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Chapitre 3 : Société de la connaissance et mission pédagogique des universités : vers des évolutions notables

3.4. L’Architecture des universités et les Nouvelles Technologies de l’Information et des Communications appliquées à l’éducation: Une relation étroite.

6.1.3 L’École à l’étroit : vers la construction d’un nouveau bâtiment rue Decelles

L’École prend de l’ampleur avec les années, si bien qu’à la fin des années 1960, les locaux de l’École ne suffisent plus à accueillir l’ensemble des étudiants. Il y a eu une forte augmentation du nombre d’inscriptions. Dès 1958, le directeur, Esdras Minville, écrit au surintendant du département de l’Instruction publique pour lui faire part des besoins de l’école en matière d’espace. En 1959, l’Assemblée législative donne l’autorisation de faire construire une nouvelle école.12 L’Université de Montréal fait à l’École des HEC l’offre de rejoindre le campus sur la montagne. La direction de l’École accepte et décide de se hisser sur la Montagne. Plusieurs terrains sont alors étudiés, mais la nouvelle bâtisse qui accueillera l’école des HEC ne verra cependant le jour qu’en

12 Lettre de la Corporation à Paul Gérin-Lajoie, 1966. Service des archives et de la gestion des documents

1970, après que plusieurs sites aient été considérés. Un premier site en forme de trapèze rectangle qui se situe « le long du chemin d’accès, au nord de l’École Polytechnique » est d’abord retenu en 1959.13 Des travaux de sondage du sol sont alors réalisés par l’École qui mandate un consultant privé. Au mois de juin de la même année, la Corporation de l’École désigne Roland Dumais comme architecte et le charge de préparer les plans détaillés de la distribution des services et des bureaux dans un nouvel immeuble. Il réalise et présente des schémas d’ensemble ainsi que des esquisses de l’extérieur du bâtiment.14 Cependant, le projet est abandonné, car l’Université de Montréal ne peut pas tenir la promesse qu’elle avait faite. Elle ne peut plus offrir le terrain promis. Le projet de construction s’enlise alors durant deux années. Un second site est retenu en 1962 et de nouveaux architectes sont engagés. Ils réutilisent les plans de 1959, mais les besoins ont augmenté et il faut prévoir un immeuble plus vaste. De nouveaux croquis sont préparés par les architectes Papineau, Gérin-Lajoie et Leblanc.

Le début de la construction du projet est cependant une nouvelle fois retardé. Les plans réalisés regroupent dans un même établissement les étudiants de licence et de baccalauréat. Or l’avenir du Baccalauréat est alors incertain dans la mesure où les recommandations attendues de la Commission Parent peuvent entrainer la transformation ou l’abolition de ce dernier. L’École soumet alors en 1963 à la Direction de l’enseignement supérieur le projet révisé d’un établissement destiné à accueillir seulement 1100 étudiants. Le terrain retenu est situé sur la rue Maplewood (actuellement Edouard-Montpetit), en face de la rue Woodbury. Les architectes commencent à élaborer de nouveaux plans, mais les discussions entre ces derniers et la direction de l’enseignement supérieur et de l’École des HEC « aboutirent à une impasse » et en 1965 les plans doivent à nouveau être refaits.15 Une fois de plus, le projet de construction est suspendu pour trois ans. Durant ce temps, la direction de l’Université en vient à la conclusion que « ses propres projets de construction rendaient logique l’implantation des HEC sur un terrain autre que celui acheté par l’École en

13 Étude des sites probables HEC, 1959. Service des archives et de la gestion des documents de l’École des

HEC Montréal, fond A0007/3,4.

14 « Lettre de la Corporation à Paul Gérin-Lajoie », 1966, op. cit. 15 Ibid. p.3

1962 ».16 Dans ce contexte, au mois de janvier 1966, la direction de l’Université propose un échange de terrain. Cette solution est acceptée de tous côtés (ministère des Travaux publics, direction de l’École des HEC et l’Université de Montréal) et en 1968, la préparation des plans préliminaires du futur immeuble est à nouveau confiée à l’architecte Roland Dumais qui reprend les plans dressés en 1964.17 Les HEC décident de construire leur immeuble sur l’avenue Decelles.18

La construction débute à la fin de 1969 et le nouveau bâtiment est inauguré en octobre 1970. L’édifice est situé à nouveau devant un espace vert public, le parc Jean- Brillant, moins prestigieux que le carré Viger cependant. Le nouvel immeuble « s’impose par ses énormes volumes austères, parés de panneaux de béton préfabriqués, striés et texturés, créant une impression de masse anonyme, d’une robuste prestance ».19 Des caractéristiques qui rappellent l’école d’art et d’architecture de Yale créée par Paul Rudolph en 1963. Un courant stylistique qu’on dira « brutaliste » qui se caractérise par l’emploi de béton laissé à l’été brut. Le bâtiment souffre ainsi d’un manque d’ouverture- peu de fenestrations- ce qui lui vaut aujourd’hui les qualificatifs de « sombre » et « austère » tel un « bunker ».20 Ce choix s’explique par la volonté de doter l’immeuble de l’équipement audiovisuel au denier cri et ce faisant, de ne pas laisser pénétrer la lumière naturelle. Le bâtiment est pour l’époque, à l’avant-garde en matière de technologies. Il s’agit d’un immeuble « conçu en fonction de l’enseignement des nouveaux programmes et de l’utilisation des méthodes pédagogiques que cet enseignement exige. On y trouve des salles de cours de dimensions et de formes variées, pourvues du mobilier approprié ».21 Il y a aussi un studio de télévision et des ateliers de graphisme où il est possible de réaliser des films et des diapositives. La bibliothèque est agrandie afin de pouvoir accueillir tous les visiteurs. Selon les termes du directeur de l’époque R. Charbonneau : « il ne s’agit pas d’un immeuble luxueux », mais le résultat

16 Historique des projets de construction. Service des archives et de la gestion des documents de l’École

des HEC Montréal, fond A007/C3,5.

17 Ibid.

18 HARVEY, Pierre, Histoire de l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal, Tome II: 1926- 1970, Presses HEC Montréal, Montréal, 2002.

19 Ibid. p. 281.

20 Ces qualificatifs se retrouvent dans de nombreux articles de presse qui seront cités par ailleurs dans les

entrevues réalisées avec les administrateurs et les étudiants de l’École des HEC.

« témoigne éloquemment du bon goût des architectes ».22 L’aménagement de la façade avant est composé « d’un parterre gazonné et d’arbres matures, dont certains remontent à la construction de l’édifice. Ce massif végétal, de pair avec les étages en porte-à-faux du bâtiment, crée une zone tampon entre l’Université et l’animation de la rue ».23 Dans les entrevues que nous avons réalisées auprès des étudiants, il est clairement ressorti une préférence de leur part pour le nouvel immeuble qui se situe sur le chemin de la côte Sainte-Catherine. Le pavillon Decelles est décrit comme étant « sombre », « austère », ayant un effet « étouffant et démoralisant » et moins bien équipé au niveau des technologies et des lieux de vie commune.24

Il est à noter cependant que le bâtiment a fait l’objet de travaux en 1986, un septième étage a été ajouté, nettement plus lumineux cette fois. Enfin, il y a deux ans, la direction a entrepris des travaux de réaménagement des salles de classe aux quatrième et cinquième étages. Mais plus encore, un projet majeur est en cours en depuis le début de l’été 2011, après une première phase amorcée en 2010. Nous reviendrons plus en détail sur la nature du projet de développement et de réaménagement ainsi que sur les grandes orientations pédagogiques en amont du projet en fin de chapitre afin de procéder à une comparaison avec le nouveau pavillon de l’École des HEC qui se trouve sur le chemin de la côte Sainte-Catherine.

22 Allocution du directeur de l’École M. Roger Charbonneau. Service des archives et de la gestion des

documents de l’École des HEC Montréal, fond A007/W5, 0007.

23 LAPIERRE, Solange, HEC Montréal : 100 ans d’innovation, Presses HEC Montréal, Montréal, 2007, p.

67.

Pavillon Decelles. Vue latérale avec stationnement à proximité.

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