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Parmi les étudiants inscrits dans l’ESS, des données chiffrées que nous avons recueillies à la suite d’investigation réalisées entre les mois de mars et octobre 2011, révèlent que 71 % sont âgés de moins de 25 ans. Cette nouvelle génération d’étudiants a sans doute la chance historique de grandir en même temps que se développent les TIC et l’Internet au Sénégal. Cette situation constitue-t-elle une plus grande opportunité d’accès et de maîtrise des outils technologiques et informatiques dans l’enseignement supérieur sénégalais ?

En France par exemple, Marie Després-Lonnet appelle les étudiants qu’accueillent maintenant les universités, les « enfants de la micro-informatique» du fait, sans doute, de leur appropriation des TIC, mais surtout, pour avoir constitué la génération qui a grandi et évolué dans un contexte d’explosion continue des technologies de l’information et de la communication. Ces outils font désormais partie intégrante de leur quotidien. Ce qui permet de les désigner comme les digital native c'est-à-dire les natifs numériques.241

Sophie Ranjard décrit les digital natives comme étant les jeunes nés dans les années 1980, et dont les pratiques informationnelles ont suscité nombre d’études qui nous apprennent qu’ils sont connectés sur le web à un rythme quotidien, fréquentent les réseaux sociaux, rédigent des messages instantanés, regardent les actualités des « murs ». Par ailleurs, ils développent trois activités remarquables, à savoir la multiactivité (smartphone, streaming…), la production d’écrits (multitude de petits messages…), les échanges entre, et avec plusieurs réseaux parallèles… Il existe aussi à côté de cette génération dite digital

native, la génération Google. Cette dernière serait constituée des jeunes qui sont nés après

1993. Ces jeunes lycéens ou nouveaux universitaires fréquentent beaucoup moins les bibliothèques que leurs aînés. Cependant, s’ils fréquentent une bibliothèque, c’est justement pour consulter un livre imprimé car, ils utilisent des moteurs de recherche (89%) et en sont plutôt satisfaits.242

      

241  DESPRES‐LONNET  Marie.‐  Les  stratégies  de  recherche  documentaire  des  étudiants,  entre  attentes  institutionnelles  et  pratiques  réelles.  In  Usages  et  pratiques  dans  les  bibliothèques  numériques.‐    Paris :  Lavoisier, 2007, p. 20 

242  RANJARD  Sophie.‐  Usages  et  usagers  de  l’information :  quelles  pratiques  hier  et  aujourd’hui ?  ‐  Paris :  Éditions  ‐ Adbs, 2012, p. 20 

Dans les universités du Sénégal, notamment dans les bibliothèques universitaires, le contexte est totalement différent, au regard de la situation socio-économique, socioculturelle et de la politique informationnelle du pays. Les questions liées à l’insertion des innovations technologiques et informatiques dans les universités et les bibliothèques du Sénégal restent entièrement ouvertes, vu les différents contextes intérieurs et extérieurs très influents. Dans l’analyse par différentiation du contexte, à travers leur étude sur « l’analyse de l’usage des

moteurs de recherche », Madjid Ihadjadène et Stéphane Chaudiron ont montré que la notion

de contexte est souvent polysémique, car prenant en compte, aussi bien les caractéristiques de l’usager que son environnement social et organisationnel. La notion de contexte « peut

correspondre à une distinction entre les lieux d’activité de la recherche d’information, les objectifs et motivation de celle-ci ou les catégories sociodémographiques. »243

Au Sénégal, l’état de sous-développement chronique et la pénurie infrastructurelle chronique, ainsi que le besoin de culture informationnelle, face à la mondialisation, sans oublier le problème de la fracture numérique, sont des facteurs qui freinent une appropriation facile des innovations technologiques et informatiques par les étudiants usagers.

Étant donné que l’usager est une personne qui a conscience de son besoin d’information, qui agit en vue de le satisfaire ; pour comprendre les usages des étudiants -par exemple, Joëlle Le Marec soutient que les recherches actuellement effectuées doivent s’articuler à plusieurs autres facteurs. Les recherches sur les usages doivent tenir compte de plus en plus des

« champs de la réception dans le domaine des médias, de représentation et des logiques sociales, des pratiques culturelles, avec la construction des concepts de logiques et de significations d’usage qui prennent en compte la complexité des facteurs culturels et sociaux intervenant dans le rapport à la technique. (…) Le véritable enjeu de la compréhension des usages se situe dans la mesure de la capacité d’une société à s’adapter à des innovations techniques imposées par le fil du progrès : ces innovations deviendraient alors le facteur structurant les logiques sociales. »244

      

243  IHADJADENE  Madjid,  CHAUDIRON  Stéphane.  Quelle  analyse  de  l’usage  des  moteurs  de  recherche ?  Questions méthodologiques, Question de Communication, 2008, n°14,  p. 26 

244

 LE MAREC Joêlle.‐ L’analyse des usages en construction : quelques points de méthode. In Comprendre les 

Les étudiants de l’ESS ont une culture technologique sans doute très faible par rapport à celle de leurs congénères des pays industrialisés comme la France où le développement technologique et informatique a créé un environnement propice au développement et à l’appropriation d’une culture technologique et informatique.

Avant d’approfondir cette étude sur les usages, nous allons d’abord, dans notre panel d’étudiants, étudier les fréquentations des bibliothèques universitaires sénégalaises par les usagers, ensuite, leurs compétences technologiques et informationnelles, avant de finir en analysant les usages faits des services proposés par les BU au regard du contexte socioéconomique et culturel.

Quelle analyse peut-on faire de la logique de fréquentation des usagers des BU du Sénégal ? Quelles sont les relations de ces derniers aux différents systèmes d’information et types de supports de documentation mis à leur disposition, particulièrement pour les ressources numériques, quand on sait qu’une bibliothèque universitaire est une somme d’offres informationnelles, mais aussi une manière d’offrir les services.

Il serait difficile, cependant, de définir un profil et une situation qui seraient identiques et valables pour ainsi dire, pour tous les usagers d’une bibliothèque universitaire, surtout lorsqu’il s’agit d’une bibliothèque centrale d’une université, comme c’est le cas pour les universités de Dakar, de Saint Louis, et de Bambey dans le cadre de notre étude. Les contextes et les motivations profondes de fréquentation d’une bibliothèque universitaire varient d’un usager à un autre. La connaissance des profils des usagers dans une étude des usages permet de les « considérer comme une aide théorique, un classement utile à la

compréhension des usages [écrit Sophie Ranjard], mais pas comme le reflet d’une réalité fixe et permanente. »245 L’étude des usages donne au bibliothécaire une photographie quasi- réelle de l’expression des besoins, c'est-à-dire une importante image qui permet d’appréhender l’usager et en même temps d’inscrire la connaissance de son besoin d’information dans le système de recherche d’information documentaire existant.

      

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