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Annexe 12 : Recherches et sauvetage (SAR) : Les services de recherches et de sauvetage sont

0.8. METHODE ET TECHNIQUES

0.8.1. Approche méthodologique

0.8.1.1. Techniques de recherche

La rédaction de cette étude ne nous a été facilitée qu’après la récolte des données, et ce, par le biais de certaines techniques, c’est-à-dire « des outils mis à la disposition de la recherche et organisées par la méthode pour atteindre un but et qu’elles sont limitées en nombre et communes à la plupart des sciences sociales »203. Car, « la technique est, comme la méthode, une réponse à un

comment? »204. Aussi, nous avons été amené, à l’étape de la collecte des données pour la réalisation

de cette étude, à recourir aux techniques ci-après : documentaire, interview, observation directe et enquête.

0.8.1.1.1. La technique documentaire

Il s’agit d’une observation indirecte consistant à étudier et à analyser les documents, c’est-à-dire « tout élément matériel, toute trace en rapport avec l’activité des hommes vivant en société et qui, de ce fait, constitue indirectement une source d’information sur les phénomènes sociaux »205 afin

de déterminer les faits ou les phénomènes y contenus. Cela sous entend que l’observation ne s’effectue pas directement, mais « se fait à travers un élément médiateur constitué par les documents »206.

Cependant, quoique ces écrits nous aient fourni des informations précieuses sur les faits à l’étude, nous avons soumis ces derniers à la critique tant externe qu’interne en établissant leur provenance et en discernant la vérité des informations qu’ils contiennent.

0.8.1.1.2. La technique d’interview et d’entretien

Dans une étude comme celle-ci, nous ne pouvions pas nous passer d’entretiens semi- directifs avec des acteurs de premier plan, car « les méthodes d’entretien se caractérisent par la mise en œuvre de processus d’interaction qui permettent au chercheur de retirer de ses entretiens des éléments d’information très riches »207.

Nous avons surtout cherché des occasions pour créer des entretiens informatif et qualitatif; ce dernier étant « un entretien entre deux personnes, un interviewer et un interviewé, conduit et enregistré par l’interviewer; ce dernier ayant pour objectif de favoriser la production d’un discours linéaire de l’interviewé sur un thème défini dans le cadre de la recherche»208. Par cette technique

consistant à « parler, faire parler »209, nous avons pu nous ressourcer suffisamment sur plusieurs

aspects de l’objet de notre recherche en recueillant beaucoup d’éléments auprès de nos interlocuteurs œuvrant dans le domaine aéronautique : pilotes, copilotes, mécaniciens, loadmasters, contrôleurs de trafic aérien, exploitants aériens, médecins aéronautiques, dirigeants du secteur aéronautique congolais et étrangers, gestionnaires des administrations aéronautiques et des compagnies aériennes… dans la mesure où « l’entretien est un ‘’speech event’’ dans lequel une personne A extrait une information d’une personne B, information qui était contenue dans la biographie de B »210, c’est-à-dire « l’ensemble des

représentations associées aux événements vécus par B »211 qui est soit l’expérience technique ou le

background professionnel de ce dernier.

203 GRAWITZ M., op. cit., p. 319. 204 Idem, p. 318.

205 LOUBET DEL BAYLE J-L., Initiation aux méthodes des sciences sociales, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 37. 206 Idem , p. 113.

207

QUIVY R. et CAMPENHOUDT L. V., op. cit., p.194.

208 ALBARELLO L., Apprendre à chercher, Paris, Bruxelles, De Boeck Université, 1999, p. 62. 209 BLANCHET A. et alii, op. cit., p. 81.

210 Idem, p. 82. 211 Ibidem.

C’est pour cela que dans le lot informationnel recueilli, n’étaient retenues que les informations fiables et objectives, « car l’opération d’extraction suppose une activité de A d’analyse et d’interprétation »212.

Aussi, nous avons pu, à la suite d’un voyage d’études à Paris, rendu possible grâce à l’appui du Centre Norbert Elias, devenu depuis l’Institut Kata Kairon, de Clermont-Ferrand, et à partir des contacts qu’il a pris pour nous, échanger avec plusieurs experts du secteur aéronautique. Il s’agit notamment des formateurs et enquêteurs du BEA au Bourget dont M. Jean Temple, les spécialistes du “Facteur Humain” de la DGAC dont Messieurs Stéphane Deharvengt et Karim Bekkouche, un consultant de Thalès à Orly, M. Patrick Tauziat, des cadres de la Délégation de l’aviation civile de l’Auvergne ainsi que les aiguilleurs de la tour de contrôle de l’aéroport de Clermont-Ferrand, des pilotes de ligne d’Air France dont J-M Bidot…ainsi que des chercheurs éprouvés du Laboratoire d’Anthropologie Appliquée (LAA) de l’université Paris V René Descartes dont le Professeur Régis Mollard et Fanny Rome, du CETCOPRA de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, parmi lesquels les Professeurs Alain Gras, Gérard Dubey, Caroline Moricot, Sophie Poirot-Delpech…ainsi qu’avec des mécaniciens du centre d’entretien des avions de ligne de la compagnie “Régional” basée à Clermont-Ferrand.

En RDC, nous avons eu l’occasion d’échanger, tour à tour, avec des pilotes de ligne dont l’un de deux tout premiers d’entre eux, Idelphonse Ilunga Mikanda, le commandant de bord (CDB) Jules Mangala qui dirige actuellement l’Union Nationale des Pilotes du Congo (UNPCO), Baudouin Rudahindwa, Paul Mukandila, Hector Mafuta, Vitalli, Serge Frezon, Eric Sauveur… des aiguilleurs du ciel dont l’ancien Président de ce corps de métier, Monsieur Godard Wamba Makola, des responsables des administrations et des organisations commises à assurer la sécurité de la navigation aérienne au rang desquels Monsieur Mwaka Mvuezolo, Directeur Général Adjoint de l’Autorité de l’Aviation Civile (AAC), le Général Kabanda, Directeur du Programme National de la Médecine Aéronautique (PNMA), plusieurs cadres de la Régie de Voies Aériennes (RVA), Stavros Papaioannou, Président du Comité Professionnel des Transporteurs Aériens (CPTA), structure évoluant au sein de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), Jean-Marc Pajot, Directeur de Fly CAA… De tous ces échanges, nous avons récolté une moisson abondante de données et d’informations utiles en vue de réaliser cette étude parce que lors de la préparation de ces entretiens et au cours de leur réalisation, nous sommes resté centré sur notre hypothèse de travail « afin que nos interventions amènent des éléments aussi pertinents que possibles et servent d’analyse de contenu »213. Cela valait la peine dans la mesure où

dans le but de recentrer l’entretien sur les objectifs, nous avons régulièrement « posé des questions de précision qui nous permettaient d’objectiver les opinions et les interprétations de nos interlocuteurs »214.

Par ailleurs, nous pouvons dire, sur le plan qualitatif, que tout en étant en interaction avec les personnes interrogées, interviewées en vue de collecter les informations et les données de cette étude, nous avons fourni un effort, celui « d’être (con)centré sur la dynamique de l’entretien »215.

Nous avons adopté à la fois une posture analytique et restitutive, puisque la première « cherche à produire méthodiquement du sens à partir de l’exploitation d’entretiens de recherche »216 ; tandis que la

deuxième nous a substitué au rôle de «courroie de transmission ou de porte –parole »217 afin de donner

aussi à nos lecteurs ou de leur laisser un boulot interprétatif de nos constats sur terrain.

212 BLANCHET A. et alii, op. cit., p. 82. 213

QUIVY R. et CAMPENHOUDT L. V., op. cit., p.195.

214 Idem.

215 DEREZE G., op. cit., p. 106. 216 Idem, p. 104.

0.8.1.1.3. L’observation directe ou l’enquête sur terrain

Celle-ci est comprise comme « un contact direct et immédiat du chercheur avec la réalité »218. Elle offre au chercheur l’avantage d’entrer, sans intermédiaire, en contact avec la réalité,

de mener directement des investigations, quitte à les confronter aux sources documentaires. Nous avons eu, à cet effet, à passer notre temps dans des tours de contrôle, au BEA français comme dit précédemment, à observer les pilotes pendant certains voyages et à faire partie d’une commission d’enquête de deux accidents d’avion. Nous avons été, avant et pendant la rédaction de cette étude, sur les sites aéroportuaires (Kinshasa/Ndjili, Kinshasa /Ndolo, Matadi, Boma219, Muanda, Bandundu,

Kenge, Nioki, Inongo, Kikwit, Masimanimba, Kananga, Kolwezi, Lodja, Luebo, Mbujimayi, Lubumbashi/ Luano, Kalemie, Pweto, Bukavu, Shabunda, Lulingu/Tshonka, Goma, Beni, Butembo, Boende, Lisala, Bumba, Kisangani/Bangoka, Kisangani/Simi-simi, Bunia, Kindu, Kama, Saramabila/Namoya, Mbandaka, Gemena, Gbadolite…) visiter non seulement l’état des pistes d’envol mais aussi nous informer de celui des équipements d’aide à la navigation aérienne auprès des agents et cadres, des aiguilleurs du ciel et des pilotes… Cette déambulation, c’est-à-dire « à la fois des lieux, des moments et des rencontres riches de hasard et de surprises, forts de sensations, de découvertes et d’affirmation… »220 nous a conduit à faire ‘’ l’observation en situation’’, c’est-à-dire celle dans laquelle

« l’observateur produit un savoir explicite et transmissible sur un objet observé, distinct de lui »221. Cela

étant, nous nous sommes intéressé de manière globale « plus aux actions et aux interactions entre les acteurs observés ainsi qu’à leur signification sociale à l’intérieur du contexte dans lequel elles se produisent »222. Donc, grâce à cette technique qui « se contente d’enregistrer du mieux possible un état

de chose »223, nous avons eu « accès à des interactions de face-à-face, à des relations

interpersonnelles (parmi lesquelles les relations entre enquêteur et enquêté) »224.

Pour éviter de tomber dans les pièges rencontrés sur la voie de toute recherche, nous avons tenu compte de la remarque d’un chercheur, à savoir « l’observation participante doit s’entourer des garde-fous de méthode : répétition des observations et des questions, diversification des informateurs et des sources d’information, confrontation des points de vue et des définitions d’une même situation »225, à l’instar de l’entendement, par exemple, du concept de ‘’sécurité aérienne’’,

comme cela transpire clairement dans le point développé ci-dessus.

Il faut signaler que la plupart de nos entretiens ont été participatifs dans la mesure où ils nous ont offert « l’occasion (l’interaction), le lieu (là où cela se passe), le moment (la durée de l’interview) pour observer ce qui se donne à voir, de l’embarras suscité par certaines questions… »226.

Il nous est arrivé de fois de procéder à l’observation secondaire qui « s’exerce sous forme de contrôle et permet une certaine vérification des propos des informateurs »227 et de se livrer à l’observation furtive, c’est-à-dire celle « faite (y compris des conversations) en rapport avec la

problématique de recherche dans la vie courante du chercheur, c’est-à-dire de son terrain, parfois hors de toute activité professionnelle, sans protocole méthodologique préétabli er sans déclarer l’intention de

218 MUCCHIELLI R., L’analyse de contenu des documents et des communications, Paris, Les Editions ESF, 1991, p. 37. 219

Cet aérodrome vient d’être délocalisé sur son ancien site de Lokandu à près de 7 kilomètres de la ville portuaire de Boma, celui qui l’abritait au centre ville ayant été loti au profit des privés qui seraient proches du pouvoir.

220 DEREZE G., op. cit, p. 153. 221 BLANCHET A. et alii, op. cit., p. 19. 222 Idem.

223

Ibide, p. 7.

224 BEAU S. et WEBER F., Guide de l’enquête de terrain, Paris, La Découverte, 2003, p. 39. 225 COENEN-HUTHER J., op. cit., p. 19.

226 DEREZE G., op. cit., p. 89. 227 Idem.

collecter des données ou des informations. L’observation furtive peut avoir lieu à tout moment et en tout lieu pour peu que l’attention du chercheur soit en éveil »228. Les personnes rencontrées et

interviewées dans ce cas ne sont pas assimilées aux informateurs, mais les éléments recueillis servent à alimenter la recherche et en constituent, de ce fait, de l’eau au moulin. Aussi, trouve-t-on dans cette recherche des témoignages des acteurs qui ne sont pas du domaine aéronautique mais du moins qui fréquentent les aéroports de la RDC, ceux d’autres pays… voyagent dans les avions sur les vols domestiques et sur des lignes internationales en empruntant les avions des compagnies autres que celles de la RDC…

0.8.1.1.4. La technique statistique

L’importance de la statistique n’est pas à démontrer dans la science. Dans le cadre de cette étude, la technique statistique nous servira à la collecte, au traitement, à l’interprétation et à la présentation des données de notre corpus en vue de leur bonne lisibilité et compréhensibilité, car « un échantillon petit mais bien choisi permet d’extrapoler à l’ensemble de la population considérée »229. Par

ailleurs, elle permettra de les synthétiser en relevant certaines spécificités tenant compte de leur complexité afin de nous permettre de vérifier de façon satisfaisante la préoccupation à l’origine de cette étude, c’est-à-dire la part de la communication autistique dans la survenue d’incidents, d’’’airprox’’, d’accidents et de catastrophes aériens en République Démocratique du Congo.