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La création d’une bibliothèque de soutien à la recherche en Afrique francophone est née de l’idée du Gouverneur de l’AOF (1907-1908), Martial Henri Merlin, qui voulut initier une politique d’ouverture d’une bibliothèque pédagogique dans tous les chefs lieux des colonies. Mais, c’est plus tard, le 10 décembre 1915, que le Gouverneur Général (1915- 1916) François Joseph Clozel, créa le Centre régional appelé Comité d’études historiques et

scientifiques dont l’objectif était de coordonner toutes les recherches dans le domaine de

l’ethnologie, de l’histoire, de la géographie en Afrique de l’Ouest, et de conserver la documentation. Le comité avait, aussi entres autres missions, de publier les travaux des chercheurs afin qu’ils soient plus connus du public ciblé, de rédiger des bibliographies, d’éditer des annuaires dont le Bulletin du comite d’études historiques et scientifiques de

l’AOF, et enfin, de coordonner les recherches sur, et dans les territoires colonisés.

C’est plus tard en 1931, dans un rapport présenté par l’historien - géographe Albert Charton Inspecteur général en AOF, que l’idée de doter l’AOF d’un Institut de Recherche plus grand, répondant aux préoccupations de l’heure est lancée. Charton dira à cet effet que « c’est pour nous une sorte de devoir intellectuel et une exigence de l’honneur colonial

d’étudier les pays que nous avons la charge d’administrer et les peuples que nous avons la tâche de protéger et d’étudier. Il y a là pour une part, une des justifications les plus hautes de la colonisation, qui ne saurait se définir en terme uniquement matériel et économique… La construction d’une science africaine est une exigence de notre politique coloniale ».165

      

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  Disponible  en  ligne :  http://www.webguinee.net/bibliotheque/archives/rechAfric/inrdgRA1.html   Consulté le 12 mai 2010 

Pour constituer une mémoire solide et vivante pour la postérité des colonies, l’administration coloniale organise au mieux les recherches qui portent pour l’essentiel sur l’environnement, les sociétés et les cultures des aborigènes en général avec une meilleure stratégie et méthode. Le Gouverneur Général de l’AOF, Jules Brévié, enclencha la procédure pour la création d’un institut de recherche en Afrique. Dans sa lettre au Ministre des colonies M. Marius Moutet, il explique les rôles attribués à l’Institut qui « provoquera

et coordonnera les études de tous ordres sur les questions intéressant l’Afrique Noire, en établira les programmes de recherches, en conformité avec les besoins de l’Afrique Occidentale Française. Il assurera la liaison indispensable avec les organismes métropolitains dont l’activité scientifique s’applique à l’Afrique. Il contribuera, par ses publications et événements par les enseignements qu’il pourra organiser, à la connaissance de l’Afrique dans les milieux scientifiques et dans les milieux cultivés. Par l’École d’Afrique, il contribuera à l’édification d’une science africaine et entrainera l’élite intellectuelle vers les études coloniales et africaines ».166 Charton indique dès lors que « la

création d’un Institut Français d’Afrique Noire (IFAN) vient à son heure. C’est une exigence de notre action coloniale elle-même, un couronnement de notre œuvre civilisatrice, une marque nouvelle donnée au monde et aux pays du durable intérêt que nous portons à notre domaine africain. Il est temps de faire entrer la connaissance de l’Afrique Noire d’une façon méthodique et avec la force d’une institution définitive dans la culture et la science française ».

Cette vision d’Albert Charton entraina la signature de l’arrêté n° 1945/E du 19 aout 1936167 par le Gouverneur Jules Brévié qui donna le coup d’envoi à la construction de l’Institut français d’Afrique noire (IFAN) qui fut perçu comme un outil de promotion de la recherche scientifique en Afrique occidentale française. L’Institut permit à l’AOF de mettre en place une culture encyclopédique universelle, par son œuvre et ses missions dont l’inventaire approfondi du milieu naturel des hommes de l’Afrique occidentale, l’organisation et la coordination des recherches, la diffusion de la documentation et des publications estimées déjà à 30 000 volumes et 2 000 périodiques qui firent autorité dans le domaine de la

      

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  TRAORÉ  Mamadou.‐  Sociétés  de  tradition  agraire  et  sociétés  de  tradition  pastorale  en  Guinée,  Études  guinéennes,  Nouvelle  série,  1964,  pp.  3‐35        Disponible en  ligne  sur  : 

http://www.webguinee.net/bibliotheque/archives/rechAfric/inrdgRA1.html   Consulté le 04.5.2010   167

 IFAN. L’héritage de Cheikh Anta Diop réhabilité. Cité dans : François Malick DIOUF.‐ Répertoire analytique  des périodiques conservés à l’IFAN et étude de leur valorisation. Dakar : UCAD, juin 2007, p. 16 

recherche. « La bibliothèque de l’IFAN, devenue en même temps celle du Gouvernement

[…], pouvait être considérée comme la seule bibliothèque de haute culture de Dakar ».168

De concert avec les unités de recherche implantées dans chacune des autres colonies, l’IFAN de Dakar « doit être un centre de recherche et de documentation, un relais entre le

chercheur sur le terrain et les grands laboratoires spécialisés »169 pense Théodore Monod (1902-2000), naturaliste, explorateur et érudit français considéré comme le plus grand spécialiste français des déserts au XXe siècle, et qui fut le premier directeur de l’IFAN, de juillet 1938 à 1965. L’organisation de l’IFAN dénote l’importance de ses actions de recherche, et la diversité de ses centres d’intérêt. Il comprend à l’origine :

- un Centre fédéral basé à Dakar au Sénégal

- sept Centres appelés CENFRIFANS implantés dans chaque colonie française (Mauritanie, Guinée, Soudan devenue République de Mali, Haute Volta devenue la

République du Burkina Faso, Dahomey devenu la République du Benin, Niger et

enfin, Cote d’Ivoire).

Les publications de l’IFAN étaient composées de plusieurs titres dont : les Notes Africaines, le Bulletin trimestriel de correspondance, le Bulletin de l’IFAN qui remplace le Bulletin du

Comité d’études historiques et scientifiques de l’AOF, les Mémoires de l’IFAN, etc.

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