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Chapitre 3 : Société de la connaissance et mission pédagogique des universités : vers des évolutions notables

3.4. L’Architecture des universités et les Nouvelles Technologies de l’Information et des Communications appliquées à l’éducation: Une relation étroite.

5.3.3 Pertinence du sondage en ligne

Il existe plusieurs moyens d’administrer des sondages à l’aide d’Internet, que l’on regroupe sous l’appellation de sondages en ligne. Parmi les plus actuels, il y a par exemple l’envoi d’un questionnaire par courriel à un échantillon présélectionné ou encore l’invitation à se rendre sur une page Internet qui héberge le questionnaire. Pour notre étude, nous avons choisi de créer une page web avec le questionnaire disponible en ligne. Nous nous sommes alors employés à le faire connaître auprès de la population à laquelle il était destiné. Certaines spécificités s’appliquant à ce type de recherche au Québec nous ont amenés à privilégier cette méthode. En effet, l’envoi de questionnaire par courriel est à la fois coûteux, long et plus compliqué dans la mesure où « selon les règles de la

23 SERIEYX, Hervé, Jeunes et entreprises, des noces ambigües, Paris, Eyrolles, 2002.

24 HAMEL, Jacques, « Jeunes, génération numérique et sondage en ligne - L’exemple de deux enquêtes

conduites auprès de jeunes Québécois », Bulletin de Méthode Sociologique, nº 98, avril 2008, p.60-72

25 DILLMAN, D. & BOWKER, K., The Web Questionnaire Challenge to Survey Methodologists, Pabst

Commission d’accès à l’information, il est formellement interdit de joindre directement, par téléphone ou courriel, tout individu éligible à une enquête scientifique ».26

Dans le cas de la méthode que nous avons retenue, nous verrons que ces problèmes ont pu être plus aisément contournés à l’aide des divers moyens auxquels on a eu recours pour entrer en contact avec la population ciblée. Le recours à un sondage se justifie dans notre cas par la nature distincte des informations que l’on souhaite recueillir auprès de la population étudiante par rapport aux entrevues semi-dirigées réalisées auprès des administrateurs de l’École des HEC Montréal. Le sondage peut se définir comme « un instrument de collecte et de mise en forme de l’information, fondé sur l’observation de réponses à un ensemble de questions posées à un échantillon d’une population ». On peut donc le concevoir comme un instrument de mesure qui permet à l’aide d’un ensemble d’opérations d’arriver à la « constitution d’indicateurs et de différents concepts ». 27

Élaboration du questionnaire

Le questionnaire que nous avons préparé pour l’administrer par Internet émane en grande partie de celui que nous avions utilisé pour effectuer le sondage en personne dans la cafeteria de l’école. Cette version a été reprise et retravaillée sur support papier dans un premier temps afin de rendre les phrases plus compactes, en accord avec les recommandations de G. Creux.28 Plusieurs questions qui relevaient de réponses libres dans le sondage initialement pensé pour être administré en personne ont été nuancées (les réponses offertes aux participants se déclinent alors pour des questions de type point & click (par exemple en « un peu, plusieurs fois par semaines, tous les jours »). Afin de rendre la page accueillante et personnalisée pour les étudiants de l’École, nous avons décidé d’inclure des photos du bâtiment de l’école en premier plan de la page du questionnaire. Nous avons cependant privilégié une interface sobre et la plus épurée

26 HAMEL, Jacques, 2008, op. cit. p. 66.

27 BLAIS, A. & DURAND, C., Le sondage, paru dans : Recherche sociale ; de la problématique à la collecte de données, Gauthier, Benoit (dir.), op. cit.

28 CREUX, Gérard, « Comparaison et influence de deux méthodes de recueil de données différentes sur

les résultats globaux d’une enquête qualitative », Bulletin de méthodologie sociologique, 2007, n° 96, p.50-57.

possible afin de ne pas allonger le temps de chargement de la page.29 À la suite des photos, on trouve un texte explicatif des grandes orientations de l’étude ainsi que les principaux thèmes abordés dans le sondage.

Avant d’arriver aux questions du sondage, les participants voient apparaître toutes les spécificités de l’étude, les contacts des personnes en charge du projet ainsi que les clauses de confidentialité qui s’appliquent à la recherche [les principaux éléments contenus dans le certificat éthique]. Ils doivent alors s’ils acceptent les conditions, cocher une case – qui fait office de signature numérique – afin de pouvoir accéder au questionnaire.

Principales dimensions que l’on a cherché à étudier

Le sondage que l’on a réalisé à l’aide d’un questionnaire hébergé sur Internet reprenait les bases du questionnaire que nous avions réalisé pour effectuer des rencontres avec les étudiants dans la cafeteria. Cependant, il a fallu revoir certaines formulations afin de les rendre plus courtes [pour des raisons techniques] et nous avons aussi ajouté certaines questions par rapport à des aspects qui nous avaient échappés lors de la réalisation du premier questionnaire. Ainsi, nous avons ajouté des questions par rapport au pavillon Decelles, qui s’est avéré être encore utilisé et avons invité les participants à le comparer avec le pavillon principal (côte Sainte-Catherine.30

Dans les détails, le questionnaire invite les participants à exprimer leurs opinions par rapport à différents éléments qui ont un rapport avec l’architecture du pavillon et l’aménagement du campus de l’Université de Montréal dans l’ensemble : quels sont les lieux les plus fréquentés, les plus appréciés ? Pourquoi ? En quoi l’architecture joue un rôle dans la transmission du savoir ? Appréciation par rapport à des éléments

29 HAMEL, Jacques, 2008, op. cit. p.68.

30 Nous avons appris que les bureaux du registrariat avaient été déplacés et que par ailleurs, des cours

étaient encore dispensés là-bas. Au fur et à mesure de nos entrevues, il s’est avéré que le pavillon était en travaux et qu’un plan d’aménagement conséquent était alors en voie d’être retenu par la direction de l’école pour des travaux complémentaires dans ce bâtiment. Nous reviendrons sur cet aspect que nous nous sommes efforcés de renseigner du mieux qu’on a pu dans le chapitre suivant. Le projet est en voie de réalisation depuis le mois de mars 2011 et devrait être achevé d’ici le mois d’octobre 2011.

spécifiques : salles de cours, lieux de vie, sensibilité à l’art. L’architecture contribue-t- elle à créer un sentiment d’appartenance par rapport au campus dans son ensemble ? 31

Sélection de l’échantillon et mode d’administration

Lorsque nous avons entrepris le sondage à la cafeteria en personne, nous comptions recueillir une cinquantaine de réponses, en questionnant de façon aléatoire les étudiants fréquentant les lieux. Le choix d’avoir recours à Internet nous a permis de dépasser nos prédictions. En effet, nous avons obtenu près de 87 questionnaires au total pour en retenir soixante-seize pour l’analyse.32 Après que le questionnaire ait été soumis à vérification et que la page Internet ait été finalisée, nous avons usé de différents supports pour faire connaître l’existence de notre étude aux étudiants de HEC. Nous avons tout d’abord créé une affiche en format A4 que nous avons éparpillée dans l’école avec l’autorisation de l’école, dans différents endroits réservés à cette fin (sept affiches).33 Nous sommes ensuite entrés en contact avec plusieurs représentants d’associations étudiantes de l’école afin de leur demander de bien vouloir nous aider à faire connaître l’existence de notre sondage. Pour cela, nous avons contacté les personnes en charge de la communication par courriel en joignant un texte explicatif, nos coordonnées ainsi que l’adresse du lien Internet pour consulter le questionnaire. Nos démarches conjuguées nous ont ainsi permis de recueillir 76 participations à notre sondage par Internet.34 Un nombre que nous avons jugé satisfaisant pour un sondage qui ne vise pas à donner une représentation statistique, mais davantage à être une manière de mettre en exergue des aspects que l’on cherche à vérifier.

31 Voir annexe 7 « Questionnaires administrés aux étudiants par Internet ».

32 Nous avons écarté presque une dizaine de questionnaires qui n’étaient pas recevables, car il y avait trop de réponses non

renseignées sur l’ensemble des questions posées.

33 Les affiches ont été faites avec une page de format A4 avec une photo de l’intérieur du pavillon (pour

attirer le regard et la rendre agréable à lire). On trouvait un bref texte d’introduction à l’étude ainsi que l’adresse du site Internet pour participer au sondage.

34 Parmi les principales caractéristiques des participants, il est à noter qu’ils étaient pour une large mesure

inscrits en second cycle, une proportion importante d’étudiants étrangers. Davantage d’hommes que de femmes ont participé à l’étude.

5.4) Analyse des sondages

Pour l’analyse des questionnaires, nous avons mesuré les fréquences de réponses se rapportant aux questions dites fermées. L’on a pu ainsi dégager certaines tendances pour les éléments qui se rapportaient à des caractéristiques spécifiques (par exemple, 80 % des personnes qui ont répondu affirment que le pavillon principal des HEC a les caractéristiques architecturales les plus intéressantes de tout le campus de l’Université de Montréal). Les questions dites ouvertes, qui laissaient davantage de place aux propres mots des participants, ont été analysées différemment. Nous avons d’abord réalisé un inventaire des différents adjectifs employés afin de qualifier le bâtiment pour ensuite regrouper et compter les fréquences de répétition de certains éléments. Cette dernière étape a été réalisée à l’aide de grilles qui ont permis de compter la fréquence d’apparition de certains termes employés pour décrire le pavillon. Cette démarche nous a permis de dégager une vue d’ensemble et de rapprocher plusieurs éléments entre eux sans que soit pour cela nécessaire un décompte statistique à proprement parler.

Nous avons cependant regroupé les différents éléments de réponses que nous avons recueillis dans un premier temps, avant de chercher à mettre en relation ceux-ci avec les informations que l’on avait recueillies lors des entrevues et des observations que nous avons effectuées. Cette approche se situe dans la prolongation de la démarche de « triangulation des données » que nous avons adoptée dans notre approche. Nous avons ainsi cherché à recouper les informations que nous avons mises à jour dans l’analyse des questionnaires, avec les entrevues que nous avions réalisé auprès de responsables d’associations étudiantes ainsi que les observations répétées que nous avons fait pour observer « la vie de l’école », l’appropriation des lieux par les étudiants, les raisons de satisfaction mise en avant. Cette dernière étape nous a permis de mettre en lien des spécificités apparues à l’issue de ces analyses avec des tendances que nous avons pu observer dans le cas de la planification du futur campus de l’Université de Montréal sur le site d’Outremont. Nous avons alors cherché à analyser, à mettre en rapport tous les éléments recueillis avec les changements qui affectent le mode de fonctionnement des universités dans le monde dans une société du savoir, fortement dépendante d’une économie du savoir.

Chapitre 6 : L’École des HEC Montréal : Regard sur les spécificités architecturales du pavillon principal

6.1) Contexte d’apparition et de développement de l’École jusqu’en 1980

Sans vouloir refaire dans ce chapitre l’histoire de l’École des HEC Montréal, nous allons dans un premier temps rappeler quelques faits relatifs à son emplacement depuis sa création, pour ensuite analyser les importants enjeux qu’a représentés pour elle la construction d’un nouvel édifice sur la Sainte-Catherine au milieu des années 1990. Nous présenterons ensuite les résultats de nos recherches sur le processus qui a entouré la construction du nouveau pavillon ainsi que les préoccupations qui ont orienté l’élaboration du projet. Enfin, nous présenterons le résultat des entrevues et des sondages que nous avons effectués auprès des usagers de l’école (administrateurs et étudiants), et nous chercherons à mettre en rapport les éléments de notre étude avec notre problématique de départ.

L’École est fondée en 1907, sous l’impulsion de la Chambre de commerce de Montréal. Elle est le premier établissement universitaire d’enseignement de la gestion établi au Canada. L’initiative reçoit l’aval du gouvernement provincial (libéral), alors dirigé par Lomer Gouin, qui souhaite combler les carences manifestes du système d'enseignement québécois et l'ajuster aux nouveaux besoins de l'économie. Elle naît dans un contexte où le mot d’ordre est, pour une nouvelle génération, celle des Athanase David, Victor Doré et Édouard Montpetit : « Rien n'est possible sans l'école. Avec l'école, tout est possible ».1 La décision de créer l’École des HEC est audacieuse et elle va susciter des réactions d’autant plus négatives des milieux conservateurs et cléricaux qu’elle échappe au contrôle des autorités ecclésiastiques. L’objectif, comme le répète Montpetit, est de permettre aux Canadiens français « d'accéder aux postes qu'ils n'avaient pas su atteindre » et d’assurer ainsi la « conquête économique ».2 Un appel particulier est lancé aux jeunes professionnels qui sont invités à « se tourner vers les

1 FOURNIER, Marcel, L’entrée dans la modernité. Science, culture et société au Québec, Éditions Saint-

Martin, Montréal, 1986, p. 83.

2 En 1917, Montpetit écrivait : « La question nationale est d'abord une question économique [...] et c'est

l'instruction qui nous assurera la conquête économique », Édouard Montpetit, «Notre avenir », Revue trimestrielle canadienne, février 1917, p. 315.Voir Marcel Fournier, 1986, op. cit.

carrières commerciales vraiment rémunératrices ».3 Les ambitions sont donc grandes : « comme nous avons formé des médecins, des ingénieurs, des avocats, des notaires, nous formerons, précise-t-il, des industriels, des commerçants, des financiers, des ouvriers d'art et de métier. Nous constituerons ainsi une élite du travail qui sera, aussi bien, une élite de la pensée, et nous lui confierons notre avenir ».4 Dès sa création, l’École des HEC est autonome et elle est administrée par une Corporation. Elle sera affiliée à l’Université de Montréal à partir de 1915.

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