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Chapitre 3 : Société de la connaissance et mission pédagogique des universités : vers des évolutions notables

3.4. L’Architecture des universités et les Nouvelles Technologies de l’Information et des Communications appliquées à l’éducation: Une relation étroite.

6.2.4. Caractéristiques d’ensembles du projet retenu

La forme d’ensemble du bâtiment s’apparente à un gratte-ciel couché. Une forte échancrure est intégrée dans le flanc nord afin de préserver un maximum d’arbres centenaires du boisé. Ce geste va au-delà de la simple conservation, en apportant à l’ensemble de l’édifice une luminosité et un panorama particulièrement saisissant et très apprécié des usagers.45 En plus du carnet de commandes qui délimitait clairement les besoins en espace de l’École, l’architecte est allé observer le quartier et les édifices avoisinants afin d’inscrire le futur édifice de façon harmonieuse dans le paysage. Il est aussi allé s’immerger dans la vie intérieure du bâtiment sur Decelles afin de saisir le « rythme » de l’École, ses spécificités et ses particularités. Il s’est ainsi doté d’une vision « en profondeur » pour mieux interpréter les demandes du client. Lors de constructions de bâtiments universitaires, « le bâtiment lui-même a autant d’importance que les professeurs » et selon ses propres mots, « il doit créer un environnement propice pour ce qu’on appelle l’acquisition du savoir ».46

De plus, s’il y a une notion fondamentale qui a orienté toute la réflexion de l’architecte concernant l’aménagement de l’espace intérieur, c’est celle de « discours, de dialogue ». Ainsi, dans l’édifice, l’espace est pensé autour de deux dimensions : « soit on transmet le savoir soit on en discute » et de fait, « tout est basé sur le dialogue », « la caractéristique de ce bâtiment, c’est justement cela, l’effervescence, le dialogue, le changement d’opinion ».47 Lorsqu’on lui demande s’il y a d’autres aspects qui ont orienté le projet dans son ensemble, Dan Hanganu évoque deux autres préoccupations. La première a été de transformer la contrainte de la préservation du boisé en un avantage. Ainsi, la « morsure » est autant une volonté de respecter le site et les arbres que d’user du cadre enchanteur du boisé afin de créer un dialogue entre intérieur et extérieur, entre la nature et « le fabriqué » – le bâtiment érigé par l’homme. En effet, « l’architecte propose pour l’édifice un concept original, une forme qui se moule au

45 Les entrevues réalisées avec des membres de l’administration de l’École ainsi que le sondage effectué

auprès des étudiants ont très largement fait ressortir cet aspect.

46 Extrait de l’entrevue réalisée avec l’architecte de l’École des HEC Montréal, 2010. 47 Ibid.

boisé qu’il faut préserver le plus possible (…), une morsure imposée au bâtiment, qui va au-delà du geste de conservation des arbres en permettant une pénétration maximale de lumière. Cette portion grandement vitrée du bâtiment crée de plus un lien visuel transversal qui assure la continuité du boisé (…) ».48 Plus généralement comme nous le verrons dans ce chapitre, la lumière est omniprésente et les multiples balcons, terrasses et puits de lumière permettent une illumination à tous les niveaux de l’édifice.

L’espace dans son ensemble est organisé de manière « rationnelle » selon l’architecte ou même « cartésienne » pour reprendre les mots d’un responsable administratif de l’École. Les lieux sont pensés en fonction de leur vocation et l’organisation d’ensemble respecte une certaine hiérarchie dans le but de concentrer l’effervescence des activités aux premiers étages. Pour reprendre l’image que donne un responsable administratif que nous avons rencontré, « l’École fonctionne un peu comme un gâteau, on est une Business School, on est très cartésien. Alors un étage pour chaque fonction ! Comme un gâteau : une couche de crémage, le gâteau (…). Alors quand vous montez les étages, les lieux sont plus dédiés : on trouve les bureaux des professeurs, des assistants de recherche, des bureaux de chaires de recherche et ceux de la haute direction ».49

On peut faire un lien avec l’importance croissante accordée à l’architecture dans la société de la connaissance : on voit ici que l’architecte cherche à traduire un ensemble de besoins en une organisation de l’espace réfléchie et surtout personnalisée. Il y a plusieurs intentions qui se traduisent en un résultat peu commun et audacieux : c’est en ce sens qu’on dit de lui qu’il est un « créateur de modèles, qu’il connaît par intuition la valeur des matériaux », qu’il est un « architecte-auteur ».50 Lorsqu’on l’interroge sur l’École des HEC, il répond qu’il a souhaité poser un « geste architectural fort » et il l’endosse pleinement. Il souligne d’ailleurs que la collaboration avec la direction et le personnel de l’École a été exemplaire et qu’une grande autonomie lui a été laissée pour traduire les besoins exprimés par l’École de la manière dont l’architecte le jugeait approprié.

48 « Intérieurs », 1996, op. cit. p. 47.

49 Extrait de l’entrevue réalisée auprès d’une responsable à la Direction des communications de l’École

des HEC Montréal, 2010.

D’ailleurs, pour ce faire, il n’hésite pas à s’entourer de collaborateurs capables « de développer des prototypes d’appareils nouveaux, étroitement définis pour servir ses architectures et de rester à l’écoute de ses desiderata jusqu’à la dernière minute pour atteindre un haut degré de raffinement ».51

Enfin, il convient de préciser que « l’ensemble des travaux d’élaboration et de construction a été réalisé par des entreprises québécoises en très grande majorité ».52 Même si le projet a d’emblée été très bien accueilli par les professeurs et les étudiants, la direction a cependant décidé d’organiser une présentation publique dans le quartier qui devait accueillir le futur bâtiment afin que les citoyens puissent se familiariser avec le projet. Une maquette du projet a été exposée pendant deux semaines au mois d’avril 1993. Rapidement, plusieurs groupes de pression ont commencé à manifester des inquiétudes par rapport à certains détails et la direction a mis en place un processus de consultation lors duquel les citoyens concernés ont pu exprimer leurs opinions.

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