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4 Udaipur, un territoire intermédiaire soumis aux dynamiques de l’Inde contemporaine

4.3 Le district d’Udaipur

Le district d’Udaipur ne figure pas parmi les plus pauvres de l’État du Rajasthan. Il est cependant caractérisé par une grande hétérogénéité de situations dans les domaines économiques et sociaux. Il souffre d’un retard économique, ainsi que de profondes difficultés sur le plan de l’alphabétisation.

Le document met en évidence la position intermédiaire du district d’Udaipur vis-à-vis du Rajasthan, à partir quelques données relatives à sa situation socio-économique.

Les contraintes statistiques ne permettent pas de distinguer zones rurales et zones urbaines, dissimulant ainsi une disparité pourtant très marquée. Le dynamisme manifesté par une croissance économique positive dans les villes, suivant globalement celle que connaît l’État du Rajasthan depuis quelques années, tranche avec la situation de retard socio-économique que connaissent les zones rurales.

Le district d’Udaipur, dont la population s’élevait en 2001 à 2 632 210 personnes200, est principalement rural (81,4 % vit dans des zones rurales). La plus grande part de cette population bénéficie de très faibles revenus en raison d’une faible productivité de l’agriculture et doit faire face à de grandes difficultés, notamment liées au climat (sécheresse).

Corollaire des difficultés de l’espace naturel mais aussi de dynamiques socio-économiques d’envergure nationale, une grande partie de la population rurale est caractérisée par un faible niveau d’éducation et par un manque de perspectives d’emplois.

Selon les chiffres du Census of India 2001201, 63,8 % de la population du district est

employée dans des activités liées à l’agriculture, ce qui place la population active agricole du district d’Udaipur en deçà de celle des districts situés à l’est, Banswara (85,6% au premier rang de l’État dans l’emploi agricole), Chittaurgarh (77,4%), Dungarpur (75,6%) et Bhilwara (64,1%) et au-delà de ceux situés au nord et à l’ouest : Rajsamand (54,3%, qui faisait partie du district d’Udaipur jusqu’en 1991), Pali (56,6%) et enfin Sirohi (50,1%).

Les domaines économiques les plus importants du district sont l’agriculture, les services - principalement concentrés dans les espaces urbains - et la petite industrie.

Les espaces ruraux qui jouxtent la ville d’Udaipur affirment son rôle centre de services pour sa région. En plus de représenter un marché de consommation courante qui vient dynamiser son économie et constituer un important foyer de main-d’œuvre pour les

200 Source : Office of the Registrar General, India. http://www.censusindia.net

201 Le Census of India est l’organisme fédéral chargé, entre autres, d’effectuer le recensement national de la population tous

domaines de l’artisanat et de la petite industrie, les populations rurales exercent souvent une activité mercantile, fournissant la ville en produits agricoles.

Si elle est généralement autosuffisante et si la production de minerais figure parmi les premières du pays, l’agriculture reste cependant généralement peu rentable dans le district d’Udaipur. La majeure partie des exploitations se compose d’entreprises familiales dont les revenus sont médiocres, et de petite superficie (généralement moins d’1 hectare). Ceci s’explique en partie par la pauvreté de certaines populations, tout particulièrement celle des tribus Bhil, Meena, Garasia ou d’autres membres de scheduled castes dont les ressources sont très faibles et qui éprouvent des difficultés à s’intégrer dans une économie compétitive et à assurer leur reconversion souvent rendue nécessaire par le faible rendement des terres.

Le taux d’illettrisme en zone rurale est de 31 % (Census of India, 1991), ce qui place le district parmi ceux du Rajasthan les plus en difficulté dans ce domaine.

La difficulté de trouver une activité rémunératrice202 n’est pas spécifique aux espaces ruraux. Toujours à l’échelle du district d’Udaipur, 68,5 % de la population urbaine (Census of India, 1991) n’exerce officiellement aucune activité économique. Ce chiffre permet d’identifier une tendance tout à fait valide malgré l’importance de l’activité non- répertoriée.

Le tehsil de Girwa, pour lequel Udaipur est le centre administratif, est aussi marqué par des faiblesses dans le domaine de l’emploi, à la fois en milieu rural (la moitié de sa superficie) et dans le milieu urbain203. Mais les chiffres dans le cas de l'Inde ne doivent pas cacher l'étendue du travail informel s'organisant à travers des réseaux sociaux multiples et mouvants, fournissant des emplois certes précaires mais qui permettent au moins la survie de nombreuses familles. Ce type d'activité, rendue possible par une migration vers la ville d’Udaipur, n'apparaît pas à la lecture des statistiques. Elle permet aux plus chanceux et aux plus instruits d'accéder à des services et à une plus grande diversité de produits de consommation, d'investir et de trouver les moyens de faire face à des besoins coûteux, (mariage, etc…). Ce système, fondé sur une mobilité entre espace rural et espace urbain, se montre parfois très lucratif. Loin d’être marginal204, ce phénomène renforce considérablement les liens entre la ville d'Udaipur et son espace périphérique.

L’analyse succincte des principaux traits de la situation économique du district d’Udaipur montre une forte dissymétrie entre la position de la ville et celle de l’ensemble du district, dominé par le monde rural.

202 Il est très difficile de mesurer le sous-emploi dans les pays en développement. D’une part car, comme nous l’avons déjà

souligné (voir partie introductive), aucune donnée fiable prenant en compte tous les types de structures n’est disponible ; d’autre part, comme le soulignent Gérard Heuzé (Heuzé G., 1992) ou encore Bernard Bret (Bret B., 2002), la raison tient au contenu même du travail, et à sa définition même.

203 Udaipur compte, comme de nombreux espaces urbains du pays, une forte émigration de populations qui ne

parviennent pas à subvenir à leurs besoins dans les zones rurales. Ceci se traduit par l’installation spontanée de population dans plusieurs lieux situés en marge de la ville. Le long de la route nationale N8, à l’entrée sud d’Udaipur ainsi que proche de Bedla Road, plusieurs familles originaires de zones rurales environnantes ont élu domicile dans des tentes bricolées. Observé en 1999, ce phénomène n’a fait l’objet d’aucune mesure de la part de la Municipalité de la ville. Ces familles étaient toujours présentes dans ces lieux en août 2004.

204 Au cours de nos séjours sur le terrain et dans le cadre de cette recherche, nous avons eu l’occasion d’observer plus

d’une cinquantaine de jeunes personnes (essentiellement des hommes) employés dans des hôtels, des restaurants ou des commerces touristiques, situés dans une position qui s’apparente à une multirésidentialité : ils vivent de manière temporaire à Udaipur et rejoignent leur domicile lors de périodes creuses ou lors de congés.

Nos entretiens et questionnaires s’intéressant à l’emploi touristique permettent d’évaluer le nombre de ces personnes à environ 200.

En dépit du fait qu’Udaipur concentre une très grande part des actifs du district, il convient cependant de noter que cet espace connaît des problèmes importants, notamment un fort taux de non-emploi et un grand nombre de personnes vivant dans des conditions très modestes (moins de 50 roupies par jour, un peu plus d’1 Euro) en raison d’un manque de perspectives économiques. À ces difficultés s’ajoutent celles qui sont liées à une augmentation de la population et à une urbanisation non régulées205, ayant de nombreuses conséquences dans le domaine de l’approvisionnement et la qualité de l’eau ou de la gestion des déchets et de la pollution. Sans être directement liés à un niveau de développement, ces aspects sont tout à fait déterminants à prendre en compte pour caractériser l’espace d’Udaipur.

L’étude des dynamiques de cet espace fait apparaître plusieurs tendances combinées qui permettent de préciser la position intermédiaire d’Udaipur, à la fois du point de vue de sa situation économique et du point de vue social, située entre les districts les plus riches d’Ajmer et de Jaipur, et ceux qui sont le plus en difficulté, à l’ouest de l’État206.

4.4 Udaipur aujourd’hui, espace aux franges d’un processus de

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