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Chapitre 4. Analyse du contexte informationnel de l’établissement cible l’établissement cible

4.3. Travail collectif et relations entre les acteurs

4.3.1. Travail collectif disciplinaire

Le travail collectif est une composante du métier d’enseignant, car, bien que les enseignants soient le plus souvent seuls face aux élèves, les établissements scolaires fonctionnent avec une multitude d’équipes : autour de la discipline enseignée, autour d’une classe, autour d’un projet, autour d’une responsabilité (professeur principal de 3e par exemple). Cependant, les collègues de la même discipline sont souvent les premiers collaborateurs : seuls 20 % des enseignants questionnés déclarent collaborer rarement ou jamais avec leurs collègues tandis que 40 % (12/30) déclarent des collaborations fréquentes. Concernant le travail au sein des équipes disciplinaires, il apparaît que, plus les équipes sont importantes plus la collaboration est fréquente. Nous reprenons la distinction de Losego (2015) entre trois formes de travail collectif des enseignants pour structurer notre analyse : les échanges verbaux, les échanges de matériaux et la préparation commune. À chaque fois, un focus est fait sur les équipes d’anglais et de mathématiques.

Échanges verbaux

Dans notre enquête, nous avons questionné les enseignants sur leur réaction face à un manque de ressources. Nous avons fait l’hypothèse que les autres collègues étaient une ressource potentielle.

Les avis sont partagés : 57 % déclarent demander rarement ou jamais à un collègue (13/30) contre 40 % qui déclarent demander souvent ou toujours à un collègue (12/30).

Lorsqu’on croise ce résultat avec le filtre disciplinaire (Figure 4-1), il apparaît que, dans cet établissement, les enseignants de langues sollicitent peu leurs collègues. Alors que, en mathématiques et en histoire géographie, c’est plus régulier.

Figure 4-1 : vous demandez à un(e) collègue lorsqu’il vous manque un document ou une information – croisement avec la discipline enseignée

D’après notre enquête, les échanges entre enseignants concernent majoritairement un problème lié à la discipline ou une question de pédagogie, mais peu pour demander des ressources manquantes. En revanche, les échanges liés à l’organisation de l’équipe sont très nombreux : près de 1 sur 2 déclare échanger sur cette thématique souvent ou toujours. Nous constatons que la réflexion autour du choix du manuel scolaire est un axe fort, ce qui confirme la place particulière de cette ressource.

En anglais, les manuels distribués aux élèves sont peu utilisés : ils sont obsolètes et il n’y a pas de crédit pour les renouveler. Les enseignants d’anglais se sentent donc peu préoccupés par cette question. En mathématiques, en revanche, l’équipe a adopté la série Sésamath pour tous les niveaux. Ce manuel étant légèrement moins cher que les autres collections, il a été plus simple d’obtenir les financements. En septembre 2015, face à l’ouverture de 2 nouvelles classes en 6e et l’absence de moyen pour acquérir de nouveaux exemplaires, ils se sont tournés vers la version numérique du manuel Sésamath 6e qui est disponible gratuitement sur Internet.

Échange de matériaux

Le second niveau de travail collectif identifié par Losego (2015) concerne l’échange de matériau pédagogique. Cette pratique est peu développée dans le collège étudié : 53 % des enseignants (soit 16 sur 30) échangent ou préparent rarement des séances pédagogiques avec des collègues de la même discipline et du même établissement et 13 % jamais.

En appliquant le filtre disciplinaire, nous remarquons que les disciplines qui échangent le plus de matériaux sont l’histoire-géographie, les mathématiques et la LV2 (espagnol). Les disparités au sein d’une même discipline peuvent sans doute s’expliquer par un déséquilibre entre ceux qui donnent et ceux qui reçoivent, ou bien par un manque d’affinité.

Les échanges de matériaux avec des collègues de la même discipline, mais d’un autre établissement, montrent que des collaborations existent, même si elles sont moins nombreuses. On peut faire l’hypothèse que ces échanges sont tributaires des liens d’amitié qui se sont créés soit lors de la période de formation initiale, soit lors de passage dans d’autres établissements. Il s’agit le plus souvent de ressources héritées, au sens où elles sont données à l’enseignant, mais il doit se les approprier pour qu’elles intègrent pleinement son système de ressources.

Préparation commune

Le troisième niveau de travail collectif se rapporte aux préparations conjointes. Cela concerne tout d’abord le travail autour des évaluations communes (Tableau 4-1). Seuls 23 % déclarent une pratique régulière, essentiellement en histoire géographie, en mathématiques et en lettres, sans doute à cause des épreuves de DNB blanc à préparer.

Nombre total de répondants par discipline Maths (5) Anglais (5) Arts (2) Lettres (5) Histoire géo. EMC (4) Lv2 (3) Sc. Expé. (4) Moyenne Préparation contrôle commun 4 0 0 5 4 3 1 58 % Système d’évaluation des élèves 5 3 1 4 3 3 3 77 %

Mise en place d’une

progression 5 2 1 4 3 2 2 66 % Préparation d’une séance 5 2 0 4 3 3 3 67 % Projet de classe ou de niveau 4 2 1 5 4 3 3 86 % Organisation de l’équipe 4 4 1 5 3 3 4 83 %

Choix d’un manuel 4 4 0 4 4 2 3 69 %

Réflexion sur un

problème de la

discipline

5 3 1 5 4 3 4 87 %

Réflexion sur une

question de la

profession

3 5 1 5 4 3 4 87 %

Tableau 4-1 : quelles sont les thématiques de collaboration les plus fréquentes avec vos collègues ?

Concernant les préparations de séances ponctuelles ou la mise en place d’une progression, il y a respectivement 66 % et 70 % des enseignants interrogés qui répondent positivement. Mais la pratique régulière (toujours ou souvent) concerne seulement 30 % des répondants (9/30) pour la mise en place d’une progression et 23 % (7/30) pour la préparation de séance ponctuelle.

À noter que les enseignants de mathématiques et d’histoire-géographie sont ceux qui ont le plus développé cette forme de travail collectif. Dans les autres disciplines, les préparations conjointes restent une forme marginale du travail collectif.

Conclusion sur le travail collectif disciplinaire

Nous pouvons donc établir que, pour ce collège, le travail collectif disciplinaire déclaré existe avec une intensité modérée. C’est surtout au niveau des échanges verbaux qu’il est le plus développé. L’échange de ressources pédagogiques et les préparations conjointes sont le fait d’un petit nombre

de personnes. La discipline qui semble la plus active sur le plan de l’échange des ressources et les préparations conjointes est l’histoire-géographie ; c’est aussi une équipe qui est stable depuis 5 ans, ce qui a pu favoriser le développement d’habitudes de travail.

L’équipe de mathématiques se distingue également. Les professeurs déclarent travailler davantage ensemble pour mettre en place une progression commune. En parallèle, ils signalent tous échanger des ressources ou préparer des séances ensemble, mais à des fréquences différentes. On peut donc supposer qu’un effort est fait pour mettre en place une cohérence didactique à l’échelle de l’établissement.

En anglais, les professeurs manifestent une fréquence de collaboration moindre : seuls 2 enseignants déclarent collaborer souvent, tandis que les 3 autres collaborent rarement ou de temps en temps. L’équipe semble scindée en 2 groupes. À noter également que l’équipe est jeune puisque 2 nouvelles personnes sont arrivées l’année de l’enquête, dont 1 exerce sur deux établissements.

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