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Résumé des tendances mises à jour concernant l’analyse de l’élaboration du projet de construction du campus d’Outremont

Chapitre 3 : Société de la connaissance et mission pédagogique des universités : vers des évolutions notables

3.4. L’Architecture des universités et les Nouvelles Technologies de l’Information et des Communications appliquées à l’éducation: Une relation étroite.

4.3.15. Résumé des tendances mises à jour concernant l’analyse de l’élaboration du projet de construction du campus d’Outremont

Nous avons vu dans ce chapitre l’ensemble du processus qui a entouré l’élaboration du projet de construction d’un campus à Outremont. Le campus qui se trouve sur le Mont-Royal étant selon la direction de l’Université d’une superficie trop restreinte pour répondre adéquatement aux besoins actuels et futurs de développement physique : la direction de l’Université s’est engagée au début des années 1990 à sauvegarder la montagne du Mont-Royal et elle réitère cet engagement en ne cherchant pas à densifier le campus actuel. Dans ce contexte, le terrain de l’ancienne gare de triage du Canadien Pacifique a été acquis en 2007 et nous avons vu qu’un processus de consultation a été mis en place. D’abord au sein de la communauté universitaire, puis auprès des citoyens lors de séances tenues à l’OCPM.

Cet aspect représente un premier point important qui marque une évolution par rapport à une tradition de prises de décisions qui se faisait sans consultation comparable à celle qui a été organisée dans le cadre du campus d’Outremont. Si le projet n’a certes pas fait l’unanimité auprès de la communauté universitaire comme nous l’avons vu à travers les recommandations émises par le Syndicat général des professeurs de l’Université de Montréal, il apparaît cependant que la direction a tenu compte de plusieurs critiques et a cherché à inclure la participation des personnes concernées comme jamais auparavant.

Il y a aussi une seconde évolution notable en ce qui concerne le rapport à la communauté. En effet, après avoir quitté la rue Saint-Denis pour bâtir un campus sur la montagne, en recul de la ville et de ses distractions, l’Université de Montréal semble vouloir sortir du modèle de l’université « tour d’ivoire », afin de tisser des liens avec les communautés avoisinantes, de s’ouvrir davantage sur le milieu. Ainsi, le leitmotiv qui a porté le projet était d’en appeler à « un campus dans la ville et la ville dans le campus ». Consultation du milieu d’accueil, mais aussi ouverture aux populations avoisinantes. Cet aspect est renforcé par la présence de la grande esplanade prévue ainsi que des nombreux espaces verts disséminés sur le site du futur campus conçu de façon à offrir

des espaces de repos pour la communauté universitaire, mais aussi aux passants et riverains de sorte à favoriser les rencontres, les interactions, les échanges.

Dans la prolongation de cette volonté d’ouverture sur le milieu, le projet de développement de l’Université sur le site d’Outremont reflète aussi clairement de l’intérêt de plus en plus important porté à la préservation de l’environnement. En effet, en choisissant un site à proximité du campus actuel et des transports en commun, en réduisant de moitié le nombre de places de stationnement prévues et en créant une piste cyclable reliée au réseau pan montréalais, le projet d’Outremont illustre parfaitement l’intérêt porté à la préservation de l’environnement en milieu universitaire aujourd’hui. Ajoutons à cela l’idée originale d’user des espaces vacants du site pendant la dizaine d’années à venir pour y permettre la mise en place d’une pouponnière d’arbres et la volonté d’obtenir des certifications LEED pour l’ensemble des futures constructions du campus d’Outremont. Autant de solutions originales qui reflètent à la fois d’un souci de préservation de l’environnement, de service à la collectivité, et qui peuvent aussi ajouter à l’image de l’institution dans un contexte de concurrence accrue entre universités comme nous l’avons évoqué dans le chapitre sur la société de la connaissance. Dans la prolongation de cette idée, le choix de bâtir un campus annexe plutôt que de densifier le site actuel sur la montagne est une occasion particulièrement propice pour redonner un vent d’air frais à l’Université, redynamiser ainsi son image dans un contexte fortement concurrentiel, mais aussi et surtout de procéder à des déplacements et des regroupements entres des disciplines qui développent aujourd’hui des liens étroits à travers les collaborations croissantes entres chercheurs de divers horizons. Ce choix de la part de la direction de l’Université reflète selon nous assez bien les changements que nous avons mis en évidence dans le cadre de la recherche universitaire. La recherche se fait davantage en réseaux, en groupes pluridisciplinaires, et dans ce contexte on peut aisément comprendre qu’un campus puisse nécessiter une réorganisation de l’espace en fonction des besoins pédagogiques de l’époque. Dans le cas du projet de construction du campus d’Outremont, la direction de l’Université a très clairement mis en avant la volonté de procéder à des regroupements stratégiques entre les deux sites afin d’optimiser les collaborations entre chercheurs, l’utilisation de matériels couteux, etc.

Cette volonté illustre une certaine tendance en matière de planification universitaire à notre époque.69

Concernant la forme architecturale des futurs bâtiments et la nature du financement de ces dernières, on sait que les NTIC occuperont une place importante et que des concours seront organisés pour le choix des architectes. Le financement reste cependant à obtenir et la direction de l’Université semble s’orienter vers des campagnes de financement et des partenariats avec le secteur privé. Si le SGPUM n’a pas été convaincu par les estimations de la direction, le projet a convaincu à bien des égards dans la mesure où les deux paliers du gouvernement ont financé la décontamination des sols et l’OCPM ainsi que le Conseil d’Administration de l’Université ont validé le projet après les ajustements que nous avons évoqués. Le plan d’aménagement s’est d’ailleurs vu gratifier d’un prix d’excellence de la part de l’Institut canadien des urbanistes dans la catégorie « design urbain ». Le projet a été sélectionné parmi 67 autres et « outre la qualité générale du projet, le jury s’est attardé à l’innovation, la créativité, la contribution au développement durable et plus particulièrement à l’amélioration de la qualité de vie urbaine des citoyens touchés ».70 L’on ne sait cependant que peu de choses à ce jour sur les formes architecturales et les grandes orientations qui guideront les futures constructions, rappelons que le bâtiment principal de l’École des HEC Montréal a été cité comme un exemple à suivre lors des consultations à l’interne de l’Université. En effet, la centralité accordée aux NTIC ainsi que la qualité des espaces en font un lieu dont il faut s’inspirer.71

Tous les éléments que nous venons de voir sont autant d’aspects qui concourent ensemble à la mise en valeur de l’Université, à travers un renouveau au niveau de l’organisation d’ensemble du campus à des fins pédagogiques (regroupement entre les disciplines, etc.) ainsi qu’à l’aide de bâtiments modernes, en phase avec les nécessités et les orientations pédagogiques de l’époque. De plus, le choix du terrain du C.P, en plus d’offrir un site à proximité du campus actuel, contribue à la redynamisation d’un secteur

69 COULSON Jonathan, ROBERTS Paul, TAYLOR Isabelle, University Planning and Architecture,

Routledge, New York, 2011, p. 180 - 200.

70 DES RIVIERES, Paul, « Le projet du site Outremont remporte un prix majeur », FORUM, volume 41,

numéro 25, 26 mars 2007.

71 Phase B. « Rapport des séances de consultation du comité ad hoc », disponible sur :

de la ville. En effet, le projet offre la possibilité de créer un lien avec un secteur dit « enclavé ». L’ensemble des facteurs que nous venons de voir s’inscrivent selon nous dans une stratégie de différenciation et de compétitivité à l’échelle nationale et internationale, dans une société de la connaissance dans laquelle les universités rivalisent d’ingéniosité pour se différencier, se démarquer ou s’affirmer.

Nous avons vu que le projet de construction du campus sur le site du C.P est une initiative qui émane de la direction de l’Université. Il semble qu’on peut là aussi faire un lien avec l’importance qui revient aux dirigeants des institutions de haut savoir que nous avons évoqué dans le chapitre sur les changements qui touchent les universités dans la société de la connaissance. Enfin, ce projet semble relève aujourd’hui d’une stratégie de redynamisation et de démarcation non pas seulement de l’institution, mais de la ville de Montréal dans son ensemble. Il s’inscrit au cœur du projet « Montréal 2025 », une « grande initiative économique qui repose sur le développement des universités, des centres de recherche et des pôles technologiques de même que sur la construction des centres hospitaliers universitaires » et qui feront « du savoir, de la créativité et de l’innovation les principales composantes de la nouvelle identité économique de Montréal », en lui fournissant « un puissant levier de croissance, d’attraction internationale », le tout contribuant à « l’épanouissement collectif ».72

Un projet qui contribue donc à asseoir l’image de Montréal comme « ville du savoir » et qui met bien en évidence l’importance de la place tenue par les universités une société de la connaissance, arrimée à une économie du savoir. On semble aussi avoir là un exemple d’une évolution dans les relations entre université, gouvernement et secteur privé qui s’inscrivent dans le fonctionnement en triple hélice proposé par Ertzkovitz et Leydersdorf.

Après l’étude du campus de l’Université de Montréal dans son ensemble à travers l’analyse de l’élaboration du projet de construction du campus d’Outremont, nous allons maintenant approfondir notre réflexion à travers l’étude d’un bâtiment en particulier – L’École des HEC Montréal.

72 Communiqué de Presse, « Réaliser Montréal 2025 », CNW Telbec, 6 juin 2011.

Chapitre 5 : L’École des HEC Montréal : Étude des relations entre architecture et mission pédagogique au sein du pavillon principal

5.1) Approche méthodologique adoptée pour l’étude de l’École des HEC Montréal

À travers le précédent chapitre, nous nous sommes intéressés au point de vue des usagers en étudiant les grandes périodes de développement du campus de l’Université de Montréal. Nous avons pour cela analysé le processus de consultation mis en place pour l’élaboration du plan d’ensemble du futur campus à Outremont. Après cette première étape, nous avons décidé de réitérer le raisonnement que nous avons suivi pour l’analyse du campus dans son ensemble pour un pavillon en particulier. Le campus étant constitué de plus de 38 bâtiments, il nous a été bien évidemment impossible de procéder à une étude exhaustive par rapport à l’ensemble des usagers des différents pavillons. Nous avons donc passé en revue les dernières constructions sur le campus réalisé sous le plan directeur de 1995. Parmi celles-ci, deux pavillons ont particulièrement retenu notre attention soit ceux de l’école des HEC et de l’école Polytechnique (nous avons aussi considéré les pavillons Marcel et Jean Coutu, le pavillon de la Faculté d’Aménagement). Nous avons pris en considération une étude qui était en voie de finalisation sur les valeurs patrimoniales du campus de l’Université de Montréal. Dans cette étude, le pavillon de l’école des HEC, inauguré en 1996, est considéré comme ayant des caractéristiques architecturales intéressantes qui illustrent les tendances actuelles en matière de constructions universitaires, un ensemble de spécificités dites « modernes ». Nous avons alors décidé d’effectuer une entrevue avec une personne en mesure de donner une opinion par rapport au campus dans son ensemble, mais aussi pour déterminer quels seraient les bâtiments les plus intéressants à étudier parmi les dernières réalisations, du point de vue des caractéristiques architecturales. Ceci dans l’optique de cibler un bâtiment qui serait parmi les plus « réussis » et « représentatif » des tendances actuelles. Bien évidemment, une grande quantité de personnes auraient pu être contactées à cette fin. Nous avons choisi de rencontrer Jean Claude Marsan, dans la mesure où il était susceptible de nous renseigner sur différents aspects de la recherche (comme nous

l’avons vu précédemment, il a été fortement impliqué dans le processus de consultation du plan d’aménagement d’Outremont ; il est de plus ancien doyen de la Faculté d’Aménagement, membre actif du SGPUM, candidat sortant à la mairie d’Outremont pendant l’élaboration du plan directeur de l’Université. Il a aussi dirigé le comité de sélection qui a étudié les dossiers des sept bureaux d’architectes invités à soumettre des projets). M. Marsan a accepté de nous rencontrer et son appréciation des dernières réalisations du campus de l’Université de Montréal a été très intéressante et riche en informations concernant les débats en lien avec le projet de développement du campus sur le site d’Outremont (comme nous avons pu le voir précédemment). Par ailleurs, son appréciation du pavillon des HEC le porte au niveau de « la plus grande réussite parmi les constructions réalisées sous le dernier Plan directeur d’aménagement des espaces ».1 Comme nous l’avons aussi évoqué dans le chapitre sur le projet de construction du campus à Outremont, lors des séances de consultations qui ont été menées à l’interne de la communauté universitaire, le nouveau pavillon de l’École des HEC Montréal a été mis en avant comme étant un exemple de réalisation particulièrement réussie sous de multiples aspects.

C’est ainsi que nous en somme arrivés à retenir ce pavillon, en nous attachant à étudier plus spécifiquement le processus de construction, la question du choix de l’architecte, du site retenu, des préoccupations pédagogiques qui ont guidé l’élaboration du projet ainsi que des acteurs impliqués et de leurs attentes. Dans la mesure où nous nous sommes intéressés à un pavillon particulier cette fois, il nous a semblé intéressant d’attacher davantage d’importance au point de vue des usagers. Nous avons ainsi cherché à évaluer à quel point ces derniers sont sensibles aux caractéristiques architecturales dans lesquelles ils évoluent et plus précisément à déterminer les aspects qui procurent satisfaction. Partant de là, nous avons cherché à vérifier si les spécificités mises à jour dans le cas de cette construction peuvent ou non s’inscrire dans les nouvelles tendances qui semblent toucher les universités de manière globale. Nous avons donc essayé d’élaborer un protocole de recherche approprié, afin de recueillir des informations sur différentes dimensions en lien avec la construction du pavillon. Par rapport à notre

problématique de départ, il s’agit de voir si des caractéristiques qu’on pourrait dégager seraient susceptibles d’être mises en rapport avec les tendances qui affectent les modes de fonctionnement des universités dans une société du savoir. Nous avons vu par ailleurs que l’architecture est un support auquel les universités dans le monde entier ont recours afin de se démarquer les unes des autres dans une perspective très concurrentielle. L’architecture est un moyen, pour une université, d’affirmer une identité, de l’afficher, de symboliser ses idéaux, en les matérialisant. Nous avons cherché à vérifier dans quelle mesure cette dimension est présente dans le cas de la construction de l’École des HEC Montréal sur la côte Sainte-Catherine, en nous efforçant d’évaluer à quel point les usagers du pavillon reconnaissaient une influence de l’architecture sur leur sentiment d’appartenance au campus de l’Université de Montréal et/ou à l’école des HEC Montréal.

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