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CHAPITRE PREMIER : CADRE CONCEPTUEL DE L’ETUDE

I. 1 1.1 Définitions auteuriales

Dominique Wolton observe que « la littérature sur ce sujet est considérable, à la mesure de la diversité des traditions, des pratiques et des doctrines qui, de la théologie à la philosophie, de l’anthropologie à la sociologie, de la linguistique à la psychologie, de la science politique au droit… ont élaboré des définitions et des théories de la communication »239.

Le Petit Larousse étale toute la compréhension de ce concept comme suit: «-action, fait de communiquer, d’établir une relation avec autrui; -action de communiquer, de transmettre quelque chose à quelqu’un ou son résultat; -fait pour quelqu’un, une entreprise d’informer et de promouvoir son activité auprès du public, d’entretenir son image, par tout procédé médiatique; -ce qui permet de joindre deux choses, deux lieux, de les faire communiquer »240. Partant de cette définition, la communication

englobe les différentes formes d’échanges sociaux dont notamment la parole, le geste, l’image, le symbole, le regard, l’habit, la couleur… voire les supports techniques qu’utilise l’homme pour faciliter ces échanges. Cette définition est globale et globalisante dans la mesure où elle prend en compte les échanges entre les animaux, les choses, les messages pour accrocher et inciter dans le but de vendre ainsi que les voies et les moyens de communication.

Cette manière de « penser la communication » est celle qui est d’ailleurs soutenue par Wolton lorsqu’il indique que « la communication est le moyen d’entrer en contact avec l’autre»241.

Dominique Mweze soutient, en parlant de la RDC, que « le fleuve Congo est un des moyens le plus performant et le plus accessible pour communiquer entre les espaces de ce pays grand comme l’Europe et qui détient de nombreux cours d’eau répartis également sur toute son étendue »242.

Nous estimons donc que la communication est tout processus transactionnel ou d’échange où des acteurs, à savoir un émetteur et un récepteur ou plusieurs, établissent des liens ou des relations en s’envoyant et en recevant réciproquement des messages, des informations par n’importe quelle voie. Dans notre entendement, l’échange, matérialisé par le feedback ou la rétroaction, demeure donc l’élément-clé dans tout processus communicationnel.

En termes simples, Duterme estime qu’« informer, c’est un aller simple, communiquer, c’est un aller – retour »243. Ainsi, « il n’y a communication que si l’information est

communiquée. Il n’y a information que si elle est communicable »244. Si l’on s’en tient à cette acception,

la communication déborde même le champ messager pour embrasser celui des moyens de communication, à savoir les moyens ou les outils utilisés pour le transport ou le déplacement des hommes, notamment la pirogue, la moto, le véhicule, le train, l’avion... De ce fait, la communication est donc permanente et « la société est à considérer avant tout comme un système d’échange »245.Jean-

François Dortier creuse davantage la même idée pour en arriver à la conclusion selon laquelle « l’être humain débute sa carrière de communication très tôt. A peine sorti du ventre de sa mère, il se met à hurler, crier et pleurer. C’est ainsi que l’on commence à communiquer »246.

239 WOLTON D., op. cit., p. 14.

240 Le Petit Larousse illustré, Paris, Larousse, 2006, p. 271. 241

WOLTON D., op .cit.,, p. 36.

242 MWEZE D., “La réduction du fossé numérique dans nos universités à travers le projet dénommé EB@LE » in MOVA H. (s/d), La

RDCongo dans la révolution numérique. Les enjeux actuels, les défis pour demain, Paris, RDC Cinquantenaire &

L’Harmattan-RDC, 2010, pp. 59-60.

243 DUTERME, C., La communication en entreprise. L’approche de Palo Alto et l’analyse des organisations, Bruxelles, De Boeck, 2002,

p. 17.

244 BAUDET J-C., op. cit., p. 78.

245 MAUSS M. cité par EKAMBO J.-C. in Nouvelle anthropologie de la communication, p. 31

246 DORTIER, J.-F., « La communication : omniprésente, mais toujours imparfaite » in La communication : Etat des savoir, Paris, Sciences

Chez Jean Lohisse, le terme communication donne l’idée de la relation à l’autre (cum=avec). Ce qui veut dire que « toute communication peut être ainsi conçue comme transmission d’un contenu (information, opinion, jugement, sentiment…) ou comme une mise en relation ». Cet auteur relève un élément important quand il indique que « l’échange communicationnel doit être réversible, c’est –à-dire que chaque interlocuteur doit, à tour de rôle, occuper la place d’émetteur et de récepteur »247. Ce point de vue est partagé par Jean-Chrétien Ekambo qui, revisitant les origines

lointaines de ce concept, en est arrivé à la conclusion, que sa « sémantique est ainsi porteuse de l’idée de circularité, d’échange réciproque et de contrat »248. Pour le communicologue français Alex

Mucchielli, l’influence est consubstantielle à la communication en ce que « toute communication constitue une tentative d’influence. Une communication vise à faire partager un sens concernant quelque chose (idée, situation, phénomène…) ce qui ne peut se réaliser sans influence »249. Il martèle

d’ailleurs que l’influence est le phénomène fondamental de la communication.

Arcand et Bourbeau nous donnent l’approche la plus complète qui soit dans le cadre de cette étude. Selon ces auteurs, en effet, « la communication est un processus dynamique par lequel un individu établit une relation avec quelqu’un pour transmettre ou échanger des idées, des connaissances, des émotions aussi bien par la langue orale ou écrite que par un autre système de signes : gestes, musique, dessins, etc. »250. Ces deux auteurs vont jusqu’à lier l’existence et le

fonctionnement des sociétés à la communication et d’étendre la notion de ce concept aux échanges entre les animaux, entre l’homme et l’animal de même que « les mécanismes qui en affectent d’autres, par exemple l’ordinateur qui dirige un missile »251. Certains auteurs vont plus loin. Tel est le cas

notamment de Baudet dont l’attention s’est plus focalisé sur la communication technique. Pour lui, « la communication est la détermination la plus essentielle, parce que c’est elle qui permet à l’acte technique d’atteindre son but, de se distinguer de la magie du rêve »252. Il renchérit en insistant sur le

fait que la rétroaction ou le feedback constitue le principe fondamental de la communication technique et que tout dispositif technique est un système de communication ; lequel garantit l’efficacité du système technique. C’est dans cette perspective que nous situons la dimension communicationnelle entre l’homme et toutes ces machines qu’il invente et continue d’inventer et qu’il commande, assis dans son fauteuil ou debout, pour lui fournir des informations ou lui transmettre des messages. Ces appareillages vont du plus simple au plus compliqué et intelligent, à l’instar d’outils électroniques.

A ce sujet, note Dominique Mweze, « cette nouvelle civilisation de l’électronique, des calculateurs, de l’automation, de la cybernétique, et de nouvelles technologies de l’information apporte des outils d’un type nouveau. Si hier c’était la locomotive à vapeur qui constituait la voûte de la civilisation de l’énergie, aujourd’hui ce sont des méga et micro machines à calculer appelées ordinateurs. L’enjeu ici n’est plus de prolonger les muscles de l’homme mais de prolonger son cerveau et ce dans une sphère précise : le raisonnement logique et la pensée mécanisable. L’on est passé de façon subtile du matériel à l’immatériel matérialisé. L’ordinateur est une machine supérieure à un simple outil. (...) c’est la seule machine qui puisse se présenter dans un rapport dialogique (disons interactif) avec l’homme, faisant de lui son partenaire »253.

247 LOHISSE J., La communication : de la transmission à la réception, Bruxelles, De Boeck Université, 2001, p. 135. 248 EKAMBO J-C., Nouvelle anthropologie de la communication, p. 32.

249 MUCCHIELLI A., L’art d’influencer. Analyse des techniques de manipulation, Paris, Armand Colin, 2009, p. 159.

250 ARCAND, R et BOURBEAU, N., La communication efficace. De l’intention aux moyens d’expression, Bruxelles, De Boeck Université,

1998, p. 13.

251 Idem.

252 BAUDET J-C., op. cit., p. 58.

253 MWEZE D., « Paradigme digital et rationalité » in Revue africaine de communication sociale Vol I, n°2 juin – décembre 1996, Kinshasa,

En effet, cette dimension communicationnelle est importante en aéronautique où elle joue un rôle de premier plan dans le pilotage des avions de nouvelle génération. Elle y prédomine sous le concept de l’automatisation ou celui de technologie embarquée, mais elle reste sous le contrôle de l’homme. Cela dans la mesure où « l’homme demeure l’intermédiaire obligé pour transformer ou interpréter les signaux d’information d’une machine à une autre »254. Mais, le communicationnel va

jusqu’à intégrer la notion de la distance, du cadre de communication…particulièrement en aéronautique.

I. 1. 1. 2. La communication dans l’entendement de l’école de Palo Alto