphisme canonique d’extension des
sca-laires XK→ X ; ii. les images de xKet x0
Kpar le morphisme fK: XK→ YK, déduit par extension des scalaires, coïn-cident.
Dans le cas archimédien, le résultat est trivial pour k = C et, dans le cas k = R, découle par action de Galois. Il reste à le prouver dans le cas où k est un corps complet pour une valeur absolue non-archimédienne.
Démonstration. Soient V un voisinage affinoïde du point f (x) = f (x0) et A := Γ(V,OY). Il existe des voisinages affinoïdes U et U0respectivement de x et x0dans X tels que leur image par f soit contenue dans V. On désigne par B et B0les sections du faisceau structuralOXrespectivement sur U et U0. Le morphisme f : X → Y détermine par restriction des morphisme de k-espaces analytiques f : U → V, f : U0→ V et induit donc des homomorphismes de k-algèbres affinoïdes
On note encore x et x0les morphismes canoniques B →κ(x), Bb 0→bκ(x0). Puisque les images de x et x0coïncident, par définition il existe une extension analytique K de k et des homomorphismes isométriques de k-algèbres de Banach
ε :bκ(x) −→ K, ε0:bκ(x0) −→ K tels que le diagramme suivant
B x // b κ(x) ε (( A ϕ 77 ϕ0 '' K B0 x0 // b κ(x0) ε0 66
soit commutatif. Les homomorphismes
ε ◦ x : B −→ K, ε ◦ x0: B0−→ K définissent, respectivement, des points xK, x0
Kde XKsatisfaisant aux conditions dans l’enoncé. 1.2.2. Cas des cônes affines. — Soit X un cone affine analytique sur k, i.e. le k-espace analytique déduit par analytification du spectre d’une k-algèbre A graduée à degrés positifs et de type fini. L’ho-momorphisme de k-algèbres
A −→ A ⊗ k[t]
qui envoye un élément a de degré d en a ⊗ td définit un morphisme de k-espaces analytiques
h : A1× X −→ X appelé homothétie ou multiplication par les scalaires.
Définition 1.7. Soit X un cône affine analytique sur k. Une application u : |X| → R+est dite 1-homogène
si le diagramme suivant |A1× X| // |h| |A1| × |X| u×|·| //R+× R+ µ |X| u //R+
est commutatif (µ désigne la multiplication de nombres réels positifs).
Proposition 1.8. Soient A, B des k-algèbres graduées à degrés positifs et de type fini, etϕ : B → A un
homomorphisme homogène de degré D > 0. Soient X et Y l’analytification des spectres respective-ment de A et B, et f : X → Y le morphisme de k-espaces analytiques induit par ϕ.
Soit u : X → R+une application semi-continue supérieurement, 1-homogène et propre au sens topologique. Si Xminf (u) est fermé, alors la restriction f : Xminf (u) → Y de f à Xminf (u) est propre au sens topologique.
Remarque 1.9. Soit n ≥ 1 un nombre entier et d = (d1, . . . , dn) un n-uplet de nombres entiers
stricte-ment positifs. La k-algèbre k[t1, . . . , tn]ddes polynômes en n variables de poids d est la k-algèbre k[t1, . . . , tn] munie de l’unique graduation degdtelle que pour tout i = 1,...,n on ait
On désigne par And l’analytification du spectre de cette algèbre graduée.
Soit A une k-algèbre graduée de type fini quelconque et soient aisont des générateurs homogènes de A. Si deg ai= di, l’homomorphisme surjectif de k-algèbres
k[t1, . . . , tn]d //A
ti //a i
est homogène de degré 1.
Démonstration. Quitte à prendre des générateurs homogènes de la k-algèbre de type fini B on peut
supposer Y = And.
On suppose par l’absurde que la restriction de f à Xminf (u) ne soit pas propre au sens topologique. Puisque u est propre au sens topologique il existe suite de points minimaux, {xi}i ∈N, tels que leurs images f (xi) soient contenues dans un compact, et u(xi) tend vers +∞ lorsque i tend vers infini.
Pour tout i ∈ N, il existe une extension analytique Kitelle que le corps résiduel complétébκ(xi) de xi
se plonge de manière isométrique dans Ki et telle que u(xi) appartient au groupe des valeurs |K×i| de Ki. Soitλiun élément de Kitel que |λi| = u(xi) et soitxeil’image dans X du K-point
xi
λi
à travers l’application canonique X(Ki) → X.
Par homogénéité de u, les pointsxeisont encore minimaux et u(xei) = 1. Les pointsxeisont contenus dans la partie compacte {x : u(x) = 1} (u est propre au sens topologique). Par compacité séquentielle, on peut supposer que la nouvelle suiteexi converge vers un pointx.e
Par construction u(x) = 1 ete ex est minimal (Xminf (u) est fermé).
Le morphisme f est donnée par des polynômes f1, . . . , fr : puisqueϕ est homogène de degré D, le polynôme fαest homogène de degré Ddα. Pour tout i ∈ N et pour tout α = 1,...,r , on a
| fα(xei)| = |fα(xi/λi)| = | fα(xi)|
u(xi)Ddα.
Par hypothèse, les points f (xi) appartiennent à une partie compacte de Y : les nombres réels | fα(xi)| sont donc tous majorés par une constante. Comme les u(xi) tendent vers infini lorsque i tend vers infini, on a
f (x) = lime
i →∞f (exi) = 0.
Cette égalité est absurde : d’un côté on a u(x) = 1 par construction, d’autre côté l’égalité précédentee
entraîne u(x) = 0 care x est minimal.e
Corollaire 1.10. Soient A, B des k-algèbres graduées à degrés positifs et de type fini, etϕ : B → A un
ho-momorphisme homogène de degré D > 0. Soient X et Y l’analytification des spectres respectivement de A et B, et f : X → Y le morphisme de k-espaces analytiques induit par ϕ.
Soit u : |X| → R+une application semi-continue supérieurement (resp. continue), 1-homogène et propre au sens topologique. Si le morphisme f est surjectif, l’application f↓u est semi-continue
supérieurement (resp. continue) si et seulement si Xminf (u) est fermé dans X.
Démonstration. Pour brièveté on désigne par Xminles points minimaux. D’après la Proposition 1.4, si f↓u est semi-continue supérieurement, alors Xminest fermé. On suppose donc que Xminsoit fermé dans X. Puisque f est surjective et l’application u est propre, la restriction
de f à Xminest surjective. En outre, par définition de point minimal sur la fibre, le diagramme d’es-paces topologiques suivant
X f //Y f↓u Xmin OO u //R+
est commutatif. L’espace topologique Xminest localement compact car il est sous-espace topologique fermé d’un espace topologique localement compact. D’après la Proposition 1.8 la restriction de f à Xminest propre au sens topologique et donc une application fermée. L’application f↓u est alors
semi-continue supérieurement (resp. semi-continue) si et seulement si la restriction de u à Xminl’est.