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La Bibliothèque disparue d’Alexandrie est sans nul doute une indication historique de l’ancienneté de la volonté de rassembler dans un espace physique toutes les connaissances humaines. De nos jours, à l’aide des réseaux, ce mythique et antique projet a vu le jour à travers les bibliothèques sans murs qui impriment leurs activités et leurs contenus dans l’Internet. La bibliothèque numérique fut initiée pour la première fois par un étudiant américain de l’Illinois, Michael Hart en 1971. L’ambition de Hart était à l’origine, de diffuser gratuitement les œuvres littéraires dans le domaine public, sous forme électronique, à travers le Projet Gutenberg.86 Dans les universités contemporaines, les bibliothèques progressent dans le numérique ; et elles ont créé au gré des outils informatiques et technologiques des flux d’informations, en formant entre elles de vastes réseaux d’informations très importants grâce à Internet qui a bouleversé la production, la conservation, la gestion, et l’accès à l’information. Selon La Documentation Française (LDF), « une bibliothèque numérique, également appelée bibliothèque électronique ou

bibliothèque virtuelle, est une collection organisée de documents électroniques en accès libre et généralement gratuit sur internet, associée à une interface permettant la recherche et la consultation de ces documents ».87 Nous voyons à travers cette définition de LDF, qu’il n’existe pas de nuance affichée entre les termes numérique électronique et virtuelle qui signifient la même chose, et sont même interchangeables l’un l’autre. La bibliothèque numérique représente ici une somme d’activités liées à l’outil informatique : une collection numérique organisée (ensemble de documents exploitables par l’ordinateur), un accès (par ordinateur -même à distance via internet et une interface) pour la recherche et la consultation.

Stephen Thomas fait cependant une distinction des notions des bibliothèques numériques, électroniques et virtuelles en bibliothèque à travers les formes numériques et numérisées, et les services offerts. Il écrit « -A digital Library is a repository of information in digital form,

      

86  Le  Projet  Gutenberg  est  né  en  1971  suite  à  la  vision  éclairée  de  Michael  Hart  pour  créer  des  versions  électroniques  d’œuvres  littéraires  du  domaine  public.  Cependant,  Gutenberg  dont  le  projet  porte  le  nom,  avait  permis  au  XVIe  siècle  à  tous  ceux  qui  le  désiraient  d’accéder  à  des  livres  imprimés  à  des  prix  très  modiques.  Ainsi,  le  Projet  Gutenberg  devrait  permettre  à  chacun  d’accéder  à  la  bibliothèque  numérique  gratuitement, surtout avec l’avènement de l’Internet. 

87

  http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/internet‐monde/bibliotheques‐numeriques.shtml   Consulté le 22.02.2013 

ie. stored as data files on a computer. It is also the tool-set provided to enable search and retrieval of the repository. -An Electronic Library is the same thing -- but the term should be deprecated, because the term "electronic" is less precise: it might include analogue data formats, or it might refer to the subject of "electronics". I prefer Digital. -A Virtual Library is a collection of resources available on one or more computer systems, where a single interface or entry point to the collections is provided. The key point being that the user need not know where particular resources are located -- the location is virtual ».88

Corrado Pettenati, conçoit le concept de bibliothèque numérique dans le même sens que LDF, mais en ajoutant que dans le cadre d’une bibliothèque numérique, l’usager est autonome, il peut ne pas avoir recours à un intermédiaire humain. Il définit la Bibliothèque numérique comme étant un « concept organisationnel basé sur l’alliance de l’informatisation de la bibliothèque, de l’accès aux télécommunications et d’une nouvelle gamme d’outils directement utilisable par le lecteur, le dispensant de recourir à un intermédiaire humain ».89 L’autonomie de l’usager occupe une place importante dans les conditions d’accès aux télécommunications dans une bibliothèque numérique selon Corrado Pettenati. Toutefois, l’autonomie de l’usager a ses exigences : des compétences technologiques valides et des compétences informationnelles réelles, ce qui n’est pas forcément évident chez beaucoup d’utilisateurs, surtout dans les milieux où la fracture numérique demeure toujours une réalité.

‐ Des opportunités de la bibliothèque numérique 

L’intérêt de la bibliothèque (universitaire) numérique est multiple. Elle permet de démocratiser l’accès au savoir local à distance en l’élargissant à un public plus important, national, voire international, de donner un accès quantitatif et qualitatif en texte intégral ou non (en abstract) aux ressources numériques, préserver le patrimoine documentaire en évitant la dégradation des documents fragiles, de rendre « cherchable » (searchable en anglais) les informations, de diffuser gratuitement les documents tombés dans le domaine public, de définir une logique classificatoire avec des mots-clés, et de développer un réservoir de documents et d’avoir sa traçabilité, etc.

       88  http://www2.hawaii.edu/~chantiny/DigiLib.html    Consulté le 21.04.2013  89  CHAUMIER Jacques.‐ La bibliothèque numérique et l’entreprise.  Disponible en ligne sur :  http://www.les‐ infostrateges.com/article/0404157/la‐bibliotheque‐numerique‐et‐l‐entreprise   Consulté le 10.10.2012 

Les opportunités qu’offre la bibliothèque numérique ainsi définies permettent de diagnostiquer d’emblée les différences entre une bibliothèque de stocks (imprimés) et une bibliothèque numérique. Les différences sont triples :

- les conditions d’accès aux documents. Pour la bibliothèque physique, l’usager se déplace et se dirige au catalogue, alors que pour la bibliothèque numérique (virtuelle ou électronique), il y accède à distance grâce au réseau (internet),

- l’espace est limité pour la bibliothèque de stocks, alors qu’il est illimité pour la bibliothèque virtuelle (le local qui abrite les outils de bases de données, les serveurs, etc., est souvent modeste),

- la nature des services qui sont beaucoup plus variés dans les bibliothèques numériques qui offrent des corpus et des collections produites localement par la bibliothèque elle-même, des ressources des éditeurs commerciaux auxquelles la bibliothèque peut s’abonner, et enfin les ressources acquises de l’extérieur auprès d’autres établissements et mises à la disposition de l’usager.

En France, l’exemple de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France (BNF) Gallica, permet à un large public d’accéder à des documents jusque là pratiquement impossibles à consulter parce qu’appartenant à des fonds spécialisés (difficilement accessibles à cause de la préservation, de la fragilité, des délais ou du statut de communication, etc.). En plus de Gallica : http://gallica.bnf.fr/, il existe beaucoup de bibliothèques numériques pluridisciplinaires très célèbres, utilisées principalement par les communautés universitaires comme Google book http://books.google.fr/  ; Cairn :

http://www.cairn.info/ ; Europeana

http://ec.europa.eu/information_society/activities/digital_libraries/europeana/index_fr.htm ; revue.org : http://www.revues.org/ , etc. Ces bibliothèques en ligne témoignent de la prépondérance de l’information numérique, de sa proximité grandissante avec les populations par le biais de l’Internet, et de son utilité dans les activités scientifiques, socioculturelles politiques et économiques.

Actuellement, dans l’enseignement supérieur français, l’ambition soulevée par la conférence des présidents d’université et l’ADBU (Association des directeurs et personnels de direction des bibliothèques universitaires), est de mettre en place des Learning Centres. Selon Graham Bulpitt, concepteur du Learning Centre de l’université de Sheffield Hallam en Angleterre, un Learning Centre est un environnement dynamique flexible qui comprend

« l’intégration d’un ensemble de ressources, de service et d’expertise, ainsi que

l’anticipation et la conduite d’un changement de modèle éducatif ».90

Le concept émergent de Learning Centre signifie, en d’autres termes, un regroupement des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement, la pédagogie dans une vision de services à l’usager. Il a une vocation documentaire et d’information. Il est donc avant tout, une bibliothèque moderne, mieux équipée, plus confortable, et beaucoup plus accueillante, ou encore, une partie de la bibliothèque réaménagée offrant des espaces et des équipements adaptés aux attentes et demandes des usagers. Un Learning Centre peut est défini alors, comme étant une « zone de la bibliothèque dédiée aux objectifs

d’apprentissage des connaissances. Elle intègre le plus souvent la bibliothèque et les services liés aux nouvelles technologies, avec dans la plupart des cas, un réseau sans fil, des équipements multimédia et des services d’aide aux utilisateurs par des bibliothécaires ou des spécialistes des technologies. Un Learning Centre peut être, selon les cas, un équipement distinct, à l’intérieur ou à l’extérieur de la bibliothèque, ou une partie intégrante de la bibliothèque ».91 La bibliothèque universitaire devient ainsi, lieu d’apprentissage, de connaissances, d’ouverture et d’accès au monde, lieu de vie, et non comme espace de ressources documentaire seulement. Les compétences du personnel dédié à la gestion et au fonctionnement d’un Learning Centre sont très importantes dans le dispositif, car, elles participent au succès du centre par leur savoir-faire et leur expertise. À l’université Charles De Gaulle de Lille 3, sous l’impulsion du Conseil régional Nord-Pas- de-Calais, un Learning Centre Archéologie/égyptologie a été créé dans le but de valoriser la richesse des collections et des ressources aussi bien muséales que documentaires.92

‐ Une médiation documentaire technique indispensable 

Le terme « médiation » renvoie à « milieu, intermédiaire, moyen », ce qui, d’emblée, montre sa polysémie. En tant qu’objet de recherche en SIC, il fait penser au processus de « médiation et de d’intermédiation ». La médiation documentaire peut se comprendre dès lors à partir des composants d’un processus de communication prenant pour objet l’usager,

       90 http://bsa.biblio.univ‐lille3.fr/blog/2011/08/problematiques‐learning‐centers/ Consulté le 10.07.2013  91   http://www.enssib.fr/content/bonjourjaimerais‐avoir‐une‐definition‐de‐learning‐center‐quelles‐sont‐les‐ differences‐entre Consulté le 10.07.2013  92 http://bsa.biblio.univ‐lille3.fr/blog/2011/08/problematiques‐learning‐centers/ Consulté le 10.02.2013 

les idées, le contexte technique, les contenus et la pratique.93 Il existe plusieurs modalités d’accès au savoir, dont l’utilisation d’un dispositif ou d’un service d’accès à l’information, la réception et l’interprétation d’une information. La dimension humaine est essentielle pour l’apprentissage et la transmission des savoirs dont la communication est une condition indispensable. Gérard Regimbeau soutient que la médiation du documentaliste médiateur, n’est possible que grâce à la construction d’un espace spécifique, lequel doit disposer d’une organisation qui fasse sens. Le bibliothécaire ou documentaliste médiateur, permet la recontextualisation et la mise en relation de deux parties : l’information et l’usager. Le bibliothécaire doit permettre à l’usager de trouver l’information dont il a besoin.94

Dans une bibliothèque numérique, l’accès aux ressources nécessite la mise en place d’un système de communication adapté à l’usager. Cela impose des savoir-faire informatiques et technologiques chez l’utilisateur qui doit acquérir ou construire des possibilités technologiques pratiques, pour bien manipuler les outils intermédiaires. Les outils technologiques ou informatiques sont les ordinateurs et les logiciels qui servent de médiateurs pour la recherche, l’accès et la consultation des ressources. Pour permettre un accès facile et un usage des informations numériques, les outils doivent toujours être adaptés aux savoir-faire des usagers.

Le choix des outils pour la médiation technique peut paraître problématique si toutefois les bibliothécaires ne tiennent pas compte des contextes culturels et scientifiques des usagers avec lesquels la bibliothèque doit toujours créer, inventer ou trouver des solutions consensuelles.

L’arrivée de la micrographie suivie de l’audiovisuel a créé une première rupture avec le stock, car, leur utilisation s’avérait nécessaire pour exploiter certains documents sonores, les microfilms, etc. Le Cd-rom est un réservoir de ressources électroniques qui a aussi bouleversé le stock par les méthodes de consultation avec les liens hypertextes qui permettent de naviguer dans le support ; le gain d’espace par sa petitesse, sa facilité de transport, et la quantité d’informations qu’il peut contenir et conserver longtemps. Il peut être une encyclopédie, une base de données bibliographiques ou du texte intégral dans une

      

93

  REGIMBEAU  Gérard.‐  Médiation.  In  Approche  de  l’information‐documentation  concepts  fondateurs.‐  Toulouse : Cépaduès‐Éditions, 2011, pp. 76‐98 

discipline donnée. Le Cd-rom qui contient des informations numériques est, cependant, un support physique en tant que tel, souvent stocké à côté des machines de consultation ou dans les salles de référence des BU.

La multiplication des technologies dans les bibliothèques universitaires pour le traitement, le stockage et l’accès automatisé aux ressources, a permis à la bibliothèque universitaire de stocks de se transformer et d’acquérir des possibilités prodigieuses. Le document a changé progressivement de support et de forme dans la bibliothèque, évoluant entre le physique et l’immatériel. La bibliothèque universitaire gère cumulativement du stock et du numérique ; les catalogues imprimés traditionnels manuels sont fédérés aux ressources documentaires numériques et à celles de toutes les autres bibliothèques de l’université dans le cadre du SCD par la mise en place du réseau local. Ces nouvelles formes de bibliothèques universitaires, qui allient le physique et le virtuel, sont appelées bibliothèques hybrides.

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