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Les traits de la mondialisation en Inde : une ouverture partielle et une économie fragilisée

4 Udaipur, un territoire intermédiaire soumis aux dynamiques de l’Inde contemporaine

4.1 L’Union indienne dans la mondialisation contemporaine

4.1.2 Les traits de la mondialisation en Inde : une ouverture partielle et une économie fragilisée

Témoin de la participation encore relative de l’Inde dans le marché mondial, en vingt ans, de 1980 à 2000, les exportations du pays sont passées de 6 % à 11 % de son P.I.B., alors que pour d’autres pays asiatiques, la progression est plus frappante : pour la Chine par exemple, souvent comparée à l’Inde, elles sont passées de 8 % à 22 % du PIB dans le même temps193. De même, les investissements privés sont encore loin d’atteindre ceux de la Chine ou de l’Asie du Sud-est : en 1992, l’Inde avait reçu, selon les chiffres présentés par Gilbert Etienne194, 350 millions de dollars et dans le même temps, les investissements étrangers en Extrême-Orient étaient de plusieurs milliards de dollars. L’ouverture a joué de manière positive sur la croissance économique, de l’ordre de 5,2 % entre 1992 et 2001, alors qu’elle s’élevait à 3,2% entre 1970-80 et 1980-90.

De nombreuses multinationales considèrent l’offre de l’Inde encore trop limitée. Les démarches administratives complexes et les infrastructures souvent inadaptées constituent des freins certains, dans le contexte actuel, à l’implantation d’entreprises, ceci malgré des campagnes de promotion territoriale de plus en plus affirmées engagées au niveau des Etats et de réelles mesures d’allègement fiscal.

La politique de développement autocentrée longtemps défendue comme une volonté forte du pays de se distinguer dans un monde bipolaire est aujourd’hui tenue responsable d’un retard de développement. Pourtant, celle-ci s’est longtemps accompagnée d’une croissance forte, notamment dans le secteur de l’industrie, ce qui permet d’affirmer que dans le contexte des cinquante dernières années, l’ouverture n’était pas la seule possibilité

192 La convertibilité de la roupie en compte courant a été introduite en 1994, suite une signature avec le FMI.

193 Source : « La nouvelle division internationale du travail », Alternatives Economiques, dossier « Vingt ans de

mondialisation », n°184, sept.2000, p42.

pour assurer une croissance économique soutenue et parvenir à atteindre une autosuffisance relative. Le moindre degré de son ouverture lui a permis de limiter les effets des fluctuations de l’économie mondiale (notamment la crise asiatique de 1997) et une protection de certains secteurs leur permettant ainsi de se structurer suffisamment afin d’être en mesure de soutenir la concurrence étrangère.

L’économie indienne est très diversifiée. Elle se compose, dans son ensemble, d’un vaste secteur d’agriculture traditionnelle peu mécanisée et peu rentable, dominant l’économie de nombreux villages, une agriculture moderne et performante dans certaines région (Punjab), un vaste domaine d’activités artisanales, une grande variété d’industries modernes, le plus souvent petites et moyennes (small and medium scale industries), et une multitude de petites activités de services. La croissance, dont a bénéficié le pays depuis les années 1980, a permis d’accroître le capital privé. Des réformes dans la production, les échanges et les investissements ont fourni de nouvelles opportunités pour les hommes d’affaires indiens et pour une classe moyenne estimée à plus de 200 millions de personnes. Le PIB/hab., donnée très critiquée par certains économistes, mais néanmoins quelque peu éclairante, a cru à une moyenne d’environ 5 % entre 1992 et 1995 195.

Ainsi, malgré un dynamisme certain, une grande partie de la population, certainement autour de 40 %, demeure pauvre. Les difficultés actuelles du pays ne sont nullement liées aux orientations politiques anciennes ou à l’ouverture actuelle. L’agriculture, qui compte plus de 60% de la population active, est caractérisée par sa faible productivité. Le taux d’analphabétisme est très élevé (en 1998, il était de 57 % pour les femmes et de 38 % pour les hommes196). Le pays est fortement marqué par un puissant secteur non-structuré qui compte, selon les estimations, pour plus de 90% de l’emploi total (Heuzé G., 1992). Celui-ci constitue une réelle source de richesse, mais il compromet toute intervention étatique dans le domaine de la protection sociale et du droit du travail notamment.

De nombreux analystes signalent, depuis 1995, une réforme qui a franchi des étapes irréversibles sans cependant qu’elle ait produit l’effet attendu au niveau des échanges internationaux. Si une augmentation des exportations de biens et de services peut être notée, la production de l’Inde reste essentiellement tournée vers son marché intérieur. Le dérèglement des marchés a notamment permis une accélération du taux de croissance économique depuis le milieu des années 1980 -environ 6 % de moyenne entre 1986 et 2000 -, phénomène que les décennies précédentes n’avaient pas connu, et qui semble avoir permis une augmentation de la richesse nationale et une réduction de la pauvreté. Les problèmes économiques restent nombreux, malgré ces réformes, mesures « concrètes et authentiques 197» de libéralisation. La libéralisation a aussi participé, malgré une hausse sensible du niveau de vie, à maintenir les inégalités, en milieu rural comme en milieu urbain, et à renforcer les disparités régionales, comme le montre une analyse effectuée par Claire Harasty à partir de données émanant de la National Sample Survey Organisation concernant le revenu des ménages et les dépenses de consommation dans plusieurs Etats de l’Union : « des indicateurs de l’évolution du niveau de vie optimistes au niveau national, l’apparition de disparités entre Etats au niveau régional, tels sont les effets de la mondialisation. » (S. Berger & C. Harasty 2002 : 14).

195 Source : Gouvernment of India, 1996. De nombreux organismes proposent des chiffres permettant d’évaluer les principales

tendances de l’économie indienne. Voir notamment les sites internet gouvernementaux sous le portail : www.rbi.org.in.

196 HOCHRAICH Diana. « Atouts et contraintes de l’économie indienne. », Problèmes économiques, N°2796, 2002. Article

original publié dans AcComex., N°47. septembre-octobre 2002.

197SETHI, R. (1996). « L’ouverture économique de l’Inde » in Nouvelles de l’Inde, n°307 : Colloque Rencontres Fins de

Indice relatif de développement

Kms

0 192

Indice relatif de développement

133,00 102,89 76,52 50,15 25,00 Moyenne de l’Etat : 69 % Kms 0 192 42,96 - 52,3 4 35,96 - 42,4 9 32,94 - 35,0 9 30,05 - 32,7 22,98 - 26,0 0 Population active Kms 0 192

Part de la population active sur la population totale

Moyenne de l’Etat : 38,87 % Moyenne de l’Inde : 37,46 % 49,03 46,36 41,64 36,92 32,21 29,58 Moyenne de l'Etat : 38,55 % Moyenne de l'Inde : 55,21 % Alphabétisation Taux d'alphabétisation

District d'Udaipur, au Sud du Rajasthan, jusqu'en 1991

(avant scission de 1999, donnant lieu au district de Rajsamand)

4.1.3 Décentralisation, nouveaux rôles des Etats et régionalisation après

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