• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3 : Société de la connaissance et mission pédagogique des universités : vers des évolutions notables

3.4. L’Architecture des universités et les Nouvelles Technologies de l’Information et des Communications appliquées à l’éducation: Une relation étroite.

4.2.3 Phase III : La consolidation du pôle scientifique (1995 à 2005)

Au début des années 1990, le paysage du campus de l’Université de Montréal connaît de grands changements. La montagne du Mont-Royal fait depuis longtemps l’objet d’une préoccupation particulière en matière de préservation de l’environnement. Si l’Université a pris soin de la préserver du mieux qu’elle pouvait au fur et à mesure de son développement, il n’en reste pas moins que beaucoup de nouveaux bâtiments ont été construits. En 1989, elle a signé une entente visant à la préservation de la montagne. Un secteur situé à l’arrière du pavillon Rauger-Gaudry a cependant été particulièrement développé à travers les réalisations du plan de 1995. Les constructions réalisées sous ce plan directeur témoignent de nouvelles orientations pédagogiques et ce faisant de nouvelles préoccupations en matière de construction universitaire. C’est pourquoi nous attacherons une plus grande importance à ces constructions, fortement marquées par l’essor des NTIC.66

Le plan directeur de 1995 est réalisé sous la direction de Jean Ouellet, urbaniste et architecte qui a déjà collaboré à la construction du garage Louis-Colin. Il est secondé par Jean Claude Boisvert (architecte) et Jean Paré (urbaniste). Après consultation du plan directeur, et après entrevue auprès de responsables de la direction des immeubles,67 il apparaît que le plan a alors été pensé comme « un instrument de gestion »,68 un outil ayant pour vocation de contribuer à favoriser les réalisations possibles dans un contexte de perpétuelles transformations et de saturation des espaces disponibles sur le Mont

65 Cette place tient un rôle important lors des évènements d’intégration de début d’année et permet tout au

long des sessions l’organisation d’évènements tels des concerts, des barbecues… Lors de la saison estivale, les étudiants sont nombreux à déjeuner à l’extérieur et cette place, qui fait le lien entre les pavillons aux alentours et la bibliothèque devient un lieu de rencontre et d’échange.

66 Il y a plusieurs photos en Annexe des principales constructions réalisées sous ce plan directeur. 67 Il est à noter que l’un des responsables que nous avons rencontrés a une formation d’architecte. 68 Extrait de l’entrevue réalisée avec une responsable de la gestion des espaces à la Direction des

Royal. Ainsi, l’idée directrice est l’optimisation du site sur le Mont-Royal, en tenant à la fois compte de ce qui a été réalisé (et par conséquent de l’espace disponible), mais aussi des ententes passées entre l’Université de Montréal et la ville de Montréal quant à la préservation du boisé, du site en général. Le plan directeur de 1995 « reflète les caractéristiques et le potentiel du milieu (…). Il définit les conditions optimales dans lesquelles l’aménagement et la mise en valeur du campus peuvent se faire ».69 Ce nouveau plan directeur comprend deux volets principaux : d’un côté, l’évaluation des besoins de l’université ainsi que de ses écoles affiliées (Polytechnique et HEC) en fonction de « leur mission » et de l’autre, l’évaluation de l’espace disponible ainsi que des différentes variations de développement possible. Tout cela en prenant soin de penser à une cohérence avec « le cadre bâti », le contexte paysager » et plus largement, « l’environnement urbain ». Le plan directeur insiste sur l’importance à accorder à ces dimensions considérées comme « primordiales à une utilisation optimale du campus ».70

Pendant l’élaboration du plan, une enquête est réalisée auprès des différentes facultés de l’Université afin d’estimer les besoins futurs d’expansion. Il prend la forme d’un Devis d’enseignement et de recherche, réalisé « conformément aux exigences du ministère de l’Éducation » et qui servira d’appui aux prévisions des urbanistes et architectes.

L’expansion qui est réalisée sous ce plan directeur se fait principalement à l’ouest du campus, à l’arrière du pavillon Roger-Gaudry. Les nouvelles constructions sont des « immeubles dédiés à l’enseignement et à la recherche des disciplines scientifiques et technologiques (…) La construction de ces nouveaux bâtiments est possible grâce à d’importants dons provenant du secteur privé, démontrant ainsi un partenariat entre le milieu académique et l’entreprise québécoise privée ».71 Il est important de faire ici un lien avec les différents changements qui affectent les modes de fonctionnement des universités que nous avons évoqués précédemment. On observe dans le cas de l’Université de Montréal des nouveautés aussi bien dans le financement, que dans les formes architecturales que prennent les réalisations. Il y a pour cette période en tout six pavillons importants qui sont construits dans une même zone.

69 Plan directeur 1995, op. cit. p. 37. 70 Ibid. p. 45.

En 1996 est inauguré le pavillon Paul-G.-Desmarais qui accueille la physiologie et les sciences neurologiques. Sa construction a été en grande partie rendue possible par des dons et s’inscrit dans un « phénomène de philanthropie qui caractérise le développement plus récent du campus de l’UdeM ».72 L’architecture du pavillon propose une conception fonctionnelle efficace qui abrite des espaces d’enseignement et de recherche, et une composition esthétique claire et ordonnée qui utilise des matériaux contemporains, notamment le verre ».73 Une séparation au niveau du troisième étage permet de scinder la superficie en deux volumes qui sont reliés entre-deux par une passerelle, ce qui a permis un toit de verre par endroits et de fait, une maximisation de la lumière naturelle dans le bâtiment. Cette tendance à recourir à des matériaux plus contemporains ainsi qu’à la place plus importante accordée à la lumière naturelle est assez représentative des constructions universitaires dans leur ensemble depuis le début des années 1990.74 Ces caractéristiques sont communes à l’ensemble des bâtiments construits sous le plan directeur de 1995. En 2004 sont inaugurés les pavillons Jean-Coutu et Marcelle-Coutu, reliés entre eux par l’Agora Rosalind Goodman (le nom des donateurs qui ont permis la construction). La conception du bâtiment est confiée à la firme d’architectes Jodoin Lamarre Pratte et Associés. L’architecture de l’ensemble possède des « caractéristiques esthétiques et fonctionnelles qui sont représentatives d’un style que l’on retrouve dans d’autres projets institutionnels contemporains. Le mariage entre le verre, le métal et la maçonnerie de briques brune pour la composition des façades (…) L’agora est sans conteste un espace de grande qualité (…) sa généreuse fenestration permet un éclairage naturel et un repérage facile, sans compter une vue traversant l’espace qui offre un panorama remarquable vers le nord-est. L’aménagement de son mobilier incite les rassemblements et les échanges ».75

La même année est inauguré le pavillon J.-A.-Bombardier, qui est utilisé à la fois par les étudiants de l’Université de Montréal et de l’École polytechnique et qui abrite entre autres des laboratoires de recherche en nanotechnologies. Il est l’œuvre des architectes Provencher Roy & associés. Une réalisation dite « contemporaine » et

72 CAMERON Christina, DEOM Claudine, VALOIS Nicole, 2010, op. cit. p. 74. 73 Ibid.

74 Voir à ce sujet : Edwards, Brian, University Architecture, Spon Press, London, 2000. 75 CAMERON Christina, DEOM Claudine, VALOIS Nicole, 2010, op. cit. p. 78.

« originale », qualificatifs qu’elle doit à la présence « d’immenses fenêtres carrées » qui caractérisent l’édifice, qui a reçu un prix d’excellence d’architecture décerné par le Canadian Architect 2002.76 En 2005 sont inaugurés les pavillons Claudette-Mackay Lassonde et Pierre-Lassonde. Ils constituent l’agrandissement de l’École polytechnique. Ces bâtiments présentent un ensemble de caractéristiques communes aux constructions réalisées sous le plan de 1995 : recours à des matériaux contemporains, utilisation de la lumière naturelle à l’intérieur, lieux de sociabilité, grande place accordée aux NTIC. Une nouvelle préoccupation pour le développement durable est particulièrement observable à travers l’obtention du certificat LEED Platine.77 En 2005 toujours a lieu l’inauguration du Centre des technologies de fabrication en aérospatiale, réalisé par les architectes Boutros & Pratte. « Le bâtiment de quatre étages possède une architecture résolument contemporaine (…) caractérisée par une alternance de surfaces en maçonnerie de briques chamois et de murs-rideaux de verre et d’acier ». L’intérieur a été pensé de façon à répondre à un ensemble de besoins spécifiques comme des laboratoires, des ateliers d’usinage de matériaux composites. L’aménagement intérieur répond donc à un « programme architectural complexe », dont l’intégration appropriée du bâtiment dans le paysage du campus « relève autant de sa volumétrie que de ses matériaux ».78

4.2.4 Quelques considérations d’ensemble par rapport à la dernière phase

Outline

Documents relatifs