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Chapitre 3 : Société de la connaissance et mission pédagogique des universités : vers des évolutions notables

3.4. L’Architecture des universités et les Nouvelles Technologies de l’Information et des Communications appliquées à l’éducation: Une relation étroite.

4.2.2. Phase II : Le plan de 1964

Au mois de mars 1964, l’urbaniste J.C La Haye présente les résultats de son étude sur les possibilités de développement futur sur le campus de l’UdeM. Les attentes et orientations de développement de l’université n’ayant pas été définies de manière concrète lorsqu’il a reçu le mandat, l’urbaniste remet un rapport qui comprend « une analyse du potentiel du terrain en fonction de la circulation, du stationnement, de l’organisation des espaces libres, d’une réglementation de zonage et des implications

49 Lettre d’Ernest Cormier au Comité de développement et de construction. Service des archives et de la

gestion des documents de l’Université de Montréal, fond A64/A3.2.

50 Réunion du Conseil d’Administration, 16 juin 1961. Service des archives et de la gestion des documents

de l’Université de Montréal, fond A64/A3.2.

architecturales ».52 Plutôt que de poser des jalons solides et des orientations concrètes au plan de développement, l’Université demande à ce que soit réalisé un plan qui sert à définir comment elle pourrait répondre à ses besoins « au fur et à mesure qu’ils se manifesteraient, en tirant le meilleur parti possible du campus ». Ce plan d’ensemble est l’objet d’un remaniement et sera réactualisé sous une forme plus détaillée au début de l’année 1968. Il est réalisé dans le prolongement de celui remis en 1964. C’est toujours Jean-Claude La Haye qui s’occupe du projet. Les constructions qui s’inscrivent dans ce Plan directeur sont nombreuses et c’est entre 1968 et 1995 que « le campus acquiert une grande partie des caractéristiques physiques qu’on lui associe aujourd’hui ».53 En effet, dans les années 1960, l’Université de Montréal se trouve à l’étroit dans ses nouveaux locaux, le nombre d’étudiants inscrits ayant presque doublé en l’espace de quinze ans : il y a alors « près de 20 000 étudiants » temps complet et temps partiel confondus. Pour repère de comparaison, il y avait près de 9000 étudiants en 1940-1941 et près de 13 000 étudiants en 1950-51.54

Cette tendance caractérise la situation générale au Québec : « entre 1960 et 1970, le nombre d’étudiants inscrits à plein temps dans les universités québécoises passe de 26 948 à 54 575 étudiants E.T.C ». Dans ce contexte, l’Université de Montréal doit « penser à des rénovations, à des nouvelles constructions et à l’achat d’autres édifices ».55

Parmi les principales orientations du plan directeur, il y a une préoccupation notable : c’est la végétation présente sur le Mont-Royal. Ainsi, le Plan directeur cherche à préserver autant que faire se peut le boisé de la montagne dans les projections de constructions considérées pour l’avenir. Une attention particulière est portée aux conditions d’utilisation du sol, aux paramètres d’implantation des gabarits (on cherche à respecter la volumétrie des bâtiments avoisinants). L’urbaniste-architecte s’efforce d’intégrer « les caractéristiques naturelles du campus dans le design des espaces libres afin de mettre en valeur et de préserver les particularités naturelles du site » dans l’optique de contribuer ainsi à créer une cohérence d’ensemble à travers une complémentarité entre les nouvelles constructions et la nature qui les entoure. Les

52 Ibid. p. 29

53 CAMERON Christina, DEOM Claudine, VALOIS Nicole, 2010, op. cit. p. 16. 54 Annuaire général de l’Université de Montréal, 1980, op.cit.

attributs naturels de la montagne, soit « les boisés, les affleurements rocheux et la topographie, renforcent l’appartenance de l’université au paysage de la montagne et contribuent au caractère unique de l’Université de Montréal ».56 La « signature » de l’urbaniste est visible à travers un ensemble d’éléments sur le campus, par exemple « les piliers d’identification en pierre des champs marquant les différentes entrées du campus, les guérites d’accueil, les murets en madriers de bois et des éléments de mobilier tels que les lampadaires, les bancs et les mains courantes ».57 Enfin, aspect non négligeable, il y a un nombre conséquent d’œuvres d’art publiques dont certaines même s’intègrent à ces nouveaux aménagements extérieurs. Le paysage du campus est fortement modifié, « au cours de cette période, onze nouveaux pavillons sont construits et neuf bâtiments situés à proximité sont achetés ».58

Parmi les principales réalisations, il y a tout d’abord l’inauguration du pavillon Claire-McNicoll en 1965 ainsi que la construction des pavillons Maximilien-Caron (droit) et Lionel-Groulx (sciences sociales). L’Université achète aussi le couvent Jésus-Marie qui deviendra le pavillon Marie-Victorin. Il y a ensuite la construction en 1966 du stade d’hiver du CEPSUM, attendu depuis les premiers plans tracés par E. Cormier en 1927. L’architecture du lieu revêt un ensemble de dimensions « dont les mérites reposent à la fois sur ses caractéristiques esthétiques et fonctionnelles », mais aussi sur « la qualité de son exécution ». En effet, on juge l’implantation « judicieuse » par rapport à la montagne et qui « contribue à sa mise en valeur ».59 Ce stade sera complété avec l’ajout, entre 1973- 1976, d’un centre sportif dont la construction coïncide avec les jeux Olympiques de 1976.60

En 1969 est bâti le garage Louis-Collin, d’une capacité de 1200 places de stationnement, pourvu d’un circuit piétonnier qui le relie aux pavillons Lionel-Groulx, Samuel-Bronfman et au pavillon central. Dans une région où les températures hivernales ne sont pas toujours clémentes, les avantages d’une telle conception sont évidents en

56 CAMERON, Christina, DEOM Claudine, VALOIS Nicole, 2010, op. cit. p. 17. 57 Plan directeur 1995, op. cit. p. 31.

58 Il est important de noter que très dernièrement, l’Université de Montréal a réalisé une brochure de

présentation de l’ensemble des œuvres d’art que l’on trouve sur le campus. Il y a là une tendance qui est aussi observable dans plusieurs autres universités en Amérique du Nord. Le fascicule des œuvres d’art de l’Université de Montréal est consultable sur Internet : http://www.artpourtous.umontreal.ca.

59 CAMERON, Christina, DEOM Claudine, VALOIS Nicole, 2010, op. cit. p. 123.

60 Le financement du projet a profité de la conjoncture sociale du moment. Les deux paliers du

termes de qualité de vie. Le garage a « obtenu la Médaille Massey en 1970 (…) Il se distingue de l’ensemble des édifices du campus. Son expression architecturale est originale (…). L’utilisation du béton, laissé à l’état brut et travaillé en motifs de bandes verticales, est tout à fait typique de l’architecture associée au courant brutaliste » qui prévalait à l’époque.61 Le choix de faire communiquer le garage de l’intérieur avec trois bâtiments témoigne d’un réel souci de favoriser la communication et de créer une homogénéité du campus. Ce garage, construit dans une place relativement centrale au campus, s’inscrit dans un contexte où l’usage de l’automobile est en plein essor. C’est un moyen de transport très utilisé en Amérique du Nord et les universités cherchent dans les années 1970 à favoriser les conditions d’accès à leurs campus. La question des places de stationnement devient une préoccupation importante.62 C’est également dans le plan de 1968-1995 que l’on voit, pour la première fois apparaître les premiers aménagements paysagers. Ils sont réalisés « en suivant les principes formulés dans le plan directeur de 1964, l’Université crée des espaces autour des immeubles du campus dans le but de le doter d’aires de repos pour la communauté universitaire et d’intégrer harmonieusement les bâtiments dans le paysage ».63

En 1970, l’École des HEC vient rejoindre le campus de l’Université de Montréal sur la montagne en acceptant un terrain offert par cette dernière, situé sur l’avenue Decelles (nous reviendrons plus en détail ultérieurement sur la construction de ce pavillon). En 1987 est inaugurée la Bibliothèque des Sciences humaines (pavillon Samuel-Bronfman). L’ensemble des dernières réalisations sous ce plan directeur fera l’objet d’une préoccupation particulière en termes d’aménagement paysager de l’espace qui les entoure. Il y a d’abord une certaine homogénéité entre les trois pavillons qui « témoignent d’un type d’architecture qui prédomine dans l’architecture québécoise au cours des années 1960, soit le courant fonctionnaliste ».64 La disposition relative des bâtiments les uns par rapport aux autres et la similarité du type d’architecture est accentuée par l’aménagement d’une place qui sert de « trait d’union » entre les différents

61 CAMERON, Christina, DEOM Claudine, VALOIS Nicole, 2010, op. cit. p. 51.

62 Voir à ce sujet : DOBER, P. Richard, Campus Planning, Reinhold Publishing Corporation, New York,

1963.

63 CAMERON Christina, DEOM Claudine, VALOIS Nicole, 2010, op. cit. p. 58. 64 Ibid. p. 60.

pavillons.65 Le plan directeur de J-C La Haye sert de support au développement physique de l’université jusqu’en 1995, moment où un nouveau plan est réalisé, avec comme principale orientation le « renforcement d’un pôle scientifique et technologique » qui se situe à l’arrière du pavillon Roger-Gaudry, près du cimetière.

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