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La recherche documentaire a remarquablement évolué. Il y a quelques années, pour faire une recherche de documents dans les bibliothèques universitaires de stocks physiques, imprimés, il fallait consulter différents catalogues ; le catalogue auteurs, celui des titres ou mots matières, dans lesquels on pouvait identifier la fiche qui donnait le plus de renseignements (localisation, statut, description bibliographique, etc.) sur le document recherché. Cette procédure manuelle ou recherche documentaire manuelle pouvait durer quelques minutes de la part d’un usager chevronné ou non à la recherche.

L’objectif de cette recherche documentaire était de permettre à l’usager de retrouver des données indicatives sur le document dont il pouvait connaitre le titre ou l’auteur, ou un autre document adéquat qui pouvait porter sur le thème de sa recherche, dans toute la masse documentaire disponible dans la BU. Selon Arlette Boulogne, l’activité de recherche documentaire est l’« ensemble des méthodes, procédures et techniques ayant pour objet de

retrouver dans des références de documents pertinents (répondant à une demande d’information) et les documents eux-mêmes ».104

La recherche documentaire est une activité qui peut, dès lors, être réalisée par des moyens automatiques, mécaniques ou informatisés. On parle alors en ce moment de recherche documentaire automatisée. Grâce à l’automatisation des catalogues et à la numérisation des fonds documentaires, le concept de recherche documentaire se confond parfois à la notion de recherche d’information105 pouvant être définie encore comme étant : « l’ensemble des

méthodes, procédures et techniques permettant, en fonction de critères de recherche propres à l’usager, de sélectionner l’information dans un ou plusieurs fonds de documents plus ou moins structurés. Toute recherche d’information suppose trois phases successives : une recherche bibliographique des références de documents pertinents ; une recherche documentaire, c'est-à-dire une recherche bibliographique complétée par la recherche

      

104

 INTD‐ER.‐ Vocabulaire de la documentation.‐ Paris : Adbs, 2004, p. 204   

105  Pour  un  bref  rappel  historique,  le  terme  « recherche  d’information »  a  été  utilisé  pour  la  première  fois  dans les années cinquante par l’informaticien américain Kelvin N. Moers 

(l’acquisition) des documents eux-mêmes ; et enfin le repérage de l’information dans les documents sélectionnés (recherche de l’information)».106

Dans le cadre d’une recherche d’information, on peut distinguer deux types d’informations :

l’information primaire qui est l’information d’origine qu’on trouve dans les documents

initiaux, ou documents de base imprimés ou numériques ; et l’information secondaire qui est l’information obtenue à partir de l’information primaire. Elle se présente sous forme de références d’ouvrages, d’articles, de résumés, de synthèses, d’index, etc. Grâce aux possibilités offertes par les technologies de l’information et de la communication, d’importants défis sont aujourd’hui relevés dans l’activité de la recherche d’informations et des modes d’accès à l’information.

Dans les bibliothèques universitaires, les catalogues ont été les premiers éléments à être informatisés afin de faciliter et d’améliorer le repérage, l’identification, la localisation et l’accès aux données bibliographiques. C’est un peu plus tard, qu’ils ont été mis en ligne et sur CD-Rom pour les consultations locales ou à distance, et le partage de ressources. Les divers outils de recherches ont connu un important développement.

Aujourd’hui, les activités de recherche font appel à des systèmes de recherche d’information (SRI) qui peuvent être personnalisés selon le public visé. Selon Marie-Thérèse Rébat, un système d’information documentaire est « un dispositif informatique global l'accès à la

documentation, aux ressources pédagogiques et à l'information multimédia, depuis un poste de travail ou de consultation banalisé, grâce à une interface unique rendant à l'usager transparents les différents langages et normes des systèmes agrégés constitutifs et lui permettant l'interrogation de bases de données et de différentes ressources, ainsi que l'accès à des services, tels que la commande, la réservation de documents ou d'autres prestations, un album personnel ; ainsi le catalogue Opac du SIGB, le réseau de CD-Rom, les documents internes numérisés (thèses, cours), les abonnements électroniques, les bases de données bibliographiques, textuelles, factuelles, les campus numériques, etc., sont disponibles, selon les habilitations des usagers (gérées par un annuaire central) sur l'Intranet de l'établissement d'enseignement supérieur ou sur Internet, localement ou à distance. Le SID est constitutif du système d'information de l'établissement (ou portail) ; souvent, il en est la pierre angulaire. Il résulte d'une organisation et d'une architecture

      

réfléchies au niveau de la direction de l'établissement et de la mise en commun des savoir- faire de la bibliothèque, du centre de ressources informatiques (CRI) et des enseignants- chercheurs pilotes dans les TICE ».107

Dans cette définition de Marie-Thérèse Rebat, la notion de « dispositif » renvoie à l’ensemble des ressources informationnelles, au système de recherche d’information, aux modalités d’accès à l’information en ligne, et aux stratégies de consultation par navigation. De même que le système de RI, le dispositif d’accès à l’information (DAI) comporte, d’une part, une dimension technique et fonctionnelle des technologies qui le composent avec des finalités d’usages et de pratiques prescrits qui peuvent ou pas se conformer, et d’autre part, le DAI comporte une dimension humaine en ce sens qu’il permet une réelle interaction entre les usagers et les outils. Viviane Couzinet renseigne que le dispositif, de manière générale, est tributaire et inséparable de son environnement qui est à la fois un lieu d’émergence et de dépendance de la mise en commun. En plus de la dimension technique, le dispositif a également une dimension humaine qui est liée à son contexte social.

Il peut être abordé dans le contexte documentaire comme étant un ensemble de liens unissant un producteur d’information, les conditions de la circulation de l’information, l’intervenant pour faciliter sa diffusion et enfin l’usager qui est capable de se l’approprier comme contenu permettant d’agir.108

Selon l’acception de Stéphane Chaudiron et Madjid Ihadjadène, le concept de dispositif d’accès à l’information désigne « l’ensemble des lieux et des objets de médiation, technique

ou non, permettant d’identifier, de repérer et de collecter et éventuellement de traiter l’information ».109 Le dispositif documentaire ou d’accès à l’information tel qu’il est défini par ces auteurs, semble occuper une place de choix dans la société de l’information puisqu’il permet l’accès et l’appropriation de l’information.

       107  https://www.sup.adc.education.fr/bib/    Consulté le 07.12.2010  108  COUZINET Viviane.‐ Les dispositifs : question documentaire. In Approche de l’information‐documentation.  Concepts fondateurs.‐ Toulouse : Cépaduès‐Éditions, 2011, pp. 118‐119  109  CHAUDIRON Stéphane, IHADJADENE Madjid. ‐L’étude des dispositifs d’accès à l’information électronique :  approche croisées. In Problématique émergentes dans les sciences de l’information.‐ Paris : Hermès Lavoisier,  2008, pp. 183‐207 

L’accès aux ressources informationnelles est le résultat d’un processus de recherche documentaire, de combinaison de requêtes qui met en relation l’expression du besoin d’informations de l’usager et la ressource disponible indexée par des mots clés, des descripteurs choisis à partir du thésaurus ou la liste d’autorités matières par le documentaliste. Le thésaurus ou le langage documentaire permet l’identification du fonds documentaire ; quant à l’indexation d’ouvrages, qui est effectuée à partir des concepts consignés dans le thésaurus créé à cette fin.

Bâtie avec les opérateurs ET, OU et SAUF, la première équation de recherche jusque là utilisée dans les OPAC, a été mise en place par Boole.  110 Il existe dans les OPAC d’autres modes de recherche dits « simples », « avancés » et « multicritères », qui opèrent par une manipulation de mots-clés qui indiquent, et représentent l’information ou le document recherché d’une part, et d’autre part, représentent les besoins exprimés par l’usager.

Un système de recherche d’informations repose sur un processus en « U » :

Figure 1 : Processus en U de la recherche d’information

Source : Cité par BRINI Asma Hedia. Un modèle de recherche d’information basé sur les réseaux possibilistes, p. 14111

      

110  SAVOY  Jacques.‐  Modèles  en  recherche  d’information.  In  Assistance  intelligente  à  la  recherche 

d’information.‐ Paris : Hermès, Lavoisier, 2003, p. 33 

111 BRINI Asma Hédia.‐ Un modèle de recherche d’information basé sur les réseaux possibilistes. Toulouse : 

Université Paul Sabatier, 2005,  p. 14  Disponible en ligne sur : 

Dans cette figure, les notions de documents et de requêtes contiennent des informations, les opérations d’analyse et d’indexation indiquent le niveau de traitement, et enfin la requête qui permet la sélection du document sensé être pertinent pour l’utilisateur. On peut observer aussi quatre niveaux dans le processus de recherche : le traitement des documents (indexation), -la formulation des besoins d’information (requête), la recherche (le système traduit la requête et identifie à partir de l’index les documents correspondants), et le résultat

final (le système présente à l’usager les documents pertinents d’habitude sous forme de

listes).

La multiplication et la performance des systèmes de recherche d’information dans les bibliothèques universitaires ont permis un accès simultané et permanent à partir de n’importe quel ordinateur connecté au réseau de la bibliothèque (universitaire). Dans une bibliothèque universitaire, les modes de recherche peuvent varier suivant les usagers (étudiants, enseignants, chercheurs, etc.) qui peuvent avoir chacun un besoin d’information de nature spécifique.

Il existe quatre natures d’information recherchée : la recherche factuelle pour une information structurée numérique ou alphanumérique dans les bases de données (BDD), les annuaires, les répertoires, etc., la recherche documentaire (déjà définie), la recherche

bibliographique qui est un sous-ensemble de la recherche documentaire qui se limite aux

informations secondaires (imprimé ou numérique) et la recherche contextuelle, qui par un mot ou un groupe de mots, permet d’aboutir à une information primaire, c'est-à-dire à une information qui contient les mots en question, ou renvoie au concept qu’ils représentent.112 Lors d’une activité de recherche d’informations, le besoin d’information est représenté par des éléments (par exemple les mots) que l’usager communique au système par des options de recherche, pour exprimer ou caractériser l’information qu’il recherche. Plusieurs facteurs peuvent alors intervenir sur la recherche d’informations de l’usager, qu’il soit un étudiant ou un enseignant - chercheur, dans une bibliothèque universitaire. Ces facteurs peuvent être liés au milieu universitaire qui est un milieu particulier de la société, un milieu fonctionnel et structuré avec des particularités socioéconomiques, culturelles et politiques, un cadre de création et de diffusion de l’information.

      

112

  LEFEVRE  Philippe.‐  La  recherche  d’information :  du  texte  intégral  au  thésaurus.‐    Paris :  Hermès  Science  Publications, 2000, p. 48 

Ces facteurs constituent en réalité un contexte et une situation qui impactent sur l’activité de recherche d’informations. D’après Brigitte Simonnot, certains auteurs emploient de manière distinctive les termes de contexte et de situation, pour désigner les conditions ou l’environnement dans lesquels se déroulent les activités de RI (interaction homme-machine) et qui auraient un impact sur la manière dont elles s’effectuent. Le contexte peut être alors considéré comme « toutes les informations qui peuvent être utilisées pour caractériser la

situation d’entités (c'est-à-dire une personne, un lieu ou un objet) et qui sont considérées comme pertinentes vis-à-vis de l’interaction entre un utilisateur et une application, y compris sur l’utilisateur et l’application elle-même. En général, le contexte est le lieu, l’identité et l’état des personnes, des groupes et des objets informatiques ou physiques ».113

Elle considère ainsi la notion de situation comme une référence à un positionnement dans l’ensemble des circonstances de contexte.  

       

La dimension sociale occupe une place importante dans le contexte et la situation en recherche d’informations à l’université, pour permettre à l’usager d’appréhender la pertinence des systèmes de recherche d’informations, et ses interactions avec les systèmes ; car, la performance des SRI ne peut plus être seulement mesurée en termes de pertinence déterminée par le taux de rappel et de précision (paradigme système) mais plutôt, par l’interactivité, le cadre et les aspects collaboratifs, et la personnalisation du système par rapport à l’usager (paradigme usager).114

L’interactivité homme-machine (IHM), est la manipulation ou le dialogue de l’usager avec le SRI. Alex Mucchielli la définit comme étant « le système des échanges qui s’établit entre

la personne et le produit qui lui est présenté au travers d’un processus conversationnel supporté par un logiciel. Ce système relationnel dépend à la fois des intentions du concepteur, des moyens d’action qu’il lui fournit et de l’organisation du contenu. La qualité de l’échange interactif dépend de l’adéquation des moyens d’expression utilisés par le concepteur et de ceux utilisables par le spectateur compte tenu de ses attentes ».115

 

113 SIMONNOT Brigitte.‐ L’accès à l’information en ligne : moteurs, dispositifs et médiations.‐ Paris : Hermès  Sciences Publications, Lavoisier, 2012, pp. 121‐122 

114  FAVIER  Laurence,  MARTIN‐JUCHAT  Fabienne.‐  La  science  de  l’information  face  à  de  nouveaux  paradigmes : prise en compte de la dimension sociale de la recherche d’information et remise en cause de la  figure  de  l’usager.  In  Recherche  récentes  en  sciences  de  l’information :  convergences  et  dynamique.‐  Paris :  Adbs Éditions, 2002, p.254 

Notre objectif principal sur ce point, n’est pas d’étudier les théories sur les modèles de systèmes de recherche fondés sur le paradigme « système », mais, nous allons justement intégrer plus ou moins la dimension sociale dans les activités de recherche des usagers des bibliothèques universitaires, où l’activité de recherche est construite par rapport à un contexte et une situation, de l’état de l’usager, de sa culture et de ses activités scientifiques au sein de l’université. Alexandre Serres pense que le contexte de recherche agit sur « la

manière dont les usagers identifient, jugent, évaluent et valident le sérieux, la fiabilité, la crédibilité d’une source, d’un auteur ou d’un document, engage et traduit leur rapport général au monde, à la société, aux institutions, à la technologie, etc. ».116

L’activité de recherche des étudiants, des enseignants et des chercheurs dans les bibliothèques universitaires tient évidemment compte des réalités socioculturelles politiques et économiques adaptées à leur environnement d’évolution au sein de l’université. Ces réalités sociales concourent aux représentations que les usagers en situation de recherche se font des SRI ; c'est-à-dire leurs valeurs, leur conception, etc. Les usagers portent des affects sur le monde de l’information, des TIC et des médias mis à leur disposition117, ce qui nous amène ici à nous intéresser plus précisément à l’ « usage » des systèmes de recherche d’information dans les bibliothèques universitaires du Sénégal, ou les contextes socioéconomiques et culturels des usagers peuvent avoir d’importants impacts sur les manières d’appréhender les SRI, de les approcher et de les utiliser.

1.4.1  ‐  De  la  notion  d’« usage »  de  ressources  numériques  dans 

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