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– Revue de littérature

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 45-48)

La revue de littérature est organisée en deux paragraphes. Le premier a pour objectif de faire une description synthétique des principales évolutions-clés de l’industrie de la finance entre 1989 et 2011 - en s’appuyant sur la base de la littérature académique – et de dresser un résumé des ‘’composantes’’ entourant ces évolutions dans le tableau n° 1 p47

Le second paragraphe reprend séquentiellement les ‘’propositions’’ qui structurent cette recherche - énoncées dans l’introduction générale - pour examiner ce que nous en apprend la littérature. Il permet d’analyser le cadre de référence académique du sujet de recherche d’une façon plus large et transversale, au risque de quelques recoupements avec le premier paragraphe.

2.1. Le thème de recherche dans son tissu économique et social

Mon étude s’est déroulée sur le terrain des multinationales financières, alors que la crise n’était pas encore terminée et qu’elle déclenchait encore les passions. Le cadre imposait d’examiner des sujets très à la mode dans les journaux à cette époque : même si je voulais éviter les généralités sur les causes de la crise et les maux des banques, il fallait faire le tri, comprendre et décrire contexte et terrain. Ce travail a été possible en réunissant des références académiques pour décrire le tissu dans lequel s’inscrivait la thèse et en donnant une cohérence d’ensemble que les médias n’avaient pas vocation à présenter sous forme de composantes intercorrélées.

Les principales composantes du tableau synthétique n° 1 ont pu être résumées en huit étapes :

1) La mondialisation des biens et des échanges, associée aux progrès des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), a donné naissance à des effets pervers favorisant la croissance des risques et la perte de confiance des salariés dans l’entreprise, avec des liens entre ces deux phénomènes.

Depuis le début des années 90, après l’effondrement du bloc soviétique, la mondialisation des biens et des échanges s’est accélérée dans un contexte croissant

d'instabilité macro-économique (Plihon - 2003; Stiglitz-2010; Aglietta & Berrebi - 2007). Pendant cette période, une partie de la richesse s’est déplacée du Nord vers le Sud. Ce mouvement est intervenu alors que la population des pays du Nord vieillissait et que la richesse se concentrait sur les plus âgés. Ce phénomène s'est inscrit dans le cadre d'une transformation importante du système capitaliste qui a dû s'adapter à cette nouvelle donne (Boltanski et Chiapello - 1999). La taille et l’internationalisation des multinationales se sont considérablement développées, accroissant ainsi leur complexité et leur pilotage.

2) Dans le même temps, nous sommes entrés dans la "Société du Risque"

décrite par Ulrich Beck (2001), c'est-à-dire une société qui engendre elle-même ses risques. On pourrait l’illustrer en disant que les risques proviennent désormais moins de la peste ou de la famine que des catastrophes nucléaires ou du prion de la "vache folle".

Dans cette société du risque, le désengagement des salariés, induit par la diminution du contenu du ‘’contrat psychologique’’ (Dulac – 2005) peut être l’un des facteurs d’accélération de la prise de risque. En effet, toute forme de désengagement de ses membres peut être vue comme un facteur de délitement potentiel des organisations : Bourdieu et Saint-Martin (1982) pensent qu'une institution doit sa capacité à perdurer à l'engagement des personnes qui l'animent, même si leur réflexion concerne le cadre défini de l'église. Ils expliquent (p52)14 que l'institution existe surtout à travers les actions des agents qui la composent.

En généralisant à toutes les institutions, Mary Douglas (2004) explique que les dangers qui menacent une institution proviennent de l'implication plus ou moins grande de ses membres plutôt que d'éventuelles menaces extérieures. On peut faire l'analogie dans les entreprises de comportements qui sont décrits dans un cadre sociétal. Putnam (1995) décrit le phénomène de diminution du capital social qui

14"Et en définitive, elle n'existe vraiment...vivante, c'est-à-dire agissante et capable d'assurer sa propre reproduction, ...qu'à condition d'être appréhendée par des agents dotés de dispositions...dont il est indifférent de dire qu'elles sont agies par les institutions où elles s'accomplissent ou qu'elles agissent les institutions qu'elles habitent."

s'accompagne de la montée de l'anomie et de la baisse de la confiance réciproque que les concitoyens éprouvent les uns pour les autres (et pour leurs dirigeants). Cela se repère par la baisse de l'engagement des citoyens dans les activités associatives et la vie de la cité. Putnam y voit un risque réel qui menace la vigueur de la démocratie en Amérique.

Peut-on supposer par analogie qu'un manque d'engagement, ou encore de ''dévotion'' de ses salariés accroît forcément les risques pour une entreprise ? Inversement, une augmentation des risques dans une institution, mesurée par exemple par l'augmentation du nombre d'incidents industriels ou par leurs coûts, peut-elle constituer une indication de tendance pour les managers et les inciter à interroger la relation salarié/entreprise ?

L’origine de ce questionnement en sociologie prend sans doute sa source avec

‘’la division du travail’’ (Durkheim – 1893) puisque la question posée par Durkheim était déjà celle de la capacité à préserver un lien, une cohésion sociale, avec la montée de l’individualisme.

L’affectio societatis15 pourrait d’ailleurs être vu comme le contraire de l’anomie. Il reste cependant à savoir si du point de vue de l’entreprise, il est plus efficace de faire travailler des salariés individualistes sans grand affectio societatis ou bien des salariés attachés affectivement à leur entreprise ou au moins au corps social de l’entreprise auquel ils peuvent s’identifier. Il n’est pas évident de trancher sur ce point, chacun de ces modèles ayant à un moment été fortement remis en question (cf p77).

15Dans la première phase de ma thèse, j’utilisais cette notion d’affectio societatis comme un ‘’mot-valise’’ pour décrire toutes les notions décrites en sociologie du travail qui permettaient de vérifier que les salariés étaient ‘’de confiance’’ selon la notion décrite par Bouffartigue (2001), et qu’ils répondaient aux critères à la mode chers aux entreprises sur la ‘’loyauté’’, ‘’l’implication’’, la ‘’motivation’’, le

‘’sentiment d’appartenance’’. Cette notion d’affectio societatis est connexe de celle du ‘’contrat psychologique’’

Source : bibliographie, tableau composé par mes soins

Tableau n° 1 : Synthèse des ‘’composantes’’ qui entourent le sujet de recherche

Mondialisa)on

- Pression sur le chiffre d’affaires (via le client)

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