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Chapitre 5. Cas d’étude n° 1, Marie

5.2. Le schème d’action documentaire ‘préparer une leçon’

5.2.1. Deuxième préparation de leçon (Ma2)

À la suite à sa première année d’expérience d’enseignement de l’algorithmique, Marie a décidé de changer complètement d’approche pour le niveau 3e, et a proposé à ses nouveaux élèves des activités de programmation intégrées aux notions mathématiques du programme au fil de l’année. Elle n’a donc pas reproduit la séance pour les 3e la deuxième année du suivi. La seconde captation, nommée situation Ma2, concerne la préparation d‘une séance sur l’algorithmique pour le cycle 3 (projet de liaison CM2/6e). La captation vidéo a été réalisée en trois sessions entre le 1er et le 13 mai 2018 (transcription en annexes 21-1, 21-2 et 21-3). L’ensemble se compose donc de trois films réalisés sur 13 jours pour une durée totale de 2 heures (30 min 38 s + 25 min 24 s + 64 min 27 s). Il s’agit d’une reprise d’une leçon déjà réalisée l’année précédente. Marie ne souhaitait pas refaire le même travail basé sur la géométrie, mais plutôt orienter le travail sur la réalisation d’un programme de calcul. Les objectifs ont donc été complètement remodelés pendant une réunion de concertation avec le maître de la classe de CM2. C’est d’ailleurs le seul moment où il intervient dans la préparation de la leçon. À la suite de cette réunion de concertation sur les objectifs, Marie a conçu la leçon de manière autonome, sans jamais demander son avis au maître de CM2. Nous commençons par décrire le répertoire des ressources impliquées dans la situation Ma2, puis nous présentons les principales étapes de la préparation de la leçon pour chaque partie. Enfin, nous mettons en évidence les caractéristiques du schème « préparer une leçon » dans cette situation particulière.

Répertoire de ressources

Pour préparer la leçon, Marie utilise différentes ressources curriculaires : les deux ressources qu’elle a déjà réalisées en 2017 sur le même projet (annexe 18-1), des manuels scolaires 6e (Delta, Myriade, MathMonde et Transmath, annexe 22-1) ainsi que le cahier d’algorithmique et programmation cycle 3 des éditions Delagrave prêté par le maître de CM2. Contrairement à ce que nous attendions, le manuel Sésamath qui est utilisé en classe n’est pas du tout consulté.

Outre la documentation, Marie mobilise également son ordinateur portable et plusieurs logiciels. Le logiciel de traitement texte Microsoft Word sert à rédiger et assembler les différents éléments qui composent la leçon. En effet, depuis la dernière auto-captation, Marie a changé d’ordinateur et elle n’a pas réinstallé la suite Libre Office. Le logiciel Scratch est utilisé pour rédiger et tester les programmes que les élèves devront réaliser. FS Capture est un logiciel de copie d’écran qui permet à Marie de copier-coller les programmes qu’elle saisit dans Scratch. Enfin, Marie utilise Internet pour chercher des informations sur l’utilisation de Scratch.

Première session de travail

La leçon a été préparée en trois sessions distinctes qui sont successivement présentées. Les différentes couleurs correspondent aux quatre familles d’activités du travail documentaire identifiées au § 1.3.1 : en marron accéder, en vert organiser, en bleu concevoir.

La première partie, notée Ma2 partie 1 (transcription en annexe 21-1) est d’une durée de 30 min et 38 s. Nous proposons un découpage basé sur la réalisation des différents sous-buts de la préparation en 6 étapes (Figure 5-6).

(1) Marie commence par rechercher les ressources produites l’année précédente pour le projet de liaison CM2-6e et les lire. Après avoir pris connaissance des ressources (2 fichiers en annexe 18-1), elle sélectionne trois exercices en fonction des nouveaux objectifs définis pour cette année. Elle crée un nouveau fichier de traitement de texte et copie-colle les trois exercices sélectionnés, qu’elle renomme activité 1, 2 et 4, puis l'enregistre.

(2) Marie énonce les objectifs qu’elle cherche à atteindre pour la suite du travail et recherche dans les manuels scolaires un exercice qui correspond aux nouveaux objectifs. Elle consulte d’abord Delta, puis Myriade où elle sélectionne un exercice (annexe 22-1) dont elle écrit la référence (titre, n° et page) sur la fiche de travail des élèves.

(3) Marie commence à rédiger une nouvelle activité en s’appuyant sur l’exercice sélectionné. Elle utilise le programme Scratch de l’exercice pour demander aux élèves de l’analyser et adapte les consignes en ce sens. Elle intervertit l'ordre des exercices, la nouvelle activité devient l’activité 4. (4) À la suite d’un questionnement sur les objectifs (introduction de la notion de variable), Marie commence une nouvelle phase de recherche avec le manuel Mathmonde. Elle présélectionne un exercice (annexe 22-1) et utilise un marque-page comme repère. Elle regarde ensuite le manuel Transmaths, mais rien ne lui convient.

(5) Ensuite, elle reprend la rédaction de l’activité 4 en recopiant la fin des consignes de l’exercice issu du Myriade. Une fois la rédaction finie, elle enregistre le fichier.

(6) Marie nomme l’activité 5 et écrit à côté la référence de l‘exercice sélectionné dans le Mathmonde à l’étape 4 (annexe 22-1). Elle consulte enfin la ressource prêtée par le maître de CM2 pour chercher des exercices et estimer la difficulté des activités qu’elle a sélectionnées.

La première session consiste donc à reprendre le travail existant et à trouver des ressources complémentaires dans les manuels. Seules les activités copiées-collées depuis la ressource-mère sont terminées. Les autres restent inachevées, mais les bases sont posées.

Deuxième session de travail

La deuxième partie, notée Ma2 partie 2, (annexe 21-2), dure 25 min 24 s. Elle est réalisée 8 jours plus tard. Toujours en nous basant sur les sous-buts réalisés, nous avons divisé cette session de travail en trois étapes (Figure 5-7).

(1) Marie commence par rechercher le travail qu’elle a rédigé lors de la précédente session. Ne l’ayant pas rangé selon ses habitudes, elle passe près du tiers de la session à essayer de le retrouver. Elle met alors en œuvre plusieurs stratégies (voir § 5.3.1 pour l’analyse détaillée).

(2) Ensuite, Marie reprend l’activité 4, commencée lors de la précédente session de travail. Elle saisit les instructions du programme dans Scratch afin de les intégrer sous forme d’image dans le traitement de texte. Elle modifie également les consignes.

(3) Marie répète les mêmes opérations pour l’activité 5 : elle saisit des instructions dans Scratch, puis intègre le visuel du programme dans la fiche de travail grâce à FS Capture. Enfin, elle modifie légèrement les consignes.

Si l’on excepte la phase de recherche, qui peut être considérée comme un incident, la deuxième session de travail est centrée sur la transposition des programmes informatiques présents dans les exercices sélectionnés vers la ressource que Marie conçoit. C’est donc essentiellement l’utilisation de Scratch qui prédomine.

Troisième session de travail

La dernière partie de la préparation, notée Ma2 partie 3 (annexe 21-3), d’une durée de 64 min 27 s, a lieu 4 jours plus tard. Nous décomposons cette session de travail en cinq étapes (Figure 5-8). (1) La première étape est très brève. Marie va chercher le fichier contenant son travail, relit ce qui a été fait, puis elle reprend la mise en page et ajoute une consigne.

(2) Ensuite, Marie rappelle son objectif pour l’activité 6 (demander aux élèves de créer un dialogue entre deux lutins), et comme elle ne sait pas le faire, elle lance une recherche sur Internet afin de trouver les instructions à utiliser. Elle sélectionne un tutoriel issu du site Internet de l’académie de Montpellier dont elle recopie les instructions dans Scratch. Elle teste le programme au fur et à mesure qu'elle saisit les instructions. Puis elle en fait une copie d’écran et l’intègre dans la fiche de travail pour l’activité 6.

(3) Après avoir rappelé l’objectif de l’activité 7 (écrire un programme sur les pourcentages), Marie recopie les consignes d’un exercice préalablement repéré dans le manuel Myriade. Elle recopie ensuite les instructions du programme dans Scratch afin de les copier-coller dans la fiche de travail et tester le programme. Cette étape se clôture par la capture et l’enregistrement de la correction de l’exercice (remettre les instructions d’un programme dans le bon ordre).

(4) Marie rédige les consignes de l’activité 8 qui fait la synthèse de toutes les connaissances que les élèves auront développées dans les activités précédentes. Elle modifie alors toutes les consignes précédentes en demandant aux élèves d’enregistrer les différents programmes qu’ils auront faits au cours de la leçon qui doit se dérouler sur plusieurs séances. Se faisant, elle incite les élèves à garder la trace de leur travail et leur apprend à se repérer dans les espaces de stockage du réseau pédagogique.

(5) Afin de s’assurer de la faisabilité de l’activité 8, Marie tente de réaliser le programme qu’elle demande aux élèves de faire. Elle s’aperçoit qu’elle n’y parvient pas et commence une nouvelle recherche sur Internet. Après avoir visité deux sites. Elle décide d’arrêter la recherche et stoppe l’enregistrement.

Il est peu probable que Marie n’ait pas retravaillé sur la leçon à l’issue de la 3e partie. Cependant, aucune modification n’est intervenue sur la fiche de travail destinée aux élèves (annexe 23), après cette dernière session de préparation filmée. Pour des raisons organisationnelles, plusieurs séances prévues avec la classe de CM2 ont été annulées et la leçon n’a pas été menée à son terme. L’activité 8 n’a donc pas été mise en œuvre avec les élèves.

Caractéristiques du schème ‘préparer une leçon’

Bien que la préparation de la leçon soit fractionnée en trois moments distincts, nous avons décidé de traiter ces trois moments comme une seule et même situation (Ma2) pour l’analyse du schème ‘préparer une leçon’. Nous avons identifié un but et des sous-buts, des règles d’action de prise d’information et de contrôle, et des invariants opératoires.

Le but principal du schème est de concevoir une nouvelle leçon. Il se décompose en cinq principaux sous-buts :

• Concevoir une nouvelle ressource à partir des informations sélectionnées dans les ressources consultées ;

• Recopier les activités pertinentes de la leçon conçue l’année dernière pour un public analogue ;

• Trouver des exercices correspondant aux nouveaux objectifs ; • Adapter les consignes et les exercices en fonction des objectifs ; • Tester les programmes sur Scratch

• Garder la trace du travail réalisé.

Des règles d’action de prise d’information et de contrôle ont été identifiées, ces actions ne sont pas linéaires et peuvent se dérouler en parallèle ou former des boucles de rétroaction. Comme dans Ma1, Marie commence par retrouver les ressources produites sur l’algorithmique pour le cycle 3. Si des exercices correspondent aux nouveaux objectifs de la leçon, alors elle les sélectionne et les intègre à la nouvelle leçon qu’elle conçoit. Lors de la recherche de nouvelles ressources, Marie débute par la consultation de plusieurs manuels scolaires, si elle ne trouve pas d’exercices qui correspondent à ses objectifs, alors elle poursuit sa recherche avec Internet. Une autre règle d’action fréquemment observée est l’utilisation combinée des logiciels Scratch et FS Capture pour transformer un exercice papier en ressource numérique intégrable dans un traitement de texte. Lors des multiples phases de relecture, Marie modifie et ajoute des consignes afin de les adapter à ses objectifs. Un travail d’harmonisation de la mise en page est aussi régulièrement réalisé.

Ces règles d’actions sont guidées par des invariants opératoires liés à l’expertise documentaire qui ont émergé de l’analyse des données. Certains sont communs à la situation Ma1.

a/ Marie s’appuie sur les ressources qu’elle a déjà produites pour concevoir la nouvelle leçon. Marie ne commence pas sa leçon à partir d’une page blanche, elle sélectionne d’abord les exercices pertinents dans la leçon de l’année dernière avant de chercher de nouveaux exercices.

b/ Pour être sûre de retrouver ses ressources, Marie utilise le plus souvent les mêmes règles de classement (voir § 5.3.1 pour une analyse détaillée).

c/ Recopier les instructions des programmes dans Scratch permet à Marie de mieux connaître le logiciel et anticiper les difficultés des élèves. Lorsqu'elle entre les instructions, Marie ne se contente pas de recopier linéairement les programmes. Pour l’activité 5, elle entre les instructions de l’exercice du Mathmonde en fonction de leur typologie (Extrait 5-14) : toutes les conditions, puis tous les opérateurs et enfin les variables.

Extrait 5-14 : Situation Ma2 partie 2, Marie, mai 2018, 18’26’’

21’12’’ : déplacement de l’instruction condition (si… alors)

21’40’’ : placement des opérateurs

21’58’’ : placement des variables

Cet invariant se traduit également par les tests de programmes effectués par l’enseignante (annexe 21-3 à 7’04’’ ; 30’06’’ ; 45’01’’).

d/ Utiliser plusieurs manuels scolaires offre une plus grande variété d’exercices et de manière de présenter une notion. Cet invariant s’appuie sur la consultation de quatre manuels différents pour chercher des exercices (voir Figure 5-7 à Figure 5-8). Il est par ailleurs remarquable que parmi ceux-ci, nous ne trouvions pas le manuel des élèves (Sésamath). Nous supposons que Marie connaît bien le contenu de Sésamath et qu’elle sait qu’il n’y trouvera pas le type d’exercices recherchés.

e/ Lorsque Marie est bloquée dans la conception de la ressource, elle lance une requête dans un moteur de recherche. Internet est alors perçu comme une source d’information qui a réponse à tout (voir § 5.3.3 pour une analyse approfondie).

Le fractionnement de la situation Ma2 en trois sessions de travail met bien en évidence des récurrences dans le travail documentaire de Marie. Pour chaque nouvelle activité de la leçon qu’elle prépare, elle recherche un exercice, ou un guide, qu’elle va ensuite adapter en fonction de ses objectifs (voir § 5.3.4 pour une analyse détaillée). Dans la situation Ma2, Marie ne se focalise pas sur un seul manuel, mais en consulte quatre de différentes collections, plus le cahier de programmation et de l’algorithmique cycle 3. Cela implique une bonne connaissance de l’offre de ressources disponibles. Au niveau des pratiques informationnelles, le recours à une recherche sur Internet est intervenu lorsque Marie a été confrontée à un déficit de connaissance sur le logiciel Scratch.

5.2.2. Invariances et évolutions dans l’organisation de l’activité

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