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Le traitement de données chiffrées

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 120-123)

Des données chiffrées sont exploitées au chapitre 6 pour analyser l’évolution des risques. J’ai utilisé pour cette étude des banques de données professionnelles (Datastream et de Bloomberg) qui m’ont permis de récolter des données agrégées cohérentes au niveau national et international. Je les ai complétées avec des chiffres venant directement des sociétés étudiées (rapports annuels incluant bilans et comptes de résultats simplifiés des groupes, documents de référence).

D’autres informations sont issues de sources officielles, via des organismes de régulation ou des organisations internationales, et en particulier la Banque des Règlements Internationaux (BRI ou BIS en anglais), la Banque Mondiale ou l'Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP) en France. Dans ce cas de figure, les approches quantitatives qui ont été appliquées ne constituent pas le cœur de la recherche, mais ont été utiles pour obtenir des résultats supplémentaires.

Au démarrage de cette recherche, j’espérais mesurer de façon quantitative la baisse de l'affectio societatis. En analysant les études quantitatives de mesure du sentiment d'appartenance (Richer - 1998) ou les travaux d'Allen et Meyer dans leur analyse en trois composantes (Allen et Meyer - 1991) qui revisitent la revue de littérature sur le thème des mesures de l’affect dans l’entreprise, j'ai pris conscience de deux obstacles :

1) il est difficile d’obtenir une mesure homogène d'une notion aussi subjective sur longue période, et les risques d'imprécision et de fausse interprétation associés sont très importants. Disposer de données cohérentes sur vingt ans était peu réaliste : sur une telle durée, la sensibilité des gens et leurs situations changent considérablement - à supposer qu’on ait pu interroger les mêmes personnes - et leurs réponses aux mêmes questions ne sont plus homogènes.

2) les études quantitatives de la littérature anglo-saxonne de gestion qui traitent des sujets d’appartenance ou de citoyenneté organisationnelle se contredisent les unes les autres, sans doute à cause de la subjectivité des thèmes étudiés. En outre, elles se concentrent le plus souvent sur des thèmes pour lesquels elles possèdent des chiffres fiables, comme les démissions par exemple, et rarement sur des aspects plus ‘’mous’’ sur lesquels les données ne sont pas disponibles.

J'ai donc renoncé à une étude quantitative aux résultats probablement frustrants et imprécis.

3.5. Epistémologie, méthodologie utilisée et modèle de recherche Une méthodologie adaptée au terrain et au chercheur : une approche compréhensive, évolutive et pragmatique

Cette recherche s'est inscrite dans différents cadres épistémologiques parce que des méthodes différentes ont été appliquées pour les opérations de recherche.

Compte tenu de ma proximité avec GlobIns, et des fortes interactions que j’ai eues avec nombre de ses salariés, on pourrait être tenté d'inscrire le processus de ma recherche dans le cadre de la recherche-action, dans son sens le plus large.

Un pan de mon travail de recherche correspondait bien à ce cadre : la recherche s'effectuait en même temps que l'action de transformation des organisations (Liu -1997), et visait en partie à participer à cette transformation. Il y avait des aspects de la mission que m’a confiée GlobIns qui s’inscrivaient dans sa volonté de transformer sa culture, et pour cela de mieux la comprendre. Les résultats obtenus ont pu influencer le processus de changement. Mon travail pour eux consistait à observer quels étaient les blocages qui pouvaient empêcher la transformation

culturelle du groupe et inversement à déterminer quels pouvaient être les facteurs facilitants. Pour autant, il ne s’agissait pas d’un travail de consultant, requérant une présence intensive sur le terrain et des avancées régulières, mais davantage d’un diagnostic attendu permettant de mieux comprendre des éléments de fonds, d’éviter des écueils ou de signaler des points clés d’amélioration qui n’auraient pas été repérés par l’organisation.

Je n’étais pas soumis à une relation hiérarchique ni à des objectifs, et j’avais toute latitude pour mener ma recherche selon ce qui me guidait, avec un point formel deux fois par an, où je rapportais mes principales observations à la personne qui m’avait confié le travail (par ailleurs, je rencontrais plus fréquemment ses collègues et collaborateurs). Cette grande liberté, ainsi que le fait que j’étudiais en parallèle d’autres entreprises ou que j’effectuais un pan de la recherche sur base de documents m'éloignait en partie d'un travail de recherche-action, même si comme le rappelle Liu (1997-p19), "la recherche-action n'a pas été codifiée et ne repose pas non plus sur un consensus entre tous les chercheurs". Dans tous les cas, ma recherche restait ‘’compréhensive’’ au sens de Dumez (2013).

Bien sûr, mon intervention au sein du système social qui était examiné, même parfois en interaction faible, posait la question des biais possibles des analyses présentées et des résultats produits.

Les expériences de Garfinkel dans son "ethnométhodologie" semblent montrer suffisamment que la posture rigoureusement objectiviste en sciences sociales fait prendre le risque de tomber dans une impasse. Garfinkel choisit d’ailleurs de reprendre l’aphorisme de Durkheim ‘’la réalité objective des faits sociaux est le principe fondamental de la sociologie’’ en le reformulant de la façon suivante (Garfinkel – 2001, in de Fornel ‘’Colloque de Cerisy’’ – 2001 – p42) ‘’la réalité objective des faits sociaux est bien le phénomène fondamental de la sociologie mais il faut appréhender cette réalité objective comme une réalisation pratique continue de chaque société, procédant uniquement et entièrement, toujours et partout, du travail des membres, une réalisation naturellement organisée et naturellement descriptible, produite localement et de manière endogène, sans relâche et sans possibilité d’évasion, de dissimulation, d’esquive, d’ajournement ou de désintéressement’’. Il était donc possible d’assumer ce risque de manque d’objectivité en en faisant un outil de la recherche et en tâchant de mieux

comprendre quels étaient les présupposés que j’avais sur l’industrie de la finance tout en les comparant à ceux de mes anciens condisciples dont j’examinais les croyances. C’est le travail détaillé aux chapitres 1 et 4.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 120-123)