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Le terrain de recherche et la posture Le terrain de recherche Le terrain de recherche

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 105-108)

Revue de littérature de la proposition 6

3.1. Le terrain de recherche et la posture Le terrain de recherche Le terrain de recherche

Le terrain de recherche concerne les entreprises de la banque, de l'assurance et de la finance avec un focus particulier sur les multinationales de ces secteurs.

Dès le démarrage de la thèse, j'ai eu la chance de bénéficier du soutien de l'une d'entre elles, appelée "GlobIns" dans cette recherche. GlobIns a accepté de m'ouvrir ses portes, sous certaines conditions de confidentialité, définies au départ et contractualisées. Mes connexions anciennes avec nombre des salariés de cette société m'ont permis d’y avoir une présence régulière et informelle, qui ne nécessitait pas de justifier ma présence à chaque rendez-vous ou discussion. Un cadre adapté et formel a cependant été établi avec des dirigeants de la société, sous la forme d'un contrat de recherche prévoyant une participation de ma part comme chercheur et consultant, qui m'amenait à leur délivrer un feed-back régulier sur ce que je voyais dans l'entreprise. J'ai pu être intégré régulièrement à l'entreprise, parfois de façon formelle dans le cadre d’une observation participante, ce qui m'a permis d’y recueillir un matériau plus riche.

Pour les besoins de la recherche comme pour donner du crédit à mes analyses – du point de vue de GlobIns – je suis allé chercher des points de comparaison à l'extérieur de cette entreprise, notamment chez ses principaux concurrents et dans des sociétés plus petites exerçant des métiers connexes où j’ai pu mener également un travail de terrain. Afin de rentrer plus facilement dans ces sociétés avec lesquelles je n’étais pas officiellement lié, j'ai utilisé les contacts obtenus au cours de mes années comme praticien. Cela m’a permis de rencontrer des cadres et des dirigeants que je connaissais sans avoir d’autorisation officielle de la société qui les employait, mais aussi d’utiliser le réseau relationnel de mes interlocuteurs à l'intérieur de leur propre entreprise.

Pour autant, si mon travail de recherche était relié à celui que j’effectuais pour GlobIns, il en différait par beaucoup d’aspects : mon objectif pour aider GlobIns consistait à mieux comprendre ce qui freinait les transformations de cette organisation au niveau de sa culture d’entreprise. Il s’agissait d’aider ses dirigeants à mieux appréhender les difficultés auxquelles ils faisaient face dans le changement de culture qu’ils voulaient imprimer à l’entreprise. En revanche, pour ma recherche, je cherchais plutôt à comprendre comment les risques se réalisaient dans l’entreprise et comment les déterminants organisationnels interféraient. Les risques étant le cœur du métier dans une compagnie d’assurance, et faisant l’objet d’une préoccupation constante, les deux tâches ont pu se fertiliser l’une l’autre. Ma position dans GlobIns me permettait de me positionner comme un observateur, un peu plus intime qu’un consultant, et un peu moins qu’un salarié. Mes mandants dans l’entreprise étaient au courant de mon objet de recherche et s’y intéressaient, ce qui était important puisque toutes mes observations étaient teintées par le prisme de mes travaux à propos des risques.

La posture

Dans mon travail de terrain pendant la durée de la recherche, j’ai eu un statut qu’on peut rapprocher de celui de l’observateur-participant.

Bien que j’aie exploité mes observations de l’époque où j’étais praticien, je n’avais alors ni une posture ethnologique ni celle d’une observation participante au sens propre car j’avais quitté les multinationales au moment où j’ai commencé ma recherche. Je n’étais pas dans une posture de chercheur au moment d’observer les faits : biais mémoriel et illusion rétrospective peuvent colorer mes témoignages sur cette période.

En ce qui concerne ma recherche chez GlobIns pendant la durée de la thèse, mon statut n’a pas fait de moi un ethnographe, au sens du sociologue immergé (Villette - 2013). J'ai plutôt été un observateur informé possédant des compétences techniques. Les données collectées ont été recueillies alors que je n'étais plus un praticien, et s'il m'est arrivé de regarder les situations en m'aidant de la connaissance acquise dans ma vie précédente, je n'avais pas à m'observer

moi-même en situation de management. Ma vision a donc toujours pu rester extérieure, ce qui a évité une complexité supplémentaire.

On pourrait dire que mes observations ont découlé de deux sources et d’une posture duelle :

a) une observation participante ‘’rétroactive’’, où j’ai été totalement immergé dans le milieu étudié, à une époque où je n’étais pas chargé de faire cette recherche. Je me suis souvenu de façon rétroactive de mes observations

b) une observation participante classique, mais dont l’intégration dans le milieu étudié a été limitée par l’étendue de la mission et par une distance créée à la fois par mon statut externe de chercheur et par le fait que je n’aie pas été tous les jours sur les lieux de mon terrain.

L’avantage de la première partie de l’observation participante (comme salarié) est d’y avoir été en immersion très longue et sans équivoque. Ses défauts sont : a) la distance dans le temps qui a pu troubler les observations b) le changement de regard entre l’observation et le rendu.

Dans la seconde partie (comme étudiant-chercheur), je n’ai pas été totalement intégré à l’entreprise, comme l’est un salarié, ce qui m’a fait perdre de l’information. Cela a été compensé par la distance et la liberté données par l’absence de liens de subordination.

Il s’agit d’un travail différent de ce que l’on pourrait appeler une observation participante ‘’classique’’, avec une personne immergée dans son terrain, et effectuant sa recherche de façon ‘’sous-marine’’ par rapport à sa tâche

‘’principale’’ sur le terrain, dans un cadre officiel pour l’organisation ou non. La démarche de recherche a ici été guidée par la chronologie et par les évènements.

Elle a demandé une certaine réflexivité adaptée à chaque épisode retranscrit. En prendre conscience a été en soi à la fois une alerte et une protection partielle contre les biais attachés à chacune des étapes de ce travail.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 105-108)