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Revue de littérature de la proposition 1

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 54-57)

Rappel de la première proposition :

Une compétition commerciale accrue et une pression constante sur les résultats ont modifié profondément les entreprises de la finance européenne depuis la fin des années 80.

Deux grandes forces font émerger le nouveau capitalisme : les nouvelles technologies et la globalisation financière (Plihon – 2003). Cette nouvelle forme de capitalisme est marquée par la domination conjointe de la finance et du savoir.

Plihon explique comment les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) bouleversent fondamentalement les entreprises et l'économie.

Ces technologies permettent un développement mondial des entreprises en accroissant leur capacité à gérer des organisations mondiales, mais aussi en dématérialisant la production, en accélérant les cycles et en permettant de passer d'une production de masse à une production "sur-mesure", ce qui consacre la

"victoire du client". Les travaux d’Ashkenazy (2000, 2002) décrivent les liens étroits entre stratégies organisationnelles dans l'entreprise et développement des NTIC.

Plihon (2003) considère même qu'en accélérant le processus de mondialisation, en forçant les entreprises à s'agrandir et s'organiser différemment, le développement des NTIC a déclenché de larges répercussions sociales à la fois en termes d'adaptation et de redistribution des richesses.

Parallèlement, il décrit le second processus majeur qui démarre à partir des années 70 et s'accélère à la fin des années 80 : celui de la globalisation financière. S'il rappelle que ce processus n'est pas nouveau et qu'on en retrouve les traces depuis

des siècles, il observe (p30) que ‘’Le système financier international est désormais devenu un méga marché unifié de l'argent qui se caractérise par une double unité :

- unité de lieu : les places financières mondiales sont interconnectées par les réseaux modernes de communication

- unité de temps : il fonctionne en continu, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, successivement sur les places d'Extrême-Orient, d'Europe et d'Amérique du Nord.’’

L’évolution des NTIC se conjugue sur la même période avec la montée en puissance des investisseurs institutionnels et la croissance de la gestion collective : c’est la montée en force d'une puissance actionnariale dépersonnalisée, exclusivement motivée par le rendement de l'investissement. L'actionnaire dominant n'est plus un propriétaire qui réfléchit à long terme, mais un investisseur opportuniste qui cherche un rendement rapide de son placement. Plihon explique que la globalisation financière "fait système" avec le développement des NTIC puisque ceux-ci ont permis l'émergence des outils permettant de gérer une finance mondiale tandis que les investissements massifs de l'innovation par la finance ont été un adjuvant essentiel de la rapidité de développement et d'intégration au système des NTIC (Plihon in Benassy-Quéré, Chavagneux e& al. -2007)

Il s'attache à montrer qu'un nouveau capitalisme dit "actionnarial" est en place pour lequel la finance de marché joue un rôle dominant, avec une financiarisation des entreprises à tous niveaux. Elle est marquée par l’accroissement des emplois "financiers" par rapport aux emplois "productifs" et l’évolution profonde du marché du contrôle des entreprises depuis 1995. Plihon analyse la baisse de la part de détention des actionnaires stables et des noyaux durs d'actionnaires dans les entreprises.

La conséquence directe de ces modifications est "La transformation des rapports sociaux de production induite par la nouvelle logique industrielle et financière des entreprises, [qui] s'est traduite par un affaiblissement de la position des travailleurs, sur lesquels des parties importantes des risques de l'entreprise se trouvent reportées.

D'une part, les solidarités sociales disparaissent (...) et par ailleurs (...) les salariés sont devenus le partenaire le plus faible du trio actionnaires/dirigeants/salariés (...) l'ambition des managers et des investisseurs semble être aujourd'hui de transformer le

travail en une marchandise aussi fluide que l'est devenu le capital" (Plihon - 2003 - p71)

Cette vision est partagée par d’autres auteurs : Aglietta (2007, 2013) date l'accélération du processus de globalisation/financiarisation de l'effondrement du système soviétique qui a selon lui ouvert le monde entier au capitalisme occidental.

Cette "datation" correspond sans surprise au début de la période d'étude choisie pour cette recherche. Aglietta détaille précisément dans son ouvrage (2007) la façon dont la globalisation agit comme un système d'interdépendances multilatérales. Il explique comment le principe de la valeur actionnariale selon les modèles sociaux des différents types de capitalisme crée des déséquilibres financiers contrastés - aujourd'hui sans force de rappel - ce qui s'avère économiquement et socialement insoutenable. Le constat reste le même sur les principes avec une analyse d'un pouvoir financier des actionnaires croissant et intervenant comme un déstabilisateur des structures sociales des pays occidentaux. Il s'agit en outre d'un pouvoir instable et créateur d'instabilité financière ce qui veut dire qu'au plus fort de sa puissance, ce pouvoir financier déstabilise volontairement les structures sociales. Lorsqu'il s'écroule comme pendant les crises, il les déstabilise involontairement mais de façon encore plus forte.

Sans que la mondialisation soit de façon évidente définie comme un facteur aggravant de l'accélération des inégalités, des auteurs constatent l'évolution parallèle des deux phénomènes et tirent les liens de cause à effet entre leurs évolutions. Parmi eux, Krugman (2007) considère que l'effondrement progressif des garde-fous financiers établis après la grande dépression de 1929 a rendu aujourd'hui la situation intenable. Stiglitz (2010) tire le même constat en désignant comme responsables de la crise mondiale à la fois le marché, les dérèglementations, et les politiques de rentabilité à court terme. Mais il fait également le lien avec la rupture des contrats sociaux entre les entreprises et leurs salariés, et avec l'effondrement résultant des systèmes de protection sociale. Les marchés ne peuvent s'auto-réguler selon lui - encore moins dans un cadre mondialisé - et les banquiers désignés responsables de la crise par leur cupidité n'ont fait que jouer - mieux que les autres - le même jeu irresponsable qui conduit au désastre. Les risques qui en découlent ont changé de

nature en se mondialisant et peuvent s'étendre géographiquement, touchant toutes les sphères de la société et menaçant ses structures sociales et politiques.

Brender et Pisani (2009) expliquent l'éclatement du cadre de l'intermédiation bancaire traditionnelle par la titrisation qui développe un véritable "système bancaire alternatif". L'accroissement des risques bancaires n'est pas relié selon eux à la globalisation, mais à l'absence d’efficacité des politiques publiques d'accompagnement de cette globalisation.

Mondialisation, NTIC, financiarisation et système de valeur actionnariale constitueraient alors un système interrelié qui sape les modèles sociaux et les contrats sociaux salariés/entreprises.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 54-57)