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Chapitre 3 : Société de la connaissance et mission pédagogique des universités : vers des évolutions notables

3.4. L’Architecture des universités et les Nouvelles Technologies de l’Information et des Communications appliquées à l’éducation: Une relation étroite.

4.1.1. Des débuts au centre-ville

L’Université de Montréal voit le jour en 1878, en tant que succursale de l’Université de Laval. Lors de sa création, elle occupe des immeubles dispersés dans le Quartier Latin en centre-ville. Les cours offerts se résument aux disciplines de la médecine, du droit et de la théologie. Les administrateurs, après quelques mois d’hésitation, « décident de loger l’institution dans un immeuble vétuste et de dimensions modestes, le château Ramezay, ancienne demeure du gouverneur de la ville. Le Grand Séminaire de la rue Sherbrooke Ouest accueille les étudiants en théologie pendant que la faculté de Droit se forme dans un immeuble appartenant aux sulpiciens, le cabinet de lecture paroissial, rue Notre-Dame. En 1882, les étudiants en droit rejoignent leurs confrères de la faculté de médecine, qui depuis trois ans logent dans le vieux château Ramezay ».2 Lors de sa création, l’Université de Montréal est donc morcelée et le Quartier Latin, après quelques années, n’est plus considéré comme un cadre propice pour voir se développer un lieu de haut savoir. En effet, plusieurs aspects « tentateurs » tels que les cafés, les brasseries et autres distractions apparaissent comme des sources de tourments qui amènent les étudiants à « dilapider leurs maigres avoirs dans les premières semaines de leur séjour dans la ville ».3 Rapidement les administrateurs de l’université estiment que les locaux exigus ne pourront suffire à accueillir le nombre d’étudiants qui augmente alors d’année en année. Il semble que dès 1886 des réflexions débutent par

1 Il s’agit d’abord des différentes facultés et départements de l’Université de Montréal qui déposent des

mémoires lors des deux phases de consultation à l’interne auprès de la communauté universitaire. Il y a ensuite plusieurs groupes de citoyens des abords du campus, les maires des cinq arrondissements voisins qui expriment des réserves et demandent des bonifications au projet. Les demandes respectives sont rapportées dans le chapitre sur le campus d’Outremont.

2 BIZIER, Hélène-Andrée, L’Université de Montréal : La quête du savoir, éditions Libre Expression,

Montréal, 1993, p. 58.

rapport à la nécessité de faire construire un nouvel immeuble. Un concours est lancé l’année suivante, qui sera ouvert aux architectes canadiens et américains. Près de quarante projets sont étudiés par le syndicat qui est créé la même année.4 Ce sont finalement les plans des architectes montréalais Perrault, Mesnard et Venne. Le projet ne verra cependant jamais le jour, la construction ne se fera pas faute de fonds insuffisants. Les estimations du projet avoisinent alors le million de dollars, « c’est trop pour les moyens financiers de l’époque, trop pour le syndicat, trop pour les Montréalais ». On range les plans dans des cartables sur lesquels la poussière s’accumula jusqu’à l’oubli ».5 Les cours se donneront sur la rue Notre-Dame jusqu’en 1895, année où un tout nouvel immeuble accueillera les étudiants et professeurs de l’Université de Montréal.

Au début de l’année 1889, suite aux négociations tenues avec Rome par Mgr Fabre, l’Université Laval à Montréal se voit octroyer une grande autonomie : « le pouvoir de s’administrer et de nommer les professeurs et les doyens de ses facultés ». Quelques années plus tard, en1893, « les sulpiciens procurent au syndicat financier de l’Université les moyens de mener à terme le projet de construction de l’université en offrant un terrain situé à l’angle sud-est des rues Sainte-Catherine et Saint-Denis » ainsi qu’un prêt sans intérêts.6 C’est dans ce contexte qu’un second concours est lancé, lors duquel cette fois-ci neuf projets sont soumis à l’analyse du syndicat qui une nouvelle fois retient celui proposé par une firme d’architectes montréalais, les même dont le projet avait été retenu lors du concours antérieur. Le plan de l’immeuble est considéré comme étant à la fois « plus sobre » et « plus vaste que le précédent ».7 Au début du mois d’octobre 1895, l’Université inaugure ainsi un nouvel immeuble, conçu pour regrouper en un seul lieu ses différentes facultés. L’édifice est pensé de manière à pouvoir accueillir 1000 étudiants. Il y a « des salles de cours, une salle de récréation, une bibliothèque, des laboratoires ainsi qu’une vaste salle de réception, éclairée à l’électricité et pouvant accueillir 1800 personnes ». Lorsque les étudiants quittent « la sombre et vieille bâtisse de la rue Notre- Dame », pour entrer dans la nouvelle école, cette dernière leur apparait lorsqu’ils la

4 L’Université de Montréal, alors encore affiliée à Laval, obtient en 1887 le droit de créer le Syndicat

financier de l’Université Laval à Montréal. Il sera « libre de toute attache avec la maison mère de Québec » et prendra « seul les décisions administratives qui le concernent ».

BIZIER, Hélène-Andrée, 1993, op. cit. p. 60.

5 Ibid. p.61. 6 Ibid. 7 Ibid. p.62.

voient pour la première fois, comme « un palais splendide (…) dont la fraîcheur et la beauté donnent comme un avant-goût des sublimes magnificences du temple de Thémis ». Une nouvelle bâtisse à l’image des aspirations de l’époque, pour certains comme « issue d’un conte de fées ».8 Un bâtiment dont l’architecture se veut une expression de l’image que l’institution veut se donner et qui est en quelque sorte une matérialisation des aspirations poursuivies. Cependant, le bâtiment a été « conçu alors que l’université recevait un minimum d’élèves et qu’elle était gérée comme un grand collège homogène » et avec l’augmentation du nombre d’étudiants inscrits, « le bâtiment de la rue Saint-Denis ne tarde pas à afficher ses défauts ». Au courant du début des années 1910, les besoins d’expansion sont nombreux et les responsables commencent à considérer la possibilité de revendre le bâtiment occupé afin d’en construire un nouveau plus grand. L’esprit des administrateurs de l’Université sera dès lors « hanté par une idée fixe : s’éloigner du Quartier Latin, déménager ».9 Comme nous l’avons évoqué en

introduction, la tendance est alors aux constructions de campus en dehors de la ville, dans des cadres naturels aérés, dans la mesure du possible avec la nature environnante comme cadre propice au bon déroulement des études, loin des bruits et distractions de la grande ville.10

En 1919, le recteur de l’Université Mgr. G. Gauthier s’efforce de sensibiliser la communauté montréalaise à la difficile situation de l’institution et aux nécessaires besoins d’expansion pour répondre aux besoins à venir et donne à cette fin une série de conférences intitulées « Noblesse oblige », où il expose le parcours réalisé depuis la création de l’université et la nécessité de pourvoir le plus rapidement possible aux besoins d’espaces. Un évènement particulier vient accélérer l’urgence du débat sur les besoins en développement physique. Au mois de novembre 1919, un incendie se propage dans l’université et « dévore les étages supérieurs du bâtiment ».11 L’ensemble de la communauté propose son aide tout de suite après l’accident. L’Université McGill offre ses laboratoires de médecine aux étudiants de l’Université de Montréal, une campagne de levée de fonds est mise en place et les évêques apportent leur support financier à

8 BIZIER, Hélène-Andrée, 1993, op. cit. p.63. 9 Ibid. p. 65.

10 Voir à ce sujet Turner, Paul, Campus : An American Planning Tradition, MIT Press, Cambridge, 1984. 11 BIZIER, Hélène, 1993, op. cit. p. 102.

l’Université. La ville de son côté offre une parcelle de terrain importante, la moitié du parc Jeanne-Mance. Enfin, d’anciens étudiants de l’Université font des dons, au total près d’un million de dollars auquel s’ajoutent deux millions du gouvernement du Québec.12 Une part des sommes recueillies est utilisée afin de réaménager le bâtiment touché par les flammes, mais la parcelle de terrain offerte par la ville de Montréal « a ravivé parmi les administrateurs et ses doyens, le virus du déménagement ».13 Si l’envie est tempérée dans un premier temps, toujours faute de moyens financiers, un second feu au début de l’hiver en 1922 « oblige l’Université à transformer en but véritable un objectif, qui en dépit du terrain cédé par la ville, semblait velléitaire ». En effet, en l’espace de trois ans, trois incendies éclatent et toutes les facultés sont touchées, « l’Université est plus fragile et plus désorganisée que jamais ».14 Le terrain cédé par la ville ravive parmi les administrateurs, « le virus du déménagement ». En plus du terrain offert, la ville de Montréal reconnaît rapidement que l’Université a besoin de plus d’espace et après des démarches du recteur G. Gauthier et du secrétaire général E. Montpetit auprès du Conseil législatif de Québec, elle donne à l’Université 60 arpents que convoite cette dernière ; « il s’agit de deux lots distincts, séparés l’un de l’autre par une bande d’une trentaine de mètres. Le premier est une enclave intégrée au parc Jeanne-Mance, et le second, une carrière désaffectée, située aux confins de la paroisse de la Côte-des-Neiges ».15 Ainsi, pour la direction de l’Université, rapidement « le choix du site est scellé », les regards se portent rapidement vers la Montagne.16 Une fois le choix de l’emplacement effectué par les dirigeants, les démarches s’accélèrent.

12 BIZIER, Hélène, 1993, op. cit. p. 105. 13 Ibid. p. 112.

14 Ibid. p. 114.

Il y a tout d’abord un premier incendie au mois de novembre 1919. Puis trois ans plus tard, deux incendie au mois de novembre à nouveau à deux semaines d’intervalles. Le premier « se déclare au siège social de la rue Saint-Denis, détruisant les deux étages supérieurs, une partie des laboratoires et du musée de la faculté de médecine ». Le second se déclare le 30 novembre dans l’immeuble de l’École de médecine dentaire, rue Saint-Hubert.

15 Ibid. p. 116. 16 Ibid. p. 117.

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