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1 Du territoire dans la Nature

1.2 Des collines comme marqueurs du territoire

Les collines, appelées magra en langue mewari49 pour les plus grandes et magri pour les petites50, sont très nombreuses dans la région connue sous le nom de Girwa51. Ce relief est ainsi défini par ses collines, au sein desquelles s’inscrit le bassin d’Udaipur et le site de la ville.

1.2.1 Fermeture du site

À dominante collinaire, la région d’Udaipur a longtemps constitué un obstacle incontournable pour tous moyens de transport à roues. Disposées de manière circulaire, les collines rendaient l’accès à Udaipur difficile. Dans le passé, la cité ne pouvait en effet être approchée qu’en franchissant les rares cols qui percent les magra : celui de Debari à l’est, de Chirwa au nord, de Ghasar au nord-ouest et enfin celui de Kevra au sud. Les passages (-nal) de Debari et de Chirwa ont été utilisés depuis la période britannique pour construire des routes, les seules qui permettaient de tisser des liens commerciaux avec les localités et régions voisines du nord.

Les passages de Kevra et Ghasar, respectivement situés au sud et au nord-ouest de la ville n’ont, eux, été utilisés que plus récemment pour le passage des routes nationales desservant Jaisamand et Banswara, ainsi que pour construire la route qui relie Udaipur avec les centres urbains de Jodhpur au nord-ouest et de Sirohi au sud-ouest. En direction du sud et du sud-ouest justement, alors que les altitudes tendent à diminuer, s’ouvre une vaste plaine dont l’amplitude n’est gênée que par de basses hauteurs entre lesquelles se sont développés plusieurs petits villages.

49 Le Mewari est dérivé du Rajasthani. 50 Magra masculin et magri féminin.

51 Girwa est le nom de la région naturelle environnant Udaipur ; c’est aussi celui du tehsil, subdivision administrative dans

1.2.2 Prégnance des formes collinaires

Le site que forme l’environnement immédiat d’Udaipur est marqué par ces mêmes caractéristiques morphologiques. La majeure partie de l’espace correspondant à celui de la cité ancienne est installée sur une colline dépassant les 600 m. La ville moderne occupe l’espace d’une plaine relativement homogène, si l’on exclut quelques accidents du relief parfois peu visibles, mais dont le nom évoque une forme physique surélevée, le plus souvent associé à une divinité52.

Depuis les terrasses de centre d’Udaipur en direction de l’ouest, la vue s’étend sur une large vallée, située à une altitude moyenne d’environ 500 m, entourée des monts Aravalli. Implantée sur des hauteurs, la ville historique domine une grande étendue d’eau, le lac

Pichola (Pichola Sagar53), dont la présence détermine dans une large mesure les formes initiales et le développement actuel de la ville. Si ses berges est et nord ont été aménagées en ghat54, ses rives ouest et sud embrassent d’amples étendues de plaines entrecoupées d’ensembles collinaires.

La colline sur laquelle est implantée la cité fait face au point qui surplombe le site proche, Sajjangarh (938 m d’altitude), un bloc rocheux aux parois abruptes. Ces rebords orientaux des Aravalli se dressent à plusieurs kilomètres du centre et, découpés par d’étroites brèches, constituent une sorte de muraille naturelle d’altitude toutefois modérée. Ces collines, bien que parfois éloignées de plusieurs kilomètres, s’étirent de telle manière qu’elles enferment le site.

En direction du nord de la ville, Kala Magra, « la colline noire », d’une altitude de 838 m, domine le dernier ensemble collinaire de la vallée, au travers duquel passe l’unique route nationale qui conduit vers Nathdwara, Ajmer et plus loin vers Delhi. Malgré une altitude élevée pour la région et le dénivelé qui les séparent de la plaine située à leur base, les hauteurs ont un profil plutôt concave, si bien que certaines de leurs pentes ont permis l’installation d’habitations.

Cette barrière rocheuse est renforcée par la présence d’un ensemble collinaire de moindre envergure, qui domine les berges nord de Fateh Sagar de plus de 200 m. Situé au nord de Pichola Sagar, il bénéficie de la même situation : ses berges ouest s’ouvrent vers une plaine qui se termine par des collines, alors qu’à l’est, Moti Magri - « la colline de perle » - surplombe l’étendue d’eau.

52 Denthya Magri, « la colline du démon » ou Hiran Magri, font figure d’exemple : leur différence d’altitude avec la plaine

centrale est trop peu marquée pour en faire un élément important du relief local, mais la toponymie souligne leur caractère de relief.

53 En hindi, sagar signifie « lac ». 54 « Escaliers » en hindi.

1.2.3. Citadelle naturelle

Les limites administratives de la ville d’Udaipur sont définies par les obstacles naturels. Au nord, elles sont marquées par la colline de Thoriya (située à 750 m environ), de Neemach, ou encore celle de Bedla (700 m) tandis qu’au sud elles sont occupées par Hara Magra (750 m) et par les collines de Pandha et de Titari.

À l’est, la ville est entourée des collines de Bebari et d’Udai Sagar, dont l’altitude avoisine les 800 m. Les limites sud de l’espace municipal jouxtent Banki-ka-Magra (842 m). Dans ces deux directions, sud et est, au-delà de ces collines, le relief est moins marqué, les escarpements se font plus espacés et les pentes semblent s’adoucir en direction du plateau d’Harauti, dans la région de Kota.

Le site immédiat de la ville semble ainsi former un ovale quasi-parfait, bordé par les collines proches de Neemach Mata (769,5 m) et de Machhla Magra (744,2 m). Dominant les berges de Fateh Sagar, cet ensemble collinaire constitue un point de vue en enfilade sur les lacs, l’île de Jag Mandir ainsi que sur les ghats occidentaux dominés par la ville ancienne et le palais royal.

Depuis les limites sud de la ville, à une altitude de 580 m environ, les points de vue sur le site sont tout aussi caractéristiques et témoignent de manière évidente de son encaissement et de la présence de la nature aux franges de la ville.

Prégnantes dans l’environnement naturel d’Udaipur, les collines revêtent une importance de premier ordre dans le processus social de production du territoire. Elles constituent des hauts-lieux qui font espace, au sens où l’entend Daniel Payot :

« Tandis que la métaphysique pensait d’abord “l’espace”, puis les lieux, puis les choses venant occuper les lieux, il faut comprendre maintenant : d’abord l’advenue des choses, qui d’elles-mêmes si l’on peut dire, font lieu(x) ou tiennent lieu(x) et enfin seulement, à partir des lieux, le déploiement de l’espace » (Payot D., in Mangematin M., Nys P., et Younès C., eds., 1996 : 97).

En tant qu’éléments appropriés par la société, définissant un espace naturel qui jouxte l’urbain, elles comptent parmi les éléments fondamentaux du territoire d’Udaipur.

Outre la montagne, élément primordial d’un point de vue religieux et pour l’identification des hommes à l’espace, la singularité d’Udaipur, souvent reconnue comme définissant un site exceptionnel, tient principalement à la présence d’eau, ressource rare dans cette partie du pays. Cette eau témoigne davantage de l'influence de l'homme que ne le peut le relief. Les lacs ont en effet été construits par les hommes qui se sont succédés dans ces lieux, répondant ainsi par cette entreprise à leurs besoins les plus élémentaires.

Fateh sagar

Pichola sagar

Ahar

0 250 500 1 000m 1 500

De la ville au lac

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