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Chapitre 3 : Société de la connaissance et mission pédagogique des universités : vers des évolutions notables

3.4. L’Architecture des universités et les Nouvelles Technologies de l’Information et des Communications appliquées à l’éducation: Une relation étroite.

4.3.9. Regard sur les principales critiques

Un important mémoire intitulé « Un chèque en blanc pour un projet plein d’angles morts » signé par 120 citoyens d’Outremont dénonce le fait que le plan dans sa forme actuelle est inadapté par rapport à l’approche d’ensemble. Ils considèrent que ce projet offre à l’arrondissement d’Outremont l’opportunité de « revitaliser une zone industrielle dont la localisation au cœur d’un quartier résidentiel était une source de nuisance et de pollution de tout ordre ».33

Or le projet tel qu’il est proposé par l’Université de Montréal suscite des réserves par rapport à la « forme urbaine ». En effet, les hauteurs suggérées pour les constructions « accentuent visiblement l’enclavement des quartiers situés au nord et l’isolement social du quartier Parc-Extension » et en ce sens, le projet serait une occasion manquée de profiter d’une revitalisation urbaine. Certains parlent donc d’un « projet métropolitain traité comme un projet local » et en appellent à repenser le projet en ce sens.34

Par ailleurs, le projet nécessite un changement de zonage pour une large partie du site. Cet aspect est critiqué dans la mesure où le projet n’est pas détaillé par rapport aux

32 CHAMPAGNE, Sara, « Pluie de réprimandes et correctifs », La Presse, jeudi 5 avril 2007.

33 Rapport rendu par l’Office de Consultation Publique de Montréal (OCPM), « L’analyse municipale de

faisabilité technique et financière du projet de campus et de ses abords », 2008, p. 4. Disponible sur : http://www.umontreal.ca/grandsprojets/documents/outremont/Rapport_analyses_techniques_financieres.

constructions prévues en dehors de la première phase. Les citoyens craignent dans un tel contexte « de perdre définitivement leur capacité de s’opposer au projet par voie référendaire pour les 20 années à venir » à toute construction future. De plus, un rapport explique que « les nouveaux zonages obtenus par l’Université de Montréal transforment en une mine d’or une friche industrielle acquise à moindres coûts (…) L’Université pourra revendre les terrains rezonés après les avoir décontaminés, grâce à une subvention du gouvernement du Québec, ce en faisant une belle plus-value ».35 Ainsi, ils remettent en question le caractère « spéculatif » de la démarche.36 Un second mémoire appuyé par 200 citoyens d’Outremont s’en prend à une autre dimension du projet, à savoir son intégration dans la trame urbaine. Il indique que « sous sa forme architecturale de muraille opaque, le projet place l’université à l’ombre d’elle-même et la prive, ainsi que ses citoyens voisins, d’un véritable grand parc ouvert permettant l’accès privilégié à un espace naturel ».37 En effet, le rapport insiste sur le fait que l’aménagement de la promenade et de l’emplacement des espaces verts tels qu’imaginés dans le Plan directeur établi par le Comité de planification de l’Université n’est pas assez « ouvert sur les populations avoisinantes » et que des études complémentaires sont nécessaires.

Les élus de l’arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension émettent pour leur part un ensemble de réserves qui rejoignent plusieurs critiques exprimées par les citoyens. Leur mémoire « montre du doigt dix aspects du projet à corriger, notamment les liens de circulation avec Parc-Extension, le déménagement de la voie ferrée et les ouvertures sur rues ». Ils craignent que la construction telle que proposée par le Plan directeur de l’Université « n’enclave pour les 100 années à venir deux quartiers de l’arrondissement ». Ils considèrent que « le nouveau campus n’a aucune portée sur le milieu urbain environnant. La grande esplanade proposée ne débouche nulle part ».38 On note donc

35 HERNANDEZ, Christine, « Un chèque en blanc pour un projet plein d’angles morts », L’Express

d’Outremont, 19 avril 2007.

36 On peut ici faire un lien avec la question de la gouvernance des universités évoquée dans le chapitre sur

la société de la connaissance. Dans le cas du projet de construction du campus annexe à Outremont, la direction de l’Université endosse un projet de grosse envergure sans avoir nécessairement toutes les garanties et/ou les fonds nécessaires pour sa réalisation. Cela ne veut pas dire que le projet n’a pas été murement réfléchi. Une évaluation financière a été réalisée et des diverses solutions ont été envisagées pour le financement. Cependant, il convient de noter que certains membres du SGPUM critiquent la lourde responsabilité qui attend l’Université.

37 CHAMPAGNE, Sara, 2007, op. cit.

38 Mémoire déposé par le SGPUM, Phase A : consultation interne sur les constats et les enjeux, 2007, op. cit.

une préoccupation particulière de la part des citoyens et des élus pour que l’arrivée de ce projet soit considérée comme une occasion propice à la redynamisation des quartiers avoisinant tout en préservant certaines dimensions du cadre bâti (dont les espaces verts et l’ouverture sur les quartiers avoisinants du futur campus). Les citoyens s’interrogent aussi sur l’impact de l’augmentation de la circulation qu’amènera le projet et remettent en question la seule étude réalisée sur cet aspect : une étude qui selon eux à « un caractère fallacieux ».39 Outre les craintes liées à la circulation, il y a « une opposition presque unanime » de la part de tous les résidents d’Outremont qui considèrent que l’intégration de la trame des rues au projet est de nature à transformer un quartier résidentiel en quartier fortement fréquenté par les étudiants, ce qu’ils perçoivent comme « une atteinte majeure à la qualité de vie du quartier ».40 Des citoyens dénoncent les risques de dévaluation de la valeur des terrains et des maisons. Ils souhaitent finalement ne pas être uniquement des « spectateurs impuissants ».41

L’Office de Consultation Publique de la Ville de Montréal (OCPM), après analyse des différents mémoires reçus, rend un avis favorable au projet dans l’ensemble tout en prenant soin d’apporter plusieurs recommandations qui reprennent des craintes exprimées lors de la période de consultation. Son rapport stipule que de nombreux citoyens craignent l’impact des gabarits dans leur secteur qui accueillera l’entrée principale du campus, construit sur « une superficie totale de 235 000 mètres carrés ». Il insiste sur le fait que « les hauteurs suggérées pour les bâtiments suscitent beaucoup de réserves parce qu’elles accentuent visiblement l’enclavement des quartiers situés au nord, et l’isolement pour les résidents de Parc-Extension ».42 L’Université de Montréal est invitée à revoir le plan d’aménagement de manière à mieux intégrer les futures constructions dans le paysage urbain. Concernant l’impact sur la circulation provoqué par l’arrivée du campus, l’OCPM se montre sensible aux critiques soulevées par les citoyens et invite l’université à réaliser des études complémentaires. Enfin, des recommandations sont faites par rapport à l’importance de mieux rattacher la piste cyclable prévue sur l’axe Wiseman au réseau

39 CHARRETTE, Julie, « 1000 citoyens s’en mêlent », L’Express d’Outremont, jeudi 15 octobre 2007. 40 Rapport de l’OCPM, 2008, op. cit. p. 14.

41 Ibid.

42 CHAMPAGNE, Sara, « Un projet métropolitain traité comme un projet local », La Presse, 15 août

cyclable Pan montréalais. Au final, des recommandations sont donc faites aux responsables de l’Université quant à la nécessité d’améliorer les plans de circulation, de réduire la taille des immeubles, de développer davantage le recours aux transports alternatifs (développement et raccordement du réseau cyclable) et enfin de mettre en place un processus de concertation plus ouvert à la population.

Lorsque le rapport de l’OCPM est rendu public, le vice-recteur adjoint responsable de la construction, M. Alexandre Chabot, « reçoit avec intérêt le rapport de l’OCPM » et se dit « heureux de constater l’intérêt que suscite le projet. » Il souligne que « les recommandations de l’Office recevront toute l’attention voulue de la part de l’université et des professionnels qui l’entourent pour la réalisation de ce projet que nous souhaitons exemplaire ».43

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