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Pour mieux appréhender les usages et pratiques des étudiants des ressources numériques dans les bibliothèques de l’enseignement supérieur au Sénégal, nous avons utilisé des outils de recueils de données que nous avons créés. En général, le recueil de données dans le domaine des sciences de l’information trouve une approche éclairante dans la bibliométrie192, la scientométrie193 et l’infométrie194 qui sont d’ordre statistique appliquées à la bibliothèque et à l’information.195 Pour Xavier Polanco, l’infométrie comporte la

synthèse de la bibliométrie et de la scientométrie en ce sens qu’elle signifie l’ouverture à

       192  A. Pritchard (1969) définit la bibliométrie comme étant l’application des mathématiques et des méthodes  statistiques aux livres, articles et autres moyens de communication.  .  193 On peut considérer la scientométrie comme la bibliométrie spécialisée au domaine de l’IST.   194

  Selon  la  FID  (International  Federation  of  Documentation),  l’infométrie  désigne  l’ensemble  des  activités  métriques relatives à l’information, couvrant bien la bibliométrie que la scientométrie. 

l’étude mathématique de l’information sous ses formes aussi bien documentaires qu’électroniques ou physiques.196

L’Association française des documentalistes et des bibliothécaires spécialisés (ADBS) définit explicitement l’infométrie comme étant le « traitements, par des méthodes statistiques mathématiques, et cartographiques pour la présentation des résultats, de l'information scientifique et technique (prise au sens large) jugée caractéristique de l'état de la science et de la technologie. L'infométrie repose sur une corrélation entre les éléments d'information traités et les concepts techniques ou scientifiques que ces éléments représentent. Elle permet d'alimenter des indicateurs quantitatifs (…) ou relationnels (…) des activités de construction, de communication et d'usage des informations scientifiques et techniques , à partir desquels on peut, par exemple, établir la structure d'un domaine étudié, évaluer l'activité de recherche, déduire l'évolution d'une technologie ou d'un domaine d'activité, l'émergence d'un thème scientifique ou d'une technique (…) ».197 Dans cette définition, trois concepts intègrent particulièrement notre objectif de recherche : les

activités de construction, la communication et l’usage des informations scientifiques et

techniques que nous étudierons séparément dans les chapitres à venir.

Derek John De Solla Price, va dans le même sens que l’ADBS et note qu’ « au moyen de la

statistique mais sans excès de mathématique, il est question d’aborder les problèmes généraux de la forme et du volume de l’information et des lois fondamentales régissant sa production, sa croissance, sa communication et son usage ».198 L’usage de la statistique est un moyen de nous faire connaitre à partir de chiffres révélateurs et d’observation, ce qui se fait dans les bibliothèques de l’enseignement supérieur sénégalais par les bibliothécaires et les usagers de l’information numérique avec les outils technologiques et les systèmes de recherche d’information. « L’information (…) peut faire l’objet d’une science, être étudiée

de manière scientifique, expérimentale (…) [selon Thierry Lafouge, Yves Francois Le

      

196  POLANCO  Xavier.  Aux  sources  de  la  scientométrie.  Les  sciences  de  l’information :  bibliométrie, 

scientométrie,  infométrie,  Solaris,  1995,  n°2,      Disponible en  ligne  sur  : 

http://gabriel.gallezot.free.fr/Solaris/d02/2polanco1.html   Consulté le 10.12.11  197 http://www.adbs.fr/infometrie‐17411.htm?RH=OUTILS_VOC  Consulté le 10.12.2010  198  LAFOUGE Thierry, LE COADIC Yves‐François, MICHEL Christine.‐ Éléments de statique Eléments de statique  et de mathématique de l’information : Infométrie, bibliométrie, médiamétrie, scientométrie, muséométrie,  webométrie. Cours avec exemple et exercices corrigés.‐ Lyon : Presses de l’Enssib, 2002, p. 28 

Coadic et Christine Michel, qui indiquent qu’] il n’y a pas de sciences et de technologies

sans mesure et, de plus en plus souvent, sans mesures précises ».199

Avec le développement rapide de l'information, la variété des supports et des formes, il est important de définir des mesures statistiques en plus d'autres méthodes comme l'observation participative utilisée dans nos recherches pour disposer d’indicateurs en vue de mieux comprendre à partir des résultats et observations, les modalités de création, les usages et les enjeux des ressources numériques dans les bibliothèques de l’enseignement supérieur sénégalais.

Pour analyser les usages, nous avons utilisé différentes opérations allant d’une définition d’une méthodologie à un traitement définitif des données, en passant par la collecte à partir des échantillons choisis. Ces étapes ont d’abord fait l’objet d’un choix de terrain à étudier, d’une périodisation de la collecte des données, suivie du traitement pour obtenir des résultats chiffrés qui traduisent approximativement la réalité de la construction et des usages des ressources numériques dans l’enseignement supérieur sénégalais car, « on ne connait

bien un phénomène que lorsqu’il est possible de l’exprimer en nombre. »200 Les chiffres que nous avons recueillis représentent notre tableau de bord qui donne des valeurs significatives qui traduisent une situation à un moment donné, en termes de tendance et d’orientation. Notre activité de collecte de données comme indicateurs sur le terrain a nécessité beaucoup de déplacements à l’intérieur du Sénégal, dans les régions de Dakar, Thiès, Diourbel et Saint Louis, où nous avons constitué précisément des panels pour enquêter. Nous avons interrogé les professionnels de l’information documentaire, notamment les bibliothécaires qui exercent dans les bibliothèques, les services d’information et de documentation des établissements d’enseignement supérieur, et les usagers potentiels à savoir les étudiants qui sont les plus grands fréquentants des bibliothèques.

La carte universitaire que nous avons créée dans le chapitre 2 nous a permis de dénombrer près de 140 établissements d’enseignement supérieur au Sénégal. Étant dans l’impossibilité à l’heure actuelle, de faire une étude spécifique sur chaque établissement, nous avons choisi

       199  Ibidem., p. 17  200  POLANCO Xavier. Aux sources de la scientométrie…, op. cit.   

de limiter notre étude à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’École SUPDECO de Dakar, l’École polytechnique de Thiès, l’ISFAR de Bambey, l’Université Alioune Diop de Bambey, et l’université Gaston Berger de Saint Louis, qui constituent un ensemble assez varié de types d’établissement d’enseignement supérieur au Sénégal, représentatif du point de vue de la fréquentation, pour d’obtenir des résultats significatifs et scientifiquement importants.

Dans les recherches métriques appliquées aux bibliothèques, beaucoup de lois ont été définies dont celle d'Alfred Lotka en 1926, tirée de la constatation de l’existence d’une relation simple entre le nombre des auteurs et le nombre d’articles publiés, celle de Samuel C. Bradford qui établit la méthode d’organisation de la documentation pour déterminer comment les articles portant sur un sujet donné sont distribués dans les revues scientifiques et techniques en permettant de localiser l’information pertinente dans la masse de références disponible, la loi de Zipf qui mesure la fréquence d’apparition des mots, le modèle de Derek John de Solla Price qui sous-tend beaucoup d’études infométriques, médiamétriques, scientométriques, webométriques…, par l’application de la statistique et de la mathématique aux livres, aux bibliothèques, à la recherche scientifique et technique, aux médias, à Internet, etc.201

À l’aide de mesures, nous cherchons à disposer d’indicateurs sur l’audience des offres de service offerts avec les ressources numériques, les usages et le niveau de satisfaction des étudiants, les attentes et la perception qu'ils ont des services dans les bibliothèques, les compétences et les savoir-faire des bibliothécaires. La méthode utilisée a fait l'objet d'élaboration de supports pour recueillir des données scientifiquement acceptables afin de vérifier nos hypothèses de recherche. Pour ce faire, comme l’avons déjà démontré, l’utilisation des « statistiques qui sont des données numériques relatives à des groupes

d’individus ou de phénomènes »,202 est nécessaire pour obtenir des données quantitatives et qualitatives par le biais des enquêtes et des recherches. Nous avons procédé dans nos analyses à « la statistique descriptive qui est l’ensemble des méthodes de dénombrement, de

classement, de synthèse et de présentation de données quantitatives relatives à un ensemble d’individus » et, à la « statistique inférentielle [qui] est l’ensemble des théories permettant

      

201

 Ibidem.  202

  ALBARELLO  Luc,  BOURGEOIS  Etienne,  GUYOY  Jean‐Luc.‐  Statistiques  descriptives :  un  outil  pour  les 

de généraliser à une population de références des conclusions obtenues à partir de l’étude d’un échantillon extrait de cette population ».203 Les méthodes quantitatives et qualitatives constituent dès lors une approche pour aborder, explorer et observer adéquatement les politiques conduites avec les ressources numériques et les usages des étudiants. Elles nous ont permis grâce aux résultats obtenus, d’interpréter et de mieux appréhender les contextes dans lesquels les ressources ont été créées et mises en place, l’objectif des politiques définies, et les résultats jusque là atteints à travers le développement, les accès et notamment les usages.

L’approche qualitative trouve particulièrement sa pertinence dans notre thèse par sa flexibilité dans l’étude des phénomènes nouveaux ou émergents (généralisation de l’informatisation de la chaîne documentaire) liées aux ressources numériques dans les bibliothèques, à l’environnement socio-économique, culturel et politique dans lequel elles sont produites acquises ou utilisées. La méthode qualitative nous permis d’entrer de manière plus intime, plus profonde dans la représentation du numérique par les bibliothèques, particulièrement les conservateurs chefs de services en charge de toute décision quant aux ressources numériques dans les bibliothèques.

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